Laos : à propos des droits de l'homme ... by (Roger Romain) Wednesday January 23, 2002 at 03:17 PM |
A propos du Laos, des positions du Parti Radical (d'Emma Bonino) et un etxte de Noam Chomsky.
On a appris récemment que 5 activistes du parti radical transnational, «militants des droits de l'homme», ont été condamnés à l'expulsion immédiate par les autorités laotiennes, pour avoir été manifester à Vientiane en déployant une banderolle réclamant "la" liberté et "la" démocratie. Une poignée de militants de ce parti a manifesté en effet devant le parlement européen pour exiger des mesures contre le Laos socialiste. La commission des affaires étrangère du Parlement Européen recommande d'ailleurs la suspension de l'accord de coopération entre l'Europe et le Laos.
Une visite sur le site de cette organisation (dont fait partie Emma Bonino) nous éclaire un peu plus sur le sens de leurs préoccupations humanitaires: Pologne, URSS (Moscow: Leave Afghanistan!) et Yougoslavie dans les années 80, aujourd'hui: Tibet, Laos, Vietnam , "Est-Turkestan sous occupation chinoise" (Xinjiang) .
A propos de l'Afghanistan, le dernier texte date de mars, après la destruction des Bouddhas (les écoles, les hôpitaux, les barrages, ...ok, mais pas les statues!) : une proposition de résolution déposée notamment par Olivier Dupuis et Emma Bonino propose que "Le Parlement européen ... invite le Conseil et la Commission [...] à développer dans les plus brefs délais en coordination avec les pays démocratiques une politique visant à la libération des populations afghanes de la terreur du régime taliban [et] invite à cette fin le Conseil et la Commission à coordonner leurs actions avec toutes les forces qui luttent contre le régime taliban ainsi qu'avec l'ensemble des pays démocratiques, à commencer par l'Inde et les Etats-Unis"
L'afghanistan est actuellement sous une pluie de bombes, notamment les bombes à fragmentation dont les effets se feront sentir sur les générations à venir ... comme au Laos aujourd'hui : chaque année des milliers de laotiens sont estropiées par l'explosion des fragments de ces bombes, héritage des 7 années de bombardements américains sur ce pays parmis les plus pauvres du monde. Mais cela n'a sans doute rien avoir avec 'la' liberté et les droits de l'homme...
Ci-dessous, un extrait du livre de Chomski "Le nouvel humanisme militaire"
Noam Chomsky : Le Nouvel humanisme en action
Chaque année, des milliers de personnes - en majorité des enfants, et pour le reste principalement des paysans pauvres - sont tuées dans la plaine des jarres au nord du Laos, scène du plus violent et probablement du plus cruel bombardement de cibles civiles de l'histoire. L'assaut furieux de Washington contre une société de paysans pauvres n'avait pas grand-chose à voir avec les guerres menées par les États-Unis dans la région. La pire période commença en 1968, quand Washington fut contraint d'accepter un accord négocié (sous la pression populaire et celle du monde des affaires) et donc de mettre fin au bombardement systématique du Vietnam du Nord, qui avait transformé une grande partie de ce pays en terrain vague. Cette cible n'étant plus de mise, les avions furent utilisés pour bombarder le Laos et le Cambodge, avec les conséquences que l'on connaît.
Les morts d'aujourd'hui sont provoquées par des «bombinettes», de minuscules armes antipersonnel, bien pire que les mines terrestres: elles sont conçues spécifiquement pour tuer et estropier, et non pour endommager les véhicules ou les bâtiments. Ces «bombinettes» sont des munitions de combat d'une taille inférieure à un poing fermé, dont les bombes à fragmentation sont bourrées". La plaine du nord du Laos a été truffée de centaines de millions de ces engins meurtriers, dont 20 à 30 % n'explosent pas selon leur fabricant Honeywell (maintenant remplacé par une filiale, Alliant Techsystems). Ces chiffres suggèrent soit un contrôle de qualité particulièrement inefficace, soit une politique rationnelle visant à tuer les civils par un effet différé. Et ces engins ne représentaient qu'une fraction de la technologie déployée, qui comprenait aussi des missiles sophistiqués pouvant atteindre les souterrains où les familles cherchaient à s'abriter, un seul de ces missiles pouvant ainsi tuer des centaines de personnes. Dans la période présente, les estimations du nombre annuel de victimes des « bombinettes » vont de plusieurs centaines à « un taux annuel de 20000 dans tout le pays», la moitié des victimes étant tuées, selon Barry Wain, correspondant de longue date du Wall Street Journal en Asie, dans une information publiée dans l'édition asiatique du journal.
Donc au bas mot, le cas laotien produit chaque année un nombre de victimes comparable à celui du Kosovo au cours de l'année qui a précédé les bombardements de l'OTAN, bien que, comme en Colombie, c'est là un bilan annuel. De plus, les morts sont bien plus nombreuses parmi les enfants - plus de la moitié selon des études mentionnées par le comité central des Mennonites qui travaille dans le nord du Laos depuis 1977 pour atténuer les effets de cette barbarie qui se prolonge.
Des actions ont été entreprises pour faire connaître cette catastrophe humanitaire et tenter d'y faire face. Le Mine Advisory Group (MAG), basé en Grande-Bretagne, a essayé d'enlever ces objets meurtriers. Cependant, les États-Unis «brillent par leur absence au sein de la poignée d'organisations occidentales qui ont suivi l'exemple de MAG », remarque la presse britannique, même si, finalement, ils ont accepté de former quelques civils laotiens. La presse britannique rapporte aussi, avec quelque irritation, les affirmations des spécialistes de MAG selon lesquelles les États-Unis refusent de leur fournir « des procédés permettant de désamorcer ces engins », ce qui rendrait leur travail «beaucoup plus rapide et sûr». Ces procédés demeurent, aux États-Unis, un secret d'État comme tout le reste de cette affaire. La presse de Bangkok fait état d'une situation similaire au Cambodge, en particulier dans l'est du pays où les bombardements américains furent les plus intenses, à partir du début de 1969..
[...]
La réaction des médias et des commentateurs est de garder le silence, en obéissant aux normes qui avaient fait de la guerre contre le Laos une « guerre secrète » ce qui, en réalité, signifiait une guerre bien connue mais occultée, tout comme le fut le bombardement du Cambodge à partir de mars 1969. Le niveau de l'autocensure était alors extraordinaire, tout comme dans-la période présente. Ces événements et les réactions qu'ils ont suscitées, alors comme maintenant, nous en disent long sur le Nouvel Humanisme et sur le «monde normal» dans lequel nous vivons confortablement.
A partir d'avril 1999, les correspondants américains chargés de couvrir la guerre du Kosovo firent état de l'utilisation par l'OTAN de bombes à fragmentation, transformant « des secteurs de la province en un no man's land », «jonché» de mini-bombes n'ayant pas explosé. Comme nous l'avons déjà relevé, elles étaient également utilisées en vue de tuer le plus grand nombre possible de soldats serbes lorsqu'ils étaient attirés à découvert par des 'attaques de commandos de l'UCK traversant la frontière. Comme au Laos et ailleurs, ces armes causent «des blessures horribles». Des centaines de victimes ont été traitées dans le seul hôpital de Pristina, la moitié d'entre elles étant des civils, y compris des enfants albanais tués et blessés, pour la plupart, par des bombes à fragmentation et à retardement, conçues pour tuer et mutiler par surprise". Prenant acte de rapports crédibles selon lesquels des bombes à fragmentation étaient utilisées, le groupe britannique Campaign for a Transparent and Accountable Arms Trade a lancé une campagne accusant Tony Blair, Robin Cook et le ministre de la Défense George Robertson de « négligence criminelle» pour avoir déployé et utilisé ces armes de terreur; et cela en violation explicite de la Convention d'Ottawa sur l'interdiction de l'utilisation, du stockage, de la production et du transfert de mines antipersonnel et sur leur destruction, ainsi que de la loi d'harmonisation de la législation britannique avec cette convention internationale. Les États-Unis ne peuvent être accusés puisqu'ils ont refusé de signer la Convention d'Ottawa, selon leur habitude dans le domaine des droits de l'homme et du droit international en général.
Les accords de paix du Kosovo exigent que les forces serbes nettoient leurs champs de mines: à l'exception d'un droit limité de surveiller les frontières, c'est la seule raison pour laquelle elles sont autorisées à pénétrer au Kosovo. Il est tout à fait approprié qu'on leur demande de retirer les mines qu'elles avaient posées en préparation de l'invasion de l'OTAN: ces mines représentent à coup sûr des risques sérieux pour les civils. Ainsi, le colonel Conrad Freytag, porte-parole militaire de l'OTAN, annonçait, sûr de son bon droit: «Les forces serbes ont pris la responsabilité de poser les mines, elles doivent donc prendre la responsabilité de les retirer.»
Quant à l'idée que les États-Unis puissent assumer la responsabilité de nettoyer les fragments meurtriers de leurs actions criminelles combien plus scandaleuses, ou même de fournir les informations susceptibles de permettre à d'autres de le faire sans subir le sort des milliers de personnes tuées chaque année, aujourd'hui encore - c'est là évidemment une suggestion trop insensée pour être prise en considération, à en juger par les réactions (inexistantes).
(Re)transmis par :
Roger ROMAIN
a/conseiller communal PCB
B6180 COURCELLES
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