Doha et la désinformation by mag Wednesday December 05, 2001 at 12:30 AM |
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Doha et la désinformation
Que l'on soit de l'avis de J. Tandon (professeur d'économie politique) ou du Dr. Jennar (politologue, Oxfam), le résultat de la conférence des Ministres des 142 pays membres de l'OMC fut l'histoire d'une catastrophe annoncée. Pourtant, la presse "officielle" en encense les résultats.
Comment ? Pourquoi ? Parce que de la théorie à la pratique, il y a la réalité humaine qui modifie en profondeur toutes les données de base.
Théoriquement, un système unique de règles mondiales promouvant le commerce au-delà des frontières en réduisant les obstacles aux échanges est une idée merveilleuse. Mais sur le terrain, les conditions de vie, les protectionnismes nationaux et internationaux, la pression des grandes nations industrialisées provoque une concurrence inégale. Exiger que chacun mange du caviar est accessible pour les uns, impossible pour les autres!
Les pays du Sud tentent désespérément d'obtenir une transparence qui assurerait un contrôle démocratique – totalement absent actuellement! Les décisions les plus importantes sont toujours prises lors de réunions informelles d'un petit nombre de pays (UE-USA-Canada-Japon). Le Sud est ainsi dépossédé de pouvoirs de décisions, de droit de regards et surtout d'informations utiles et nécessaires!
Tout ce que désiraient les altermondialistes, les ONG et les pays en voie de développement furent des rêves fous. Les desiderata des plus puissants furent imposés et tout recours juridique est financièrement prohibitif pour les moins forts. Bref, rien n'a changé et Doha n'a fait qu'entériner une situation de faits incompatible avec les droits fondamentaux de l'homme… et surtout de la femme qui paie doublement la fracture internationale.
Quelques maigres acquis au niveau des médicaments : la vie et la mort crûment éclairés!
Dans tous les cas de figure, il semble clair qu'il est humainement urgent de freiner la libéralisation tant que des bases plus solides et plus équitables ne sont pas mises en place.
Il ne faut pas abandonner l'OMC mais la modifier. Toute forme de vie sera bientôt soumise aux règles commerciales et seule l'OMC est en mesure d'en réguler les relations. L'outil n'est pas inadéquat, mais bien les dictateurs de fait qui l'utilisent au détriment des autres. C'est donc tenter de renverser un rapport de force. Et pour cela, la pression des populations reste un atout de taille!
L'importance des enjeux mérite bien plus de communications. Malheureusement la complexité et l'aridité de la matière rend cet enjeu peu prisé par le public. Il est dès lors vital d'approfondir cette communication à tous les échelons de participation ! L'étendre à tous, la rendre accessible, la vulgariser. Il faut que chaque citoyen sache, en toute connaissance de cause, pourquoi il est essentiel de contrer la machine libérale.