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Taxe Tobin: un si petit levier
by Jean-Marie Coen Monday December 10, 2001 at 08:13 AM

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Taxe Tobin: un si petit levier

Souvent présentée comme un instrument de financement
pour le développement du Tiers Monde, la "taxe Tobin"
vise en premier lieu à éviter les crises financières,
en décourageant les capitaux spéculatifs. En clair, il
s'agit d'une taxe qui s'applique une fois par
transaction, que le placement ait une durée de trois
années ou de trois minutes. Un "trader" qui investit
plusieurs fois la même somme en une seule journée, va
donc payer beaucoup plus de taxe qu'une personne qui
place son magot "en bon père de famille", sur le long
terme.
Mais que faire des sommes ainsi dégagées ? Des
estimations modestes aboutissent à des sommes allant
de 50 à 100 milliards de dollars générés chaque année.
Pour comparaison, le montant de l'Aide Publique au
Développement alloué par tous les pays occidentaux
s'élève à 40 milliards de dollars par an.
Pour redistribuer cet argent, une nouvelle institution
internationale serait nécessaire. L'ONG anglaise "War
on Want" (http://www.waronwant.org°) a émis trois principes
sur lesquels devrait reposer cette nouvelle
institution: transparence de son organisation et de sa
comptabilité, et fonctionnement démocratique. Autant
d'éléments qui font aujourd'hui défaut au FMI ou à la
Banque Mondiale.

Les choses bougent

Pour en arriver là, une intense pression politique est
nécessaire. La faisabilité technique d'une telle taxe
ne pose plus problème et l'action des ONG commence à
porter ses fruits. Le Parlement canadienne a voté en
faveur de l'instauration d'une taxe de type Tobin.
Tout récemment, le Parlement français a donné son
accord pour une telle taxe à l'échelon des Quinze.
Enfin, en Grande-Bretagne, le chancelier de
l'Echiquier Gordon Brown semble changer d'opinion à ce
sujet. Ceci est important, puisque la City londonienne
serait particulièrement visée par une telle mesure.
Pour montrer quel pourrait être l'apport de la taxe
Tobin au développement, Attac France envisage de
lancer une initiative lors du prochain Forum Social
Mondial de Porto Allegre. Un groupe d'experts sera
constitué. Il seront chargés de montrer ce qui
pourrait être réalisé si une taxe Tobin était levée
entre le sommet du développement à Monterey, en mars
2002, et la conférence de Johannesburg, "Rio+10". De
quoi donner des faits concrets à réfléchir.

Jean-Marie Coen

banques centrales et ouvriers, même combat !
by gabrielle Monday December 10, 2001 at 02:30 PM

basculer des millions de personnes dans la pauvreté" : exemples svp ?
exemple récent, l'Argentine, où la banque centrale et les politiciens se sont obstinés à lier leur monnaie au dollar US, ce qui ne reflecte pas du tout la vrai valeur du pays. Qui est le méchant ici ?

"spéculation sur les monnaies déstabilise les marchés" : la spéculation sur les monnaies est un des facteurs stabilisant les marchés

"Les mouvements non spéculatifs, liés à l'économie productive" : Les mouvements majeurs sont liés à l'économie productive, où les joueurs les plus grands du mondes, les multinationals, essaient de prévoir les mouvement des monnaies, soit pour se protéger, soit pour se produire des gains, qui en fond revient à la même chose.

"les vrais spéculateurs", comme vous les appelez, sont les ennemis des banques centrales, c'est à dire ce sont les seuls qui vous protègent contre les pouvoirs presque absolus qu'ont les banques centrales

exemple plus connu ? Soros contre la Banque Centrale Anglaise (à ces temps sous le stricte contrôle de Thatcher) : les politiciens voulaient mener une politique monétaire politicienne, une politique à court terme qui ne réflectait pas la vraie valeur de la livre sterline dans le monde; la tàche des "vrais spéculateurs" est de trouver des déséquilibres et en profiter, en rétablissant l'équilibre. Dans le cas où ils ont raison, ils gagnent de l'argent (Soros avait gagné quelque milliard de livres), si leur calcul est faux, ils perdent (pas longtemps après, Soros s'était trompé, et avait perdu plus que seulement quelques milliards)

résultat : livre s'effondre, heureusement; après quelques mois durs pour la Grande-Bretagne, l'économie reprend, plus forte que jamais - si la livre aurait maintenu les valeurs hautes irréalistes beaucoup plus longtemps, l'économie britannique n'aurait jamais repris, dans un chômage sans fin.

"les vrais spéculateurs", comme vous les appelez, essaient de prévoir l'avenir, pas avec leur bouche, mais avec leur argent, qui est un peu plus difficile. Ils n'ont aucune chance de gagner si leurs adversaires, les banques centrales, ne suivaient pas si souvent des politiques irréalistes, de prestige ou autre, au dépi des petits.

Quand il n'y a pas de vrai déséquilibre, la spéculation est une lutte de clairvoyance entre spéculateurs, le gain de l'un est la perte de l'autre (ça ne pourrait point vous déranger). Ce n'est que quand il y a consensus entre les spéculateurs que il y a attaque massive contre une banque centrale, mais ça n'arrive que quand la banque centrale a commis des erreurs graves et évidentes. Et dans ce cas, vous devriez les remercier.

Vous préférez que les banques centrales aient un pouvoir absolument absolu ?