le monde ne tourne pas rond... by Antoine Monday September 17, 2001 at 08:05 PM |
Il est évident que les attentats contre les USA sont condamnables, il est évident que la vie est sacrée et n'a pas de prix, mais il est tout aussi scandaleux de ne réagir que lorsque cela nous touche.
Enfin, on commence à entendre d'autres sons de cloches.
Il est évident que les attentats contre les USA sont condamnables, il est évident que la vie est sacrée et n'a pas de prix, il est évident que s'en prendre à des êtres vivants non directement concernés alors que c'est à un Etat et sa politique qu'on en a n'est pas acceptable, il est clair que la violence aveugle est absurde, qu'aucune cause ne peut justifier la mort d'innocents, mais il est tout aussi scandaleux de ne réagir que lorsque cela nous touche.
Le monde est soudainement ébranlé parce que la plus grande puissance est mortellement touchée. Les témoignages de sympathie affluent de partout, tous condamnent et pleurent, c'est la surprise générale, l'indignation, l'incompréhension. Moi aussi je m'indigne, pour ce qui c'est passé, mais je m'indigne aussi face à ce tollé unanime, cette révélation soudaine, humaniste et fraternelle. Tout à coups, les gens ont une conscience. J'ai été stupéfait en apprenant les trois minutes de silence. Partout, les gens se sont arrêtés dans leurs activités, aussi bien dans les écoles que dans les magasins, dans les rues, que dans les bureaux. Acte magnifique de solidarité. Mais, combien sont ceux qui se sont arrêtés pour les massacres des minorités en Afrique, pour les attentats en Algérie, pour l'assassinat du peuple tibétain, pour les morts de Palestine, d'Israël, pour les victimes des talibans, pour tous ces actes condamnables et méprisables qui blessent régulièrement l' "autre" monde. Ce qui me choque n'est pas l'acte de solidarité et de compassion, il est au contraire grand et magnifique, humain et noble, mais cette soudaine prise de conscience collective que la vie a un prix, et que la violence est présente et méprisable. Ce qui me choque surtout est l'indignation et cette hypocrite interrogation générale : pourquoi ?. Alors qu'il y a encore une semaine, la politique extérieure des USA était vivement critiquée, de part et d'autre de notre planète, maintenant, on se demande hypocritement pourquoi cette violence. Et je ne pense pas comme le déclare M.Bush que c'est parce que les Etats-Unis sont la plus grande démocratie du monde qu'ils sont touchés. Ce qui me choque ce sont les ornières que nous nous mettons. Le monde ne tourne pas rond, et ce n'est pas nouveau. Les inégalités règnent en maître, et ce n'est pas inconnu. Ce qui me choque ce sont les médias qui ne donnent qu'une vue du problème, qui crient à la guerre, et insistent sur ces termes, à l'incompréhension, à l'islamisme et son extrémisme. Le racisme a déjà bonne place dans notre société. Il s'en faut peu pour que l'opinion publique associe islamisme et islam. Ne donnons pas de pain à la haine raciale. Condamnons l'extrémisme et le terrorisme, oui, combattons les, oui, mais posons-nous les bonnes questions. Interrogeons- nous sur les causes, les raisons de ces mouvements. Pourquoi des personnes en sont-elles venues à l'extrémisme, pourquoi des gens ont-ils le sentiment de n'avoir plus rien à perdre et sont près à donner leur vie pour en tuer d'autres. Pourquoi des peuples ressentent-ils de la haine vis-avis des USA, vis-à-vis de l'occident. On ne naît pas médecin ou cordonnier, un cancer n'apparaît pas du jour au lendemain.
N'est-il pas temps, et ce depuis longtemps déjà, de se pencher sur nos propres actions. N'est-il pas temps d'accepter, de porter, de reconnaître une part de responsabilité. Monsieur Bush préfère nier l'affaire et mettre le compte des morts sur la plus grande démocratie que son pays représente. Car l'Amérique est blanche, et le monde arabe mauvais. Bien sûr qu'il faut réagir, bien sûr qu'il ne faut pas laisser passer de tels actes, mais quand arrêterons-nous ce jeu du plus fort. Il ne faut surtout pas perdre la face. Nous avons raison, ils ont tord.
Ne serait-ce pas l'occasion de faire un retour sur l'histoire, de réaliser que le monde ne s'arrête pas en occident, d'accepter qu'il y a sur notre planète des peuples qui ont leurs propres modes de pensée, leurs propres cultures et que nous ne devons pas nous sentir obligés de les guider vers la voie de l'homme blanc, que nous ne devons pas nous sentir obligés d'intervenir sans cesse dans leurs affaires. A combien s'élève le coût du pillage de ces cultures ? Il n'a pas un monde avec son maître, mais des civilisations différentes, aussi riches et respectables que notre "parfaite" culture. On s'ingère, on nie, on manipule, on dirige, on gouverne, on pille, on s'impose en exemple, on manigance, on détruit, on converti, on trahi, on se sert, on dénigre. Et plutôt que de faire preuve d'intelligence humaine, on tend le cou, car il ne faut surtout pas perdre la face.
On veut porter le christianisme en étendard d'amour et de vérité face à un islam violent et intolérant, mais on suit "œil pour oeil, dent pour dent", et on oublie "si quelqu'un te frappe sur la joue gauche,...". Comme quoi chaque religion à ses interprétations, et ses textes sont modulables ou gré de la bonne conscience que l'on veut se donner.
Quand arrêtera-t-on la violence, et l'escalade qu'elle entraîne. Quand arrêtera-t-on de tuer pour se faire écouter. Quand aurons-nous l'humilité de reconnaître nos fautes, nos erreurs. Marre de cette violence, marre de cette haine. Marre de l'intolérance, marre des ornières. Marre de l'orgueil, marre de la vanité. On parle nation, on oublie monde. On parle monde, on oublie culture. On parle argent, on oublie autre. L'argent ne fait pas le bonheur disait l'autre, il n'avait pas tord. Wall Street s'écroule, l'opinion pleure et s'étonne. Mais qui dirige le monde? La vie est de venue artificielle et l'argent est devenu la vie.
J'ose espérer en l'amour, j'ose espérer en la paix. J'ose espérer en l'humilité, j'ose espérer en l'écoute. Je m'insurge contre l'orgueil, contre des dirigeants manipulateurs et générateurs de haine. Je m'insurge contre la loi du plus fort, contre le discours de l'ethnocentrisme. Quelques mots mièvres et communs face à l'actualité. Mais assez de la sinistrose. L'utopie est un rêve, Gandhi, qu'on admire tant..., était une réalité. La non-violencee n'est pas une preuve de faiblesse, l'écoute de l'autre une absurdité. Les hommes parlent des langues différentes, mais leurs cœurs ont les mêmes aspirations. Assez de la haine, assez de la violence. Arrêtons d'êtres des enfants qui jouent avec les autres comme avec les pièces d'un jeu de société.
Une remarque by Zumbi Tuesday September 18, 2001 at 09:18 AM |
Tu dis: "L'Amérique est blanche"
Je dis: "Elle est contrôlée par les blancs. N'oublie pas les fortes minorités afroméricaines et latinas"
Réponse ( alentendu...) by antoine Tuesday September 18, 2001 at 09:09 PM |
Je veux dire par blanche: sans défaut, parfaite,... bref qu'elle n'a rien à se reprocher.