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Reprise du processus de paix en Colombie: quelques notes
by Paul-Emile Dupret Wednesday January 16, 2002 at 09:06 AM
d.gillard@skynet.be

Brève note sur la reprise des negociations de paix en Colombie

- Finalement il apparaît que hier, 14 janvier, 5 heures avant l'entrée des troupes dans la zone utilisée pour le dialogue de paix, les pays "faciliteurs" du processus de paix ont réussi à convaincre le président Pastrana et la guérilla des FARC de faire marche arrière, et de reprendre les négociations. C'est bien entendu un résultat important pour éviter pour le moment de déclencher une violence supplémentaire tout à fait vaine et négative, mais la situation reste très précaire.

- Au cours de ce W-E, il est apparu clairement que le président Pastrana, ses généraux, et l'ambassadrice des Etats-Unis, sont impatients de rompre le processus de paix. Samedi soir, M. Lemoyne, le délégué de Kofi Annan a soumis au président un texte préparé avec les FARC pour continuer le processus, qu'il a rejeté samedi à minuit. Pastrana était sans cesse "secondé" par l'ambassadrice des Etats-Unis qui occupe une fonction que les colombiens qualifient volontiers de "Vice roi des Indes" .
Ainsi par exemple relate l'article de El Pais de lundi 14 janvier (page 2): "Le communiqué de la FARC fut écouté au palais par le président en compagnie de l'ambassadrice est Etats-Unis, Ann Patterson; le commandant des Forces armées, général Fernando Tapias, et plusieurs de ses ministres."
A ce moment avait donc prévalu donc l'avis des secteurs guerreristes de Colombie, et l'avis des Etats-Unis qui ont mis les FARC sur la liste terroriste et n'ont pas caché leur hostilité au processus de paix.

- Malgré la décision de reprendre le dialogue, la situation reste bien entendu très instable. D'après l'ex-ministre Ramirez Ocampo, (El Pais 15 Janvier): "Ce que tente de faire le Gouvernement colombien, c'est de s'assurer ses arrières en s'assurant l'appui qui lui permette d'affronter la guerre en cas de rupture totale." Lors de cette rupture-ci, Pastrana avait l'aval des Etats-Unis, de Solana, mais il semblerait que l'option de guerre n'avait pas l'aval d'un front suffisamment large de pays étrangers et dans l'opinion colombienne. On mesure ici le degré d'irresponsabilité et de nocivité de communiqués tels que celui de Javier Solana, (ici annexé), qui agit en pion libre, sans aval des ministres de l'UE, comme lorsqu'il a approuvé le Plan Colombia avant que les ministres de l'UE et le Parlement européen ne le discutent et le rejettent.

- Alors que le délégué des Nations-Unies, Lemoyne, semblait laisser tomber les bras, il semble que ce soit l'action de pays faciliteurs qui a sauvé le dialogue. D'où l'importance d'insister sur le renforcement de ce mécanisme. Pour rappel, les "pays faciliteurs" de la paix sont les suivants Canada, Cuba, Españgue, France, Italie, Mexique, Norvège, Suède, Suisse et Venezuela.
Les pays amis et les organismes internationaux sont: Allemagne, Autiche, Belgique, Brésil, Canada, Costa Rica, Chili, Cuba, Danemark, Equateur, Espagne, Finlande, France, Italie, Japon, Mexique, Norvège, Pays-Bas, Panama, Pérou, Portugal, Royaume-Unis, Suède, Suisse, Venezuela y Vatican, ainsi que le délégué du secrétaire général de l'ONU et la Commission européenne.

- Il est à noter comme la question de la drogue est absente des discours officiels ce qui semble confirmer que ce prétexte n'est plus nécessaire pour la militarisation et qu'effectivement après le 11 septembre, la lutte anti-terroriste est le prétexte suffisant pour l'intervention américaine, avec les conséquences que l'on peut imaginer. La crise actuelle représente sans doute une tentative du gouvernement colombien de capitaliser ce nouveau contexte international.

- Il est aussi à prendre en ligne de compte l'effet d'une telle rupture du processus de paix sur les élections du mois de Mai. Il semble qu'un contexte de guerre favorise Alvaro Uribe, candidat de "mano dura", promoteur des groupes paramilitaires, favori de Pastrana. Les analystes semblaient cependant opiner que puisqu'on est encore assez loin des élections, cet effet aurait pu être contré par son rival Serpa.