Argentine : "Personne n'est à l'abri de l'avidité" by raf Tuesday January 08, 2002 at 01:30 PM |
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Interview avec Roberto Mero, écrivain et journaliste argentin, correspondant de Propuesta (du Parti Communiste Argentin), qui habite à Paris depuis 15 ans. Après les évènements qui se produisent en Argentine depuis le 20 décembre 2001, plus personne doit se faire des illusions. C'est une des conclusions que tire Roberto Mero, journaliste argentin vivant à Paris. Parce que la grande bourgeoisie nationale avec le Fonds Monétaire Internationale a totalement volé le pays et la population, y compris les classes moyennes. Mais Mero pense aussi que l'insurrection populaire, qui a chassé deux présidents en une semaine, ne se contentera pas de changements mineurs.
Q. Pouvez-vous résumer les mechanismes qui ont joué ces dernières années en Argentine ?
Roberto Mero. - Pendant la dictature militaire (1976-83) l'Argentine était tombé dans des niveaux d'endettement brutale. Donc la démocratie en 1983 poursuit ces mêmes politiques economiques mais sous le maquillage democratique. On arrive comme ça, avec la déstabilisation de la démocratie en '89, le gouvernement Alfonsin doit partir parce que la hyper-inflation avait anéanti toute possibilité économique. Et le gouvernement péroniste de Menem prend le pouvoir pour imposer à fond la caisse, j'insiste, un plan néo-libérale pur et dur. Cela veut dire : privatisation de tous les biens d'état. Tous les biens d'états ! ç'est-à-dire aucune entrepise d'état dans le pouvoir d'état. Destruction des acquis sociaux. Demantèlement des tous les méchanismes d'indépendance économique de l'Argentine. Un pays qui ne vit pas exclusivement de sa production agricole, mais aussi d'exportation de pétrole etc. Cette politique est fondé sur la parité de 1US$ pour 1Peso. Ca dure pendant dix ans.
Le gouvernement radical qui prend le pouvoir en '89 continue avec ces politiques avec même ministre de l'Economie, monsieur Cavallo, qui s'est porté garant de ce système-là tout en disant que lui était l' interlocuteur valable auprès du FMI. Nous arrivons en 2001, à la fin de l'année, avec la destruction du système productif argentin. 40% de la population sous le niveau de la pauvreté, plus de 25% de chomeurs, et qui plus est l'arrêt de tous les payements, le bloccage des comptes des épargnants dans les banques. Clair et nette : on assiste à la fase terminale du système-FMI en Argentine, qui après avoir volé l'Etat, vole les épargnants.
Cela produit une révolte populaire, d'abord entre le 20 et 21 décembre, d'abord dans les quartiers populaires, où les émeutes de la faim secouent la société, et après on installe, on dicte l'état de siègePuis on voit l' insurrection des couches moyennes qui ne veulent plus descendre de leur niveau, mais qui ne peuvent plus...parce que tous leurs biens sont gelés dans les banques où ils avaient deposoté toute épargne d'une vie.
Cela se traduit en 32 morts, en 3 jours de combats, et le remplacement du gouvernement radical par un gouvernement peroniste qui avait perdu les élections en '99, qui en absolu mepris de la démocratie a passé outre la possibilité des élections ou de plébiscite, pour continuer la même politique. Seulement maquillé, substitution d'importations etc. mais sans toucher la source du problème qui est le degré de dépendance de l'Argentine de la Banque Mondiale, c'est a dire des circuits financiers mondiaux.
L'Argentine à l'heure actuelle il est dans une fase terminale du système, parce que les épargnants n'ont plus d'épargne. Si quelqu'un avait déposé 100 dollars dans la banque, maintenant il va récuperer 20 dollars, tandis que le coût de la vie ça continue de la meme facon qu'à Paris, ce sont les mêmes prix.
On voit donc la destruction d 'un système bourgeois par la même bourgeoisie. Quant à la révolte, le systeme a voulu arrêter les grands mouvements de gauche qui s'est profilé en Argentine et que l'absence d'élections empêche de s'expimer. Cette révolte-là n'a pas eu une traduction politique, pas pour l'instant. Mais évidemment les deux partis majoritaires qui contrôlent les 80% de la politique en Argentine, ils sont tombés ensemble puisqu'ils étaient complice de la destruction du pays, du vol des épargnants, et des braderies des richesses nationales.
Q. Ici, on présente les péronistes comme parti populaire, on le voit d'un oeil positif ? Mais qu'est-ce qu'ils représentent ?
RM. - Si on fait la comparaison entre Peron et De Gaulle, ç'est comme ça, et puis la comparaison entre De Gaulle et Chirac, vous allez trouver rapidement quelle est la différence. Donc les péronistes d'aujourdhui sont au péronisme de Peron ce que la Chiraqui est à l'esprit de De Gaulle. C'est un maquillage, c'est seulement une étiquette qui en definitive cache, masque une politique néo-libérale du coup populiste et riend 'autre. Mais dans cette révolte-là, autant les-uns que les autres, les sociaux-démocrates du président De La Rua, autant que les péronistes, qui en réalité s'appellent les Justitialistes d'après le Parti Justitialiste, ils se sont directement alliés, ils ont consensué une issu à l'intérieur du système. Et les gens n'ont pas demandé l'installation d'un gouvernement péroniste, mais la fin de la corruption et la fin de cette politiqu-là lié au FMI. Et en definitive le nouveau gouvernement continue sur les pas de son ainé. Il n'y a rien à voir, entre ce péronisme-là et péronisme de Peron qui était un nationaliste bourgeois, substition de l'importation, acquis sociaux etc.
Q. Est-ce que la conscience politique en Argentine est d'un tel degré que les gens voient clairement le FMI comme ennemi ?
RM. - Aujourd'hui oui. Avant c'était un discours seulement de certains partis de la gauche ou de centre-gauche, quant à la question qu'on ne pouvait pas payer la dette extérieure puisque c'était amorale de la payer et en même temps impossible de toucher cette argent-là. Mais les classes moyennes commencent à voir que ces politiques-là mènent à la ruine, mais directement ! Pas au pays en tant qu'abstraction politique, mais directement la ruine de leurs avoirs, et la politique qui avait été repété par la gauche pendant 15 ans en disant qu'il ne fallait pas payer la dette parce que la dette était illégitime, maintenant c'est un mot d'orde qu'on entend partout. Depuis les couches populaires jusqu'aux couches moyennes, tout le monde y insiste, les petits producteurs. L'unite de gauche aujourd'hui qui représente 15% dans tout le pays, 25% à Buenos Aires, cette unite n'e propose pas uniquement la justice sociale, mais en même temps aider les petits producteurs, les petits industriels, les PME, parce que ce sont ces entreprises-là qui ont porté sur leur dos tout le poid de la politique néo-libérale. Donc aujourd'hui on voit une conscience politique créée dans la lutte.
Q. - Vous ne regrettez-pas de ne pas être en Argentine ?
RM. - Non, puisque en Argentine se déroule une série dévènements où parfois il faut eclaircir au public argentin sur les grand lignements économiques internationaux et sur la conjoncture économique internationale. Et à l'heure actuelle, l'Argentine qui vit sous les dictats du Fonds Monétaire Internationale (FMI) avec clairement une destruction systématique de son économie par le néo-liberalisme, il faut dire en même temps que ces plans-là sont conçus pour anéantir l'économie du Tiers-Monde mais pas seulement du Tiers-Monde mais aussi du reste de la planète. On parle de globalisation comme recette miracle, l'Argentine démontre d'une façon claire qu'il ne s'agit pas d'un cas argentin sinon d'un banc d'essai du néo-libéralisme contre un pays plus au moins développé. Cela peut s'arriver aujourd'hui en Argentine, demain au Portugal, en Espagne, en Grèce ou dans tout pays qui demontre une certaine faiblesse économique ou est susceptible de montrer une certaine faiblesse économique.
Q. - Les commentaires et analyses en Europa, qu'en pensez-vous ? N'occultent-ils pas les vraies causes ?
RM. - Il parlent seulement des effets, d'insurrection populaire, ils parlent de ces confrontations des couches moyennes contre le pouvoir, la ils disent vrai. Dont ils ne parlent pas ç'est l'origine, qui est l'application d'un plan néo-libérale à fond la caisse. On ne parle pas de la responsabilité du FMI et du gouvernement qui soutient le FMI. On ne met pas en question la Banque Mondiale, ni le FMI ni la Banque Européenne. Et moi je crois que ces évènements en Argentine autant que naguère au Mexico, en Russie, la crise en Malaisie etc. touche directement le public européen, les travailleurs européens et les investiseeurs européens. Clair et nette : les médias sont en train de mentir en Europe sur les les réels responsables de cette situation-là, puisqu'ils sont intéressés à que ce système-là néo-libérale continue à se développer, en écrasant tous, classes moyennes , travailleurs, intellectuels, tous les producteurs sociaux et les acteurs sociaux.
Fait à Bruxelles, le 7 janvier 2002
Hoy Argentina. Manana... (por Latuff) by ... Wednesday January 09, 2002 at 03:36 PM |