Visite de l'expo de l'artiste du diable by Lieven SOETE Wednesday August 15, 2001 at 11:31 AM |
Visite de l'exposition Jérôme Bosch au musée Boijmans-Van Beuningen de Rotterdam * Dimanche 16 septembre 2001 * Départ de Bruxelles à 7 h 30 au Centre International, bd M. Lemonnier 171, 1000 Bruxelles * Retour à Bruxelles, vers 20h * Durant le trajet en car, Lieven SOETE donnera une introduction sur la vie et l'époque de Jérôme Bosch * Prix: 900 F > inclus. car + entrée à l'expo (15 florins) * Infos: Frieda Groffy: 0485/515 560 * e-post: centrinter@wol.be
Lieven Soete * Bruxelles, le 15 août 2001
Trafic dÕindulgences
Visite de lÕexposition Jérôme Bosch
au musée Boijmans-Van Beuningen de Rotterdam
Dimanche 16 septembre 2001
Organisée par le Centre International de Bruxelles * Départ
de Bruxelles à 7 h 30 au Centre International, boulevard M. Lemonnier
171, 1000 Bruxelles * Retour à Bruxelles, vers 20h.
Durant le trajet en car, Lieven SOETE donnera une introduction
sur la vie et lÕépoque de Jérôme Bosch.
LÕaprès-midi, à lÕissue de la visite de lÕexposition,
périple à travers Rotterdam avec un guide hollandais présentant
lÕhistoire sociale et maritime du grand port.
Prix: 900 F > inclus. car + entrée
à lÕexpo (15 florins) à verser sur le compte n° 001-1592519-49
du Centre International, en mentionnant J.Bosch * Infos: Frieda
Groffy: 0485/515 560 * e-post: centrinter@wol.be
Jérôme Bosch, cet artiste qui a peint des
tableaux diaboliques et des monstres des plus incroyables, continue à
frapper les imaginations, même si telle nÕétait pas son intention.
Une expo exceptionnelle réunit à Rotterdam, pour la première
fois, dix-huit peintures et sept dessins de Bosch. Le Centre International
de Bruxelles sÕy rend le dimanche 16 septembre.
On ne connaît pas avec certitude la date de naissance de Jheronimus
Van Aken. Tout ce quÕon sait, cÕest quÕil est né à Bois-le-Duc,
vers 1450. Dès 1485, il se fera appeler Jheronimus Bosch. On sait
également quÕil a été enterré à 'Den
Bosch' (Bois-le-Duc) en 1516. En Espagne, nombreux sont ceux qui pensent
quÕil était un Espagnol à part entière: on lÕy connaît
sous le nom dÕEl Bosco. La plupart de ses Ïuvres, en effet, se trouvent
en Espagne.
Le fait quÕon sache si peu de choses à
son sujet, combiné au langage imagier intrigant et difficilement
compréhensible pour nous, fait de Jérôme Bosch le sujet
ou le point de départ des fantaisies les plus débridées.
La chose est permise, mais il est au moins aussi intéressant dÕaller
farfouiller quelque peu dans lÕhistoire afin de situer ce drôle de
citoyen. CÕest ce que tente lÕexposition mise sur pied au musée
Boijmans-Van Beuningen. On y montre également les Ïuvres de ses
contemporains et des gens de sa région: Dirk Bouts, Gerard David,
Jan Gossaert; des Ïuvres de son atelier et de son proche environnement:
élèves, imitateurs, copistesÉ
A lÕépoque de Jérôme Bosch,
Bois-le-Duc est la quatrième ville - après Bruxelles, Anvers
et Louvain - du duché de Brabant qui sÕétend du Rhin jusquÕau
nord de Nivelles. Selon les bonnes vieilles habitudes féodales,
la ville est encore assez souvent assiégée, prise dÕassaut,
occupée, pillée ou incendiée par le duché voisin
de Gelre (Gueldre). En 1463, un incendie ravage presque entièrement
la ville. Apprendre à bien regarder, il ne pouvait y avoir de meilleure
source dÕinspiration, pour le jeune Jheronimus.
Par exemple: vous envoyez quelquÕun en pèlerinage
à Compostelle, vous lui payez ses sandales et vous lui donnez lÕargent
destiné à y acheter, dans les nombreux cloîtres où
il est censé se rendre, des certificats établissant en bonne
et due forme une «rémission complète de vos péchés».
Avec ce genre dÕindulgence, quoi quÕil arrive, vous irez au paradis. Vous
pouvez donc continuer à faire tout ce que bon vous semble.
Vous rachetez en effet le temps que vous auriez dû passer au purgatoire,
le lieu divin dÕexpiation, antichambre de lÕenfer.
Vous croyez que je vous invente une histoire
à la Jérôme Bosch, mais pas du tout, cÕétait
la réalité la plus terre à terre de lÕEurope occidentale
de lÕépoque et tout particulièrement dans la ville de Bosch.
CÕest contre ces extorsions reposant sur la
bigoterie mais particulièrement contraignantes par lesquelles le
clergé de tout poil suçait lÕargent des paysans et des petits
artisans - et il y gagnait gros, dans ce trafic et cette spéculation
- que Martin Luther (1483-1546 et, donc, contemporain de Jérôme
Bosch) sÕest insurgé en 1517. Et que va éclater lÕiconoclasme,
à Hondschoote, en 1566. Jérôme Bosch nÕy assistera
pas. Il vit à une époque charnière où la révolte
est dans lÕair mais nÕéclate pas encore. La tension est à
couper au couteauÉ
Si lÕon regarde de près les Ïuvres
de Jérôme Bosch et quÕon tente de les ÔlireÕ, on voit en lui
tout autre chose quÕun surréaliste avant la lettre. Bosch nÕa rien
à voir avec la fantaisie, lÕinconscience ou le surréalisme.
En réalité, cÕest un 'hyperréaliste'. Il dessine et
peint ce quÕil voit. Et il le fait également, au sens très
littéral du terme, avec ce quÕaujourdÕhui nous appelons des choses
abstraites: traits de sagesse et de bêtise populaires, petits dictons,
dogmes et croyances, inventions et histoires bibliquesÉ
Ce faisant, il est encore un homme du Moyen
Age: il voit insuffisamment la perspective, la différence de dimension
entre la réalité matérielle et la réalité
spirituelle. Mais il est aussi un homme de lÕhumanisme, de la Renaissance,
des Temps modernes, par la manière dont il démasque et étale
au grand jour lÕimaginaire dominant, imposé par une religion étouffante
et tétaniséeÉ religion dont il collabore donc, en un sens,
au futur renversement.