arch/ive/ief (2000 - 2005)

Le spectre de la Sabena
by Fondation Léon Lesoil Tuesday January 22, 2002 at 12:37 PM
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Les entreprises publiques survivront-elles en 2003? - Une Table Ronde de la Fondation Léon Lesoil

Les administrateurs publics de la Sabena ont laissé le groupe privé Swissair piller et cannibaliser l'entreprise. Le ministre Daems a misé délibérément sur la faillite. Le gouvernement arc-en-ciel s'est caché derrière les directives européennes. L'Etat belge, actionnaire majoritaire, porte une responsabilité écrasante. Le mouvement syndical a échoué à défendre les travailleurs et travailleuses.

La faillite de la Sabena est un avertissement pour tout le secteur public. Chez Belgacom, à la Poste, à la SNCB, la politique de privatisation appliquée depuis près de dix ans a créé les conditions qui pourraient déboucher sur d'autres catastrophes sociales du même genre.

Quel rôle jouent l'Europe et le gouvernement arc-en-ciel? Au service de quels intérêts?
A quoi ressembleront nos soi-disant "démocraties" sans des services publics capables de contrebalancer quelque peu les "lois du marché"?
Quelle riposte? Quelle alternative?

Voilà quelques unes des questions qui seront au cœur de la Table Ronde

Jeudi 24 janvier 2002, 19H30
Ruche Verrière de Lodelinsart
Place Ed. Gilles, Lodelinsart (Charleroi)
Intervenants:
- Nele Heuson (association "Sabena tomorrow")
- Maria Vindevoghel (idem)
- Alain Van Praet (délégué CSC Transcom Belgacom)
- Freddy Dewille (idem)
- Georges Delsart (délégué CGSP Postes)
- Roseline Vachetta (europarlementaire, membre de la commission "transports" du Parlement européen)
- Vincent Decroly (député, est intervenu au parlement belge sur le scandale Sabena)
- Des travailleurs du TEC, de la SNCB.

Compte-Rendu.
by Remy CHAMPENOIS Friday August 02, 2002 at 02:57 PM

LES ENTREPRISES PUBLIQUES : Survivront-elles en 2003 ?

Ce 24 janvier 2002, la Ruche Verrière de Lodelinsart accueillait une table ronde de la Fondation Léon LESOIL. Une vingtaine de militants, majoritairement syndicalistes des services publics, ont débattu de la situation de leur entreprise avec deux députés, Roseline VACHETTA, europarlementaire LCR, membre de la commission " transport " du parlement européen et Vincent DECROLY, parlementaire ayant dénoncé le scandale de la SABENA au parlement fédéral. Tous les intervenants annoncés dans la précédente édition du FIL ROUGE n'ont pu nous honorer de leur présence. Ceux de la SABENA et LA POSTE étaient excusés, occupés à défendre l'avenir de leurs collègues. Des informations ont cependant été apportées sur leur combat lors de cette soirée, notamment par les deux députés qui les soutiennent politiquement.

Après une brève introduction des enjeux de la soirée, Arnold DESPIEGELEER (président de la CGSP ENSEIGNEMENT du Centre) donne la parole à des délégués CSC TRANSCOM dont certains proches du POS. Ils retracent la chronique de la mort annoncée de BELGACOM.

Ce service public était bénéficiaire. Des facteurs idéologiques, financiers et politiques expliquent sa " privatisation à 49 % ".

Années 70, retournement de la conjoncture. Choc pétrolier. Rejet généralisé des principes économiques keynésiens. Victoire des théories ultra-libérales. 1991, Loi de gestion des entreprises publiques autonomes pour modifier la culture d'entreprise. En 10 ans, 120 milliards de bénéfices réalisés grâce à la destruction de 10.000 emplois. Les syndicats capitulent en rase campagne. Leurs dirigeants nationaux ont intériorisé l'idéologie ultra libérale. Aujourd'hui, BELGACOM possède un fond de pension de 120 milliards. Le maillage syndical a été démantelé avec l'accord des bureaucraties syndicales.

La situation de la SNCB est ensuite abordée par un camarade du PTB, délégué de la CGSP Cheminots.

Paradoxalement, c'est la nationalisation de nombreuses entreprises privées qui a donné naissance à cette entreprise publique pour les raisons inverses de celles invoquées aujourd'hui pour sa privatisation. Les décideurs politiques de l'époque constataient que la gestion privée conduisait l'avenir ferroviaire de la Belgique droit dans le mur. Refus de standardisation pour fausser la concurrence entre réseaux, accélération du nombre d'accidents car sous-investissements chroniques. Seul comptait le profit. Le matériel usé n'était pas renouvelé tout comme dans l'Angleterre blairiste d'aujourd'hui.

La chute du mur de Berlin détruit dans l'opinion publique l'espoir d'une alternative socialiste et l'histoire de la SNCB se calque dès lors sur le modèle BELGACOM. Le camarade souligne les contradictions entre la nécessité du monopole pour garantir le service public et les conséquences engendrées par la privatisation. Les cheminots tentent d'inverser les rapports de forces au niveau européen. Ils veulent défendre les missions sociales du service public et s'opposent à la loi qui interdit les monopoles.

Un camarade de la Poste apporte ensuite des précisions sur le vécu quotidien des facteurs. Il considère que son entreprise subit la même offensive que Belgacom et la SNCB.
Tous les syndicalistes présents constatent amèrement l'inertie généralisée des " responsables " syndicaux.

Roseline VACHETTA rappelle que l' " idée européenne " et la notion de service public n'ont jamais fait bon ménage. Dès 1945, les décideurs politiques proclament que l'établissement de la paix passe par la construction d'un marché unique. Le traité de Rome favorise la libre circulation des Marchandises, des Personnes, des Services et du Capital Financier. La suite renforce les mécanismes de concurrence et instaure l'interdiction des aides publiques. Pour couronner le tout, les mêmes décideurs placent la santé, l'éducation et les services publics dans leur collimateur. Le traité de Maestricht mettra un point final à la volonté affichée de détruire définitivement les services publics des pays de l'Union européenne. Ce sont les réseaux de communication qui doivent d'abord être démantelés. Les nouvelles directives accélèrent le processus.

On parle de return de 15 % . Pour augmenter les profits financiers et les profits marchands, il n'y a pas trente-six moyens. Le capitalisme doit tout transformer en marchandises. Les moyens utilisés sont la segmentation. Pour réduire les coûts, il faut réduire la sécurité. Le concept de service public est remplacé par celui de service universel.

Que faire ? Il faut soustraire du marché la satisfaction des besoins des populations. Cet axe pose directement la question de la propriété des services publics. Les notions de cogestion, autogestion et contrôle ouvrier doivent être réactualisées. Si le libéralisme s'impose, qui pourra payer le coût réel des services ? La notion de péréquation des coûts individuels doit rester au centre du débat citoyen de même que la notion de progressivité de l'impôt. En Argentine, les services publics ont été sabotés. On voit aujourd'hui le résultat.

Des mouvements comme ATTAC posent correctement la réponse aux besoins sociaux. En outre, la cohabitation de différentes tendances au sein d'ATTAC est facteur d'enrichissement du débat et non de division comme essaient de le faire croire nos ennemis.

Par exemple, l'ouverture du fret à la concurrence signifie la fin de la poste comme service public à la disposition de tous les citoyens. La revendication d'un moratoire pour permettre une expertise de la directive de 97 est un bon moyen d'unir les usagers et les travailleurs du service.

Pour un syndicaliste du ministère des Finances, militant du POS, la frontière entre entreprises publiques et administrations publiques est de plus en plus floues. Des pans entiers de ministères des Finances européens sont déjà privatisés tel le recouvrement fiscal aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne et en Italie. L'informatique est aussi une cible importante, vu les budgets qui lui sont consacrés. En Belgique, la fiscalité foncière est mise au second plan au profit de la commercialisation de la documentation patrimoniale.

Vincent DECROLY expose son expérience sur le dossier de la SABENA. Il fait le point sur le combat des sabéniens, notamment au niveau de la commission d'enquête parlementaire.

Alain TONDEUR présente enfin l'Appel initié par Gérard DE SELYS. Il s'agit d'un Appel aux citoyens européens pour la défense des services publics. Comme le temps nous manque pour approfondir le problème de la riposte, une nouvelle réunion est proposée avec cet Appel à l'ordre du jour. Contact sera pris avec son auteur et le réseau de syndicalistes qui le soutient. Rendez-vous est donc pris.

Remy CHAMPENOIS.