arch/ive/ief (2000 - 2005)

Le terrorisme est une maladie essentielle du système
by Juan Domingo Tuesday September 25, 2001 at 10:16 AM
tsanchez@be.packardbell.org Bruxelles

Bin Laden et compagnie sont donc des créatures ou plutôt une maladie essentielle du système. Pour la combattre celui-ci devrait détruire ses propres pilliers, en contrôlant les mouvements de capitaux et en détruisant des alliances politiques et économiques qui le soutiennent (Arabie,Pakistan, Emirats, les Taliban eux-mêmes...)


Le terrorisme est une maladie essentielle du système
Quelques réflexions sur les attentats:

1. Les auteurs des attentats étaient tous des membres des élites arabes(brevets d'aviation, études universitaires en Allemagne ou aux USA). Ils n'ont aucunement agi dans l'intérêt des déshérités, quoiqu'ils l'aient fait en
leur nom: comme toutes les élites qui aspirent à devenir classe dominante,Bin Laden, le réseau Al Qaida etc. doivent obtenir la faveur d'un secteur significatif de la population. A celà le Coran ne suffit pas.
2. C'est bien pour ça qu'ils ont frappé les centres du pouvoir économique et du pouvoir militaire américains. Pour les masses arabes ( non seulement irakiennes et palestiniennes), ce sont -pour des raisons que chacun comprend-des objets de haine.
3. Ce faisant, ils ont escompté la réaction américaine qui a consisté à obliger des Etats islamiques, voire islamistes (Arabie saoudite, Pakistan,émirats) qui jouaient l'ambigüité entre l'Islam et l'alliance avec les USA
de choisir leur camp. Ce choix est pour ces régimes de base religieuse, mais alliés des USA un choix douloureux et surtout périlleux. S'ils gardent leur précieux allié extérieur, ils perdent les masses et inversément.
4. Cette crise de légitimité permet le remplacement d'une élite "modérée" par une élite islamiste qui ne remet aucunement en question l'ordre néolibéral ni même la domination américaine (voir les déclarations de Bin
Laden à CNN), mais conteste le monopole du pouvoir exercé par les monarchies pétrolières. A l'instar de la révolution islamique iranienne qui n'a aucunement remis en question le capitalisme, Bin Laden et son réseau veulent s'appuyer sur les masses pour déplacer les monarchies corrompues et les
remplacer par une république théocratique.
5. Il ne faut donc pas se leurrer: si les attentats ont frappé des symboles du pouvoir américain, leur but n'est aucunement de l'ébranler, entre autres choses parce qu'il n'existe plus de pouvoir autonome américain dans le
contexte de la mondialisation. Le seul enjeu des attentats est un enjeu régional propre au monde islamique: il s'agit de déterminer qui va désormais assurer la gouvernance néolibérale dans la région.
6. Les perpétrateurs des attentats sont vraisemblablement des hommes du réseau Bin Laden formé par la CIA et les services secrets pakistanais pour combattre (par des moyens terroristes) le régime pro-soviétique afghan. Ils
sont ainsi reliés à une de leurs cibles: le Pentagone. Ils obtiennent leurs fonds de la spéculation financière et profitent de la libéralisation tous azimuts des mouvements de capitaux (imposée par les USA au monde entier pour
financer leur dette publique et leur énorme endettement privé au moyen de la bulle financière). Ils ne sont donc pas étrangers aux Tours jumelles ni à Wall Street.
7. Bin Laden et compagnie sont donc des créatures ou plutôt une maladie essentielle du système. Pour la combattre celui-ci devrait détruire ses propres pilliers, en contrôlant les mouvements de capitaux et en détruisant des alliances politiques et économiques qui le soutiennent (Arabie,
Pakistan, Emirats, les Taliban eux-mêmes...). Ce faisant, il perdrait une grande partie de son pouvoir économique et de sa force militaire. Dans une grande mesure, le risque est la condition d'existence du capitalisme globalisé (Giddens dixit): le maintien de ce régime suppose non seulement davantage de misère dans le Tiers-monde et parmi les couches défavorisées du centre, mais l'insécurité partout. A force de fabriquer des Palestiniens
dans toute la planète on finit par vivre dans l'insécurité permanente comme les Israéliens.
8. Les peuples du monde entier ont donc été frappés à NY et à Washington ce 11 septembre 2001 par une faction néolibérale extrémiste. La guerre qui couve aux quatre coins du monde s'est finalement globalisée: Manhattan
ressemble à Ramallah. La faction au pouvoir aux USA s'apprête à en toucher les dividendes politiques de cet état de guerre après en avoir empoché les dividendes boursiers comme d'ailleurs le propre Bin Laden ne se serait pas privé de le faire. Elle a décrété un état de guerre prolongée (10 ans au moins d'après Bush) qui rendra
extrêmement difficile la mobilisation des forces démocratiques qui depuis Seattle s'expriment contre la globalisation capitaliste.
9. Il faut à tout prix en finir avec cet état de guerre permanente et désormais universelle et créer des conditions qui ne permettent ni à Bin Laden ni à Bush d'asseoir sur les peuples le pouvoir des "marchés" au nom de
la lutte du Bien contre le Mal. Un mouvement contre la violence et la tyrannie de la finance est de plus en plus nécessaire si nous voulons défendre la sécurité, la vie et la démocratie dans toute notre planète. Le capitalisme globalisé est malade de la violence et de la misère qu'il
engendre. Il faut organiser l'exode des peuples et créer dans la résistance même de nouvelles relations sociales si nous ne voulons pas crever avec lui.