arch/ive/ief (2000 - 2005)

Les occupants de ces ateliers et les trois rescapés de l'incendie ne parviennent pas à comprendre dans quelles circonstances un tel incendie a pu prendre. Cet immeuble, quasi vide pour cause de vacances, était gardé par ces quatre personnes qui y ont passé la veille, une soirée calme entre amis à regarder des vidéos.

Depuis la fin mai, l'électricité avait été coupée par ordre du propriétaire. Il ne restait que quelques rallonges, alimentées par une autre maison de l'îlot, sur lesquelles étaient branchés un frigo, une télévision et une ampoule. Il paraît cependant impossible de retenir cette piste : les pièces de l'immeuble où les appareils se trouvaient n'étaient pas encore touchées par le feu alors que le foyer était déjà lancé. De plus, le bloc multiprises qui reliait les appareils comportait un disjoncteur ce qui exclu une surchauffe du câble ; l'ampoule et la télévision étaient éteints au début de l'incendie.

Comme chaque soir, les occupants présents ont contrôlé l'extinction des bougies, dernier éclairage envisageable pour eux, avant d'aller dormir vers trois heures. Aux alentours de minuit, leur attention avait d'ailleurs été éveillée par une odeur inhabituelle de brûlé, ce qui les a poussé a être d'autant plus vigilants.

Vers 6 heures du matin, un des occupants a donné l'alerte avant de s'échapper des flammes. Il a pu récupérer un sac près de la cuisine, dans la pièce commune, où se trouvaient les appareils électriques, qui n'étaient alors pas touchés par le feu.

Alors qu'il sortait dans la rue, il a été interpellé par la police, interrogé pendant plus d'une heure, puis arrêté administrativement durant deux heures et demi. Il a ensuite été déshabillé afin que les experts contrôlent ses vêtements. La police les lui a rapidement restitués et il a été invité à aller reconnaître la victime.

C'est à l'hôpital de Neder Over Hembeek qu'il a reconnu le corps d'Igor, un artiste russe qui résidait à l'Ilot Soleil depuis le mois de janvier.

Les occupants et sympathisants de l'Ilot Soleil s'étonnent de cet « accident ». D'autant plus que vers 5 heures du matin, un voisin dont la maison communique par l'arrière avec le bâtiment sinistré, a entendu un bruit suspect dans son couloir, avant de constater que la porte de sa maison était ouverte et qu'un vélo avait disparu…

Dans ces circonstances, nous attendons avec impatience les résultats de l'expertise et de l'enquête judiciaire en cours, et informons en tout état de cause, nos assureurs.

Pour rappel, nous étions toujours en négociation avec le propriétaire, Héron City, et la Commune d'Ixelles, afin d'obtenir un bail précaire. Après une première tentative d'expulsion, Héron City avait persisté dans son refus de dialogue et menaçait d'une nouvelle expulsion imminente.

Enfin, nous souhaitons rendre hommage à Igor, pour son travail artistique et son amitié dans cette lutte que nous menons depuis octobre 2000 pour garder ce squat culturel.

Les occupants de l'Ilot Soleil