Vincent DECROLY quitte le parti ECOLO mais continue son combat au Parlement by Vincent Decroly [posted by Zumbi] Saturday October 27, 2001 at 10:18 AM |
vincent.decroly@lachambre.be |
Le député Vincent Decroly a annoncé ce vendredi qu'il quittait son parti mais continuait à travailler au parlement belge. Voici l'argumentaire qu'il a remis hier à la presse.
La
semaine dernière, Vincent Decroly avait accordé une interview
en exclusivité à Indymedia/Alterecho, une interview où
il expliquait le pourquoi de son refus de voter en faveur de la Déclaration
de rentrée du Gouvernement et le pourquoi de son départ
de la majorité arc-en-ciel. Vincent
DECROLY Bruxelles,
le 26 octobre 2001. " Il
y a plein de façons de changer de majorité. " Si
vous avez la possibilité d’admirer l’arc-en-ciel, CONFERENCE
DE PRESSE
Rétroactes Le gouvernement
VERHOFSTADT éloigne notre société des objectifs du
Programme d’ECOLO au lieu de l’en rapprocher. Retour sur les conditions
auxquelles la participation a été décidée
par l’AG d’Ecolo et sur l’évaluation intermédiaire très
critique de décembre 2000 par cette même AG. Deux exemples
flagrants d’actes politiques aux antipodes des objectifs et principes
programmatiques sur lesquels les parlementaires verts ont été
élus, et quelques réflexions sur la contamination des Verts
par les logiques dominantes du système politique Conclusions :
une rupture (je quitte Ecolo) et la continuité (mon travail va
se poursuivre jusqu’à la fin de ce dernier mandat au Parlement
et en dehors, avec le Programme sur lequel les Verts ont été
élus pour référence). Je reviendrai peut-être
à Ecolo quand Ecolo sera revenu (vraiment) à l’Ecologie
politique. Rétroactes Suite
à la déclaration de rentrée du Premier ministre,
M. Guy Verhofstadt, au Parlement fédéral, j'ai décidé
de ne plus soutenir la politique de son gouvernement pour me consacrer
au soutien exclusif du Programme sur lequel nous avons été
élus, les parlementaires Ecolo et moi-même. Les parlementaires
Ecolo sont élus pour faire progresser notre société
vers des objectifs choisis par les citoyens. Le Programme des écologistes,
l'un des plus ambitieux sur lequel un député ait jamais
été délégué dans les institutions démocratiques,
n'est évidemment pas réalisable en une législature.
Et la démocratie exige des compromis. Mais elle exige aussi rigueur
et lucidité : il y a des compromis qui nous tirent vers le haut,
il y en a aussi qui nous tirent vers le bas. Notre démocratie
souffre de ces situations où des candidats disent "blanc" avant
l'élection, passent un accord de formation du gouvernement "gris",
mais finissent par accepter des réformes "noires", une fois scellées
les alliances... et verrouillés les débats. Oui donc
aux compromis, même modestes du point de vue des Verts, dont
aurait pu être fait le texte du Premier ministre (consultable sur
www.fgov.be). Mais en
l'écoutant attentivement, en superposant ce qui a déjà
été concédé depuis deux ans et ce que le gouvernement
aurait voulu me faire admettre pour 2001-2002, il m'est apparu très
clairement que l'an prochain, notre société ne sera pas
plus proche, mais plus éloignée du Programme sur lequel
les Verts ont été élus. Sur le développement
durable et la qualité de la vie, la fiscalité, la réduction
des inégalités, les affaires étrangères, la
justice, la tolérance vis-à-vis des étrangers, la
prévention des drogues, les droits de l'enfant et des plus vulnérables,
l'humanisation de notre société, le renouveau politique...
les compromis présentés comme équilibrés
cachent en réalité plus, bien plus de reculs que d'avancées. Je ne reconnais
pas aux autres démocrates du Parlement où je siège
le droit d'exécuter leur programme en force, au détriment
quasi systématique de celui sur lequel les électeurs ont
confié une victoire sans précédent à Ecolo
le 13 juin 1999. Je resterai
donc, quoi qu'il advienne, un parlementaire fidèle au Programme
d'Ecolo et un adversaire acharné de celles et ceux qui cherchent
à imposer des propositions radicalement contraires, au mépris
de l'intérêt général. Pour faire progresser
ce Programme-là, je poursuivrai mon travail au Parlement et en
dehors jusqu'à la fin de ce dernier mandat, avec celles et ceux
qui seront d'accord de se battre dans le même but. Et c'est par
rapport à ce Programme que je déterminerai mes votes. Si
la majorité constructive débouche sur un projet à
ce point affligeant pour l'année qui s'ouvre, alors il faut passer
à l'opposition constructive : appuyer ce qui va dans le bon
sens, rejeter ce qui va dans le mauvais. La responsabilité
confiée à chaque élu est trop importante : il ne
peut la diluer dans cette discipline stérile que finit toujours
par sécréter le pouvoir comme fin en soi, plutôt que
comme instrument d'un authentique changement. Exclu du
groupe parlementaire au terme d’une procédure digne du snelrecht
(expéditive, unilatérale et fondée sur un mensonge
), condamné en des termes relevant de la plus pure langue de bois
(exclusion du groupe parlementaire, mais pas d’Ecolo), mal entendu par
le Conseil de fédération d’Ecolo vendredi dernier - qui
n’a pas voulu ou osé annuler ni même suspendre la décision
du groupe parlementaire et a opté, sous la pression de l’appareil,
en faveur d’un encommissionnement hypocrite, je suis donc devenu en quelques
jours un parlementaire sans groupe politique, c’est-à-dire un élu
sans droit de vote en commissions parlementaires (où je n’ai jamais
démérité), sans soutien d’expertise, sans moyens
techniques, bref un oiseau sans aile ni pattes. Ne prolongeons
pas inutilement l’ambiguïté. Si un programme est une bible
(car principal référent stable entre les citoyens et leurs
élus), un parti n’est pas une église. Pour plus d’efficacité
et de clarté, je poursuivrai hors d’Ecolo mon travail de militant
et de parlementaire. J’ai été
élu sur un Programme que je refuse de ne considérer que
comme un élément d’évaluation " parmi d’autres "
des avancées et reculs de l’arc-en-ciel. Je ne peux plus longtemps
rester membre d’un parti qui bâillonne l’un de ses élus pour
la seule raison que, défendant le Programme de ce parti à
la tribune du Parlement, il n’aurait pas respecté l’espèce
de " chaîne de commandement " et d’organigramme parallèle
qui prévaut depuis plusieurs mois sur toute forme de débat
collectif, démocratique et tolérant. Et qui, confronté
à une question politique de fond, se comporte comme s’il s’agissait
d’un problème de type relationnel ou psychologique entre une personne
individuelle, stigmatisée de multiples déviances psychiques
((individualisme, etc.) et son organisation. Le gouvernement
VERHOFSTADT éloigne
notre société des objectifs du Programme d’ECOLO au lieu
de l’en rapprocher. Le 10 juillet
1999, à l’Assemblée générale réunie
à Louvain-la-Neuve, le programme de la coalition arc-en-ciel pour
le gouvernement fédéral est, de tous ceux qui sont présentés
ce jour-là, celui qui rencontre l’adhésion la plus mitigée
des militants d’ECOLO. Prononcée
à la tribune, ce jour-là, la formule qui résume le
mieux l’état d’esprit général – partagé tant
par les " enthousiastes " que par les " réservés "
- tient en un paradoxe : " ECOLO a gagné les
élections, mais a perdu les négociations ".
Ce qui arrache finalement le vote favorable de près de 2/3 des
participants, c’est l’affirmation haut et clair, par plusieurs des rapporteurs,
de deux principes. C’est donc
" en ordre de bataille " que nous sommes entrés
dans une majorité où nous avons d’emblée annoncé
que nous nous battrions pour faire entendre les priorités de notre
Programme et faire appliquer celles que nous étions parvenus à
" injecter " dans la déclaration gouvernementale
(" La voie vers le 21ème siècle "
- cfr www.fgov.be). * *
Au vu de
la tonalité et du contenu de la déclaration de rentrée
du Premier ministre, le 9 octobre, à la Chambre, force est de constater
(comme l’ont fait l’ensemble des députés ECOLO présents
à la réunion d’évaluation en groupe parlementaire
tenue ce soir-là) Il y a
évidemment de bonnes décisions parmi celles que le gouvernement
dit vouloir prendre en 2001-2002 dans le domaine de la lutte contre
les exclusions. Y a-t-il un gouvernement au monde qui ne prend pas,
de temps en temps, des réformes valables ?! Mais en l’occurrence,
ces mesures positives (en faveur desquelles je voterai) sont largement
dominée par les pas, voire les pas de géant dans le mauvais
sens. Comme plusieurs
observateurs économiques ou médiatiques, l’AG d’ECOLO
tenue le 17 décembre 2000, au terme des 18 premiers mois d’arc-en-ciel,
disait déjà : " Bref,
ne le cachons pas : l’arc-en-ciel, surtout fédéral,
est pour le moment à dominante bleue. Au-delà d’un bilan
en forme de catalogue, il faut relever notamment que sur la question
centrale de la redistribution des richesses et des transferts de revenus,
le gouvernement fédéral n’a pas su infléchir la
dérive inégalitaire mise en branle par les gouvernements
précédents. Fondamentalement, la direction néo-libérale
de la politique gouvernementale s’est trouvée renforcée,
même si la présence des Verts en a atténué
les effets les plus négatifs. " Comment
cette Assemblée générale, déjà si
nette il y a un an, aurait-elle évalué la déclaration
de rentrée de M. VERHOFSTADT, cuvée 2001, les 9 et 11
octobre ? Le moins
qu’on puisse en dire est " que le gouvernement en remet une
couche bleue ", bien au-delà de tout ce qui a déjà
pu être imposé au cours de la première moitié
de la législature… * * La Commission
européenne estime qu’1,5 à 2 millions de Belges (adultes
et mineurs d’âge) vivent en situation de précarité
ou de pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 60% du revenu
moyen, soit moins de 32.000 FB/mois pour un isolé ou moins de
66.000 FB/mois pour un couple avec deux enfants. C’est au
profit de ces personnes en souffrance sociale profonde qu’aurait
dû s’amorcer, en priorité et en urgence, une stratégie
enfin volontariste de lutte contre l’exclusion sociale et contre l’appauvrissement.
Mais celles-là ne bénéficieront pas ou ne bénéficieront
qu’à la marge de la réforme fiscale. Alors que l’Etat
continue à vivre sur 700 milliards de FB d’arriérés
fiscaux. Le cœur
de la réforme fiscale aura pour bénéficiaires non
pas les plus démunis, mais la classe moyenne. C’est surtout à
elle que profiteront le plus des mesures comme le décumul, la
neutralisation de la pression fiscale par rapport aux choix de vie,
ou encore l’augmentation des frais professionnels forfaitaires. Aux plus
pauvres, on consent quelques miettes en 2002, tout en précisant
d’emblée qu’elles ne resteront disponibles en 2003 que " si
la situation économique le permet " (p. 8 du texte
prononcé par Guy VERHOFSTADT) ! Le sort
préparé aux personnes minimexées en est un exemple
frappant : 4% d’augmentation, soit moins de 10.000 FB supplémentaires
par an. Des cacahuètes ! Et aucune liaison de ces allocations
et de leur plafond au bien-être. Ce " bien-être "
résulte de l’indexation (garantie à tous), mais aussi
de hausses salariales acquises hors-indexation (par exemple par convention
collective de travail). Il en découlera inexorablement un décrochage
accru des revenus des allocataires sociaux par rapport à ceux
des actifs. La liaison
des plafonds d’allocations sociales au bien-être est refusée
également par le gouvernement. Aujourd’hui, on sait que 85 %
des allocations sont au niveau plancher. Le principe de l’assurance
(en vertu duquel ce à quoi on peut prétendre comme revenu
de remplacement est proportionné à ce que l’on a versé
comme cotisations, c’est-à-dire au salaire antérieurement
perçu) est battui en brèche au profit d’un principe d’assistance. Le gros
lot fiscal, ce sont les plus riches qui le décrochent, avec la
suppression des deux taux maximaux d’imposition (abolition des taxations
à 55 et 52,5% respectivement), qui représente pour ces
heureux gagnants un bonus annuel pouvant aisément atteindre plusieurs
dizaines de milliers de francs ! Un autre
outil essentiel de lutte contre l’exclusion et d’insertion réside
dans les services publics. Des services publics efficaces pourraient
en effet garantir à tout citoyen, quelle que soit sa situation
économique, l’exercice de ses droits fondamentaux en matière
de mobilité et de communication, d’énergie, etc. Aucun coup
d’arrêt significatif n’a été donné aux démantèlements
en cours des services publics, démantèlement qui s’accentue
depuis plusieurs années sous la houlette (toujours) des Socialistes
et Sociaux-chrétiens au plan européen et (désormais)
des Libéraux au plan national. Leur restructuration sur base
de modèles et de cadres supérieurs importés du
secteur privé (réforme Copernic) est lancée. Comme un
chœur de pleureuses, le Parlement belge se cantonne à l’adoption
de " résolutions " (un mode d’expression
parlementaire relativement mineur) pâteuses sur le service universel
en matière de télécommunications et de postes,
ou sur la quatrième conférence ministérielle de
l’O.M.C. à Doha (Qatar)… Dans le même temps, les mêmes
continuent à voter la confiance après les discours et
les actes musclés de M. VERHOFSTADT qui vont exactement en sens
inverse. Car le gouvernement a explicitement refusé que la Belgique
rallie la cause de nombreux PVD qui, pour protéger leurs propres
services publics, demandent le report du nouveau round de négociations
commerciales prévu dans trois semaines au Qatar. Dans le
domaine de la réduction du temps de travail, pas grand
chose en vue : en tout cas pas de réduction collective,
ni de réduction contraignante pour les employeurs. Même
point d’interrogation quant aux projets un moment évoqués
de " semaine des quatre jours ". Par contre,
le slogan éculé selon lequel " les profits d’aujourd’hui
sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain "
a la vie dure. En dépit des multiples démonstrations du
caractère fallacieux de ce triptyque, des réductions de
cotisations sociales sans condition d’embauche compensatoire ont été
accordées l’an passé aux employeurs, pour un montant de
50 milliards. Et pour la première fois, a été rompu
le lien jusqu’ici exigé entre la réduction des charges
sociales des employeurs et l’obligation d’embaucher en compensation
de celle-ci. L’Etat
social actif est un instrument de déresponsabilisation de
l’Etat et de culpabilisation des personnes exclues. On ne se bat plus
pour supprimer la pauvreté, on l’encadre par diverses mesures
publiques (réforme du minimex) ou privées (délégation
à des associations et au secteur non gouvernemental). Au XXIème
siècle, c’est le retour aux classes dangereuses du XIXème :
la méfiance vis-à-vis des pauvres est omniprésente,
couplée à un paternalisme qui revient au galop. Mais donnons
enfin un vrai revenu (c’est-à-dire leur dignité) à
ces personnes et, si nous répartissons le temps de travail, elles
trouveront un emploi ! Au lieu
de cela, la pression s’accentue sur ceux qui n’ont pas d’emploi, mais
aussi sur ceux qui travaillent, soumis à un surcroît de
stress et à des exigences de flexibilité de plus en plus
grandes. Voir les chiffres publiés par le Soir du 25 octobre :
1 salarié sur 5 travaille le dimanche, 1 sur 3 le samedi, 1 sur
3 le soir, 1 sur 7 la nuit ; plus d’1 sur 4 souffre de stress…
Le service
public du placement se voit mis progressivement sur pied d’égalité
avec les agences privées d’interim, dans un contexte où
le travail intérimaire tend à devenir, pour un nombre
de travailleurs en pleine explosion, un nouveau sous-statut non plus
temporaire, mais à durée indéterminée. Parmi les
mesures fiscales du gouvernement, trop nombreuses sont celles qui auront
dans les faits une incidence anti-redistributive, c’est-à-dire
accroissant les inégalités : le soutien de l’Etat
aux régimes de pension extra-légaux, la suppression de
la cotisation complémentaire de crise ou la réduction
de la fiscalité immobilière (qui bénéficie
aux propriétaires de logements) en sont des exemples. La plupart
des mesures fiscales et sociales annoncées depuis le début
de l’arc-en-ciel sont surtout profitables aux revenus moyens et hauts.
Elles ne touchent que " par hasard " (quand elles
les touchent) les couches les moins riches de la population (les personnes
minimexées, les petits pensionnés et les chômeurs,
en particulier les chômeurs âgés de longue durée,
qui sont le plus en difficulté pour se réinsérer
et m’ont toujours pas le statut VIPO). Tout se passe comme si la réduction
de la pression fiscale sur les petits et moyens revenus du travail avait
pour fonction de faciliter le maintien du blocage des salaires exigé
par la norme de compétitivité. L’objectif du gouvernement
n’est pas de redistribuer, il est d’assurer une soupape de sûreté
vis-à-vis de celles et ceux que le blocage des salaires pourrait
détourner de l’arc-en-ciel. En contre-point,
la détaxation des revenus les plus hauts et le " ruling "
annoncé (inspiré d’une expérience hollandaise caractérisée
par l’opacité et la difficulté de contrôler démocratiquement
les transactions passées sous ce régime entre le fisc
et de grosses entreprises) profitent aux plus riches. Il manque
de l’argent au Trésor public pour des politiques vraiment redistributives ?
Mais où sont passés des points du Programme d’ECOLO (et
du PS) comme la résorption de l’arriéré fiscal,
l’impôt sur les grosses fortunes, le cadastre des patrimoines,
la taxation des plus-values boursières, la lutte contre l’abus
de secret bancaire (cfr l’Appel des Six Cents, sur lequel
se sont engagés tous les parlementaires verts et rouges) ?
Où sont, au moins, de petits pas significatifs dans ces bonnes
directions-là ? 2. L’appui
des Verts, au gouvernement et au Parlement, aux bombardements contre
l’Afghanistan Il ne fait
aucun doute qu’une solidarité politique sans faille devait s’exprimer
au lendemain des attentats du 11 septembre vis-à-vis des USA. Mais le
dérapage vers la solidarité avec une opération
de représailles militaires indifférenciée s’est
opéré très rapidement au sein du gouvernement,
les ministres verts mettant leurs partis et groupes parlementaires devant
le fait accompli. Sans protestation aucune des partis. Le forcing
auquel ils avaient été contraints de céder une
nouvelle fois au sein de l’arc-en-ciel a été maquillé
par l’énoncé incantatoire de " conditions "
dont nul ne pouvait ignorer, après la Guerre du Golfe notamment,
qu’elles ne seraient pas, qu’elles ne pourraient techniquement, militairement
et politiquement pas être respectées. Car ce
sont les mêmes discours, ceux de la Guerre du Golfe, qui fleurissaient
déjà au Pentagone et au sein de l’OTAN : la guerre
propre, ciblée, chirurgicale, limitée à des objectifs
militaires contrôlés par les terroristes, avec en prime
le largage d’aide humanitaire aux populations asservies... L’escalade
actuelle était malheureusement tout à fait prévisible,
de même que l’usage d’armes spéciales – le recours aux
armes à fragmentation rappelle le recours à des armes
à uranium appauvri en ex-Yougoslavie. Prévisible
aussi, l’effet désastreux sur le monde arabo-musulman, dont une
partie est en train de glisser vers le camp des fondamentalistes, et
la déstabilisation en cours de l’une des poudrières de
la planète – cette région du Pakistan et de l’Inde, où
prolifèrent dissensions ethniques, affrontements religieux et
armes nucléaires. La responsabilité
du gouvernement belge, qui préside l’Union européenne,
est écrasante sur ces plans. Par des discours totalement inappropriés,
des actes de soutien réaffirmés (comme récemment
à Gand) aux Etats-Unis, l’arc-en-ciel déçoit. Où
est le parler vrai et l’agir vrai du Ministre des Affaires étrangères ? Dans ce
contexte, ECOLO et AGALEV font ce que tous les partis traditionnels
font : ils jouent sur tous les tableaux dans le plus pur style
du double, voire du triple langage selon qu’on se trouve au gouvernement,
au parlement, ou devant les militants ou la presse : au gouvernement
on dit et on fait " oui (avec un petit "si "),
au Parlement on dit et on fait " oui " (avec un
grand " mais ") et dans la rue, on dit " non "
(on défile avec les pacifistes sous le mot d’ordre " non
aux bombardements américains "). Les deux
champs politiques que je viens d’illustrer – la problématique de
l’accroissement des inégalités et celle du soutien des Verts
et du gouvernement à la guerre contre l’Afghanistan – illustrent
à quel point les travers si souvent diagnostiqués hier par
les Verts vis-à-vis de leurs alliés d’aujourd’hui au gouvernement
sont en train de déteindre sur eux. Avec une rapidité déconcertante. La mesure
d’exclusion du groupe parlementaire dont je suis frappé est elle-même
la traduction d’une inversion complète des termes de l’éthique
politique à laquelle j’ai toujours cru et que je continuerai,
pour ma part, à appliquer : Le pouvoir
est en train de devenir pour les Verts une fin en soi et non plus
l’instrument d’un authentique changement. La culture politique des Verts
sous-estime complètement l’utilité de l’opposition parlementaire
comme méthode qu’il faut parfois avoir le courage de reprendre
(en dépit, par exemple, de l’efficacité récente du
PSC lors des négociations de la Saint-Polycarpe, depuis l’opposition
et malgré son délabrement actuel). Elle survalorise par
contre les avantages de positions ministérielles dont on ne peut
que constater désormais qu’elles entretiennent et accompagnent
la tendance lourde néo-libérale bien plus qu’elles ne l’inversent. L’évolution
interne d’ECOLO comme appareil et comme mouvement politiques est hélas
superposable à cette inversion des valeurs. Un parti
qui prône la revalorisation de l’action parlementaire cautionne
depuis deux ans le principe du contrôle du Parlement par
(et non sur) l’Exécutif, en contradiction formelle avec les règles
constitutionnelles. Un parti
qui prône l’ouverture, la tolérance et l’insertion tout en
soutenant ici ou là des actions de désobéissance
civile (Collectif sans tickets, Collectif contre les expulsions …) résout
un conflit avec l’un de ses parlementaires en le castrant de toute faculté
d’intervention politique (plus de droit de vote en commission, par exemple),
sans assumer dans aucune instance le risque que constitue la confrontation
de son Programme aux failles de son action gouvernementale. L’incohérence
devient la règle, tout comme la justification par l’absurde (" Sans
nous, ce serait pire ", " Ce sont les Socialistes,
insuffisamment solidaires, qui portent la responsabilité des échecs
du gouvernement… ") Le groupe
parlementaire est " écoeuré " par
la déclaration du Premier Ministre, mais il vote finalement " pour ".
Le Secrétariat
fédéral devrait conduire l’arbitrage du "probl ème "
que constituerait ma contribution aux débats du 11 octobre et mon
vote négatif, mais il se mêle immédiatement au conflit
sur des bases autoritaristes. Le Conseil
de fédération diffère encore une fois le débat
de fond et encommissionne. La communication
l’emporte une nouvelle fois sur la vérité et la clarté.
Comme souvent ces derniers mois, tout est affirmé dans le même
message, et son contraire : " des écoutes téléphoniques
proactives… respectueuse des droits des personnes de ne pas être
soupçonnées indûment ", " des
bombardements… sans dégâts collatéraux "
… et, depuis le 18 octobre, " un député exclu
du groupe parlementaire … mais toujours membre du parti " ! Tout est
investi dans des procédures, rien dans la vérité
du débat et la clarté des enjeux : si je suis " encommissioné ",
c’est parce que l’évaluation des participations gouvernementales
a elle aussi été parcellisée, cloisonnée,
saucissonée : on dépolitise un enjeu en l’abandonnant
à des experts dans le contexte d’une procédure lourde et
anti-participative, dont l’aboutissement est toujours reporté à
plus tard (lorsque l’enjeu proprement politique et démocratique
aura disparu, évidemment). ECOLO
rappelle la valeur du " collectif " au moment de m’exclure
du groupe parlementaire, mais a démissionné depuis plusieurs
mois sur l’enjeu essentiel de la défense des intérêts
collectifs supérieurs et du bien commun contre les logiques marchandes
qui déterminent la plupart des choix stratégiques de l’équipe
Verhofstadt. Conclusions Si nous
sommes, comme cela s’est beaucoup dit à Ecolo ces derniers
temps, " d’accord sur le fond ", nous pourrons
peut-être un jour nous rejoindre… à condition que le
retour d’Ecolo à ses valeurs et à ses méthodes
fondatrices ne soit pas, par exemple à la veille d’une campagne
électorale, un commode ravalement de façade.
Ecoutez cette interview: >>>
Lisez l'intervention de V. Decroly à la Chambre: >>>
Député
Palais de la Nation
1008 Bruxelles
Tél. : 02/549 89 09 (B)
02/216 00 58 (P)
Fax : 02/549 87 98
E-Mail : vincent.decroly@lachambre.be
Et
une seule de changer de politique "
[Insertion
publicitaire d’Ecolo au cours de la Campagne électorale de 1999
dans le Journal du Mardi]
c’est
parce que nous, nous prenons la pluie. "
[Extrait d'une lettre d'un électeur écolo
du 13 juin 1999]
Plan
et résumé
Au-delà de ce qui était anticipable, on assiste à
une nouvelle dégradation, plus grave que dans les pires scénari
envisagés , du conflit israélo-palestinien.
Moet je zien hoe De Morgen & De Standaard Decroly & Ecolo voorstellen by jpe Saturday October 27, 2001 at 10:14 PM |
mediadoc.diva@skynet.be |
Ik heb bovenstaande tekst nog niet gelezen, maar wil wel al even wijzen op hoe De Morgen het vertrek van Decroly voorstelt.
Op pagina 5 staat van DM van 26/10 staat bovenaan de 'positieve titel' 'PS en VLD in paars vredespact' en daaronder de toch wel 'negatieve titel' "Afrekening binnen het groene milieu". Beide titels geven al aan waar de sympathie van De Morgen ligt.
Decroly zelf wordt afgeschilderd als "een dissident die het vuurtje nog wat aanwakkert", als iemand met "demagogisch talent", die "drommels goed weet dat een mens niet veel meer zout in een wonde kan strooien", die "niet met zijn eigen persoonlijkheid indruk maakte" enzoverder ... Is dit journalistiek (de auteur van het stuk is ene Bart Eeckhout) of een operatie beschadiging ?
O ja, tussendoor wordt vermeld waarom Decroly opstapt: omdat hij "het sociaal-economisch beleid van de regering Verhofstadt veel te 'neoliberaal' vindt". Punt.
Het artikel is ook niet mals voor Ecolo (dat zich "kwetsbaar opstelt" door linkser dan de PS te willen zijn) en zeker voor het radicale deel van de Ecolo-basis. Dat deel wordt als zeer moéilijk omschreven, als een groep "die vanaf de eerste dag in de regering tegen de muur van de Westraat aangeknald is" ... Ecolo mist ook een "sterk partijleiderschap dat de frustratie zou kunnen wegmasseren" (Brinckman houdt blijkbaar van sterke leiders, je zou van een journalist anders mogen verwachten.)
Het stuk deed me terugdenken aan een artikel dat ik hier nog rondslingeren had en dat op donderdag 6 september in De Standaard verscheen, die andere Vlaamse kwaliteitskrant.
Daarin verklaart JC van Cauwenberghe dat hij "medelijden heeft met de Ecolo-ministers, zij worden permanent door hun partij-instanties in de rug geschoten". Een uitspraak die De Standaard natuurlijk als grote tussentitel plaatste.
Het lijkt wel een constante in de Vlaamse pers, dat Ecolo voorgesteld wordt als een onbetrouwbare bende. Tijd om op de Indymedia-site eens wat meer te praten over wat de Ecolo-basis zelf er van denkt. (Sorry dat ik dit in het Nederlands schreef, anders zou het te lang duren, maar als goede Belgen verstaan we elkanders taal hé.)