Interview de Naomi Klein ("No Logo") by han Monday November 05, 2001 at 07:50 PM |
han@indymedia.org |
[entretien exclusif avec Naomi Klein, journaliste et auteur de No Logo, figure du mouvement "contre la mondialisation", invité au show de Verhoofstadt, à Gent, mardi 30 octobre]
L'auteur à succès Naomi Klein : « La conférence
de Verhofstadt? Celle de l'hypocrisie! » «C'était bien?»,
lui ai-je demandé. «La conférence de l'hypocrisie», m'a répondu Naomi
Klein, une des figures de proue du mouvement anti-mondialisation, à propos du
show de Verhofstadt ce 30 octobre. Je n'avais plus revu
Naomi Klein depuis le rassemblement des antimondialistes à Porto Alegre. Aujourd'hui,
30 octobre, à l'issue de la conférence internationale sur la mondialisation
organisée à Gand par le Premier ministre Verhofstadt, les circonstances sont
tout à fait différentes. «Vous avez déjà réalisé une interview sur le siège
arrière d'une voiture ministérielle», me demande-t-elle? En riant, nous
commençons l'interview. Les embouteillages des heures de pointe du soir nous
offre le temps d'une riche conversation. Je suis disposée
à affronter un débat public avec tout le monde, mais pas à huis clos A quoi vous étiez-vous
attendu aujourd'hui? Naomi Klein. J'ai
déjà eu de nombreuses invitations de la part de gouvernements et d'agences multilatérales
à des réunions qui se déroulent… à huis clos. Normalement, dans ce cas, je refuse.
Je leur dis que j'accepterais volontiers un débat avec eux, mais en public,
devant les caméras. Je suis disposée à affronter un débat public avec tout le
monde, mais pas à huis clos. La plupart du temps, ils refusent, car les gens
du pouvoir rechignent à légitimer leurs adversaires. Qu'on soit patron
d'une multinationale, chef de gouvernement ou encore responsable d'une institution,
le fait de s'asseoir autour de la table avec ses adversaires revient à reconnaître
ces derniers, à en faire des partenaires légitimes. C'est la raison pour laquelle
ils refusent d'engager le débat devant la caméra ou à l'antenne, et encore moins
devant le public d'une salle de conférence.
Lorsque j'ai reçu
l'invitation pour cette conférence, j'ai hésité Aussi, lorsque j'ai
reçu l'invitation pour cette conférence, j'ai hésité. C'était la première fois
qu'un politicien haut placé me demandais de participer à un débat. Le problème
c'était qu'en regardant la liste des conférenciers, on constatait évidemment
qu'il n'était nullement question d'un débat avec le mouvement contre la mondialisation.
On peut se demander s'il y avait des représentants de ce mouvement (hormis un
seul). Moi-même, je suis écrivain et je sais faire des analyses, mais je ne
représente personne. Ce qui est positif
à cette conférence, c'est qu'il leur sera désormais plus difficile de traiter
les activistes comme ils l'ont fait jusqu'à présent. Car à cette conférence,
ils ont fait de nous des partenaires légitimes. Il sera plus difficile par la
suite de nous criminaliser. A toutes les réunions
de haut niveau, on parle du fossé toujours plus profond séparant les riches
et les pauvres. Evidemment, cela ne prête pas à conséquence. Ce n'est qu'un
aspect de la réalité, me semble-t-il, puisque vous venez de parler de la conférence
comme de celle de l'hypocrisie. Naomi Klein. Ce
n'est pas uniquement le cas ici. A toutes les réunions de haut niveau, qu'elles
réunissent des chefs de gouvernement ou des multinationales, même au sommet
de Davos, on parle du fossé toujours plus profond séparant les riches et les
pauvres. Evidemment, cela ne prête pas à conséquence. C'est ce qui est si désespérant.
Vous vous trouvez là devant des politiciens qui font tous de très beaux discours,
sans les traduire dans la pratique. Je n'oublie pas
que c'est ce même Bill Clinton et son gouvernement – et donc pas celui de Bush
– qui a saboté la conférence sur le climat à La Haye. Ainsi, c'était pour
moi une expérience angoissante que d'écouter le discours passionné de Bill Clinton
sur les changement climatiques. Je me suis entièrement reconnu dans ses paroles
et j'ai dû me pincer pour que je n'oublie pas que c'est ce même Bill Clinton
et son gouvernement – et donc pas celui de Bush – qui a saboté la conférence
sur le climat à La Haye. Entre rhétorique et pratique, il y a un abîme. Le triomphe de ce
mouvement, c'est que nous avons obligé les dirigeants du monde à changer de
vocabulaire. Les gens au pouvoir utilisent dorénavant une rhétorique tout à
fait différente. La Banque mondiale se profile comme un groupe d'action contre
le sida, Bill Clinton parle comme un militant de l'environnement luttant pour
la protection du climat… Mais ces discours ne se traduisent pas en actes. Il
faudra donc que nous parlions du pouvoir et de ceux qui prennent les décisions.
Le problème c'est
que parallèlement à la rhétorique sur une mondialisation éthique, le TGV de
l'agenda néolibéral poursuit sont chemin. Comment trouvez-vous
l'idée de Verhofstadt d'une «mondialisation éthique»? Naomi Klein. Evidemment
qu'il faut une mondialisation éthique. N'est-ce pas le sens de la Déclaration
des droits de l'Homme? Il existe des tas de déclarations sur cette globalisation
éthique, qu'il s'agisse de l'environnement, des droits de l'Homme ou des conditions
de travail. Mais l'énorme fossé entre la rhétorique et la réalité subsiste.
Le problème c'est que parallèlement à la rhétorique sur une mondialisation éthique,
le TGV de l'agenda néolibéral poursuit sont chemin. Apparemment, il mène une
vie indépendante et rien ni personne ne peut l'arrêter. On dit que les choses
doivent changer, mais la logique sous-jacente c'est qu'on veut encore davantage
de ce qui existait déjà. Ce sont des médecins qui ne connaissent qu'un remède.
Quelle que soit la maladie, ils prescrivent toujours plus d'économie de marché.
Leur diagnostic est toujours que le marché est trop entravé et qu'il suffit
de le libérer pour qu'il résolve tous les problèmes. Ils sont tout simplement
incapables de s'arrêter un instant pour voir ce que quelques décennies de remèdes
néolibéraux ont provoqué comme désastres. Ce sont des médecins
qui ne connaissent qu'un remède : le néo-libéral. La demande n'est
pourtant pas si radicale. Seulement qu'ils s'arrêtent un instant et qu'ils vérifient
si le médicament guérit le mal, si les prévisions se réalisent. Depuis des années,
on dit qu'on veut faire quelque chose au fossé entre les pauvres et les riches.
Voyons dès lors si la politique néolibérale a été capable d'y remédier. Mais
on ne se pose même pas cette question. Au contraire, ils se rendent au Qatar
– où se déroule la conférence de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) –
avec une seule idée à l'esprit: encore plus de ce qui existait déjà. A cette conférence,
on parle du sida en Afrique. Comme solution, on propose une meilleure protection
de la propriété intellectuelle, c'est-à-dire les brevets sur les médicaments.
Une meilleure protection pour l'industrie pharmaceutique comme arme contre le
sida, c'est l'absurdité totale. Une meilleure
protection pour l'industrie pharmaceutique comme arme contre le sida, c'est
l'absurdité totale. Bill Clinton a expliqué
comment le terrorisme se répand dans des pays tels que le Pakistan. Ce sont
des pays où on ne dépense pratiquement pas d'argent pour l'enseignement. L'enseignement
public y est de très mauvaise qualité et, en outre, il est payant. A côté des
écoles publiques, il y a des écoles coraniques où les enfants sont endoctrinés
pour mener la Jihad (guerre sainte). Bill Clinton vous raconte tout cela
avec passion. Mais il oublie de mentionner que le Pakistan dépense 90% de sont
budget au remboursement de sa dette contractée pour l'armement. Et dans quelques
jours, ils se rendront au Qatar, pour discuter de quoi? De la privatisation
de l'enseignement, des soins de santé, de la distribution de l'eau… Aux Etat-Unis,
pour le moment, on n'est même pas capable d'enrayer l'épidémie de grippe annuelle.
Dans ce pays, celui qui a de l'argent peut se payer les meilleurs soins du monde,
mais celui qui n'a pas d'argent est privé de tout. A présent, ce système médical
devrait faire face à l'anthrax. Il en est incapable. Le centre de contrôle des
maladies a un tel problème d'infrastructure qu'il a été paralysé pendant plus
de seize heures. Rien d'étonnant donc si les cas de contamination par l'anthrax
ne sont pas détectés. Le Pakistan dépense
90% de sont budget au remboursement de sa dette contractée pour l'armement.
On reste toujours
dans la même logique: il faut davantage de ce qui existait déjà. Clinton expliquait
que les intégristes islamistes ne sont sensibles à la raison et que c'est là
que réside le noyau du problème. Et lui? Il semble bien, lui aussi, insensible
à la raison.
'Chinese tekens' ... by jpe Monday November 05, 2001 at 10:03 PM |
Han, ik had dit artikel graag afgeprint willen lezen, maar zoals het soms nog al eens gebeurt komen er bij het printklaar maken van deze tekst op het scherm een massa chinese tekens (nu ja, pijltjes, letters ...) tevoorschijn die je dan ook op het blad krijgt. Weet je hoe dit komt en hoe het voorkomen kan worden ?
thanks, jp
Chinese? HTML! by kitty (belgiumIMC) Monday November 05, 2001 at 10:34 PM |
ladyredkitten@hotmail.com |
Dear JPE, and others too, the problem is simple: this article have been published in HTML code, that makes possible to change colors, typefaces, and so on.
When you ask printable version, it gives you all the code, sorry!
By the way, it's not Han's fault: i re-published this article from http://www.solidaire.org, because they've translated it, so there wre no idea to do it myself.
Be The Media...Now!
HTML -> Plain Text by ppp Tuesday December 04, 2001 at 06:29 AM |
Isn't there a way to convert that HTML to plain text?
I also remember that one of those HTML articles were sended to the kraken-be mailinglist using the e-mail option on indymedia. The message contained HTML-codes instead of the readable article.