Les revendications du peuple argentin (3) by boadicea@chello.be Thursday January 10, 2002 at 03:40 AM |
Sur les organisations des travailleurs et travailleuses dans la révolte argentine: leur rôle et leurs exigeances
Les regroupements de travailleurs et de chômeurs
Il y a une kyrielle d'associations de travailleurs en Argentine, (environ 2500 syndicats, plus ou moins officialisés). Les thèmes de liberté syndicale, le rôle et le fonctionnement des grands syndicats font l'objet d'âpres discussions. Sans essayer de filter la "soupe alphabétique" des organisations ouvrières, cet article propose un aperçu du rôle joué par les travailleurs argentins dans les évènements révolutionnaires qui secouent encore leur pays.
Les Piqueteros
"Les piquetiers ont crée un mouvement ouvrier d'envergure nationale, une nouvelle voie pour la masse laborieuse sur le chemin de la prise de conscience.
Depuis les premiers piquets anti-privatisation en 1991 jusqu'à son 1e congrès en juillet 2001, le movement des piquetiers a effectué un long parcours, et a assimilé une vaste expérience de lutte politique. Une de ses premières caractéristiques est la héterogenéité, celle-là même qui nous demontre qu'il s'agit ici d'une organisation de base, loin des conflits de parti et des compromissions du pouvoir.
Le mouvement réunit des gens qui souffrent de misère, de faim et qui discutent, font des projets, se bagarrent, s'encouragent, qui s'organisent et qui chantent."
http://argentina.indymedia.org/front.php3?article_id=4258
Actes de désobéissance et de révolte depuis le mois de Juin 2001
Depuis plus de six mois, les actes de rébellion se multiplient. Les mesures d'ajustement du gouvernement De La Rua se faisaient sentir de plus en plus. Il y a eu des grèves et des occupations dans tout le pays. Le blocage de routes est une tactique fortement appréciée, et donne lieu à des procès ayant une dimension symbolique. Par exemple, le leader de l'Union des Travailleurs Sans-Emploi, José "Pepino'' Fernández, a été arreté après des incidents violents survenus lors de la coupure de la route nationale 34 le 17 juin 2001. Il y a eu des morts et des blessés. La légalité de l'organisation qu'il représente est mise en cause, mais les mouvements des chômeurs prennent de l'ampleur et leurs militants n'en démordent pas.
Les syndicats et partis de gauche ont préparé le terrain pour les évènements de décembre
A la mi-novembre déjà, sous la consigne "Que partent De la Rua-Cavallo", les piquetiers de l'Assemblée Nationale et la gauche organisée proposent une mobilisation commune. Les revendications principales:
(1) le départ de De la Rua/Cavallo,
(2) contre les plans d'ajustement et le déficit zéro et
(3) contre la guerre en Afghanistan.
http://argentina.indymedia.org/front.php3?article_id=4808
Des groupes de travailleurs ont été à l'origine de quelques-uns des premières rencontres avec la police lors des journées du 19 et 20 décembre.
En première ligne, outre des piquetiers, se trouvaient souvent des employés municipaux et des fonctionnnaires.Des exemples postés pendant la journée du 19 décembre:
Des centaines d'employés reclamant le paiement des retards salariaux, et celui de leurs primes de fin d'année ont cassé des meubles, et incendié une partie du Palais Communal.
Une vingtaine de travailleurs des services publics ont reçu des tirs de balles en caoutchouc de la part de la Police, qui réprima violemment les enseignants, médecins et employés des tribunaux essayant de pénétrer dans le parlement de la province de Buenos Aires.
Ayant négocié avec les pouvoirs publics, mais sans recevoir de réponses favorables à leurs demandes, ces travailleurs bloquèrent des routes. Leurs porte-paroles s'exprimèrent ainsi:
"Cette fois nous restons ici jusqu'à ce qu'on ait une solution concrète. Ils nous doivent deux mois et nous n'avons rien à donner à manger aux enfants. Plutôt que les voir mourir de faim, nous aimons autant laisser la vie ici, mais nous n'allons plus croire aux promesses!"
http://argentina.indymedia.org/front.php3?article_id=4953
On nous a volé notre révolution!
Depuis le début du mois de janvier, la situation est plus complexe. Certains secteurs de la population argentine semblent se satisfaire du nouveau président. Des sondages publiés dans les grands quotidiens lui garantissent un taux de soutien non négligeable. Cependant, beaucoup de militants rejettent les Péronistes et l'adhésion de certains dirigeants ouvriers à Duhalde a cassé la fragile unité du mouvement piquetero et de la gauche combattante.
D'elia et Alderete (dirigeants du mouvement piquetero) se sont réunis avec les usurpateurs, non pour les dénoncer, mais pour les appuyer. Ils n'ont pas critiqué ce gouvernement illégitime, ils n'ont même pas prononcé un plan de lutte contre la cette dévaluation qui confisquera les salaires. Les accusations de trahison volent….
http://argentina.indymedia.org/front.php3?article_id=6851
Duhalde est souvent accusé de vouloir amadouer les classes moyennes aux dépens des pauvres (par exemple avec la conversion en pesos des dettes hypothécaires)
Cependant, le mouvement piquetero semble vouloir persévérer, maintenir la lutte. Les organisations de base prépareraient leur 3e Congrès.
Aujourd'hui: sur les lieux de travail, dans les assemblées populaires, dans la rue:
Des groupes trotskistes appellent au Cacerolazo Global, afin de dénoncer le rôle du gouvernement espagnol et des institutions de Bretton Woods dans la spoliation de l'Argentine. Ils accusent le gouvernement Duhalde de continuer dans la tradition de corruption et de mesquinerie du capital, d'usurper le pouvoir populaire. Ils promettent de maintenir le cri de la Place de Mai "¡Basta Ya! ¡Que se vayan todos!"
Des militants parlent de "créer une vangarde politique et populaire: avec une pratique directe et locale, dynamique et ouverte. Il faudrait mettre sous le contrôle des collectifs actifs les structures de connexion regionales, nationales, ou fédérales".
On exige encore des élections immédiates, et la démission des membres de la Cour Suprème. Des associations d'avocats auraient lancé l'appel suivant le 9 janvier 2002:
Dans notre pays, s'est éffondré un modèle social et économique qui a provoqué un génocide social, avec ses victimes marginalisées, exclues, chômeuses, sous-employées et super-exploitées. Nos gouvernants doivent être contrôlés par un pouvoir Judiciaire indépendant, honnête et inflexible dans la défense des droits constitutionnels des citoyens. Ce sont des choses que cette Cour ne garantit absolument pas.
http://argentina.indymedia.org/front.php3?article_id=6929
Le Parti Ouvrier appelle à l'unité de la gauche et des Piqueteros. Pour lui la rébellion populaire est bien vivante est se généralisera. Une politique de désorganisation économique est en marche qui va se manifester dans la non-paiement des salaires et dans l'évacuation des usines. Il faudrait occuper les lieux de travail et les banques afin de farantir le paiement des sommes dues.
Il exige:
Le non-paiement de la dette externe
la nationalisation de la banque
le contrôle ouvrier
le retour des dépots aux petits épargnants
un gouvernement ouvrier et populaire
un commandement unique qui organiserait des Assemblée Populaires partout dans le pays, afin d'assurer la survie et la restructuration sociale. Ainsi les banquiers et les capitalistes paieront la crise, non pas, une fois de plus les travailleurs.
http://argentina.indymedia.org/front.php3?article_id=6249
En conclusion, les regroupements de travailleurs argentins auraient développé une organisation et un expérience politique importante. Les activistes de la base sont omni-présents et semblent avoir une conscience politique élévée. Malgré l'abandon de la lutte par certains dirigeants, des groupes autonomes n'ont pas baissé les bras. Aujourd'hui encore, le 9 janvier, des chauffeurs de taxi auraient manifesté leur mécontentement à l'encontre des autorités. Les échauffourées auraient fait 12 blessées….
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informations sur les partis de gauche:
http://www.cta.org.ar fédération syndicale
http://www.pts.org.ar trotskistes
http://www.po.org.ar/ parti ouvrier - parle bcp des Piqueteros