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RTBF : la volonté contre le renoncement
by RTBF-réalisateurs et producteurs (jpe) Friday December 21, 2001 at 10:52 PM

Des réalisateurs et producteurs de la RTBF demandent un moratoire sur les restrictions budgétaires et les suppressions d'émissions et dénoncent l'absence de projet de la direction du service public

RTBF : la volonté contre le renoncement

Il y a près d'un an, dans le débat et la polémique qui s'étaient développés sur la manière dont la RTBF remplissait ses missions ( notamment d'ordre culturel), nous avions été les premiers à défendre le travail de notre radiotélévision publique. Non sans nuances, ni esprit critique sur nos propres productions. Aujourd'hui, il nous faut reprendre la parole.
D'abord pour répondre aux rumeurs, aux amalgames et à la campagne de dénigrement systématique du service public, en général et de la RTBF en particulier. Pour rappeler à ceux qui ne veulent pas le voir que, malgré des conditions difficiles, des équipes volontaires et déterminées continuent de créer, de produire et de diffuser des émissions de qualité répondant aux missions de service public. Des propositions existent pour alimenter un projet et garantir l'avenir d'une véritable radiotélévision publique capable d'affronter la concurrence de plus en plus rude et sauvage du secteur privé. La question n'est pas un manque de dynamisme, d'imagination ou de créativité mais un sous-financement chronique d'une part et une absence totale de concertation et de débat interne d'autre part. La responsabilité du pouvoir politique qui refuse un financement décent alors qu'il impose de nouvelles charges ( par ailleurs tout à fait légitimes) au service public est essentielle. Celle de la haute hiérarchie de la RTBF n'est pas moins écrasante.

Une direction sans projet

Ce que nous dénonçons depuis des années est encore plus cruellement visible aujourd'hui. La direction de la RTBF navigue à vue ( mais y a-t-il encore un capitaine dans la salle des commandes ?). La manière dont s'opère le nouveau plan de restrictions budgétaires est caractéristique de cette gestion sans projet.
La grille des programmes se construit désormais avec une calculette. On coupe, on réduit, on supprime dans tous les coins –et tous les centres- de façon à respecter l'équilibre des mécontentements. Une fois encore, aucune vision d'ensemble, aucune priorité, aucun projet ne préside à ces choix. Ces mots – et ces concepts- sont désormais expressément bannis dans les comités de la hache. Bien entendu, à quelques exceptions près, les producteurs et les responsables des émissions sont exclus de la décision. La concertation est absente. L'information, elle-même, est insuffisante. Trop souvent, c'est par la presse – et la rumeur – que les intéressés doivent apprendre le sort qui est réservé à leurs programmes.
Cette politique sans perspectives est d'autant plus incompréhensible qu'un projet au moins – la nouvelle « Deux »- est en préparation qui conditionne le redéploiement de l'ensemble des productions. Il nous semble d'autant plus aberrant de supprimer des programmes à tort et à travers dans un souci d'économies non ciblées. Pour ces différentes raisons nous demandons au conseil d'administration et aux différents responsables de suspendre toute décision en matière de suppression d'émissions. Un moratoire s'impose au moins jusqu'à la définition des contours et des exigences de «La Deux ». Le simple bon sens conduit à cette conclusion qui permet de préserver l'avenir sans exclure d'éventuelles modifications des programmes. Car préserver l'avenir, tel est bien notre souci fondamental. Il ne s'agit pas ici de s'accrocher à tel ou tel programme : des changements sont possibles, parfois souhaitables et même, dans certains cas indispensables, à condition qu'ils s'inscrivent dans un projet d'ensemble.

La différence du service public

Ce qui se passe aujourd'hui dans le plan de restrictions budgétaires n'est malheureusement que le signe d'un malaise beaucoup plus profond au sein de la RTBF. La stratégie d'ensemble fait défaut : que signifie, par exemple, l'alliance contre-nature et aux conséquences incalculables avec AB3 ?
L'impuissance ou la passivité de la haute hiérarchie ( conseil d'administration inclus) a permis les dérapages de la RMBI qui menacent aujourd'hui les ressources indispensables à la production. Après avoir, à tout le moins, laissé sa régie publicitaire jouer à l'économie casino, la direction de la RTBF demande aujourd'hui aux producteurs d'émissions d'assumer les restrictions budgétaires.
Ici et là, des candidats au remplacement de l'Administrateur Général de la RTBF font campagne comme si le poste était ouvert. Pourrions-nous être informés ? Des voix se font entendre en faveur d'une « dépolitisation » des nominations ( et notamment de la plus haute d'entre elles), on évoque des procédures d'audition sur base de projets. Nous ne pouvons que nous en féliciter car nous avons besoin d'une direction forte, légitime et à l'écoute de ceux qu'elle devra mener à la bataille pour un véritable développement du service public. Car là réside bien notre motivation fondamentale. Des réformes sont indispensables dans le fonctionnement des hommes comme dans l'organisation des productions. Non seulement nous les souhaitons mais nous voulons en être partie prenante.
Mais attention : nous ne pourrions accepter que l'on profite d'un climat de fin de règne pour imposer une privatisation de fait de la RTBF.

Nous restons attachés au service public, pourvu qu'il ait les moyens et la volonté de marquer sa différence dans le grand marché audiovisuel.


Les auteurs-réalisateurs, producteurs et responsables d'émissions :

Jean-François Bastin, Khiti Amina Benhachem,Bill Binnemans, Michèle Cedric, Isabelle Christiaens, Martine Cornil, André Dartevelle, Léopold Deguchteneere, Patrick De Lamalle, Marc Dechamps, José Dessart, André François, Renaud Gilles Jean-Pierre Grombeer, Anne Hislaire, Benoît Jacques de Dixmude, Michel Jakar, Jean-Jacques Jespers, Chergui Karroubi, Marco Lamensch, Wilbur Leguebe, Agnès Lejeune, Hugues Le Paige, Jean Libon, Didier Melon, Léon Michaux, Eric Monami, Marc Moulin, Robert Neys, Marianne Nihon, Henri Orfinger, Monique Petruszka, Christiane Philippe, Mehrdad Taghian, Marcelle Termolle, Ronald Theunen, Yvan Seve

services publics en voie de disparition...
by alain Friday December 21, 2001 at 11:28 PM
alemaitr@ulb.ac.be

La démarche est interressante et pose encore une fois la question de l'avenir de tous les services publics. Services publics que le pouvoir politique semble bien décidé a faire disparaitre dans la vague du tout au profit et à la concurrence...

Mais fondamentalement, le service public a-t-il seulement une chance de survie dans le contexte économique capitaliste actuel?