arch/ive/ief (2000 - 2005)

Interview de Serge Cols (D14)
by Antoine Renard Friday December 14, 2001 at 10:12 PM
antoinerenard@hotmail.com

Ni le froid ni la répression ne pourront venir à bout du mouvement anti-mondialisation

Dès 11h, 20.000 personnes défilent dans les rues. Partant du Petit-Château, ils rejoignent ensuite le site de Tours et Taxis pour un grand meeting politique. La fin de la journée est troublée par des provocations policières et par l'orchestration bien préparée de la répression, mais le message des manifestants résonne dans tout Bruxelles, plus radical et plus contestataire que jamais. Le mouvement mondialiste est en train de grandir et son ascension ne fait que commencer. Le monde change… Illustration

Serge Cols : représentant d'Attac-Bruxelles et de D14.

Quelles étaient vos motivations en venant manifester aujourd'hui?
Je suis venu car je suis contre une Europe au service des multinationales et qui travaille contre le citoyen. L'Europe d'aujourd'hui représente exactement ce que les transnationales veulent et exactement ce que les citoyens ne veulent pas (emplois précaires, mauvais salaires, insécurité de l'emploi…). Alors que les services publics sont supprimés, le patronat, lui, profite d'un allégement salarial. Je suis absolument contre ce type d'Europe.

Vous ne vous sentez pas bien dans l'Europe actuelle ?
Non, bien sûr, les gens ne trouvent pas leur compte dans cette Europe. La construction européenne sert les spéculateurs et les entreprises. Pour la spéculation, il n'y a pas d'entraves.

Lors de l'Indépendance de Belgique, on a dit que tous les Belges seraient égaux devant l'impôt. Puis, on a eu un impôt dégressif. Et aujourd'hui, moins on gagne, plus on paie d'impôts. Ce sont les revenus du travail qui entretiennent toutes les infrastructures de l'Etat. Ce n'est pas logique. Cette situation ne peut plus durer.

Comment voyez-vous l'avenir de l'Europe ?
Dans le cadre actuel de l'Europe, les infrastructures de transport à la périphérie de l'Europe dépassent les nécessités des capacités de production. Les entreprises vont continuer à délocaliser et des investissements énormes vont devoir être faits mais pour défendre les entreprises contre les révoltes et pour maintenir les salaires aussi bas que possible, l'Europe veut développer son armée. C'est dangereux…

L'Europe est-elle plus pacifique que les Etats-Unis ?
Oui, car elle n'a pas encore le matériel militaire des Etats-Unis mais elle a une vocation impérialiste. Regardez les liens traditionnels de l'Europe avec l'Afrique Centrale. On assiste aujourd'hui à une recolonisation. En fait, l'Europe est un outil de la bourgeoisie pour imposer sa régression sociale.

Le génocide quotidien du Tiers-Monde organisé par les pays capitalistes est-il une fatalité ?
Non, on peut l'éviter. Mais encore une fois, cette misère dans le Tiers-Monde est due à la politique du capitalisme qui refuse d'utiliser toutes les forces productives existantes. Rien qu'en Belgique, il y a un million de chômeurs. Et en empêchant cette force productive de créer des richesses, on l'empêche également de diminuer les besoins urgents du Tiers-Monde. Dans le monde capitaliste, on ne satisfait que les besoins solvables selon la logique du système.

Alors, selon vous, il faut démocratiser les institutions européennes ou unir les travailleurs et progressistes d'Europe ?
On ne saurait pas transformer normalement les institutions. Il faut d'abord abattre cette Europe-ci et bâtir une autre Europe progressiste. Le rapport de force des dernières années a permis à la bourgeoisie de faire ce « mécano européen » avec un parlement sans pouvoir, un conseil des ministres qui se prend pour la législation de l'Europe. Sans parler de l'exécutif qui est tout à fait sous l'influence de comités sans légitimité politique (lobbys) qui sont à la base de toutes les directives et règlements opaques. Le citoyen, lui, est tenu à l'écart. Il n'apprend les décisions que bien plus tard. C'est grave !

Concernant l'Europe technocratique
by Luc Forget Saturday December 15, 2001 at 09:35 AM