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Histoire vécue: Perturbation policière au marché Barra
by dpestieau@wol.be Sunday October 21, 2001 at 03:54 PM

Ce midi, « mon » marché Barra a été perturbé gravement. L'ordre public a été menacé et je suis revenu tremblant de rage chez moi. Par qui ? Par quoi ? Lisez cette histoire et vous comprendrez.

Comme chaque dimanche, je suis allé ce matin acheter mes fruits et légumes au marché Barra à Bruxelles. C'est une « corvée » que je fais toujours avec plaisir. La variété des produits venus du monde entier, les marchands qui crient les prix de leurs légumes « pas chers », les familles qui achètent des caisses entières de fruits ou les promeneurs du dimanche midi pas encore très réveillés créent une ambiance agréable et tranquille.
Mais ce midi, « mon » marché a été perturbé gravement. L'ordre public a été menacé et je suis revenu tremblant de rage chez moi. Par qui ? Par quoi ? Lisez cette histoire et vous comprendrez.

« Mais que faites-vous ? Ce sont des êtres humains, ils travaillent honnêtement, laissez-les tranquille »

Donc, me voilà, avec ma salade, mes raisins, mes mandarines devant les échoppes favorites de mon épicier favori. La patronne nous vient de la Flandre et ses employés sont pour la plupart des gars d'ici, de Bruxelles, d'origine marocaine. Ahmed, qui me sert chaque semaine, semble préoccupé. Dans son dos, huit policiers en civil font un contrôle serré de tous les gens qui se trouvent derrière l'échoppe. Trois gars sont interpellés :ils n'auraient pas de papier, semble-t-il et d'après les pandores travailleraient illégalement. Une femme interpelle les policiers : « Mais que faites-vous ? Ce sont des êtres humains, ils travaillent honnêtement, laissez-les tranquille ». Une autre raconte : « Laissez-les travailler. Vous voulez les pousser à voler ou quoi ? ». L'incompréhension face à cette « descente » est palpable. Choqué, j'interpelle aussi les policiers : « Pourquoi venez-vous ennuyer les gens au marché ? Tout se passe bien » Et puis en guise de boutade, voyant que 6 des 8 policiers ont les mains croisés, je leur lance : « servez-nous, puisque vous n'avez rien à faire » Ce qui fait sourire les passants. Ce n'est pas du goût de leur chef qui me réplique très fortement : « Mais nous faisons notre travail. Madame engage des gens en noir, il s'agit de traite d'êtres humains ». Mon sang ne fait qu'un tour et je lui réplique : « Mais occupez-vous des vrais responsables de ce « trafic » mais n'embêtez pas de simples marchands de tomates ». Un policier m'interpelle alors et exige de voir mes papiers, prétextant un outrage à policier et m'annonçant un PV salé. Il m'empoigne et veut m'arrêter, je lui passe finalement mes papiers.

Ils se mettent à trois sur lui, lui faisant une clé de bras et en lui tapant dessus

Mais il y a beaucoup plus grave que cette petite altercation. Un des arrêtés refuse d'être emmené avec des menottes. Il n'a rien fait de mal. Mais les policiers, en Starsky et Hutch, l'oblige à le faire. Ils se mettent à trois sur lui, lui faisant une clé de bras et lui tapant dessus. Il tombe évanoui. Une centaine de gens amassé crie leur rage : « Arrêtez, il n'a rien fait, pourquoi vous en prenez-vous un Arabe comme ça ? ». Quelqu'un lance : « policier, vous êtes des terroristes ». Un cri est repris par certains : « pas de menottes ». Des raisins et des menottes volent sur les policiers. C'est la cohue.
Finalement les policiers sont obligés d'enlever les menottes car l'homme est au sol inconscient. On attend en vain une ambulance, l'hôpital St-Pierre n'est pourtant distant que de 5 minutes. Par contre, des policiers arrivent en renfort car « l'ordre public est menacé ». Un type leur lance : « Vous vous cachez quand il y a des hold-ups à main armé mais ici vous êtes bien là ».
Le policier, auteur de la clé de bras, prétend à qui veut l'entendre que l'homme arrêté s'est laissé tomber. Quelqu'un dans la foule a été acheté un appareil photo jetable et vient se placer pour photographier la victime qui gît au sol, les yeux fermés (visiblement, on lui a lancé un gaz paralysant). Mais un policier se met devant pour empêcher de faire une photo. « Vous voulez encore cacher vos méfaits » s'écrie un autre. Finalement, il réussira à faire des photos. Un deux « sans-papiers » lève sa main menotté vers le haut et commence un discours : « Je ne suis pas un criminel, je n'ai pas de papiers c'est tout ! ». Mais les policiers le font taire.
La famille de la victime au sol arrive en courant avec les papiers de ce jeune homme. Ainsi, même la raison « légale » de l'arrestation tombe. Deux brancardiers arrivent et se disputent avec les policiers cherchant à leur donner des instructions : « ne nous apprenez à faire notre métier » s'exclame un des ambulanciers.
Plusieurs personnes se proposent pour porter plainte contre l'attitude de la police. Deux personnes se proposent comme témoin si j'ai des problèmes avec mon fameux PV.
Je rentre à la maison avec un double sentiment. Un terrible sentiment d'injustice m'envahit: deux sans –papiers vont grossir les rangs d'un centre fermé ou autre lieu de détention. Un homme s'est fait tabassé sans raison.
Mais j'ai aussi l'impression que de plus en plus de gens ne se laissent plus faire. Il est fini le temps où la police intervient sans que les gens ne réagissent, particulièrement la population d'origine immigrée. Chacun fait falloir ses droits.

Et puis je ressens encore plus l'incroyable mensonge de la politique gouvernementale qui prétend combattre la traite des êtres humains au nom de l'humanisme.
Ce qui s'est passé dimanche montre plutôt qu'ils empêchent de simples travailleurs à gagner leur croûte. Qu'ils prennent prétexte de la lutte contre « le trafic d'êtres humains » pour semer un climat de répression et de terreur dans des endroits publics comme les marchés.
Les vrais responsables du trafic d'êtres humains sont ceux qui maintiennent dans l'illégalité des dizaines de milliers de travailleurs en Belgique.

David Pestieau
Dimanche 21 octobre 2001, 15h30.

Soyons réaliste !
by revolution Sunday October 21, 2001 at 10:05 PM

Il faudra un jour en venir aux armes pour lutter contre ce système de plus en plus oppressseur !!!
Il n'y a plus de justice, l'argent contrôle le monde.