arch/ive/ief (2000 - 2005)

La police coûte cher ? Fermons la police !
by un commando « Critique immuable » Wednesday January 23, 2002 at 08:10 PM
http://www.critiqueimmuable.org/

Oyez ! Oyez ! Voici un texte écrit par un combattant d'élite mobilisé pour la nouvelle opération de réflexion radicale : « Critique immuable ». N'hésitez pas à vous rendre aux quartiers généraux de la résistance de la raison : www.critiqueimmuable.org. Le texte qui suit porte sur les ratiocinations du président du syndicat canadien de la police, M. Grant Obst.

Dans la foulée des événements du 11 septembre, les États occidentaux se sont engagés dans le renforcement du dispositif policier afin d'endiguer la « menace terroriste ». Au Canada, ce renforcement passe par le projet de loi « antiterroriste » C-36, et par un investissement de 250 millions dans la « sécurité ». Mais voilà que les policiers ne sont pas satisfaits. Jeudi le 1er novembre, Grant Obst, président de l'Association canadienne des policiers et policières, affirmait devant le Comité permanent de la justice de la Chambre des communes que « les policiers sont las des voeux pieux » (cf. La Presse). Évidemment, selon le très vexé lobbyiste de la matraque, les initiatives « politiques » ne sont pas suffisantes : pour plus de sécurité, il faut plus de policiers ! On notera combien convergent, selon le président du syndicat des policiers, l'intérêt de la sécurité et celui du syndicat des policiers toujours prêt à applaudir des investissements qui se traduiraient par une augmentation de son membership. Du côté de l'État cependant, on voit émerger un conflit des intérêts. Il faut comprendre que le gouvernement, qui tient toujours malgré la crise sécuritaire à maintenir son équilibre budgétaire et hésite donc à investir dans des dépenses récurrentes - des salaires de policiers - , préfère investir dans la quincaillerie, c'est-à-dire faire une « dépense d'immobilisation » qui se ventile dans un budget sur plusieurs années. C'est pourquoi seulement 9 millions sur les 250 mobilisés sont destinés à l'embauche de nouveaux policiers. Ce qui amène M. Obst à faire remarquer qu'au prix de 125 000 $ qu'il en coûte annuellement à l'État pour employer un policier, les nouvelles mesures budgétaires n'augmenteront les corps de police canadiens que de 72 nouveaux gendarmes. Or la seule GRC aurait déjà affecté 2000 policiers à la lutte antiterroriste. C'est donc, selon le lobbyiste de la matraque, une augmentation d'au minimum 250 millions du budget annuel qu'il faudrait pour maintenir la quantité de policier surveillant si généreusement et avec une touchante bonhomie nos communautés paisibles pendant que d'autres policiers scrutent plus méticuleusement la vie de gens plus suspects, à la recherche de sociétés secrètes nourrissant des desseins dangereux. Heureusement pour nous qu'en cette période de disette budgétaire, doublée du spectre de la récession, nos gouvernements hésitent encore. Et justement, donnons-leur donc d'autres bonnes raisons de ne pas prêter l'oreille aux ratiocinations de nos policiers - ratiocinations dépassées, typiques de l'aristocratie du travail - tout en maintenant l'idéal très raisonnable de l'économie durable ou écologique.

Au-delà de la question de savoir si le « problème sécuritaire » doit être résolu par des investissements dans le capital vivant ou le capital mort, on peut se demander si investir dans la sécurité est la meilleure solution pour enrayer la « menace terroriste ». Est-ce que la sécurité représente un investissement durable ? Peut-on croire que plus de policiers veut dire moins de terrorisme ? Le véritable problème n'est-il pas moins les terroristes que la sympathie relative qu'ils suscitent chez les désoeuvrés du monde musulman et qui permet à la « ressource » de se renouveler ? On ne peut que se rendre à l'évidence : l'exercice consistant à augmenter les effectifs policiers ne s'attaque nullement à la source du problème, il ne fait que gérer ses symptômes. Bien entendu, on peut, comme certains le veulent, régler le problème du terrorisme en en détruisant la source autoproclamée, mais on peut aussi opter pour le projet - plus conforme à nos « grandes valeurs civilisationnelles » - de s'attaquer aux causes qui perpétuent les conditions d'injustice et de misère, terreau de l'intégrisme fanatique. Une solution « immuable » et «  durable » au problème serait d'investir dans une paix juste entre le peuple israélien et palestinien, dans le refus d'appuyer les régimes iniques du monde musulman, ou d'investir dans le retrait des troupes américaines d'Arabie Saoudite où elles sont stationnées depuis trop longtemps. Tout cela suppose que l'on croit aux plans d'investissement à long terme - ce qui devrait être le cas de nos États démocratiques occidentaux si prompts à nous rappeler l'importance de la réduction des dettes publiques pour nos enfants.

Quoi qu'il en soit, c'est seulement lorsque le monde musulman connaîtra la sécurité économique et politique - ou, à tout le moins, qu'il ne nous percevra plus comme une des causes de la perpétuation de cette insécurité - que notre propre sécurité augmentera. Et cette sécurité n'aura rien de l'illusion de sécurité que le grand théâtre de la propagande militaro-technologique met en oeuvre en exhibant présentement ses gadgets « hi-tech ». Oui ! Il est possible d'accroître la sécurité en diminuant les investissements à court terme dans la police. Il suffit de mettre en oeuvre le plan d'investissement à long terme dans le recyclage et la transformation du terrorisme - ce produit dérivé de l'injustice sociale - à travers une politique d'accroissement de la justice sociale, durable et écologique.


Il s'agissait de la misson 6 contre l'opération américaine « liberté immuable ».

Ce texte a été écrit par un auteur qui tient à rester anonyme et qui ne doit pas être confondu avec Jean-Robert Sansfaçon. Il oeuvre pour la nouvelle opération de réflexion radicale : « Critique immuable ». N'hésitez pas à vous rendre aux quartiers généraux de la résistance de la raison : http://www.critiqueimmuable.org.