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Le 22 septembre 1998, mourait Sémira
by femmes en Noir contre les expulsions/ centres Friday September 21, 2001 at 07:43 AM
femmes_en_noir@yahoo.com

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Le 22 septembre 1998, mourait Sémira


Rappelons-nous

Il y a trois ans, en Belgique, le 22 septembre 1998, mourait Sémira Adamu, assassinée lors d'une septième tentative d'expulsion, étouffée par un coussin maintenu sur son visage par deux gendarmes indifférents à ses souffrances, protégés par les directives du ministre de l'Intérieur qui non seulement autorisait, mais exigeait cette pratique lors des expulsions « difficiles ».


Rappelons-nous

Sémira, était une jeune nigériane pleine de vie et d'énergie. Elle avait quitté son pays pour échapper à un mariage forcé, coutume barbare qui se pratique encore dans certaines contrées, coutume interdite dans nos pays dits démocratiques.


Rappelons-nous

En guise d'accueil, elle a été conduite, dès son arrivée en Belgique, dans un centre fermé où elle est restée de longs mois dans l'attente d'une réponse positive à sa demande d'asile. Enfermée comme une coupable quand il aurait fallu l'écouter, la traiter comme une victime d'une violence spécifique que seules les femmes subissent. Mais au Commissariat général aux réfugiés, les fonctionnaires ont préféré ne pas la croire, ont préféré suggérer qu'elle était probablement liée à un réseau de prostitution clandestin. Comme si cela aussi ne méritait pas accueil et protection !


Rappelons-nous

Les luttes que nous avons menées ici pour que la parole des femmes soient entendues, pour que les victimes des viols, des violences physiques et psychiques de la part des compagnons, des harcèlements sexuels au travail, dans la rue ne soient plus les coupables. Ces luttes nous ont appris que les femmes n'inventent pas les violences qu'elles dénoncent, mais qu'elles les subissent.

Nous, femmes et féministes, avons cru en la parole de Sémira, car au-delà de sa vérité, nous savons que des milliers de femmes subissent des violences et des discriminations sexuelles et qu'encore et toujours seules les femmes les dénoncent.


Rappelons-nous

Sémira est morte assassinée parce que les critères d'octroi d'asile omettent de prendre en considération les violences dont les femmes peuvent être victimes. Polygamie, mariages forcés, répudiation, excision, imposition d'une tenue vestimentaire, transgression des rôles féminins traditionnels, limites dans l'accès à la formation, soutien à des activités politiques ne sont pas considérés dans les conventions nationales et internationales comme une oppression ouvrant au droit d'asile. Ainsi, même la Convention de Genève, dans sa définition du «réfugié» ne prend pas en considération l'appartenance sexuelle comme pouvant être cause de persécution donnant droit à l'asile.


Rappelons-nous

Bien que largement médiatisé, le meurtre de Sémira a été présenté à la population comme un drame individuel concernant une femme. La dimension collective de la violence patriarcale n'a été dénoncée ni par les médias ni par la plupart des associations et organisations non gouvernementales.

Aussi, pour ce troisième anniversaire de la mort de Sémira nous n'organiserons pas de conférence de presse, car nous n'avons pas les moyens de perdre nos énergies en constats dégradants.

Mais nous appelons aujourd'hui toutes les femmes qui recevront ce courriel :

à le faire circuler autour d'elles,
à mettre en évidence le caractère spécifique de la cause qui a conduit à la mort de Sémira,
à observer à un moment de leur journée une minute de recueillement à la mémoire de Sémira et de toutes les femmes qui vivent dans des sociétés où la violence sexiste est encore protégée par des lois.

Femmes en noir contre les expulsions et les centres fermés

- reconnaissance du caractère politique de l'oppression des femmes

- régularisation de tous les sans-papiers

- arrêt des expulsions