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conférence de presse-assemblée du Genoa Social Forum
by G.H. Monday July 30, 2001 at 06:55 PM

Compte-rendu de la conférence de presse-assemblée du Genoa Social Forum (GSF) du dimanche 22 juillet 2001.

Le porte-parole du GSF, D'Agnoletto, présente la décision de transformer la
conférence de presse initialement prévue en assemblée ouverte à tous : "par
soucis de transparence et en raison de la gravité des faits".

Cette dernière débute par une minute de silence pour Carlo Giuliani, abattu
la veille par les carabiniers.

Le porte-parole du GSF : "nous sommes convaincus que les événements survenus
à Gênes ne sont pas dûs au hasard mais qu'ils ont été coordonnés
scientifiquement par le gouvernement contre un mouvement démocratique de 250
000 personnes. Ce mouvement a montré qu'il pouvait gagner sur le fond. Il
s'agissait d'une opération pour en effacer le résultat politique. Nous
lançons un appel à toute l'Italie pour organiser de grandes manifestations
dans toutes les villes, la ré! ponse doit être immédiate. Il ne s'agit pas
seulement du G8 mais de manoeuvres pour imposer un Etat policier. Si
monsieur Berlusconi pense que l'action de cette nuit est justifiée, même en
admettant qu'il y ait eu un ou deux suspects, alors plus personne n'est en
sûreté en Italie".

Il lance ensuite un appel à tous ceux qui pourraient procurer des documents
(photos, films, témoignages...) afin d'aider Amnesty International qui va
réaliser une enquête sur les violences des forces de l'ordre. "Car ceux qui
ont déclarés avoir des documents ont déjà reçu la visite de la police ce
matin pour une perquisition".

" Le GSF assume la responsabilité de lancer la mobilisation nationale sur
les thèmes de la démocratie et du droit de manifester. La lutte contre la
mondialisation continue, prochain rendez-vous en novembre à l'occasion de la
conférence de l'OMC au Qatar".

" Deux données importantes ressortent de ce sommet : le blindage d'! une ville
et l'emprisonnement de ses habitants, ce qui constitue une stratégie de la
tension, et le meurtre d'un jeune homme à l'occasion d'un sommet illégitime
et qui n'a abouti sur rien".

" Nous devons réaffirmer qu'une grande part de ce qui s'est passé à Gênes
est la responsabilité de ceux qui n'ont pas annulé le G8, ça aurait été un
minimum. Nous demandons la démission du chef de la police et du ministre de
l'Intérieur".

Différents intervenants prennent ensuite la parole pour livrer des
témoignages.

Un représentant des avocats travaillant dans les locaux de la rue Cesare
Battisti : "Il y avait environ 100 avocats qui travaillaient pour le GSF,
ils n'ont pas l'intention de se laisser entrainer dans un débat sur le
positionnement par rapport à la violence. La mort de Carlo Giuliani ne doit
pas faire oublier la richesse des manifestations. Des gens sont sortis sur
des brancards de la salle des avocats. Les trois ordin! ateurs des avocats
furent détruits, le disque dur avec les listes des personnes aidées
juridiquement a disparu. Les listes des détenus, des blessés et des
témoignages ont disparu."

Un représentant du service sanitaire du GSF : " Les médecins du GSF ont
décidé de rendre public tout ce qu'ils ont vu. De graves violences
totalement injustifiées ont eu lieu pendant la perquisition au centre média.
Les médecins ont été des témoins impuissants. En soirée, la situation était
calme. Les policiers sont arrivé en nombre à pied et en camionnette, ils ont
d'abord frappé tous ceux qui étaient dans la rue en face du centre média.
Les médecins ont été retenu pendant environ une heure et demi. Ils ont
constaté les dégâts aux ordinateurs des avocats. Le responsable des avocats
a été arrêté. Il y a eu impossibilité pour les médecins et les
parlementaires de voir les victimes. Les salles de l'étage supérieur furent
entièrement détruites. On glissai! t dans les flaques de sang, il y avait du
sang sur les murs".

Le docteur Constantini va ensuite illustrer certains épisodes en précisant
qu'il y en a des centaines de ce type mais que ceux qui vont suivre sont
particulièrement indicateurs du climat de peur et de l'illégalité des actes
de la police.

" Le cortège remontait vers le stade, la police avançait, une jeune fille
s'est arrêtée. Elle a été frappée par quatre policiers en civil, elle a reçu
des coups de pied lorsqu'elle était au sol. Elle s'est relevée et a couru,
elle a été rattrapée et a pris à nouveau des coups de pied. Elle était en
état de choc et en crise d'hystérie. Il a fallu lui faire quatorze points de
suture ".

" Près du foyer universitaire, trois jeunes étaient assis sur un mur. La
police est arrivée des deux côtés et les agents les ont fait tomber dans la
cour derrière eux, trois mètres plus bas. Plusieurs membres furent cassés.
Un homme dans la cour! les a pris un par un et les a barricadé ".

" Une ambulance du GSF avec des croix rouges énormes pour éviter les
confusions a eu sa vitre cassée par un policier et une bombe lacrymogène a
été lancée à l'intérieur. Ces ambulances ont été régulièrement fouillées et
perquisitionnées, leurs occupants matraqués ".

Un hommage est ensuite rendu aux médecins et infirmières qui furent
matraqués alors qu'ils soignaient des blessés à terre et à ceux qui ont
arrachés des manifestants aux mains de la police.

Un metteur en scène expose la scène qu'il a filmé la veille à un coin de rue
: " c'était vers seize heures. Je filmais le cortège et mon regard a été
attiré par une drôle de scène. Un policier est venu me demander de
m'éloigner. Ce que j'ai fait. Je me suis remis à filmer plus loin, j'ai vu
un homme au visage masqué d'un foulard discuter avec des policiers
anti-émeutes prêts à intervenir, on sentait la mise en place de quelque
cho! se, avec un rapport de hiérarchie. On voit ensuite un scooter avec deux
jeunes qui sillonnaient la manifestation s'approcher de l'homme habillé en
manifestant. Ils prennent des informations puis repartent ". Les images sont
ensuite montrées à l'assemblée.

Témoignage d'un membre d'Indymedia : " Le droit et les libertés
d'expressions et de presse ont été fondamentalement bafoués. Des innocents
d'Indymedia et d'autres organisations ont été attaqué par le gouvernement
italien. Il est clair que maintenant quiconque voudra faire quelque chose
contre le G8 ou une autre organisation de ce genre devra affronter une
répression immense. Dans le monde, il y a de telles répressions partout,
Indymedia continuera à fournir une information et à permettre la liberté de
parole à tout prix. Un camarade est dans le coma suite au tabassage dans
l'école. Nous n'arrêterons pas, nous continuerons à donner une information
par en bas".

Le porte-parole! du GSF : " Pour les habitants de Gênes la violence a
commencé avec les barrières qui ont séparé la ville de ses habitants. Nous
demandons aux habitants de faire la différence entre ceux qui ont cassé la
ville parce qu'on les a laissé faire et la grande majorité des manifestants.
Les blessés et les détenus ne seront pas laissés seuls par le GSF".

Un intervenant dans le public : " Comme vous le voyez j'ai les cheveux gris,
je suis âgé, j'ai vu ce qui s'est passé ici dans l'histoire. On n'a jamais
vu ce qu'il y a eu ici ces derniers jours. Même à l'époque des années de
plomb, après une mort par balle jamais la police n'aurait osé remettre ça
dès le lendemain comme elle l'a fait ici ".

Porte-parole du GSF : " Des responsables des média officiels portent plainte
et invitent les autres journalistes officiels de la zone rouge à faire de
même. Un policier a dit à un journaliste traditionnel qui voulait voir ce
qui se passait rue Cesare! Battisti : " Ton accréditation, tu peux te la
mettre au cul ". Le photographe qui a fourni des photographies des policiers
habillés en casseur a déjà reçu la visite de la police le matin même. C'est
une attaque contre la démocratie et la liberté d'expression et pas seulement
contre le GSF. Un projet de livre blanc est encours sur ce qui s'est passé à
Gênes. Nous demandons aux médias de mobiliser toutes leurs forces pour
permettre les actes libres et démocratiques dans ce pays".

Un représentant du syndicat (dit "syndicat de base") COBAS parle du "black
gouvernement" et a honte d'un pays avec Berlusconi. " En 77, après une
exécution par la police on n'avait jamais vu le lendemain un gouvernement
amener plus de flics et plus de violence. 23 personnes de COBAS sont
accusées de pillage et de manifestation subversive. Il y a la volonté
d'effacer tout droit de manifester. Au niveau du Black Bloc, il ne faut pas
se laisser tromper par les ! journaux et la télévision, les flics sont là. On
parle de 2000 pour la première manifestation et de 3 ou 4000 casseurs le
jour suivant. Le fait est que ce phénomène existe, ce sont des gens très
jeunes. L'existence de ce phénomène est une manifestation sociale, politique
et culturelle dont il faut tenir compte. Si on n'y arrive pas, on n'arrivera
pas à résoudre la question politique. Les autorités ont décidé de se servir
de ce phénomène politique, on ne les a jamais vu massacrer des supporters de
foot qui sont beaucoup plus violents. Ils veulent utiliser un phénomène
politique, ce sont eux qui ont commencé la dévastation, ils ont fait en
sorte que la dévastation augmente pour les images et dire à la population
que la ville a été défendue. La prochaine fois nous serons un demi million.
Il s'agit d'une escalade depuis Seattle. Il y a un raisonnement, une
stratégie de la tension. Les gens qui ont tâché de se défendre ont tenté de
répondre ! à cette situation de panique organisée dans une tension. Nous avons
besoin d'être une multitude, nous avons besoin du soutien des villes qui
servent de spectacles aux gouvernements".

Ensuite il y a des interventions des différentes associations composant le
GSF. Chacune expose ses revendications et sa fermeté pour la poursuite du
mouvement.

Question d'une journaliste : " J'ai assisté ce matin à une conférence de
presse de la police. Il nous était interdit de poser des questions, soit dit
en paasant, dans ma carrière de journaliste, je n'ai constaté cette attitude
qu'une seule fois, c'était au Kosovo... Ils nous ont montré ce que
soi-disant ils avaient saisi lors de la perquisition. Il y avait des
couteaux, des masques à gaz, des cocktails molotov. Est-ce que ces objets
étaient bien dans le centre du GSF?"

Réponse du porte-parole du GSF : " Hier soir toutes les personnes
normalement autorisées à constater les actes de la p! olice, avocats,
parlementaires, journalistes, ont été empêchées d'assurer ce droit
constitutionnel. Donc avoir des doutes sur la présence de ces objets est
logique. Ensuite nous avons accueilli des gens qui avaient été chassés
d'autres lieux d'hébergement et qui n'avaient nulle pat où aller, nous ne
pouvions faire le tri. Les personnes qui avaient à contrôler ce genre de
choses ne l'ont pas fait ".

A ce moment j'ai dû quitter la réunion pour quitter l'Italie avec une
voiture providentielle. Mon sentiment était celui d'une société qui se
déchirait en deux camps séparés par un fossé. La ville de Gênes commençait à
revivre.

G.H