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Força sindical? Farce syndicale! ou les liaisons douteuses de la CMB
by Vincent Scheltiens-La Gauche Thursday November 08, 2001 at 12:02 PM
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Ce dossier est un pavé jeté dans la mare. "Força syndical", le "syndicat" brésilien avec lequel le président de la CMB (affiliée à la FGTB), Herwig Jorissen, entretient des relations privilégiées depuis des années, ne mérite pas son nom de syndicat.

Tout syndicaliste, a fortiori de la FGTB, en sera convaincu à la lecture de ce qui va suivre. Il va de soi que nous ne voulons nullement mettre en question la nécessité du syndicalisme international. Mais la FGTB devrait mieux choisir ses partenaires. Il n'est pas non plus dans notre intention de ternir l'image de la FGTB ou de l'affaiblir. Mais nous sommes convaincus, après enquête, que l'alliance privilégiée avec "Farça syndical" ternit l'image de la FGTB et risque de l'affaiblir. Par ce dossier, nous espérons mettre les pendules à l'heure.

Força Syndical a été créée il y a dix ans. Du 8 au 10 mars 1991, 2500 personnes participaient au congrès de fondation, à Sao Paulo. Selon ses dires (1), FS avait pour ambition de pousser le mouvement ouvrier brésilien dans la "modernité". FS prétend chercher "une troisième voie" entre les deux autres syndicats: la CUT et la CGT. Depuis dix ans, l'accent est mis sur le mot "moderne": "Nous sommes modernes parce que nous étions les premiers à avoir le courage de changer en général l'approche du syndicalisme et du travail". La "modernisation" était nécessaire "face au cours que le syndicalisme avait pris (...) soit du fait du radicalisme stérile, soit du fait d'un conformisme paralysant. Le syndicalisme risquait de s'embourber dans "beaucoup de discussion et peu d'action, des propositions invivables qui ne débouchent sur rien et un manque de courage pour discuter et aborder la modernisation du mouvement syndical". Face à cela, FS veut "un syndicalisme qui engrange des résultats". Les statuts tendent à "la recherche permanente d'une attitude de bon sens national à travers des positions critiques et constructives, en ayant toujours pour base une concertation politique générale".

Economie de marché ouverte, moins d'ingérence étatique

Tout cela peut paraître un peu vague, mais la suite apporte la clarté. Le "nouveau Brésil", la "société nouvelle", peuvent selon FS, être résumés en quelques concepts: "compétitivité, bien-être, productivité, démocratie et participation". FS condamne le "capitalisme débridé" (qui ne le fait pas?), son "idéal" est une "économie de marché plus ouverte, libre de la corruption et du paternalisme étatique". Sur le plan économique, FS se prononce pour la ... cogestion et la participation des travailleurs dans les entreprises.

Libéral sans parti

Le président-fondateur de FS est Luiz Antonio de Medeiros. Le 5 mars 1998, il passe le flambeau au président actuel, Paulo Pereira da Silva, dit Paulinho, président de la centrale des métallurgistes de Sao Paulo, un poste où il avait déjà succédé à Medeiros. Il faut noter que, à cette occasion, le président fondateur reçoit une autre tâche de FS: "Si nous n'avons pas de représentant au Congrès national (le parlement), coeur des décisions politiques nationales, toute tentative de construction du pays serait compromise". Quittant son "apolitisme" traditionnel, le syndicat charge par conséquent son président-fondateur de prendre part aux élections pour devenir parlementaire fédéral. Le parlement fédéral à Brasilia compte plus de 500 élus. Mais Medeiros n'est pas seul: il est élu et siège dans la minuscule fraction du ... Parti Libéral, "un parti de centre-droit qui est populaire parmi les petits hommes d'affaires au niveau national ainsi que dans les régions de Sao Paulo et de Rio de Janeiro. Ce parti plaide pour un rôle minimal de l'Etat dans la vie économique et est un fervent défenseur de la baisse des impôts pour les hommes d'affaires et les citoyens en général" (2). Le parti n'est certes pas membre de l'International libérale, qui n'a d'ailleurs pas de section au Brésil. Sans doute parce que le choix serait trop difficile à faire entre les dizaines de partis qui se disent libéraux ou qui le sont sans le dire.

Scandales

Tout devient encore plus clair quand on sait que la Haute Cour Fédérale du Brésil soupçonne FS de disposer à l'étranger de comptes en banque qui sont arrosés par les employeurs. Quoique les dons patronaux soient mortels pour un syndicat, il ne s'agit pas d'une pratique illégale d'un point de vue juridique. Mais ce qui excite la Haute Cour, c'est la destination de l'argent: les Etats-Unis. Il s'agit donc de fuite des capitaux et ce délit, au Brésil, est passible de peines allant jusqu'à six ans de prison. Pour un syndicat, ceci est plus que mortel. Voyons plus en détail de quoi il s'agit.
A partir de 1990, les fondateurs de FS reçoivent d'énormes sommes d'argent pour fonder leur organisation. En 1995, déjà, l'influent quotidient Folha de Sao Paulo mentionnait la chose. La justice aussi avait déjà eu vent de l'affaire. Selon une des sources de ce journal et de la justice, Wagner Cinchetto (ancien trésorier de l'IBES, l'Institut Brésilien pour les Etudes Syndicales), les sommes en jeu se monteraient à 4 millions de dollars, versés en premier lieu sur le compte N° 040045-71 de la Banco Cidade à Sao Paulo. Ensuite, par peur que le syndicat CUT ait vent de l'affaire via son impantation dans le secteur bancaire, les sommes furent transférées à la Commercial Bank de New York sous le nom de code "Heno". Cet argent ne provient pas de collectes parmi les travailleurs: il provient de dons... d'entreprises privées brésiliennes et multinationales. Le fait a été confirmé depuis par les enquêtes en cours. Cinchetto sait de quoi il parle. A cette époque, il était le conseiller et l'homme de confiance de Medeiros (3).
Le scandale éclate réellement au début octobre 2001. Medeiros et Paulinho se contredisent et attaquent Cinchetto en justice pour diffamation. Cela n'impressionne guère l'ancien homme de confiance: depuis 1999, il accuse Paulinho d'avoir mis sur pied un réseau de financement parallèle. Cette fois, le baîlleur de fonds est... le gouvernement fédéral lui-même!
Les deux figures de proue de Força Syndical ne nient pas avoir reçu des fonds: "Nous avons employé cet argent pour la fondation de Força. Pour la diffusion de nos idées, pour établir les premiers contacst, pour des voyages internationaux (...). Rien n'a été consacré à des dépenses personnelles", selon Medeiros. Il précise que les dons n'ont pas dépassé le million de dollars US. Paulinho ajoute que l'argent appartenait à l'IBES et n'a jamais été versé sur les comptes de FS. Il est douteuex que cet argument impressionne fort la justice: l'IBES a été fondé en 1990 par... Medeiros et deux de ses amis syndicalistes.
Entre-temps, Medeiros concède ouvertement avoir reçu de l'argent du secteur privé pour la fondation de son syndicat. Son argumentation montre de quel genre de syndicalisme il se réclame: "C'est peut être un péché idéologique, mais ce n'est pas un crime", estime le fondateur de FS (4). Paulinho avoue également et aggrave encore son cas en tant que "syndicaliste": "Je ne vois rien de mal à cela. Nous avons des accords en cours avec différentes entreprises, aussi bin pour la formation professionnelle que pour des événéments tels que notre fête de Premier Mai".
La Fête du Premier Mai à Sao Paulo sponsorisée par des employeurs... Rien de mal? Pas de dépenses personnelles? Cinchetto est formel: Medeiros aurait prélevé tous les mois 5.000 dollars de ce compte pour ses propres besoins. La police fédérale collecte des informations à ce sujet. Tout cela a filtré dans la presse brésilienne (5). Avec cet argent qui devait servir à fonder un "syndicat", Medeiros et un autre syndialiste, Marcos Cara, se sont offert une tournée en Europe et y ont passé le réveillon de 1990 en compagnie de leurs épouses. Le compte-rendu du voyage est très détaillé: le troisième couple était celui de Cinchetto et de son épouse. Le voyage a duré vingt jours. Au Portugal ils ont visité les châteaux de Sintra, le sanctuaire de Fatima et ont ilsfêté l'an neuf au casino d'Estoril. Là, Cinchetto aurait eu de la chance à la roulette... En France, les "syndicalistes" ont logé à l'hôtel Mercure, chaque couple y disposait d'une limousine blanche avec chauffeur et escorte moto. Précisons que Medeiros était à l'époque président du syndicat des métallurgistes de Sao Paulo. C'est précisément lors de ce séjour dans la ville lumière que le nom Força Syndical fut trouvé pour le nouveau syndciat à fonder. Pendant le voyage, 50.000 dollars furent dépensés en vêtements et cadeaux divers.

Derrière les scandales

En 1985 s'achève au Brésil la dictature militaire qui avait pris le pouvoir en 1964. Au cours de cette même période, le projet néolibéral prend forme tout doucement. Sur cette toile de fond se développe un processus de réorganisation du terrain syndical, qui était dominé jusqu'à cette époque par le "syndicalisme officiel". Deux camps apparaissent. L'un débouche sur la formation de la CUT (Central Unica dos Trabalhadores). L'autre camp, des années plus tard, après beaucoup de divergences internes, débouchera sur le "syndicalisme de résultat" et évoluera vers un syndicalisme pro-libéral. Ce deuxième camp s'est d'abord appelé "Unidade Syndical". Il était composé de syndicalistes liés avec la gauche traditionnelle brésilienne (le PCB et le PCdoB, deux partis communistes) et d'indépendants. Ils se considéraient comme les "authentiques syndicalistes". Ce camp ne prit pas part au congrès de fondation de la CUT, fonda en 1983 la CONCLAT qui allait mener en 1986 à la CGT (Central Geral dos Trabalhadores), de laquelle naîtront plus tard encore deux organisations syndicales: la CGT (Confederaçao Geral dos Trabalhadores) en 1989 et Força Syndcial en 1991. A l'origine, les divergences entre les deux camps portaient sur le contexte d'ouverture politique de l'après-dictature. Le camp qui allait devenir la CUTvoulait s'appuyer sur les forces du monde du travail, pour peser à partir de là sur le processus politique et conquérir ainsi de plus en plus de droits sociaux et démocratiques. La CUT est née comme syndicat de classe et c'est de son sein que surgiront la plupart des leaders et des militants qui fonderont le PT (Partido dos Trabalhadores), un parti ouvrier sur une base de classe, socialiste, avec une assise de masse. L'autre camp par contre voulait consolider le processsus de démocratisation , au sein des limites de l'ouverture politique décrétée par en-haut.
A la fin des années '80, un des secteurs de la CGT, le syndicat des métallurgistes de Sao Paulo, cherche à gagner en crédibilité auprès des patrons et du gouvernement fédéral et se profile comme "syndicat de résultats". Ce faisant, il va carrément à l'encontre du discours et de la pratique de la CUT. Mais le gouvernement est intéressé car il ne dispose plus de force amie au sein du terrain syndical, ses points d'appui s'étant discrédités et toute modernisation de leur part étant impossible.
Le syndicat des métallurgistes de Sao Paulo prend donc une orientation de collaboration de classe, adopte une attitude pragmatique et dit refuser toute "idéologie" ("car cela ne remplit pas l'estomac des travailleurs"). Avec l'aide du gouvernement fédéral, la Confédération nationale des métallos est fondée. Et c'est d'elle qu'est issue Força Syndical, en 1991. Força Syndica l dont le document fondateur "un projet pour le Brésil" est rédigé par des intellectuels payés pour ce boulot et tous d'orientation clairement néolibérale.

Avec Collor le corrompu

A partir des années 90, le Brésil souffre sous le joug néolibéral. Le président et chef du gouvernement - les deux fonctions sont traditionnellememnt combinées au Brésil- est le flamboyant Fernando Collor. Dans la classe ouvrière , la résistance contre la polilique de Collor prend des proportions massives. Mais FS soutient le gouvernement. Peu de gens à l'époque savent que ce "syndicat" mange dans la main des patrons et des libéraux. Mais Collor ne se contente pas d'être néolibéral: il est aussi corrompu, et cette accusation jette des millions de gens, surtout des jeunes, dans les rues. Finalement, le président doit jeter l'éponge au terme d'une procédure d'impeachment. Le vieux vice-président Itamar Franco prend le relais jusqu'à la fin du mandat. Antoni Magri, un des fondateurs de Força Syndical, était ministre du travail dans le gouvernement Collor. Lui aussi est accusé de détournement de fonds.
Ainsi que nous l'avons vu, Medeiros aussi s'est lancé dans la politique. D'abord en tant que candidat aux élections dans l'Etat de Sao Paulo, sur les listes de Partido da Frente Liberal, un parti de droite dont les principaux cadres occupaient des fonctions dirigeantes dans tous les ministères, depuis la dictature. Ensuite, comme on l'a vu, Medeiros est passé au Partido Liberal pour conquérir un siège au parlement fédéral. Il faut souligner que ces choix politiques ont été soutenus par FS. Il y a plus: cet engageemnt traduit un changement d'attitude du "syndicat" face à la politique. "Apolitique" à l'origine, FS est passée à un soutien actif à des partis soutenant la politique néolibérale. Cela est apparu notamment à travers son opposition virulente à Lula, le candidat à la présidence du PT et ancienne figure de proue de la CUT.
Dans le courant des années '90, FS soutient les privatisations avec tellement de fougue que cela provoque des confrontations avec les autres syndicats, qui organisent la résistance. FS défend aussi la flexibilisation des contrats de travail sous toutes les formes possibles. Certaines de ces expériences de flexibilisation des contrats ont servi d'exemples au gouvernement pour élaborer des propositions de loi, le gouvernement disant alors qu'il agit sous pression du mouvement syndical.
FS a soutenu le "'plan real" de même que l'ensemble de la politique économique du gouvernement actuel sous la houlette de Fenando Henrique Cardoso, au gouvernement depuis janvier 1995. Ce "plan real" n'est pas de la petite bière. A travers l'introduction d'une nouvelle monnaie, le but était de libéraliser toute la société. Les conséquences sociales ont été si fortes que même FS, dans une tentative de conserver un peu de légitimité, s'est sentie obligée de dénoncer "la manière dont" les privatisations ont été appliquées: les nombreux cas de corruption, le favoritisme des groupes économiques "amis", la chute dramatique de la qualité des services privatisés. Mais dans l'optique de FS ces critiques visent à repenser le processus de privatisations pour qu'il puisse se poursuivre sans obstacles.

Banco da Terra

FS a aussi lancé Força Terra, car le "syndicat" prétend se soucier aussi des travailleurs de la campagne. Les paysans sans terre sont un phénomène de masse au Brésil, à la mesure du gaspillage des terres agricoles laissées en friche. Le MST (Movimiento dos Si Terra), le mouvement des paysans sans terre, est une organisation puissante, un des ténors du mouvement contre la mondialisation néolibérale à l'échelle internationale ( à travers la coordination mondiale Via Campesina). Le MST organise des occupations de terres pour permettre à des "sans terre" d'avoir accès à des jachères appartenant aux grands propriétaires.
Banco da Terra est présentée comme un fonds public pour la réforme agraire. Le syndicat a d'ailleurs signé un "partenariat" (6) avec le ministre du développement agricole, dans le but d'octroyer des crédits bon marché aux petits agriculteurs. Le projet a été lancé dans le bastion de FS à Sao Paulo.
En pratique, le syndicat , via ses "unités techniques" locales, se transforme en intermédiaire entre les paysans et les opérateurs financiers. En deux années, Banco da Terra s'est étendu sur vingt Etats du Brésil, avec des investissements pour un montant de 420 millions de reals portant sur 481.000 hectares. Pour 2001, le gouvernement veut mettre 80 millions de reals à la disposition de Banco da Terra pour l'Etat de Sao Paulo et 520 millions pour tout le pays (7).
Banco da Terra est de toute évidence une riposte au renforcement spectaculaire du MST et à sa stratégie de lutte pour une vraie réforme agraire. Banco da Terra permet au gouvernement de remplacer la réforme agraire par u n petit commercre. Le "syndicat", par son action, sabote la lutte collective des agriculteurs en servant d'intermédiare pour l'octroi de prêts individuels à l'achat de petits lopins. Le gouvernement évite ainsi une réforme agraire démocratique, tandis que FS se construit une base à la campagne. Ici aussi, comme dans les entreprsies, FS sert à contrecarrer l'ation de forces sociales progressistes. Mais ici, il ne s'agit pas d'un projet de FS elle-même, mais plutôt d'un projet du gouvernement fédéral que FS s'est approprié. Pas étonnant que le MST et la CONTAG (Confederaçao Nacional dos Trabalhadores na Agicultura, membre de la CUT), boycottent cette politique.

Agrovila Palmares

Cette même logique est à l'oeuvre au niveau du projet pilote dans la commune d'Apodi, dans l'Etat fédéré du Rio Grande do Norte. Le syndicat des métallos de Sao Paulo (FS) y a acheté un domaine de 380 hectares. De cette région très pauvre, FS veut faire un village modèle capable de "s'insérer de façon compétitive sur le marché". Nom du projet: Agrovila Palmares. Un nom que connaissent peut-être certains syndicalistes belges puisque la CMB-FGTB a investi dans le projet 200.000 dollars US. Le monde de la finance n'est pas absent: le projet est soutenu également par la Banco do Nordeste. Et le gouvernement est une fois de plus de la partie, tant au niveau fédéral qu'au niveau de l'Etat. Le trois mai dernier, le village modèle a été ouvert officiellement par les représentants de toutes les instances concernées. Herwig Jorissen était de la partie quand la plaque commémorative a été dévoilée par le président Paulinho.

Herwig Jorissen

C'est peu dire que le président de la CMB, Herwig Jorissen, est bien disposé à l'égard de Força Syndical. La véritable histoire de la foncation de ce syndicat, sa nature et son rôle lui ont sans doute échappé. Quoique... On peut se demander comment un responsable de centrale de la FGTB peut fréquenter assidûment ce genre de "camarades" brésiliens sans qu'une petite lampe rouge s'allume dans sa tête? Pour notre part, il suffit de jeter un coup d'oeil sur les documents de base de FS pour conclure que ce "syndicat" est totalement étranger à ce dont la FGTB se réclame, et à sa pratique. Imaginez-vous en Belgique un syndicat fondé avec l'argent d'entreprises affiliées à la FEB et avec les fonds d'un gouvernement de droite, qui soutient la flexibilité et les privatisations et dont le président fondateur siège au parlement dans les rangs d'un parti libéral? Comment a-t-il échappé à Jorissen que FS soutenait Collor le corrompu et Cardoso le néolibéral? Jorissen ignore-t-il que ses "camarades" sont sous le coup d'une enquête judiciaire? Pour nous, la lecture de la presse brésilienne a suffi. Et si Jorissen ignore tout de ces faits et a été abusé, cela est-il justifiable? Sur quelle base noue-t-on des relations privilégiées avec un "syndicat" que l'on connaît à peine?
Herwig Jorissen sait en tout cas une chose: "FS est le plus grand syndicat du Brésil et d'Amérique latine", (9) a-t-il déclaré après avoir participé au Premier mai de FS à Sao Paulo. Heureusement pour les travailleurs et les paysans brésiliens, on n'en est pas là. Officiellement, FS compte 1.541 entités affiliées (contre 3.100 à la CUT). Selon ses propres dires, sa base (ce qui ne veut pas dire des affiliés cotisants) compterait 12 millions de personnes. La CUT compte 8 millions de membres cotisants. Sa base est estimée à 20 millions de personnes. La CUT joue un rôle important sur l'arène internationale. Elle est une des forces organisatrices du Forum Social Mondial. En tant que membre de l'ORIT, la branche latino-américaine de la CISL, la CUT co-organise également le second forum social mondial de Porto Alegre, en janvier 2002. L'ORIT a d'ailleurs signé "l'Appel des mouvements sociaux" issu du premier Forum social Mondial. Mais tout cela impressionne peu Força Syndical. FS est tout aussi hostile au Forum social mondial que le gouvernement brésilien et le monde des entreprises. Le comble est que Herwig Jorissen a placé le dernier congrès de la CMB sous le signe de la "solidarité internationale", de la "globalisation par en-bas", tout en réussissant le tour de force de ne pas dire un mot du Forum Social Mondial, qui est pourtant un événement capital pour l'internationalisation des luttes. C'est un détail? Mais c'est un détail qui montre que l'obstacle Força Syndical doit être évacué pour que les militants de la CMB trouvent leur place dans la vraie internationalisation des résistances au néolibéralisme.

Notes: (1) Sur les propositions, l'histoire et les statuts de Força Sindical, voir leur site web: http://www.fsindical.org.br / (2) Tous les détails sur le Parlement brésilien et de ses différentes composantes sur le site: http://www.camara.gov.br / (3) Lilian Christofoletti dans la "Folha da Sao Paulo", 9 octobre 2001 / (4) "O Globo", o octobre 2001 / (5) Policarpo Junior dans "Vejà", 10 octobre 2001 / (6) "Banco da terra", brochure de propositions du projet de FS / (7) Un réal vaut plus ou moins deux dollars étasuniens / (8) "Apodi, Na Caatinga do Sertao nasceu Agrovila com produçao", brochure de propagande de FS / (9) "De Nieuwe Werker", 25 mai 2001