arch/ive/ief (2000 - 2005)

En 2001, le Concorde a revolé, Valéry Giscard d'Estaing revolera aussi
aussi ; tous deux ont été rechapés et déclarés bons pour le service.
Clermont-ferrand doit être déclarée "ville des miracles" comme Lourdes :
grâce à Michelin le supersonique est remis sur pieds, "Monsieur Depuis Peu"
(surnom de Giscard dans sa bonne ville à cause de sa particule) aussi,
grâce à l'eau purificatrice des volcans d'Auvergne, il est toujours
(schekchuellement) vigoureux.
L'Europe des libéraux a gagné une fois de plus. Giscard est à la barre de
la Convention, il a été proposé par la France, soutenu par l'Espagne,
l'Italie, l'Allemagne et l'Autriche. La méthode intergouvernementale et le
rôle des chancelleries ne sont pas morts, pas plus que le chauvinisme de
certains grands pays européens : la France avait mal préparé Nice, elle a
maintenant réussi à fourguer Giscard à l'Europe.
La droite européenne est satisfaite, les sociaux chrétiens et les
socialistes ont dû se contenter des seconds qui viennent flanquer Giscard :
Jean-Luc Dehaene et Giuliano Amato.
L'Europe n'est pas verte, mais elle récupère et recycle néanmoins ses
déchets (politiques).
Yves Coppens et Umberto Eco vont pouvoir se recycler comme politologues,
l'un pour se pencher sur les fossiles européens et l'autre sur la
sémiotique européenne en écrivant une version adaptée de "Kant et
l'ornithorynque" et en l'intitulant "Giscard et Laeken".
Qu'on ne s'y trompe pas, les symboles mis en place parlent clairement.
Giscard a été le président français le plus atlantiste, il a montré sont
flair dans l'affaire des avions renifleurs, il a réglé la question des
mines et licencié des milliers de personnes, il a boosté le nucléaire, il a
aimé les diamants de l'empereur Jean-Bredel de Centre Afrique, il a fait
une authentique réforme de La Marseillaise, il a tué plus d'un animal (y
compris des éléphants, espèce en voie de disparition) pour le plaisir, ...
Son époque est celle des suicides politiques des ministres Boulin et De
Broglie.
Dehaene est l'homme des traités de Maastricht et d'Amsterdam, le mauvais
communicateur lors de l'affaire Dutroux et de la marche blanche, le
complice de Renault Vilvorde, l'investisseur dans Leernhout et Hauspie
l'arrogante entreprise flamande (défunte) de haute technologie,
l'organisateur de la rentrée de Swissair dans la Sabena (toute aussi
défunte), il a essayé de minimiser l'affaire de la dioxine...
Dès ce samedi soir, Giscard , invité du JT de vingt heures de France 2, a
déjà fait fort. Il a déclaré qu'il allait consulter les européens par
sondages, pour leur demander ce qu'ils veulent comme Europe. Giscard est
un visionnaire de l'Europe, il sait comment maquiller les décisions prises
dans les cercles de la finance en les présentant comme des attentes des
consommateurs de l'Europe. Pardon chers (con)citoyens, mais c'est votre
nouveau nom européen. Il ne suit en cela qu'une des propositions de la
Commission dans ses travaux sur la Gouvernance. Il ne manquera plus que de
mettre Séguéla à la propagande, pardon, à la communication comme on dit
aujourd'hui.
On aura droit, partout en Europe, aux visites aux éboueurs, à "devinez qui
vient diner ce soir" et à l'accordéon.
Alain Souchon pourra réadapter (si nécessaire seulement) les paroles de sa
chanson "dans les poulaillers d'acajou" et "croyez-moi, la djellaba ce
n'est pas ce qu'il nous faut sous nos climats".
Qui sera le Coluche de demain pour nous en faire rire, pour se présenter à
l'élection du président de la Commission au suffrage universel et créer les
restaurants du coeur de l'euro ?
Est-ce cela l'Europe que nous voulons ?

Nielda Bobine