D14: nouvelles depuis la "ligne de front"

Le soir du 27, nous nous rendons à l'Auditorium 2000, au palais des Congrès. C'est là que doit se tenir la réunion d'information. Avant le début de la réunion, un petit groupe de militants de D14 et d'Indymedia discutant à proximité sont accosté par un groupe de 4 flics en civil, qui veulent controler les identités de tout le monde. "Ah bon, pourquoi? Et vous allez controler tout les gens qui viennent à la réunion?". Ils refusent de donner leurs cartes d'identité, quoi de plus normal, vu que la requete des policiers est illégale. Devant le refus et intimidés par les caméras de 2 équipes télé, ils abandonnent. Mais quand le groupe se dirige vers la salle de conférence, ils reviennet à la charge, et veulent controler les sacs. D14 avait annoncé une surprise pour cette réunion, mais les sacs ne contiennet rien de très dangereux: des tracts, des meeneken-pis en chocolats et un grand menneken en platre, peint aux couleurs de D14. Pas d'attentat prévu pour ce soir, vous pouvez remballer votre paranoia maladive.

Dans la salle quelques centaines de personnes. Le bourgmestre Thielemans s'assiez au podium, entouré de ceux qu'il appelle ses techniciens". Entendez: son état major policier. Un exposé est d'ailleurs donné par un de ces "techniciens" galoné, à renfort de présentation sur écran géant. On explique les mesures et zones de sécurité, le planning, etc... Viennent ensuite les questions, portant quasimement uniquement sur des questions pratiques, quelles rues seront bloquées, quels bus et trams circuleront, les écoles seront-elles ouvertes, etc. On s'ennuie à mourir, puisque la plupart des réponses étaient dans l'exposé, et que le bourgmestre répond surtout avec des généralités et des bonnes intentions, ponctuées de ces petites plaisenterie grasses dont il a le secret.

Pour ce qui est des manifestations, on évite surtout de parler du 14 et du 15 décembre. En annonçant qu'il n'y aurait le 14 que 15.000 manifestants, Thielemans concentre l'attention sur la manif syndicale pour laquelle il annonce 70.000 manifestants. Mais comment mettre autant de monde sur la place Bockstael, lieu du rassemblement? Pas de problème des solutions ont été trouvées, en accord avec la direction syndicale. Les 70.000 (voire beaucoup plus!) syndicalistes ne sereont pas là en même temps: on va les amener en bus ou en metro à un bout de l'avenue, dans l'ordre du défilé, et quelques kilomètre plus haut, on les réengouffre dans les bus et les metros, direction leur ville ou leur pays d'origine. C'est en fait le concept patronal de "production à flux tendus" appliqué aux manifestations. Celà ne plaira pas à tout le monde, soyons en bien sûrs!

Des militants et sympathisants de D14 feront plusieurs intervention, placeront le menneken-pis aux couleurs de D14 sur le podium, expliquant que "il veut venir se faire entendre à Laeken le 14 décembre". Des flyers et des menneken-pis en chocolat sont distribués, l'accueil n'est pas trop mauvais, malgré l'énervement. Beaucoup de personnes présentes sont des commerçants, un peu paniqués du fait que la première communication des autorités se fait seulement à quelques semaines du sommet. Mais ils approuvent l'intervention d'un membre du secrétariat de D14 qui explique que personne n'a été consulté ni sur la question de l'euro, ni sur l'endroit du sommet, ni sur aucune autre décision de l'Union Européenne. Il rappelle aussi que, malgré tout les propos qu'il à tenu en déplorant l'emplacement du sommet, le Thielemans a en fait déclaré qu'il était favorable à ce que tout les sommets (à partir de 2004) se déroule au Heysel...

Mais après avoir déclaré toute la soirée qu'il voulait satisfaire tout le monde, garantir le droits de manifester et la liberté d'expression, Thielemans montre son vrai visage. Le lendemain, lors de la réunion entre les organisateurs de la manifestation du 14 (D14, ONGs et ATTAC, regroupé sous le nom de "réseau Une autre Europe pour un autre monde") et les autorités le discours de la veille est déjà oublié. L'itinéraire que la police veut imposer est ridicule. Ils veulent que les manifestants tourne autoure du site de Tour et Taxis, et autour du canal. Autrement dit manifester au milieu d'entrepots et hors de vue du Palais de Laeken où se déroule le sommet. Pourtant, les milliers de manifestants de toute la Belgique et l'Europe (voire au delà) ne viendront pas à Bruxelles pour manifester au milieu de nul part. Les organisateurs avaient déjà fait des concessions importantes, en abandonnant l'idée de manifester jusqu'au parc Stuyvenberg et en prévoyant de faire une boucle allant vers le Palais puis repartant dans la direction opposée.

Le refus des autorités d'accorder un itinéraire acceptable est une pure manoeuvre politique et une provocation. Ce faisant elles essayent de diviser le mouvement, mais surtout elles cherchent à provoquer un affrontement avec tout ceux qui ne trouveront pas légitime et démocratique de manifester loin des lieux où se tiendra le sommet. Tout en s'en défendant elles cherchent à mettre en place un stratégie agressive, avec zone rouge et limitation drastique du droit de manifester. Les démocrates, les progessistes, les motivés doivent maintenat faire pression pour que le 14 décembre les milliers de manifestants puissent manifester, en sécurité, vers Laeken et nul par ailleurs. Les autorités doivent faire un geste de bonne volonté, comme les organisateurs l'ont déjà fait. Sans quoi leur attitude butée et obtue ne pourra être considéré que comme une grave provocation.
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arch/ive/ief (2000 - 2005)