Intervention de Vincent Decroly à la Chambre by (posted by Olivier) Wednesday October 17, 2001 at 08:27 PM |
Intervention de Vincent Decroly à la Chambre lors des débats sur la déclaration de politique gouvernementale de Guy Verhofstadt.
sur la
déclaration de rentrée de Guy
VERHOFSTADT, Premier Ministre 1.
Finances, fiscalité, budget et non-politique sociale Ce qui frappe : une déclaration très orthodoxe,
« conforme au marché »… et aux dogmes des théories économiques
libérales. Alors que les modèles souvent cités en référence
mettent eux-mêmes de l'eau dans leur vin. Le gouvernement US lui-même, après les attentats du
11 septembre, décide d'un programme de relance et de reconstruction en
injectant 110 milliards USD de fonds publics dans certaines entreprises
(notamment aéronautiques) et dans des actions sociales. Quant au déficit zéro,
merci pour la réaffirmation du dogme… mais ce que l'administration Bush vient
de décider s'effectuera dans un contexte de dette publique gigantesque aux USA. L'accélération des réformes, la lutte contre
l'immobilisme ? Je suis
preneur : -
où
en est la lutte contre la criminalité économique et financière, l'un des seuls
secteurs de l'action publique judiciaire qui, s'il était doté de moyens humains
suffisants, rapporterait davantage d'argent au Trésor qu'il ne lui en
coûterait. Quels résultats depuis deux
ans ? Quelles avancées nouvelles
en 2002 après les attentats ?
Va-t-on enfin réduire les possibilités d'abus du secret bancaire dans la
lutte contre le blanchiment ? -
Qu'en
est-il de l'action de votre gouvernement en matière d'arriéré fiscal ? v 405 milliards de FB au
31/12/99 en impôt sur les revenus v 326 milliards de FB au
31/12/99 en TVA La simplification administrative comporte un
important volet rendant automatique le bénéfice de certaines exonérations de
charges pour les entreprises. Même pour
celles qui sont à l'origine de ce trou fiscal ? Plus de 700 milliards de FB d'arriéré fiscal … Et
vous refusez 20 milliards de FB aux Mutuelles en soins de santé ! Et vous n'accordez, pour la xème
fois, que les mêmes miettes aux organisations syndicales qui demandent
l'augmentation des allocations sociales, les 83 000 personnes minimexées
toucheront chacune 800 FB en plus en 2002 (et aussi en 2003, « si l'évolution
économique le permet » comme précisé rigoureusement en page 8 de ce
document). Ca fait à peine 10 000 FB/an en plus pour les plus démunis ;
contre 20 000 FB en plus pour les plus hauts revenus, dont la taxation est
allégée ! Quant à la liaison des allocations au bien-être nada, Monsieur
le Premier Ministre, ni pour 2002, ni même pour après ! Avouez que, comparé à la hausse de 120 % de la
dotation du Prince Laurent (qui passe de 5 à 11 millions), il y a deux poids,
deux mesures comme le dit le Sénateur Dubié. Vous voulez des réformes ? Mais je suis partant. A quand un début d'alignement sur les pays voisins
dans le domaine de la taxation des plus-values boursières ? Même si vous limitiez cette taxation à un
taux modeste, cela rapporterait quelque 495 milliards de FB. Au lieu de cela, votre ligne de force en la matière,
c'est « la lutte pour attirer les investisseurs américains en créant un
cadre fiscal qui leur convienne ».
Vous citez les Pays-Bas comme modèle. Mais on fait cela depuis 20 ans, Monsieur le Premier
Ministre ! Les gouvernements
Martens, notamment Martens-Gol au début des années 80, ne juraient que par
cela. Ce n'est pas de l'immobilisme, c'est
de la reproduction, ce n'est pas de la réforme, c'est de la copie ! Avec quel résultat ? Un dumping fiscal à outrance depuis 20 ans, une compétition
intra-européenne insensée (où la Belgique, avec les centres de coordination,
occupe effectivement, je vous le concède,
une place sur le podium). D'ailleurs, quid de ces centres de coordination ? Vous parlez de neutraliser la baisse de
l'impôt des sociétés par le biais de la simplification administrative (je ne
vois pas le rapport) et par la suppression de certaines déductibilités. Dois-je comprendre, puisque les Centres de
coordination ne fonctionnent pas sur base de mécanismes de déductibilité, mais
sur base d'une définition moins exigeante de l'assiette imposable, qu'ils
demeureraient intouchés en 2002 ?
L'Echo du 15 mars 2001 publiait pourtant les résultats d'une étude
chiffrant à 21 milliards de FB les recettes qu'une taxation à 30% des centres
de coordination libérerait. Dois-je comprendre qu'avec le recours à des
dispositifs de « ruling » que vous annoncez, lorsque la Commission
européenne vous aura enfin contraint à supprimer les centres de coordination,
vous aurez déjà mis au point un système de contournement des exigences
européennes ? Le ruling, méthode fondée déjà aujourd'hui sur des
contrats entre certains particuliers à très gros revenus et le fisc, est déjà
en soi contestable. Même au sein de
l'administration fiscale, on se plaint du caractère totalement opaque de ces
transactions actuellement. Quels seront
les modes de contrôle administratif et politique des nouveaux systèmes de
ruling préconisés ? La sécurité sociale ? J'ai perdu toute
confiance en vous sur ce point capital. Il y a quelques heures seulement, vous rêviez encore
d'aller y puiser de quoi financer les 20 (ou 25 ?) milliards nécessaires
au Fonds argenté. Et la Table ronde mise sur pied pour réfléchir à
notre Sécu est moribonde, dévitalisée puisque les décisions sur l'affectation
des fonds sont prises. Social toujours : ce Parlement est un lieu de
consensus sur deux sujets importants du point de vue des droits des plus
faibles que sont les femmes et les enfants.
Ce consensus, sur la création d'un statut pour les gardiennes encadrées
et d'un fonds de créances alimentaires, votre gouvernement n'y apporte aucune
contribution : pas un mot dans votre déclaration ! Là-dessus, le
Législatif a pourtant valeureusement fait une part de son boulot, sous la
houlette de plusieurs dames de cette assemblée et de Mme COENEN… 2.
Justice et Affaires intérieures 1.
Politique de sécurité Le non-dit de la
politique gouvernementale en matière de sécurité pourrait se résumer par la
maxime "gouverner par l'inquiétude". Pourtant, Ecologistes
et Socialistes ont toujours affirmé "pas de sécurité sans
solidarité", combattant pied à pied l'assimilation de
l'immigration d'abord à un problème de sécurité. Mais pour le
gouvernement, l'essentiel n'est manifestement pas de se mettre davantage à
l'écoute des problèmes réels vécus par les citoyens, mais de participer
puissamment à la construction idéologique d'une figure d'insécurité stigmatisée
tantôt parmi les étrangers (surtout ceux issus des nouvelles migrations),
tantôt parmi les jeunes (réforme inquiétante de la protection de la jeunesse en
perspective), tantôt à l'intersection de ces deux catégories fragiles (cfr
l'étude "criminalité et jeunes allochtones", qui va bientôt sortir). Il
en fut ainsi du fameux Plan de sécurité. Regardons les choses en face : le
message et l'essentiel des objectifs initiaux sont passés avec une redoutable
efficacité. On sent derrière tout cela l'influence prégnante de certains
conseillers gouvernementaux issus du secteur privé : tout se passe comme si les
politiques et ces agences privées avaient le même intérêt à faire craindre pour
l'avenir et à jouer sur les souffrances sociales. Ne font-ils pas ainsi
fructifier leur capital et leur savoir-faire en matière de dispositifs
d'alarme, d'assurances et de gestion des risques ?… Le
snelrecht bis, vous n'en parlez pas, mais il est bien annoncé dans la presse, à
nouveau contre le principe repris dans la déclaration gouvernementale d'une
évaluation préalable. En matière de procédure pénale (comme en matière de
procédure d'examen des demandes d'asile : voir plus loin), la reconnaissance
honnête du fait que certaines lenteurs sont condamnables débouche sur une
accélération totalement incompatible avec les principes de bonne administration
et de délai raisonnable (car "raisonnable" implique aussi un délai
minimal). Le fil rouge de cette
action gouvernementale, c'est la lutte contre certains groupes-cibles
vulnérables plutôt que contre les phénomènes de criminalité les plus graves,
moins attaqués, voire tolérés. 2.
Droit des personnes étrangères - devoir d'asile - politique
migratoire. Vous condamnez les simplismes de l'extrême-droite,
mais c'est vous qui leur montrez l'exemple dans votre texte ! "Moins on a de demandes, meilleure est la
politique d'asile !" Votre présidence européenne n'enraye en rien la
compétition négative « anti-réfugiés » à laquelle se livrent depuis
20 ans les Etats d'Europe. Cette compétition pour en accueillir le moins
possible et le moins longtemps possible est radicalement anti-européenne et
conduit à des violations de plus en plus avérées des droits du demandeur
d'asile et des droits humains. Sous ce gouvernement, la Belgique confirme ses
tendances au refoulement sans examen individuel sérieux au fond. Confirmée aussi, l'inclination à enfermer même des
non-clandestins. S'accentuent aussi une acception de plus en plus
large et automatique du concept de "demande manifestement non
fondée", l'extension des motifs de non-recevabilité et l'évolution vers
une procédure expéditive non conforme à ce que l'on pourrait attendre d'un pays
riche et donneur de leçons sur le plan des droits humains. Par contre, le gouvernement a nommé le chef de
cabinet–adjoint du Ministre de l'Intérieur à la tête de l'instance en charge de
l'examen (en principe « indépendant ») des demandes d'asile. Ce
monsieur, qui a conçu et mis en œuvre l'opération de piégeage policier et de
déportation ethnique des Roms en octobre 1999, est donc censé étudier, en toute
indépendance vis-à-vis de votre gouvernement, le bien-fondé de demandes
d'asile. Excusez-moi, mais, pour dire le moins, je trouve qu'il y a là
suspicion légitime. C'est une pantalonnade supplémentaire, et du plus mauvais
goût, de la part d'un gouvernement qui professe la lutte contre les nominations
partisanes. Vous êtes contre l'immobilisme : moi aussi. Où
en est la réforme globale de l'asile promise aux Verts et aux
Socialistes ? Mais votre but
demeure de casser les thermomètres : on fait semblant de croire qu'une
politique et un discours plus durs sont de nature à infléchir l'évolution des
flux migratoires. En réalité, cela n'a d'incidence que sur le nombre d'entrées légales
en Belgique, le nombre d'entrées illégales compensant probablement largement la
baisse du nombre des premières. Le message est reçu cinq sur cinq par ses
destinataires : ils passent plus vite dans la clandestinité, ne cherchent même
plus à solliciter légalement leur droit au séjour auprès de l'autorité publique
belge. Y gagnons-nous vraiment
? Cette clandestinité que le gouvernement et le Parlement avaient pourtant
résolu de réduire, notamment par l'adoption d'une loi exceptionnelle de
régularisation partielle, on la devine reprenant hélas son ascension sournoise
et ses assauts contre le statut des travailleurs et même, l'équité des
conditions de concurrence entre entreprises. A vous écouter,
Monsieur VERHOFSTADT, tout se passe comme si l'expulsion était substituée à
l'accueil dans le mandat donné aux instances et législations censées régir
l'asile. La communication et la dissuasion
tiennent lieu de politique migratoire (le "signal" des statistiques d'expulsion, le "signal" de la suppression de l'aide
sociale, le "signal" des
centres fermés...) Le bon paragraphe
"statut cohérent des réfugiés de guerre" de la déclaration
gouvernementale adoptée par la Chambre le 16 juillet 1999 est passé à la trappe
! Hier encore, vous receviez une lettre de 54 d'entre nous pour vous implorer
de tenir au moins cette promesse-là, au lieu de continuer à bastonner ces
malheureux Sierra-Léonais et autres dans des centres fermés, des cachots de
gendarmerie et des avions militaires. Pas un mot sur notre
part de responsabilité, en tant que pays riche d'Europe occidentale, dans cette
ruée vers nos miroirs aux alouettes. Plus un souffle sur la part que nous
devrions prendre à la solution collective de ce problème - une part juste,
c'est-à-dire au-dessus de la moyenne mondiale quant à notre interprétation de
la Convention de Genève, une part qui fasse droit aussi aux revendications
surgies du plus profond de notre société ces dernières années : respect des
personnes contre le tout-au-marché, défense de la valeur "enfant" et
plus généralement des plus vulnérables, lutte intelligente contre les mafias et
réseaux de traite des êtres humains, etc. Vous voulez des
réformes ? A quand la mise à l'ordre du jour de la proposition de loi
créant une procédure et un statut spécifique d'accueil des enfants de l'exil,
que j'ai déposée il y a belle lurette avec des élus PS ? Pas une concession
sur la possibilité de sortir des incantations et de l'hypocrisie, alors que la
Commission économique de l'ONU tirait il y a quelques mois la sonnette d'alarme
: oui, les pays industrialisés auront à rouvrir leurs frontières pour faire face
à un déficit démographique et de main-d'oeuvre à l'horizon 2015-2025. Comment adhérer à
cette idée de l'aide sociale supprimée ?
Les valeurs de notre Constitution (singulièrement de son article 23) ne
seraient-elles, définitivement, qu'à usage interne ? Monsieur VANDE LANOTTE, qui avait déjà cette petite idée dans ces
cartons mais n'avait pu la mettre en œuvre grâce à la résistance des Verts et
des associations, est en tout cas maintenant parvenu à ses fins. Comment acquiescer au
non-dit de la poursuite de la politique des centres fermés, temples de
l'absurdité (ils libèrent en proportions étonnantes leurs détenus, avec un
ordre de quitter le territoire ; ceux qu'ils parviennent à faire partir
reviennent, pour une proportion tout aussi spectaculaire, quelques mois, voire
quelques semaines après leur "éloignement" ; et ils coûtent de plus
en plus cher...) ? Sans parler des
renégociations « à la baisse » sur la réinterprétation des
dispositions réformées du Code de la nationalité et de la loi sur la naturalisation :
quelle est cette majorité au sein de laquelle un seul parti (nous dit-on) peut
tout bloquer ? Ce droit de veto, qui l'a eu lors de la déportation
ethnique des Roms il y a deux ans - en dépit d'une demande de suspension de la
Cour européenne des droits de l'homme, à qui votre équipe s'est bornée à
répondre « qu'un fax reçu à la Justice n'avait pu être transmis à temps à
l'Intérieur » ! Quant à la
régularisation, son enlisement avait été prévu. Quel discrédit de l'Etat et
même de la Belgique, quand on compare cette opération chaotique à celles menées
en Espagne ou en Italie, où des centaines de milliers de personnes ont été
régularisées en quelques semaines ? Ces discours, ces
pratiques et ces dérives ne font qu'un vainqueur : l'extrême-droite. Elle se
voit décerner comme un brevet de respectabilité par ces démocrates qui lui
empruntent de plus en plus souvent ses raccourcis. Mais demain comme hier et
avant-hier, les électeurs flamands préféreront malheureusement l'original à la
copie. 3. Politique de
justice Vous voulez des réformes ?
Mais notre société est on ne peut plus demanderesse, Monsieur le Premier
Ministre ! Et moi aussi, je vous assure. A quand la suite de la réforme du
Code de procédure pénale et les nouveaux progrès promis à des centaines de
milliers de citoyens en matière de droit de la victime ? J'ai fait ma
party du travail en déposant il y a des mois une proposition de loi qui a fait
l'objet, lors d'un colloque récent au Sénat, de l'éloge des plus hautes
autorités académiques de ce pays en matière de droit pénal. Quand passons-nous
à l'action sur cette réforme-là ? Et quand sur mon autre
proposition de loi, relative à la gratuité de la constitution de partie civile,
ou à une autre encore, prévoyant la délivrance aux parties, au prix coûtant et
plafonné, des copies de dossiers judiciaires ? A quand la qualification comme
crime contre l'humanité de la criminalité organisée contre les enfants, qui est
inscrite dans l'accord de gouvernement de juillet 1999, mais qui n'a même pas fait
l'objet d'un essai de contagion culturelle positive aux partenaires européens
que nous présidons ? Au lieu de cela, on débouche sur une résolution sans
saveur reconnaissant l'utilité des ONG et du secteur privé dans la recherche
d'enfants disparus. Faible, trop faible au regard des attentes et des
besoins ! 4. (Non-)
Politique des drogues En dehors de résolutions souffle
rénovateur réel (le gouvernement socialiste - social-chrétien avait accouché de
la même politique de ce type lors de la précédente législature), la politique
"drogues" du gouvernement bute sur l'enjeu de la réglementation des
drogues, singulièrement - puisqu'il faut bien commencer par quelque part - de
la réglementation des drogues dites douces. Sans réglementation de la
production et de la distribution des produits, la "tolérance" fait
malheureusement trop souvent le lit des mafias grandes ou petites (de la bande
de petits dealers de quartiers aux cartels organisés au plan international et
disposant de relais sûrs jusqu'au cœur de certains Etats). On prévoit un lifting très
superficiel pour la Circulaire des Procureurs généraux de mai 1998, qui
prescrivait qu'on ne poursuive plus les usagers de drogues douces qu'en
dernière priorité de politique criminelle. On sait pourtant que cette méthode
n'assure aucune sécurité juridique ni aucune égalité de traitement judiciaire
aux usagers (une circulaire n'est pas opposable en justice à un Procureur du
Roi qui ne l'appliquerait pas) ; on sait qu'elle n'a en rien entamé la
puissance des organisations criminelles actives dans le secteur du trafic de
drogues ; on sait qu'elle a généré un double message particulièrement
piégeant à l'adresse des usagers (et notamment des jeunes, à qui l'on dit
"qu'ils ne seront probablement plus poursuivis pour un fait qui demeure
néanmoins pénalement répréhensible") et on sait qu'elle n'a permis aucune
avancée sur le plan de la santé publique. Vu l'absence de pas significatifs
vers la réglementation, les principaux bénéficiaires seront les mafias et les
principales victimes, les catégories d'usagers socio-culturellement vulnérables
qu'elles parviendront à capter plus efficacement encore qu'aujourd'hui. Ceux de
ces usagers-là qui n'auront pas été neutralisés par le snelrecht bis seront
anesthésiés par les mafias de la drogue… Et vous parlez de protection de la
jeunesse ?! Pourquoi la réglementation
semble-t-elle à ce point inconcevable, alors que les Conventions
internationales la permettraient et que la confiscation de ce marché aux
organisations criminelles est la condition nécessaire d'une réelle amélioration
globale en ce domaine (tant sur le plan de la santé que sur celui de la
sécurité) ? Croit-on vraiment que la main invisible du marché (mafieux) des
drogues peut garantir la protection de la santé publique ? Monsieur le Premier Ministre, les
dossiers "Citoyenneté, démocratie, promotion et
respect de la personne humaine" ne sont pas
périphériques. Ils sont au cœur de ce qu'avec d'autres, les Ecologistes ont à
apporter à notre société et à notre planète. La suppression du Sénat et son
remplacement par un ectoplasme fédéral et paritaire, est-ce vraiment de nature
à approfondir la démocratie (ou simplement la qualité légistique de textes
auxquels une seconde lecture est bien souvent bénéfique) ? Qui la demande
dans notre société ? En modifiant le système de case
de tête, vous dites vouloir accroître le choix de son ou sa parlementaire par
l'électeur. Ce serait fort bien si ici, tous les jours, vous respectiez
simplement le principe du contrôle de l'Exécutif par le Parlement ; mais c'est le contrôle des parlementaires
par les ministres que vous ne cessez de renforcer ! Par contre, où en sera le droit
de vote promis à Nabela BENAÏSSA à la fin de cette législature
arc-en-ciel ? A perdre le sens de
l'asile et le respect de la personne étrangère, à perdre le sens du travail –
je veux dire de la responsabilité – des parlementaires et des ministres, nous
perdons le sens de la démocratie et de ces valeurs qui ont été attaquées le 11
septembre et que vous dites vouloir défendre. Nous perdons le fil de la
promotion de l'humain - celui qui a fait passer l'histoire politique
contemporaine par la fin de l'esclavage, l'émancipation des travailleurs, la
libération des femmes, la protection des mineurs d'âge, le respect des
générations futures. 3. Actualité
internationale Nous devons, dites-vous, « travailler davantage
pour que partout progresse l'adhésion à notre modèle de société ouverte,
démocratique et tolérante ». D'abord, cette vision idyllique de notre société
occidentale est contestable. Même au
sein de cette assemblée, qui devrait être le cœur battant de la démocratie
politique, la limitation tâtillonne du temps de parole, la confiscation des
débats annuels de politique générale par les chefs de groupe, la tendance au
saucissonnage technocratique des discussions ne cessent de gagner du terrain. Quant à l'extérieur de notre assemblée, la
contradiction est encore plus flagrante entre vos propos sur « l'ouverture
et la tolérance » de notre société et la réalité vécue par des centaines
de milliers de personnes niées, exclues, maltraitées en notre nom dans les
centres fermés, les commissariats de police, les manifestations, les palais de
justice, les homes ou les files de pointage par exemple. Historiquement, faut-il rappeler, puisque nul n'a
songé à la faire à cette tribune depuis mardi, que ce sont nos sociétés
occidentales qui ont secrété le fascisme et le nazisme, Auschhwitz et le
Goulag, l'inquisition et, puisque nous avons quand même eu le courage d'ouvrir
une enquête sur l'assassinat de Monsieur Patrice LUMUMBA, le
colonialisme ? Monsieur le Premier Ministre, le 11 septembre, je me
suis senti New-Yorkais parce que jamais la violence, qu'elle soit le fait
d'Etats ou de groupuscules terroristes, ne permet de réparer la violence. Je me suis senti aussi habitant de Gaza, comme
Monsieur MICHEL qui a exprimé une émotion qui a paru sincère lors de son voyage
d'il y a quelques mois – une émotion dont on ne voit trace dans votre petit
paragraphe sur la Palestine, alors que Monsieur BUSH lui-même se déclarait
voici quelques jours en faveur d'un Etat palestinien ! Là aussi, vous êtes
en retard, comme en décalage vis-à-vis de votre modèle… Nous ne pouvons pas être à ce point
européo-centristes ou occidento-centristes, nourrir ce complexe de supériorité
vis-à-vis des autres confessions et des autres sociétés. Parce qu'il existe i
(article 1)
Contribution au
débat
Illustrations
by sondron Wednesday October 17, 2001 at 08:56 PM
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