10 décembre 2001 : Journée internationale des Droits Humains.Contre l'impunité en Colombie. Manifestation devant l'ambassade de l'Etat espagnol à 17h30 (Rue de la science 19, 1000 Bruxelles)
CAS BELLACRUZ - COLOMBIE
Antécédents historiques
L'Hacienda Bellacruz se trouve dans le Département du César, s'étendant sur les municipalités de Pelaya, La Gloria et Tamalameque. Le litige pour la terre date de l'année 1934, année où Alberto Marulanda Grillo (père de Carlos Arturo Marulanda) acheta à la Banque Royale du Canada, une extension de 7 016 hectares, initialement sur la municipalité de La Gloria (Département du Magdalena). Ensuite, l'extension se poursuivit aux terrains contigus à Bellacruz grâce à différents "achats", et plus particulièrement jusqu'à la limite ouest de la municipalité, de même que jusqu'à El Caseiro (petit hameau) de Simana.
La concentration des terres par la famille Marulanda, s'est faite d'une part, par l'achat aux enchères de terres appartenant aux colons, et d'autres part grâce à des actes de propriété truqués moyennant le dépouillement des paysans avec des méthodes violentes en marge de la loi.
Selon le rapport de l'INCORA (institut Colombien de la Réforme Agraire), sur le processus de clarification de la propriété, "Il se dit et se répète que des colons ont été violemment dépouillés, en faisant appel à des moyens peu ou pas du tout honnêtes, ni légaux, peu ou en rien humanitaire, en à certaines occasions très lugubres, il se parle aussi de torture et d'autres délits" (1958 Cahier N°3).
Selon l'INCORA, la concentration des terres est estimée entre 25 000 et 30 000 hectares. Cette concentration s'ait accompagnée du dépouillement et du mauvais traitement de la population paysanne qui a été amenée à s'organiser en syndicats afin de défendre ses intérêts contre les projets expansionnistes de la famille Marulanda.
Les conflits entre la famille Marulanda et les syndicats paysans de Ayacucho, San Bernardo et Simana, représentés par les leaders Jesus Perroni Navarro et ELOISA CORRALES durent depuis la fin des années cinquante.
A la mort de ALBERTO MARULANDA GRILLO, la Hacienda Bellacruza était intégrée à la Société M.R. constituée en 1970, dont le représentant légal était son fils CARLOS ARTURO MARULANDA RAMIREZ. Parmi les sociétaires, il y avaient également Madame CECILIA RAMIREZ DE MARULANDA, GLORIA CRISTINA MARULANDA RAMIREZ, MARIA CECILIA MARULANDA DE SARASOLA et FRANSCICO ALBERTO MARULANDA RAMIREZ.
Depuis 1987, plus de 280 familles paysannes sans terre, dont un grand nombre d'entre elles étaient constituées des enfants des paysans qui avaient été dépouillés de leurs terres par la famille Marulanda, initièrent un processus d'occupation des terres. Ces familles exigèrent une intervention du Ministère de l'Agriculture afin de tirer au clair la propriété réelle des Marulanda, puisqu'elles détenaient des titres de propriété qui dataient de 1911. Depuis lors, CARLOS ARTURO MARULANDA, fit toujours usage de la violence (expulsions, destructions des cultures, emprisonnements) usant du Corps de Police de Pelaya et du bataillon Ayacucho de l'Armée Nationale qui se trouvaient cantonnés à Bellacruz au service de sa famille.
Les leaders paysans ont dénoncé à d'innombrables reprises les infractions dont Carlos Arturo Marulanda était l'initiateur; en conséquence les dirigeants GABRIEL LOPEZ et GUMERCINDO BUELVAS furent assassinés en 1988 et 1989. Les véhicules qui transportaient les assassins appartenaient à l'Hacienda Bellacruz.
Le 20 Avril 1994, la résolution N° 01551 de l'INCORA déclara terres incultes 7 domaines faisant partie de l'Hacienda Bellacruz (Los Bajos, Venecia, San Simon, Potosi, Cano Negro, Maria Isidra), qui étaient occupés et exploités par 170 familles. Cette dite résolution fut confirmée par l'INCORA et le Conseil d'Etat malgré l'appel fait par la famille Marulanda qui avait alors épuisé les recours légaux à sa disposition.
En Février 1995, selon les déclarations du Commandant de Police de la municipalité de Aguachica, faites à la Direction de la Police Judiciaire "…le narcotrafiquant Victor Carranza, serait sur le point d'acquérir une hacienda sur la juridiction de La Gloria, nommée Bellacruz, laquelle il compterait utiliser comme base pour ses activités et qu'il embaucherait 200 paramilitaires pour l'acquérir…, lesquels auraient pour mission de nettoyer la zone,…Cette hacienda sera achetée à un politique connu… nommé Marulanda Ramirez"
En Octobre 1995, l'Association Nationale des Usagers Paysans ANUC UR, a prévenu les autorités nationales des projets d'extermination et de déplacement massifs dont seraient victimes les communautés occupants l'hacienda Bellacruz, sollicitant une intervention afin de légaliser la situation des paysans qui occupaient toutefois des terres déclarées incultes le 20 Avril 1994.
Alors que la famille Marulanda perdit les batailles judiciaires qui lui aurait permis de maintenir l'étendue de sa grande propriété, un nouvel épisode du conflit entre paysans et grands propriétaires s'ouvrit.
CHRONOLOGIE DES FAITS
La nuit du 14 et à l'aube du 15 février 1996, un groupe d'hommes armés se présenta sur les terres habités par 280 familles paysannes et commença a brûler leurs maisons, à frapper sauvagement femmes, enfants et personnes âgées inclus, leur exigeant de sortir de chez eux, en disant qu'ils venaient de la part de Carlos Arturo Marulanda, qui, à l'époque des faits, était fonctionnaire du gouvernement colombien, ambassadeur de Colombie auprès de la Belgique, du Luxembourg et de l'Union Européenne; le groupe d'hommes armés était accompagné d'un employé de la famille Marulanda, Edgar Rodriguez et de Francisco Alberto Marulanda, qui, à plusieurs reprises, a été dénoncé comme commanditaire des groupes paramilitaires. Selon les déclarations des victimes, cette incursion paramilitaire fut réalisée en présence des unités militaires du Bataillon Ayacucho de l'Armée Nationale, qui, depuis plusieurs années, étaient cantonnées dans la propriété rurale de Bellacruz. Ils leur ordonnèrent de s'éloigner à une centaine de kilomètres de la propriété.
- A partir du 15 février 1996, avec l'appui de l'Association Nationale des Usagers Paysans, ANUC UR, les familles paysannes délogées commencèrent des actions de dénonciation. Elles se rassemblèrent dans la maison paysanne de l’ANUC UR à Pelaya, organisèrent un foyer en demandant la protection et la défense de leurs terres aux autorités locales, civiles et militaires des municipalités de Pelaya, Tamalameque, La Gloria, sans recevoir aucune réponse ni protection. Par la suite, elles s'adressèrent aux autorités départementales qui ne leur offrirent aucun soutien tout en leur conseillant de fuir la région.
- A partir du 20 février 1996, une délégation de 170 familles s'adressa aux autorités nationales : le Ministère de l'Intérieur, de l’Agriculture, l’INCORA (Institut de la réforme agraire), le Ministère de la Défense du Peuple,… pour dénoncer les faits et demander un soutien de leur part, réponse négative. De plus, elles s'adressèrent au Comité International de la Croix Rouge pour solliciter l'aide humanitaire pour leur déplacement.
- Le 11 mars 1996, sur le conseil de l’ANUC UR, les familles entamèrent une occupation pacifique des locaux de l'INCORA à Bogota, afin de faire pression sur le gouvernement national pour la restitution de leurs terres et le contrôle les groupes paramilitaires qui, depuis le 14 février, occupaient la propriété de Bellacruz. Cette occupation dura 32 jours.
- Les 14 et 21 mars 1996, le gouvernement national ratifia un accord avec les familles paysannes, dans lequel il s'engagea à lutter contre les groupes paramilitaires, à garantir la protection des déplacés et à restituer les terres aux familles. A cet effet, un campement fut installé sur les terres en friche de Bellacruz; de son côté, l'INCORA délimiterait techniquement ces terres.
- Le 14 mars 1996, pendant les négociations avec le gouvernement national à Bogota, le groupe paramilitaire de Bellacruz séquestra Maria Angarita Caceres, paysanne, avec ses enfants et ses neveux afin que son époux, Manuel Narvaez Corrales se rende. Ils le recherchaient pour l'exécuter, car cette famille avait refusé de quitter les terres où elle se trouvait encore malgré la violence du 14 février. Sous une forte pression nationale et internationale, l'Armée et la Police Nationales la libérèrent des paramilitaires. D'après les témoignages de la victime, quand l'armée entra dans la propriété et tira sur les paramilitaires, ceux ci s'identifièrent en criant " Ne tirez pas, nous sommes des vôtres ". Les membres de l'armée qui commandaient l'opération entrèrent en toute confiance dans la maison, saluèrent et embrassèrent avec familiarité les paramilitaires, en les informant qu'il y avait eu des dénonciations à Bogota et qu'ils devaient libérer rapidement la famille. Avant de partir, ils menacèrent de mort Maria Angarita si elle dénonçait ce qu'elle avait observé.
- Le 13 avril, les familles paysannes retournèrent à Pelaya, accompagnées par une commission du Gouvernement National; elles s'installèrent, avec le reste des familles déplacées, à la maison paysanne d'ANUC UR, dans l'attente que les militaires contrôlent le groupe paramilitaire qui occupait les terres de Bellacruz. Rien n’a été fait, au contraire, les paramilitaires menacèrent les déplacés, bloquèrent les aliments et assassinèrent quelques uns d'entre eux , pour empêcher leur retour à Bellacruz
- Le 30 avril, des membres des groupes paramilitaires de Bellacruz torturèrent et assassinèrent le paysan Luis Segundo Torres dans le village de San Bernardo, le 5 mai 1996, Edinson Donado -son fils de 2 ans fut blessé- ; le 8 mai, Jaime Laguna, leader et instituteur des communautés de Bellacruz; le 10 mai, Belisario Sumalave à Pelaya, et le 20 mai le commerçant, Tulio Angarita.
- Le 27 mai 1996, face au non respect des accords signés par le gouvernement national, les familles paysannes décidèrent pour la deuxième fois d'occuper les locaux de l'INCORA à Bogota, pour revendiquer la protection de leurs vies et de leurs droits. Le gouvernement refusa d'établir le dialogue avec les paysans, ceux-ci entamèrent une grève de la faim dans l'établissement, qui dura sept jours, obligeant ainsi le gouvernement à dialoguer.
- Les 5 et 6 juin 1996, un second accord fut signé pour reloger 130 familles sur des terres que l'INCORA achèterait dans d'autres régions du pays, établir un centre d'aide humanitaire aux déplacés, intenter des procèdures judiciaires en vue d'enquêter et de punir les responsables des actions violentes, garantir le bien-être de la population déplacée par des aides pour la construction d'habitations, la production, la santé, l'éducation, etc. D'autre part, il fut accordé que les 40 familles restantes pourraient retourner sur les terres en friche de Bellacruz, dans la mesure où les groupes paramilitaires sur place soient sous contrôle.
- Cependant, après un mois, aucun accord ne fut respecté et les communautés continuèrent d'être les victimes des atrocités des groupes paramilitaires dans la région (Pelaya). Le 4 juillet, Luis José Lemus, Segundo Vasquez et Otoniel Cañizares Jacome, tous deux fonctionnaires publics de la municipalité de Pelaya, furent assassinés. Le 3 août, Cesar Diaz (commerçant qui fournissait des aliments aux déplacés), Jorge Caceres Villegas, Daniel Hoyos furent séquestrés et assassinés, leurs corps montraient des signes de torture - ils leur arrachèrent les yeux, les castrèrent et les violèrent avec des bâtons -. Le 3 août, les paysans Jesus Galvan et Alfonso Osquidia disparurent également.
- D'après les accords, les terres en friche de Bellacruz devaient être délimitées. Pour cela une commission de topographes de l'INCORA se déplaça sur place. L'armée nationale avait refusa de l'accompagner et d'assurer sa sécurité malgré le fait que, selon les accords, cette opération devait se réaliser sous la responsabilité du Général Major Ivan Ramirez, Commandant de la première Division de l'Armée. Par conséquent, la commission dut entrer à Bellacruz sans protection et fut interceptée par les paramilitaires qui l'empêchèrent de réaliser sa mission et qui, pour semer la terreur, prirent le chauffeur de l'équipe technique et le torturèrent en lui enlevant la peau du dos.
- Le 5 août 1996, les familles déplacées décidèrent pour la troisième fois de retourner à Bogota et d'occuper de manière indéfinie et pacifique les locaux de l'INCORA et du Ministère de la Défense du Peuple, comme seule façon de protéger leur vie et de pouvoir faire pression afin que les accords signés soient respectés.
- Les actes de violence des groupes paramilitaires de Bellacruz, continuèrent avec plus d'ampleur. Le 27 août 1996, les paysans, habitant à Bellacruz, Ricardo Cagua et Holger Castilllo furent séquestrés et sont aujourd'hui encore portés disparus. La nuit du 27, Cagua fut obligé d'indiquer aux paramilitaires, l'habitation du dirigeant paysan Hernando Angarita, qu'ils voulaient exécuté. Il échappa miraculeusement à cet attentat.
- En août 1996, l'Armée Nationale élabora un rapport intitulé "Le cas Bellacruz", remis officiellement par le général Harold Bedoya (Commandant de l'Armée Nationale) à Amnistie Internationale, dans lequel il était affirmé que Carlos Arturo Marulanda était propriétaire des terres occupées et que l’ANUC UR et les organisations des droits de l'homme, qui soutenaient les déplacés, étaient instrumentalisées par la guerilla ELN, et avaient préparé le déplacement à fin de discréditer l'Ambassadeur et l'Etat colombien.
- Le 2 septembre 1996, le paysan José Guarin fut assassiné et décapité à Pelaya. Les paysans Rafaël Baena, Cediel Sanchez, Hernan Contreras, Carmen Rosa Arenas et sa sœur, furent torturés et assassinés. Ciro Botello, Abdel Sumalave, député municipal de la Gloria, Manuel Tapias, chauffeur et José Antonio Quintero subirent le même sort.
- Le 24 septembre 1996, une délégation officielle du Parlement Européen dirigée par le député espagnol du Parti Populaire, Galeote, et constituée de députés du Parti des Verts et de la Démocratie Chrétienne, reçut les dénonciations relatives à ce conflit ainsi qu’une requête d'intervention auprès du gouvernement colombien pour la résolution de celui-ci et pour la déstition de Carlos Arturo Marulanda, du poste d'ambassadeur.
- Le 28 septembre 1996, 50 hommes armés, s'identifiant de l'Armée Nationale, séquestrèrent le jeune paysan Wilmer Amaris à Pelaya, qui fut obligé de les guider au domicile de Eder Narvaez Corrales et Eliseo Narvaez Corrales, fils de la leader paysanne Eloisa Corrales (représentante du syndicat de Pelaya à l'époque d'Alberto Marulanda Grillo). Immédiatement, Eder et Eliseo Narvaez furent assassinés et la paysanne Miriam Contreras (épouse d'Eliseo) fut blessée. Pour ce fait, Ismael Quintero, Jairo Sepulveda et Alias Caballito, membre reconnus des groupes paramilitaires, employés de la famille Marulanda, ont été accusés. Eliseo Narvaez Corrales fut leader et conseiller des paysans dans les négociations concernant la propriété de Bellacruz.
- Suite aux dénonciations des organisations nationales et internationales de défense des droits de l'homme, de la violence à Bellacruz, , Carlos Arturo Marulanda renonça à son poste d'ambassadeur à Bruxelles le 5 novembre mais continua d'assumer ses fonctions jusqu'au 7 avril 1997.
- Le 30 novembre 1996 à Pelaya, une heure après une réquisition effectuée par des membres de l'Armée Nationale, le paysan Jesus Toscana fut assassiné. Le 5 décembre 1996, des paramilitaires firent irruption au domicile de la famille Toscana à Valledupar, où elle se réfugia à cause du harcèlements dont les frères Daniel Toscano, Diosenel Toscano et José del Carmen Toscano furent l'objet. Diosenel était le président de l'Association municipale des Usagers Paysans, qui menait la lutte pour récupérer les terres de Bellacruz.
- Le 14 décembre 1996, le dirigeant paysan de l'ANUC UR, Dioselino Quiñones, fut assassiné à Pelaya par des paramilitaires de Bellacruz.
- Le 29 décembre 1996, après une longue négociation sur les terres avec le Gouvernement National, les familles occupant les locaux de l'INCORA et du Ministère de la Défense du peuple, furent installées dans deux terrains achetés par l'INCORA dans le département de Tolima (La Miel et Cambulos). Un campement provisoire y fut installé le temps que le gouvernement national, selon les accords, mette en place l'aide humanitaire, accorde les subventions de logement et la reprise de la production agricole. Dans les accords, le gouvernement s'était engagé à reloger, dans un délai d'un mois, les familles déplacées car les deux terrains achetés ne suffisaient pas.
- Trois mois après leurs installations dans les campements sur les terrains de La Miel et Cambulos, les accords n'étaient toujours pas respectés et les familles se trouvaient dans une situation de marginalisation et d'abandon complet. En mars 1997, l'AGCD du gouvernement belge, à travers l'ONG Oxfam - Solidarité, décida d'initier un projet d'urgence, consistant en l'apport d'une aide alimentaire durant 8 mois, la construction de logements provisoires, la fourniture de semences, d'outils de travail agricoles, de bétail, etc.
- Le 24 février 1997, les familles paysannes qui n'avaient pas encore été relogées, décidèrent d'occuper pour la 4ème fois les locaux de l'INCORA à Bogota pour faire pression afin d'obtenir une solution définitive. Des négociations eurent lieu et les familles obtinrent leur relogement sur les terres de La Cochinilla, au Nord de Santander, le 17 mai 1997.
- Le 20 mai 1997, Manuel Narvaez, Maria Angarita et ses deux fils prirent le chemin de l'exil, sous les menaces de mort.
- Le 5 octobre 1997, Ariel Toscano et sa famille furent obligés de s'exiler pour protéger leur vie.
- Le 15 octobre 1997, la présidente nationale de ANUC UR, Belen Torres, fut obligée de s'exiler, en conséquence des menaces systématiques de mort à cause de sa représentation syndicale dans le cas de Bellacruz.
- Francisco Alberto Marulanda fut arrêté par la police nationale en février 1998, sous la fausse identité d'Hugo Muñoz. Dans le cadre de l'enquête sur la création de groupes paramilitaires, l'Unité des Droits de l'Homme du Ministère Public de la Nation, le mit sous accusation pour délit de constitution de groupes paramilitaires et de terrorisme. Cette accusation fut confirmée par le Ministère Public délégué auprès du Tribunal national.
- Le 20 avril 1999, le Ministère Public de la Nation prononça un mandat d'arrêt ferme contre Carlos Arturo Marulanda, accusé de délits de constitution de groupes paramilitaires et de terrorisme.
- Le 10 mai 1999, un mandat d'arrêt international contre Carlos Arturo Marulanda fut déposé auprès d'Interpol en vue de son extradition. Celui-ci fut renouvelé en décembre de la même année. Par la suite, au consulat de Colombie au Caire, on fit légaliser un document sollicitant son extradition. Une requête similaire fut réalisée en Algérie et en Espagne.
- Le 16 juillet 2001, Carlos Arturo Marulanda fut arrêté par Interpol à Madrid. Il résidait légalement dans ce pays. Actuellement, il est incarcéré en attendant que le Tribunal National de Madrid accorde la demande d'extradition de la justice colombienne.
PARAMILITARISME: STRATEGIE D'ETAT
La constitution de groupes paramilitaires est une stratégie créée par l'Etat colombien lui-même ayant pour finalité l'exercice d'un contrôle sur la population, au moyen de procédés comprenant massacres, tortures, enlèvements et déplacements forcés de populations entières, sans que cela n'entraîne aucun coût politique, ni contrôle de la part de la communauté internationale, vue l'origine présumée de ceux qui, qualifiés de particuliers, intègrent les groupes paramilitaires ; cela leur permet d'agir de façon sanguinaire avec la population.
Il convient de souligner que dans de nombreux cas, les groupes paramilitaires intègrent ou sont dirigés par d'anciens membres des forces armées (police, Armée, DAS) ; ceux qui ont été démis de leur fonction pour avoir commis des délits, ou parfois pour violation des droits humains.
Les zones où agissent les groupes paramilitaires coïncident avec une forte présence de Bataillons, Brigades, et en général avec des détachement militaires. Les paramilitaires ont agit avec la bénédiction des membres de la force publique qui vont même jusqu'à leur procurer les appuis logistiques nécessaires pour commettre des faits illicites, et postérieurement les protègent.
Dès l'année 1983, le Procureur Général de la Nation d'alors a dénoncé la participation de membres des forces armées à la conformation de ces groupes qui ont entre autres agit dans des zones comme Uraba, Cordoba, Sucre, Meta, le Nord de Santander, et le Sud du César.
En ce qui concerne le cas de la hacienda Bellacruz, sur les terres connues sous le nom de Vistahermosa, il y a toujours eu des unités de l'armée à l'intérieur de l'Hacienda. Elles appartenaient initialement à la base militaire de Ayacucho, au Bataillon des Héroes de Santuario de la Vème Brigade de l'armée, au Bataillon Pichincha et, à l'époque des faits, il y avait la base du Bataillon No. 40, qui était de la responsabilité du Lieutenant HENRY CAPACHO.
Dans la nuit du 14 février 1996, de nombreux paysans victimes de l'attaque virent le Lieutenant Capacho agir avec les paramilitaires qui pénétrèrent chez eux pour les menacer, incendier leur maison, endommager leurs cultures et les obliger au déplacement forcé en argumentant que CES TERRES APPARTENAIENT A CARLOS ARTURO MARULANDA.
En Colombie, les bandes criminelles connues comme groupes paramilitaires se forment dans le but de terroriser la population, assassiner, faire disparaître, incendier, massacrer. Le génocide, le déplacement forcé, la persécution, la torture, la disparition ou la mort de paysans, de responsables syndicaux, civils ou politiques (à cause de leurs opinions), sont les actions qu'ils mènent en permanence, pour lesquelles ils jouissent de l'appui de certains secteurs du gouvernement, et principalement de la Force Publique (Armée et Police Nationale) et d'organismes de sécurité, comme cela a été prouvé judiciairement et dénoncé par des autorités et organisations nationales et internationales. Ceux qui financent la formation de ces groupes délinquants le font en sachant que ces dits groupes commettront des délits, qui dans tous les cas profiteront aux financeurs.
Pour conséquence directe de la formation et de l'action de ces groupes, depuis le 15 février 1996, CARLOS ARTURO MARULANDA a de nouveau annexé à son hacienda les terres que possédaient légalement les paysans, et pour lesquelles le processus d'attribution par l'INCORA était en cours, en accord avec les lois colombiennes.