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Taxe Tobin: comment redistribuer ?
by Jean-Marie Coen Sunday December 09, 2001 at 07:18 PM

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Taxe Tobin: comment redistribuer ?

Ces dernières années; l'idée d'instaurer une taxe "de type Tobin" sur les mouvements financiers spéculatifs a fait du chemin. A tel point qu'on ne se pose plus tellement la question de sa faisabilité technique, mais que l'on cherche désormais à savoir comment redistribuer les revenus qu'une telle taxe pourrait générer.
A cet égard, l'ONG anglaise "War on Want" a mené un travail de recherche assez avancé. Il en ressort que, pour des raisons juridiques, la taxe devra être levée au niveau national. Mais les revenus devront en être redistribués par une nouvelle institution internationale. Ce nouveau Fonds, au contraire des institutions financières existantes, devra répondre à trois critères: transparence dans son mode de fonctionnement et dans sa comptabilité, et processus de décision démocratique.
Pour en arriver à la création de cette institution, un nouveau traité international est nécessaire. C'est dire la pression qu'il faudra encore mettre sur les gouvernements pour en arriver la. Mais même ensuite il faudra rester vigilant. Tout d'abord, les revenus de la taxe Tobin ne doivent pas permettre aux Etats occidentaux d'oublier leur engagement de consacrer 0,7% de leur PIB à l'Aide au Développement. De la même façon, les revenus de la taxe ne doivent pas empêcher l'annulation de la dette du Tiers-Monde. Enfin, les aides au développement qui seront financées par le nouveau Fonds ne devront pas être soumises aux mêmes conditions que les actuels prêts du FMI ou de la Banque mondiale.
Tels sont quelques uns des dangers qui peuvent éloigner la taxe Tobin de son objectif initial, même si on parvient à l'instituer. Pour éviter une récupération de cette idée par les champions néo-libéraux du Nord, les militants pour une autre mondialisation doivent rester vigilants sur les principes de transparence et de démocratie qui seront à la base de la création du nouveau Fonds. Car après tout, si le FMI et le Banque Mondiale respectaient ces principes, il ne serait sans doute pas nécessaire de créer une nouvelle institution internationale pour le financement du développement.