Street Party : témoignage d'une Legal Team

Je m'appelle Florence G., je suis avocate à Paris et j'ai fait partie de la legal team à Bruxelles les 14 et 15 décembre 2001. Je témoigne des événements survenus à la fin de la street party du samedi 15 décembre, je pense que c'était vers 19 heures, lorsque des membres de la legal team ont été pris à partie par des policiers en civil.

Alors que j'étais avec mon groupe d'amis parisiens, j'ai été appelée par un membre de la legal team, qui courait avec d'autres sur le lieu d'une interpellation. Cela avait l'air important parce qu'il disait qu'ils avaient besoin d'une avocate avec eux. Je les ai rejoints.

Je portais le blouson rouge des legal team. Quand nous sommes arrivés sur le lieu, nous avons été pris à partie, en tant que legal team, par des policiers en civil ne portant aucun signe distinctif de leur fonction.

Un homme est sorti d'une voiture avec un appareil photo jetable qu'il a pointé sur nous. Au même moment quelqu'un dit une phrase dont le sens est "vous les espèce de legal team, maintenant vous allez poser pour la photo". Comme je me détourne de l'objectif, je suis vigoureusement saisie par un homme qui me tourne vers l'appareil. Comme il s'occupe des autres legal team, je me dégage.

Je vois que je ne peux pas sortir d'un cordon de policiers et je suis très impressionnée par la carrure des hommes qui nous enserrent. Je ne peux m'empêcher d'uriner de peur.

Je me retrouve acculée contre le devant d'un camion et je suis prise à partie par une femme. Le sens de ses propos est : "Vous les legal team de mon cul, on va régler nos comptes. Vous avez dit n'importe quoi sur nous aux manifestants, vous avez gêné notre travail".

Elle demande mes papiers ainsi que ceux d'un autre legal team près de moi. L'autre legal team tend son passeport, qu'elle conserve. Je ne donne pas mes papiers et demande à voir sa carte de policier. J'insiste et elle me montre le dos de la pochette plastifiée qui doit contenir sa carte. J'insiste encore et un homme qui se tenait auprès d'elle me met sa carte sous mon nez et la retire aussitôt ne me laissant pas le temps de la lire.

Concomitamment, un autre homme qui tient des propos dont le sens est "legal team de mon cul", m'arrache mon bonnet, décolle sans le lire un autocollant qui se trouvait dessus, me rend mon bonnet, me tourne un peu et arrache le grand autocollant avec les numéros de téléphone qui se trouve sur le dos du blouson legal team.

Une autre legal team leur tient tête et argumente, cela détourne leur attention et je passe le cordon de policier, laissant glisser à terre mon blouson, qu'un ami à moi est retourné récupérer discrètement.

J'ai été abasourdie par la violence de la scène, verbale et aussi physique quand on m'a saisie pour poser devant l'appareil photo et quand on m'a arraché mon bonnet. Je n'ai pas dit que j'étais avocate parce que j'ai eu peur que cela n'augmente la vindicte des policiers.

Il était apparemment complètement inutile de leur indiquer l'illégalité de leurs actes. La contradiction m'a d'ailleurs laissée sans voix : la femme aboyait que la legal team avait discrédité le travail des policiers et en même temps elle commettait un acte illégal. Les policiers ont commis plusieurs actes illégaux :

- ils nous ont interpellés et ont contrôlé notre identité sans motifs

- ils ont voulu nous prendre en photo (je ne sais pas s'ils y sont parvenus)

- ils ont refusé de montrer leur carte

- ils ont commis sur moi une voie de fait en me retirant mon bonnet et en m'arrachant des autocollants sur mon bonnet et sur mon blouson de legal team

Je sais que par la suite, ils ont pris le portable d'un legal team (pour consulter les numéros enregistrés) et ont emmené au poste plusieurs autres...

arch/ive/ief (2000 - 2005)