arch/ive/ief (2000 - 2005)

Laeken, sommet exemplaire (Libération)
by Libération Thursday December 20, 2001 at 08:38 PM

A Bruxelles, les Belges ont su gérer sans incident les milliers de manifestants antimondialisation.

Le maire en personne est venu expliquer aux Bruxellois qu'«il valait mieux quelques incidents matériels déplorables que des dégâts humains». l ne s'est «rien» passé à Bruxelles la semaine dernière. Et ce «rien» est un grand événement. A l'occasion du conseil européen de Laeken, plus de 100 000 manifestants ont pu pendant trois jours défiler dans les rues de la capitale belge. Sans incidents majeurs et on peut presque même dire sans aucun affrontement entre la police et les manifestants. Bruxelles 2001 marque une rupture dans le cycle ouvert à Seattle, qui avait vu chaque réunion internationale ou presque, à Prague, à Nice, à Göteborg, et bien sûr à Gênes, marquée par des violences inouïes, jusqu'à l'usage des armes à feu par les forces de l'ordre.


Vaincre le signe indien des rassemblements était donc un double enjeu: pour les autorités belges, qui accueilleront à partir de 2004 tous les conseils européens, soit deux par an. Définir une doctrine de l'expression des opinions était donc vital pour le gouvernement du royaume et pour le maire de Bruxelles, responsable du maintien de l'ordre, le socialiste Freddy Thielemans. Pour les mouvements et associations antimondialisation ensuite, puisqu'une hypothèque permanente pesait sur l'expression publique d'un courant de l'opinion publique européenne. 25 000 personnes ont défilé sous ses bannières multiples, ce qui représente le quart des manifestants réunis par la puissante Confédération européenne des syndicats (CES). Un courant accédant aussi à la maturité politique, capable désormais de «faire la police» lors de ses apparitions, afin d'en maîtriser la médiatisation (Libération du 15 décembre). Idem pour le courant anarchiste qui a pu rassembler (presque) pacifiquement 3 500 personnes samedi.

Il y a donc une «méthode belge» de l'expression démocratique. Elle tient en peu de mots. Primo, la liberté d'expression. Bruxelles a été une semaine durant un vaste forum permettant l'expression des courants de pensée européens, des amis proeuropéens de Daniel Cohn-Bendit aux «marches européennes des chômeurs» et aux opposants à la guerre. Chacun, à l'exception des néo-nazis européens, a trouvé des salles pour des meetings et des rencontres. Freddy Thielemans a accepté de discuter longuement du parcours des manifestations, y compris avec les libertaires.

Secundo, une police disciplinée. Les gendarmes et policiers belges ont remarquablement manoeuvré, alliant la discipline lors des manifestations (y compris lors de provocations à coups de cocktail Molotov) à un efficace quadrillage de la ville, interdisant sans heurt tout rassemblement non autorisé. Il y a bien eu quelques dégâts sur des voitures, des banques et deux bâtiments de la police. Mais jamais aucun d'eux n'a dégénéré en bataille rangée. Un pari politique risqué, assumé par le maire en personne, qui est venu expliquer aux Bruxellois qu'il «valait mieux quelques incidents matériels déplorables que des dégâts humains».

Tertio, la modestie. Le conseil européen s'est déroulé au château de Laeken, adresse certes royale, mais située... en banlieue, derrière le stade du Roi-Baudoin. A peu près comme si la France avait invité les puissants de la Terre à Saint-Denis. Un accroc aux fastes traditionnels qui entourent d'habitude les sommets de chefs d'Etat et de gouvernement. Mais les responsables belges ont ainsi évité de transformer le centre de la capitale en camp retranché, comme cela s'était produit, par exemple, à Nice, ville coupée en deux par le milieu quatre jours durant par des cordons de CRS armés jusqu'aux dents, à tel point que les transports en commun avaient été interrompus et les collégiens mis en vacances forcées, créant une atmosphère d'état de siège sur la Côte d'Azur.

Les prochains rendez-vous auront lieu à Barcelone et Séville, en 2002. La leçon belge sera-t-elle retenue?.

La fumé le Monsieur ?
by Arty Thursday December 20, 2001 at 10:33 PM
arty@artivisme.net

Pourquoi cet article ne relate-t-il pas les passages à tabac par des policiers en civil, les arrestations arbitraires, les fouilles systématiques, et le fait que des officiers de police ont refusé de répondre aux ordres de certains maires ?

Ces faits ont pourtant été confirmés par des victimes identifiables sur Indymedia, et relaté par le journal Le Soir et la RTBF ...

C'est bizarre, ça, non ? ;p

Arty ;p

la lecon pour les manifestants
by anarchiste Thursday December 20, 2001 at 10:34 PM

après la manif plûtot "relax" de bruxelles, ou on a bien pu se reposer, la prochaine fois, ca sera da nouveau l'attaque générale !! pas seulement de manifestation - mais de la résistance et disobéissance civile !!

RE.....
by Zumbi Thursday December 20, 2001 at 10:56 PM
fleveque@brutele.be

Sans vouloir prendre la défense des autorités, il est vrai que la situation a été différente...

Par exemple, le 14, lorsque la manif devait bifurquer à la place Bockstael, si les autorités avaient placé la police anti-émeutes avec les habituels chevaux de frise à ce tournant, cela aurait pèté... mais ils n'étaient pas là... il y avait seulement les peacekeepers

On peut regretter que cet article ne relate pas les provocations policières et leurs violences. mais il est vrai aussi que l'on n'a pas assité à des "combats" comme au sommet du G8, ou comme à Goeteborg.

Par contre parler de maturité politique quand il n'y a pas de "violence" ou quand il y a des peacekeepers, c'est des foutaises.

Autre oubli de Libération, ce sont les différences de tradition politique militante entre les pays. Il n'y a pas en Belgique un mouvement comme en Italie ou dans l'état espagnol.