arch/ive/ief (2000 - 2005)

Antinucléaire : L'enjeu des manifestations du 20 octobre
by Courant Alternatif Saturday October 13, 2001 at 11:56 PM
oclibertaire@hotmail.com

Le samedi 20 octobre se déroulera la journée d'action antinucléaire à l'initiative du Réseau pour un avenir sans nucléaire. Cinq manifestations sont prévues à Lille, Colmar, Lyon, Toulouse et Nantes. Nous affirmions, dans le numéro d'été de Courant alternatif, que tous les groupes qui se battent sur une position claire d'arrêt immédiat du nucléaire se devaient d'être présents dans ces manifestations et de contribuer à en faire un succès à la hauteur de l'enjeu [...]

Courant Alternatif
Antinucléaire : L'enjeu des manifestations du 20 octobre


Le samedi 20 octobre se déroulera la journée d'action antinucléaire à l'initiative du Réseau pour un avenir sans nucléaire. Cinq manifestations sont prévues à Lille, Colmar, Lyon, Toulouse et Nantes. Nous affirmions, dans le numéro d'été de Courant alternatif, que tous les groupes qui se battent sur une position claire d'arrêt immédiat du nucléaire se devaient d'être présents dans ces manifestations et de contribuer à en faire un succès à la hauteur de l'enjeu, au moment où les nucléocrates relèvent la tête, ont restructuré l'industrie nucléaire française et font oeuvre de propagande éhontée et mensongère sur le prétendu aspect écologique et propre de cette industrie.


Pourquoi mettre en avant l'arrêt immédiat ?

Parce que cela illustre clairement que la nécessité première de l'arrêt du nucléaire est le risque de catastrophe, prévisible et prévu, que nous fait courir chaque jour de fonctionnement des centrales, des installations militaires et de retraitement. Que face à un tel risque nul argument sur l'emploi, nulle argutie sur la nécessité de maintenir le même volume de production électrique ne tient. Que cet arrêt est parfaitement possible pour peu que l'on ne diabolise pas l'utilisation du charbon, comme le font certains écologistes qui ne veulent entendre parler que des énergies renouvelables. Bien sûr qu'à terme, si les recherches nécessaires sont réalisées, ces dernières sont l'avenir de l'Humanité pour peu que celle-ci veuille bien se débarrasser de l'idéologie consumériste qui la gangrène. Mais attendre ces jours meilleurs en proposant des scénarios de sortie progressive du nucléaire, à l'allemande ou à la Dominique Voynet, est proprement criminel, car pendant ce temps on nous prépare une prolongation de durée de vie des centrales de vingt ou trente ans, ce qui peut éviter au gouvernement d'avoir à se prononcer sur un éventuel renouvellement du parc, qui pourrait susciter bien des ennuis aux nucléocrates par le débat que cela occasionnerait. Réutiliser du charbon, avec des techniques plus propres (et elles existent, puisque la France exporte cette technologie), pour la durée la moins longue possible, ne ferait augmenter l'émission de gaz carbonique, et donc l'effet de serre, que de manière
extrêmement faible. Il est, de plus, mensonger de faire croire, comme le fait EDF, que le nucléaire est sans effet sur l'effet de serre ! Cette diabolisation du charbon n'a qu'un objectif : prolonger encore le nucléaire pendant des dizaines d'années, au nom de la protection de la nature !

L'enjeu des manifestations du 20 octobre est énorme compte tenu de l'agitation actuelle chez les nucléocrates : en septembre, la création de l'AREVA (pôle industriel regroupant la Cogema, Framatome et le CEA) ainsi que l'accord entre EDF et la Cogema pour le retraitement des déchets jusqu'en 2015, nous confirme bien que l'Etat français est pensé au niveau européen comme principal fournisseur d'électricité de la CEE, et que la sortie du nucléaire en France n'est pas à leur ordre du jour. Réclamer un arrêt immédiat du nucléaire c'est, par conséquent, mettre en chantier la construction d'un mouvement antinucléaire sur des bases claires, en dehors et même contre les Verts, pour qui compte d'abord l'intégration dans la gauche plurielle, et qui ne veulent pas dilapider leur capital électoral et leurs postes d'élus en tous genres.

Par deux fois, cet été, les Verts se sont livrés à de pitoyables manoeuvres. Tout d'abord, en juillet, où il nŒétait question que de quatre manifestations, ils ont tenté d'en organiser une cinquième à... Paris, ce même 20 octobre. La magouille était un peu grosse : une manif à Paris aurait focalisé la presse sur elle et par la même occasion sur les Verts (qui auraient été largement présents avec leurs élus), laissant les manifs provinciales dans l'ombre, même si ces dernières pouvaient regrouper plus de monde. Le Réseau pour un avenir sans nucléaire, échaudé par l'annulation unilatérale par les Verts d'une manifestation nationale antinucléaire il y a plus d'un an), a opposé une claire fin de non-recevoir au parti de Voynet, lequel a dû battre en retraite et accepter que la cinquième manifestation se tienne à Lille. Ensuite, Cochet, le nouveau ministre de l'Environnement et militant historique des Verts, a inauguré sa brillante nomination (rendue possible, rappelons-le, par un spectaculaire retournement de veste : il avait en effet in extremis retiré sa signature de la liste des députés réclamant la mise en examen de Chirac) en donnant délégation permanente à M. Lacoste, directeur de la très gouvernementale et pronucléaire Direction de sûreté des installations nucléaires (DSIN), pour tout acte concernant la sûreté nucléaire. Pitoyable décision d'un ministre prétendument antinucléaire qui fait ainsi confiance aux organismes liés au nucléaire pour des décisions fondamentales. Cela libérera sans doute un peu de temps au ministre pour s'occuper des bacs à fleurs dans les rues de Paris, et lui ôtera quelques maux de tête pour décider, en cas d'incident, si oui ou non il faut redémarrer une centrale ou si les transports de déchets sont effectués de manière sûre... C'est Lacoste qui en décidera.

Le mot d'ordre d'Arrêt immédiat du nucléaire a été porté depuis presque deux années par un Réseau Stop-Nucléaire qui regroupe différents collectifs décidés à être présents dans les manifestations du 20 octobre. Lors de sa dernière réunion, qui s'est tenue à Limoges le 15 septembre, il a décidé l'édition de matériel (affiches et autocollants) destiné à mobiliser pour le 20 octobre et à marquer sa différence lors des manifestations.

Ni rose ni vert...

C'est également dans cet esprit d'indispensable présence dans les manifestations que l'OCL a proposé à tous les collectifs et organisations libertaire l'édition d'une affiche NI ROSE NI VERT ARRET IMMEDIAT DU NUCLEAIRE, ainsi qu'une présence commune et collective dans ces manifestations aux côtés de tous ceux qui, militants antinucléaires conséquents, mettent en avant l'arrêt immédiat et la construction d'un mouvement indépendant de toute considération politicienne. Plusieurs groupes ou collectifs locaux de la FA, de la CNT, du Réseau No pasaran ont répondu positivement, surtout dans l'ouest de la France, ce qui augure bien de la capacité d'une partie des libertaires à agir ensemble sur des thèmes précis, radicaux, et en dehors de toute volonté
intégratrice ou de reconnaissance institutionnelle. Reste à voir maintenant comment nous pourrons, ensemble, aborder le double enjeu qui se posera lors des manifestations, à savoir : comment les libertaires révolutionnaires sauront être présents collectivement sans que chacun mette en avant trop ostensiblement sa boutique. Comment ils sauront s'intégrer (ou prendre l'initiative de...) dans un cortège plus vaste avec des non-libertaires mais antinucléaires radicaux et conséquents, sans se comporter en récupérateurs ou en avant-garde.

C'est à ce prix qu'une rupture radicale avec les Verts et avec les réformistes aura un sens. Les ingrédients politiques (le contenu, l'analyse, les interventions), le nombre, existent... reste à vérifier la volonté de réussite. Si l'on veut arrêter la machine nucléaire, le 20 octobre est une étape qu'il faut réussir en terme de mobilisation, afin de contribuer à re-dynamiser un mouvement antinucléaire autonome sur le plan politique et offensif sur le plan social.

OCL

Extrait de Courant Alternatif, mensuel édité en France par l'OCL. http://oclibertaire.free.fr
oclibertaire@hotmail.com

conséquent
by phil Tuesday October 16, 2001 at 11:51 PM
raison-mazy@tiscalinet.be

Il faut exiger la sortie immédiate du nucléaire, d'accord à 100000 pour-cent, mais
quelqu'un peut-il me dire comment on brûle du charbon (même proprement) sans dégager de gaz carbonique ?
Car il faut aussi stopper tout aussi immédiatement le réchauffement climatique !
La seule solution semble bien se trouver dans les énergies renouvelables. Parlons d'avantage de la
géothermie profonde. Exigeons dès maintenant des investissements massifs dans ce sens.