arch/ive/ief (2000 - 2005)

Appel pour dire non à la livraison de "L'Humanité" au marchand d'armes Lagardère
by Collectif Monday September 10, 2001 at 02:04 PM
mathieu.bietlot@skynet.be

La décision de faire entrer le groupe Lagardère au capital de l'Humanité ne constitue pas, loin de là, le premier symptôme du processus de dégénérescence de ce journal sous la gestion "mutante" de Hue et ses complices ni, sûrement, le dernier.


FETE DE L'HUMANITE 2001 – RENDEZ-VOUS DE RESISTANCE


" S'OPPOSER A UN GESTE IGNOBLE "

La décision de faire entrer le groupe Lagardère au capital de l'Humanité ne constitue pas, loin de là, le premier symptôme du processus de dégénérescence de ce journal sous la gestion "mutante" de Hue et ses complices ni, sûrement, le dernier.

Mais il a le triste privilège de dépasser les frontières de l'obscène : il représente à lui seul un exploit d'abjection jusque là inédit.

Il faut, en effet, avoir un fameux culot pour associer la feuille emblématique de la lutte pour la paix et contre le capitalisme que fut, depuis ses origines, le journal de Jaurès, à un vulgaire marchand d'armes représentant une des branches le plus réactionnaires du grand capital français.

Refuser cette collusion n'est pas seulement un acte politique ; c'est aussi une question d'hygiène.

Rien de plus naturel que de le faire dans le cadre de ce rendez-vous annuel qu'est la Fête de l'Humanité. En ce sens, un groupe de communistes et sympathisants et d'amis du journal, ont lancé l'idée d'opposer à ce geste misérable un geste de révolte, non violent, mais clair et combatif, contre les responsables de cette ignominie.

Vous trouverez ainsi, à la manière d'un appel unitaire à l'action, un texte ayant au verso des extraits du premier éditorial de Jaurès que nous vous invitons à lire, à diffuser et à faire signer, et qui parcourra les ruelles de la Fête comme un moment salutaire de résistance à l'opprobre.

Et nous vous demandons, dès maintenant, de nous faire part de votre réaction à cette initiative, de votre disposition à participer et de vos éventuelles propositions pour l'enrichir.

Fête de l'Huma 2001 :

APPEL UNITAIRE POUR DIRE NON A LA LIVRAISON DE L'"HUMA" A LAGARDERE

Continuant sa politique de renoncements, voilà que la direction du PCF et ses acolytes responsables du journal n'ont pas trouvé une meilleure idée que de s'associer à un des groupes le plus réactionnaires du capitalisme français, à savoir Matra/Lagardere, et ce, sous prétexte de problèmes de financement pour la survie du quotidien.

Or le problème du journal du parti n'est pas le manque d'argent, c'est le manque de ligne éditorial cohérente et de lecteurs.

Absence de lecteurs bien explicable depuis que Robert Hue et ses complices dans le processus de liquidation du Parti et de sa ligne révolutionnaire ont fait du quotidien communiste le porte-parole du réformisme social démocrate et de l'allégeance aux positions et intérêts du PS et du gouvernement Jospin.

Un journal qui se voit obligé de soutenir la politique du gouvernement d'intégration de la France dans les projets de mondialisation en cours; d'avaliser le bradage du secteur public en faveur du capital privé comme on ne l'a jamais connu dans l'histoire républicaine; de s'aligner sur la politique internationale française et celle de l'OTAN tel qu'on l'a vu lors du bombardement de la Yougoslavie dont les molles et hypocrites " protestations " de Robert Hue servaient à mieux cacher son objectif de contrôler l'indignation populaire et prolonger sa présence dans le gouvernement "bombardier" pour la bonne exécution du crime.

Un journal pareil n'est pas, en effet, un journal attirant la lecture ni l'enthousiasme des progressistes, des classes populaires et contestataires.

Nous, militants et sympathisants communistes, attachés à une ligne réellement anticapitaliste, anti-impérialiste et révolutionnaire, nous ne pouvons pas rester impassibles devant tant de trahison et de capitulation. Nous avons le devoir de mémoire pour tant de camarades qui depuis la création du journal se sont sacrifiés pour qu'il puisse diffuser la voix de la gauche marxiste française et qui constatent aujourd'hui que ce journal est devenu le journal de la démission de tout esprit révolutionnaire.

En ce sens, nous estimons que la Fête de l'Huma doit être cette année, pour tous les militants à l'intérieur et comme à l'extérieur du Parti, l'occasion de manifester, par des débats, des interpellations et autres initiatives, leur refus de cet ignoble marchandage.

Non LE JOURNAL de Jaurès ne doit PAS DEVENIR le torchon d'un vulgaire NÉGOCIANT d'armes.

Edito de "UNE", Jean Jaurès 18 avril 1904 (extraits)

NOTRE BUT

"Le titre même de ce journal, en son ampleur, marque exactement ce que notre parti se propose. C'est, en effet, à la réalisation de l'humanité que travaillent tous les socialistes. L'humanité n'existe point encore ou elle existe à peine. A l'intérieur de chaque nation,- elle est compromise et comme brisée par l'antagonisme des classes, par l'inévitable lutte de l'oligarchie capitaliste et du prolétariat. Seul le socialisme, en absorbant toutes les classes dans la propriété commune des moyens de travail, résoudra cet antagonisme et fera de chaque nation enfin réconciliée avec elle-même une parcelle d'humanité.

De nations à nations, c'est un régime barbare de défiance, de ruse, de haine, de violence qui prévaut encore. (…) Même quand elles semblent à l'état de paix, elles portent la trace des guerres d'hier, l'inquiétude des guerres de demain : et comment donner le beau nom d'humanité à ce chaos de nations hostiles et blessées, à cet amas de lambeaux sanglants? Le sublime effort du prolétariat international, c'est de réconcilier tous les peuples par l'universelle justice sociale. Alors, vraiment, mais seulement alors, il y aura une humanité réfléchissant son unité supérieure dans la diversité vivante de nations amies et libres.

(…)

Cette nécessaire évolution sociale sera d'autant plus aisée que tous les socialistes, tous les prolétaires, seront plus étroitement unis. C'est à cette union que tous ici, dans ce journal, nous voulons travailler. (…) Nous voudrions de même que le journal fût en communication constante avec tout le mouvement ouvrier, syndical et coopératif. Certes, ici encore, il y a bien des divergences de méthode. Et ceux qui tentent de détourner de l'action politique le prolétariat organisé commettent, à notre sens, une erreur funeste. Mais que serait et que vaudrait cette action politique sans une forte organisation économique de la classe ouvrière, sans une vive action continue du prolétariat lui-même?

(…)

C'est par des informations étendues et exactes que nous voudrions donner à toutes les intelligences libres le moyen de comprendre et de juger, elles-mêmes les événements du monde. La grande cause socialiste et prolétarienne n'a besoin ni de mensonge ni du demi-mensonge ni des informations tendancieuses ni des nouvelles forcées ou tronquées, ni des procédés obliques ou calomnieux. (…) Mais tout cela ne serait rien et toute notre tentative serait vaine ou même dangereuse si l'entière indépendance du journal n'était point assurée et s'il pouvait être livré, par des difficultés financières, à des influences occultes.

(…)

Aucun groupe d'intérêts ne peut directement ou indirectement peser sur la politique de "l'Humanité" (…) Faire vivre un grand journal sans qu'il ne soit à la merci d'aucun groupe d'affaires est un problème difficile mais non pas insoluble. Tous ici nous donnerons un plein effort de conscience et de travail pour mériter ce succès : que la démocratie et le prolétariat nous y aident "