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Le droit d'asile soumis aux dictats de la raison d'état?
by Colectivo europeo contra la impunidad Wednesday January 16, 2002 at 01:14 PM
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La Belgique refuse d'accorder un visa pour une prisonnière politique chilienne paraplégique

Le droit d'asile sou...
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Le droit d'asile soumis aux dictats de la raison d'état ?


Nous venons d'apprendre par les cabinets des Ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères de la Belgique que ce pays refuse d'accorder à Marcela Rodriguez le visa qui changerait le restant de sa peine de prison en exil. Prisonnière dans un hôpital au Chili, Marcela Rodriguez, pourrait bénéficier de cette loi chilienne spéciale à condition qu'un pays tiers soit disposé à l'accueillir.

Contre toute attente, le refus des autorités belges est fondé sur l'hypothèse que le Chili serait une démocratie, alors que cette question est encore débattue au Chili même, où l'on parle de transition à la démocratie, de démocratie protégée et d'autres euphémismes encore. Actuellement, il existe au Chili des faits accablants de torture de prisonniers politiques et des dysfonctionnements de la justice ont été constaté par la commission des droits de l'homme de l'ONU et par Amnesty International (qui a d'ailleurs reconnu Marcela Rodriguez comme prisonnière politique). Le fait concret de cette affaire, c'est que le Chili n'a pas trouvé d'autre solution que l'exil pour cette femme paraplégique âgée de 47 ans.

Les arguments de l'administration belge nous surprennent à plus d'un titre.

D'abord, l'affirmation que le Chili soit un pays démocratique et qu'il n'y a donc plus lieu d'octroyer l'asile politique à des Chiliens laisse transparaître l'idée de "pays sûr". Cependant, ce dernier point a été débattu en Belgique et il a été rejeté en 2001. Comment ce fait-il dès lors qu'il soit utilisé aujourd'hui?

Ensuite, dire que Marcela Rodriguez a été condamné pour des actes terroristes et qu'elle a bénéficié d'un procès équitable procède également d'un argument fallacieux.
Jugée par des tribunaux militaires, sans avoir eu droit à la défense, comme d'ailleurs tous les prisonniers politiques au Chili, Marcela Rodriguez a porté plainte contre l'état chilien devant la cour interaméricaine des droits de l'homme de l'OEA - plainte qui par ailleurs a été considérée comme recevable.

Francisco Cumplido, ministre de la Justice du premier gouvernement de la Concertation en fonction à l'époque des faits qui sont reprochés à Marcela Rodriguez, affirme lui-même que les tribunaux militaires ont abusivement utilisé la loi antiterroriste à l'encontre de Marcela et de tous les prisonniers politiques; et conteste également les procès des civils par ces tribunaux militaires, dont certains membres sont aujourd'hui poursuivis pour des crimes contre l'humanité.

Après dix ans d'emprisonnement, cette femme handicapée et malade n'a toujours pas pu bénéficier d'un procès juste et équitable, du droit à la défense, et d'une approche humanitaire de son cas; droits démocratiques sans doute uniquement réservés pour Pinochet et ses tortionnaires.

Dès lors, la préoccupation actuelle de la Belgique - de ses institutions représentatives - pour les droits de l'homme au Chili semble n'être qu'une pure question de calcul politique immédiat. Ou encore, la question du terrorisme après le 11 septembre (de 2001- entendons-nous) sert comme un alibi à des dérives sécuritaires?


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