Arrestations arbitraires à Bruxelles by Cédric (posted by kitty) Tuesday January 08, 2002 at 11:46 PM |
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Témoignage (un peu tardif) d'une arrestation lors du sommet de Bruxelles 2001.
J'ai été contrôlé avec 5 autres personnes de SUD-Etudiant (syndicat étudiant français) en sortant de la gare du Nord de Bruxelles samedi 15/12 afin de nous rendre à l'ULB pour suivre les débats des AG étudiantes regroupant différentes orgas étudiantes européennes. Manque de chance, des policiers bruxellois nous attendent et nous demandent d'ouvrir nos sacs. Pas de problème, c'est sûrement un simple contrôle 3 heures avant la manif (?).
12h05: Arrestation Gare du Nord. Les flics sont plutôt courtois, même lorsqu'ils trouvent dans mon sac un masque à gaz dont la détention a été, soit disant, décrétée illégale par le Maire. Ils sont persuadés qu'il a été acheté pour l'occasion (il restait sur la recharge une étiquette : n°du lot et date de péremption) et considèrent que je voulait aller au contact. Bref, pas la peine de protester plus que ça, le masque est confisqué et je suis "gentillement" menotté avec des liens en plastique. Direction la caminonette où attendent déjà 4 AllemandEs et qui nous dépose 200 m. plus loin. Là se trouvent deux bus et des responsables de la Police bruxelloise, prévenus de l'arrivée de 5 nouveaux "anars". Les menottes sont bien reserrées et on grimpe dans le car afin d'être conduit on ne sait pas où, ni pour quel motif. On nous dit juste que c'est une arrestation administrative (12 heures de garde à vue maximum). Au bout d'une heure, le car part avec à son bord un quizaine de personnes.
13h15 : Arrivée au Centre de Regroupement des Personnes Arrêtées de Bruxelles. Là, les flics sont un peu moins sympas mais bon... Inventaire des sacs, vérifiaction des papiers d'identité, attribution d'un numéro (pour moi, ce sera n° 95) etc... photo. Tient, il me semblait que c'était interdit mais je ne la ramène pas (un tort peut-être ?), trop de flics autour de moi à mon goût. Et je suis conduit au 1er étage du bloc M dans le cellule n° 6 où se trouvent déjà 3 personnes. Grande pièce avec des bancs de béton, des couvertures en tas et dont les fenêtres ont été remplacées par des blocs de plâtres percés de trous d'environs 5 cm. de diamètres, c'est dire s'il faisait tout juste plus chaud qu'à l'extérieur.
13h30-23h41: Attente (un peu longue!) Très rapidement, on se retrouve à 24 dans la cellule: des Français (SCALP Paris et Toulouse), autonomes Allemands, quelques anars belges et moi (un peu paumé) : tous ou presque arrêtés avant la manif (dès 11h00) pour des motifs aussi ridicules que moi: possession de masque, de cagoules, de drapeaux et d'autocollants politiques de lunettes de plongées, de citron,... Tous ces objets se trouvaient, avant l'arrestation, dans des sacs. Les autres ont été arrêtés pedant la manif soit lorsqu'ils en sortaient pour fuir les débordements, soit parce qu'ils participaient de près ou de loin (tout est relatif). Un Hollandais a mêne choisi les flics plutôt que le groupe de 5 fachos vers lesquels il se dirigeait (manif des fachos prévu le 15/12 à 10h00 et annulée ce qui n'a pas empêché les 300 fafs de se balader en ville). Motif: "trouble de l'ordre". Pas de convoccation, pas d'interrogatoire, on allait peut-être éviter les bavures gênoises, pas d'avocat non plus ni de coup de téléphone.
Vers 20h00, les premiers fachos débarquent : 2 dans notre cellule, puis un troisième skin arrive bientôt. Ca gueule alors : on menace d'une émeute, on n'en veut pas "chez nous". Le troisième est emmené ailleurs et les deux premiers se précipitent vers la porte ouverte et sont évacués.
A partir de 21h00, l'ambassadeur d'Allemagne fait sortir au fur et à mesure les AllemandEs (cellules non mixtes, mais des militantEs ont elles aussi été arrêtées). L'ambassade de France est soit disant fermée donc, les FrançaisEs vont attendre.
22h00, on a le droit de donner un coup de fil seulement à une personne en Belgique et de toute manière, c'est la Police qui le passe. OK, pas la peine de bouger, tout le monde où presque doit déjà être au courant de mon arrestation et la Legal Team prévenue. L'heure avance (les gardiens nous la donnaient) et un autre porblème se pose: la sortie. Les cars sont partis que ce soit ceux de Paris (19h00) ou de Toulouse (20h00), pour les FrançaisEs.
Où dormir ? Comment y aller ? On avait toute les chance de se faire à nouveau contrôler par les flics et/ou de tomber sur un groupe de fachos désoeuvrés. Prendre un taxi? si on sort tous ensembles (10 français), il en faut au moins 3 qui risquent de ne pas nous prendre devant le centre de détention et pour aller où ?
23h30: "Cédric R., numéro nonante-cinq !" Ok, on va sortir mais pas tous: 5 français et 1 Hollandais. Changement d'ambiance, on est pris en charge par la Gendarmerie (flamme stylisée sur l'uniforme bleu). Un peu moins cool, un peu bousculés. Coup de chance, je suis le premier à récupérer mes affaires (23h41) et je peux donc remettre mes lacets, les derniers devront se débrouiller dehors. On se fait jeter hors du bâtiment par 5 gendarmes, on se fait traîter de "sales gauchos", de "travelos" et nous fais comprendre qu'on s'en sort bien et qu'on n'a pas à se plaindre, personne ne nous ayant demander de venir.
23h50 (environ): Libres ? Sur le trottoir, les derniers tentent de remettre leurs lacets et de ranger leurs affaires. On se fait de nouveau virer. Même scénario au carrefour suivant où nos flics descendent de voiture. Le groupe se scinde en deux pour éviter de se faire coffrer une seconde fois et je me retrouve avec un Hollandais (prénom inconnu). Nous somme suivis sur 500m par une voiture de la police qui fait demi-tour. Il faut trouver l'ULB où on pourra dormir chez une amie de mon compagnon. Coup de chance, c'est juste à côté.
00h01: Premiers coups de fil au chaud : "Tout va bien". Visiblement, ces arrestations avaient pour but de complêter le fichier du S.I.S, plus que "punir" les "agitateurs", la majeur partie des gens qui étaient avec moi ayant été arrêtés jusqu'à 4 heures avant le début des manifs. Aucun interrogatoire, aucuns coups ou presque : des camarades m'ont dit avoir été frappés au visage lors de leur arrestation ou avoir été maintenus au sol par la police alors qu'ils étaient interpelés à la sortie d'un café.
Après la répression de Gênes, on passe à la "répression-préventive": on arrête tout le monde avant, "on sait jamais". Se faire arrêter dans ces conditions, c'est des coups à ce que la prochaine fois, quitte à finir au trou, autant y aller pour des raisons valables et cette fois réellement pour "trouble de l'ordre". Rendez-vous à Barcelone.
Salutations syndicales
Cédric (SUD-Etudiant)
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Attention à l'objectivité!!! by Bertrand Wednesday January 09, 2002 at 05:38 PM |
lessiem@caramail.com |
Il est clair que je n'étais pas à la place de ce cédric et donc que je ne peux pas juger... Mais je pense qu'il faut faire preuve d'objectivité! La gendarmerie et la police ne font qu'obéir aux ordres venant de plus haut; quant à voir comment ils les appliquent????