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Début des journées internationales de la Jeunesse à Bruxelles
by Julien Versteegh Monday October 29, 2001 at 07:01 PM
juversteegh@hotmail.com

Compte rendu de la première journée des Journée Internationales de la Jeunesses organisées par D14 en préparation des manifestations des 13, 14 et 15 décembre.


Début des Journées Internationales de la Jeunesse à Bruxelles.

Les journées internationales de la jeunesse organisées par D14 ont débuté ce matin au Vaartkapoen à Bruxelles. A l'heure actuelle, 88 jeunes participent déjà à ces journées et d'autres sont attendus. L'ambiance est à la fête. Reportage à chaud depuis le Vaartkapoen.

Julien Versteegh

Les Journées Internationales de la Jeunesse de D14 visent à rassembler tous les jeunes qui veulent participer activement ou moins activement à la préparation des manifestations des 13, 14 et 15 décembre.
Cette première matinée s'est déroulée dans une ambiance bon enfant. Les gens déambulent entre les stands de différentes organisations au son de la musique cubain du Buena Vista Social Club. Les organisateurs présentent le programme de ces trois jours. Le choix est vaste. Les conférences sur l'Europe, la mondialisation ou la lutte des pays du Tiers-Monde côtoient des workshops art et culture, legal et medical team, désobéissance civile ou encore media activisme.
Le programme a véritablement commencé cet après-midi avec le lancement des workshops.
Le visiteur qui s'aventurerait dans la grande salle du Vaartkapoen, tombe nez à nez avec le plus grand groupe. C'est l'heure de la désobéissance civile, animée par les jeunes de Jeugd Natuur en Milieu. Avant de passer aux choses sérieuses, un petit jeu s'impose. Trois volontaires, les yeux bandés ont pour tâche d'attraper les jeunes qui s'égaient autour d'eux. Une manière d'apprendre à éviter la police ? J'y rencontre Marion, de Bruxelles : « Je suis venu ici aujourd'hui parce que je trouve que c'est génial d'être arrivé à quelque chose comme D14 qui rassemble différentes organisations, qui même si elle n'ont pas les mêmes positions, se sont réunies pour contester cette Europe en construction. ». Même si elle ne sait pas exactement quelle Europe elle voudrait voir se construire, elle sait au moins quelle Europe elle ne veut pas : « les fondements de l'Union Européenne sont antidémocratiques. Les institutions sont floues, la commission a été élue par nos gouvernements et la population n'a pas grand chose à dire. C'est une union économique, basée sur le néolibéralisme qui favorise les entreprises au détriment des citoyens. »
En continuant notre périple, on arrive au local des Legal Team. L'ambiance y est studieuse. Les lois européennes sont passées aux cribles : loi anti-terroriste... Un peu plus loin, dans un grand hangar, les jeunes laisse s'exprimer leur qualités artistiques. Sille, de Gand (16 ans), réalise un calicot pour les manifestations de décembre : « Je fais des calicots pour aller manifester contre la globalisations, contre tous ces capitalistes qui détiennent le pouvoir et qui décident de tout. Pour moi, l'Europe actuelle, c'est l'Europe des riches, ce n'est pas l'Europe du peuple. (...) Je participe au workshop art car il est important de pouvoir exprimer notre opposition à cette Europe de toute les manières possible ». Un peu plus loin, Rita réalise une carricature de George W. Bush : « Le 14 décembre, je serai à Bruxelles pour réclamer une Europe plus démocratique. Pour défendre les pays pauvres du sud qui n'ont rien à dire face aux pays riches. (...) L'art dans les manifestations est important pour mettre de l'ambiance, des couleurs et de l'animation ». L'animation, il risque d'y en avoir. Le parcours continue et c'est de justesse que l'on évite une gerbe de flamme sortant de la bouche de deux jeunes. Les cracheurs de feu sont là et s'entraînent déjà pour mettre le feu aux manifestations de décembre.
Voilà pour l'ambiance de cette première journée.


Les journées de D14 sont internationales.

Elles étaient très attendues les délégations internationales, certaines sont déjà arrivées. Des délégations de France (Lyon et Bordeaux), d'Angleterre (Université du Sussex) et d'Allemagne (Dortmund et Bonn) ont rejoints les Journées Internationales de la Jeunesses au Vaartkapoen. Car la résistance à l'Europe est surtout une résistance internationale.

Julien Versteegh

Sukant Chandan, de l'Union des Etudiants de l'Université du Sussex a particulièrement été applaudi. D'emblée, il annonce la venue de 2 bus de l'Université du Sussex le 14 décembre à Bruxelles : « Je suis venus ici car j'habite un pays impérialiste dont le gouvernement travailliste soutien Israël et les frappes en Afghanistan ». L'Angleterre a récemment été le théâtre de violentes émeutes raciales à Bradford et à Leeds : « Il est important pour nous d'aller travailler dans les quartiers ouvriers, parmi la jeunesse ouvrière car pour l'instant ce sont les fascistes qui y travaille et qui sèment la division ».
René lui est de Dortmund en Allemagne. Il a déjà participé à quelques réunions de D14. Il représente le réseau européens EU Students qui appelle à une grève européenne des lycéens et étudiants et à la mobilisation pour le 14 décembre. Le réseau des étudiants européens s'élargit et vise à rassembler toutes les organisations étudiantes : « Nous avons déjà des contacts avec des groupes de Grèce, avec les plus grandes villes d'Espagne, avec l'université du Kent en Angleterre entre autre. En Allemagne même, nous organisons 2 jours de protestation les 11 et 12 décembre en vue de mobiliser pour Bruxelles le 14 décembre. Nous appelons les lycéens et étudiants européens à mener des actions locales les 11 et 12 décembre et d'organiser la mobilisation pour Bruxelles. L'Europe qui se construit est dangereuse pour l'enseignement. En effet, nous avons l'impression que la déclaration de Bologne s'inscrit dans le même cadre que la Accords du Gatts qui visent à privatiser les services publics. » En Allemagne, comme dans les autres pays d'Europe, le mouvement est en train de grandir et touche déjà Cologne, Brême, Dortmund... « A l'université, le mouvement commence à grandir depuis 1997 mais surtout après Seattle et Gênes. On attend de voir comment cela va se développer mais les signes avant coureur sont encourageants. En Autriche aussi, il y a eu de grandes mobilisations, notamment contre la guerre. La mobilisation pour Bruxelles s'y organise activement. ». La réseau des étudiants européens a également des contacts en Belgique : « Nous avons pris contact avec le VVS et la FEF, mais nous n'avons pas eu de réactions de leur part pour l'instant. Nous avons surtout des contacts avec des comités locaux des hautes écoles. On contact les organisations de bases pour qu'elles fassent pression sur les organisation nationale. » Leur démarche est similaire à D14 « La gauche en Allemagne est très divisée, mais nous essayons de les unifier autour de points d'accord commun comme la lutte contre la privatisation de l'enseignement ».

Cela bouge pas mal non plus en France. Julien et Nadège sont de Lyon est sont venus spécialement à Bruxelles, aux Journées Internationales, pour prendre contact et voir comment s'organise la logisitique en décembre. Et il y a de quoi, ils comptent envoyé 5 à 6 bus de Lyon, un beau monde en perspective qu'il faudra pouvoir loger. Ils sont membres du Collectif lyonnais après Gênes, prolongation du Collectif Gênes 2001 regroupant la LCR, ATTAC France, les MJS, la JCR... Pour eux, il s'agit de lutter contre « la construction d'une Europe libérale qui encourage les libéralisation économique, l'Europe des patrons. La commission européenne est un instrument de la mondialisation au même titre que le FMI ou la Banque Mondiale. Ce qui est principalement contesté par les Français, c'est le manque de démocratie, de transparence. Notre collectif se positionne pour une autre Europe. Le comité en tant que tel n'a pas encore de position centrale mais chacun y met du sien ». Julien : « Pour moi, l'Europe doit être basée sur la solidarité entre les peuple ». Nadège : « Pour ma part, je veut une Europe qui prenne clairement position contre le nucléaire, une Europe sociale pour tout le monde, où les droits sociaux sont garantis, une Europe solidaire du Tiers-Monde, pour l'annulation de la dette, une Europe anti-impérialiste qui peut véritablement faire un contrepoids aux Etats-Unis ». Pour eux la tâche n'est pas facile « dans une France où il n'y a plus vraiment de mouvement de gauche. Il y a bien un effet ATTAC, avec ses 30.000 membres, qui est une des rares organisations offensive, mais le mouvement est encore faible, cela n'a rien à voir avec l'Italie. La guerre a rendu les choses encore plus dure. Il y a une offensive du gouvernement contre les grèves dans les services publics, sous prétexte qu'il n'est pas correcte de faire grève en période de guerre. C'est très difficile de briser le front uni guerrier, d'autant plus que le PC soutien la politique américaine. Les verts c'est kif kif ». Pourtant les français goûtent déjà la note salée de la privatisation : « La question des services publics est à même d'interpeller les gens. Le gouvernement essaie de discréditer les services publics en disant que c'est trop lent, trop archaïque... ils espèrent de cette façon faire passer la privatisation. Mais d'un autre côté, les prix peuvent varier de 30% d'une commune à l'autre en fonction de la compagnie des eaux qui approvisionne telle ou telle commune. Dans les communes où l'eau est déjà privatisée, les prix ont augmenter de 40%. Même chose sur la question de l'enseignement. »

Bref, nous sommes tous dans la même galère, et ce n'est qu'ensemble que nous pourrons véritablement changer les choses et construire une Autre Europe.