l'Europe et les gens de la rue...

Le 1° et 2 octobre, les ministres européens du logement se sont réunis à Bruxelles et à Charleroi, en réunion informelle. Ce que nous, anciens, actuels sdf ou accompagnants, nous voulions leur crier, c'est qu'il y a plus de 5 millions de personnes sans domicile dans leur fameuse Union Européenne, qu'il y a trois fois plus de personnes logées dans des conditions épouvantables, alors que ces chers ministres et leur suite se déplacent de réunion en réunion, d'hôtels coûteux en hôtels coûteux. Et tout cela est possible grâce aux budgets «sociaux » des différents pays et leurs programmes de lutte contre la pauvreté.

Nous ne demandons pas nécessairement que les états nous construisent une multitude de «tours de la pauvreté », appartements sociaux ou autres et être parqués dans des sites bien déterminés. Le logement social n'est pas la seule réponse à nos besoins. Il y a en Union européenne, des dizaines de millions d'habitations en mauvais état ou abandonnées. Certaines de ces maisons sont abandonnées suite à des manœuvres spéculatives, mais d'autres le sont simplement parce que les propriétaires n'ont pas les moyens de remettre leur bien en état.

Ce que nous leur avons dit à ces ministres à Bruxelles c'est :
- quelles sont les mesures politiques qui sont prises dans les différents états européens pour lutter contre l'abandon d'habitats, comment viennent-ils en aide aux petits propriétaires afin que leur bien puisse être mis en location ?
- quelles mesures politiques et économiques allez-vous prendre en Union européenne pour permettre à des personnes sans domicile, de pouvoir occuper des habitations abandonnées depuis un certain temps

La réponse des ministres a été :
- le code wallon du logement a fait des avancées pour appliquer la loi Onkelinx pour la réquisition des immeubles abandonnés, le code bruxellois ira plus loin. OK, mais il ne suffit pas de voter des lois, il faut les faire appliquer, or il n'y a jamais de sanctions prévues dans ce genre de lois !
- les ministres vont créer un «observatoire européen du logement ». OK, mais s'il faut dix ans entre le constat et les mesures adéquates à prendre, cela ne sert à rien (sauf à donner de l'emploi à une kyrielle d'universitaires).

Conclusion
L'histoire de la lutte des pauvres et des exclus montre que c'est la solidarité et l'union dans une lutte qui peut rétablir une certaine justice. Les acquis sociaux sont le fruit d'une longue guerre d'usure. Il n'est pas mauvais - mais on commence à en douter car le gouvernement actuel emploie notre propre vocabulaire, mais en donnant un autre sens – de faire entendre nos voix auprès de nos dirigeants. Mais nous restons convaincus que seules, les expériences nées de la solidarité entre les plus pauvres peuvent faire avancer la cause. Cette solidarité débouche sur des actions, des occupations d'immeubles, des confrontations avec l'autorité s'il le faut. C'est à travers ces luttes que la société peu avancer.

arch/ive/ief (2000 - 2005)