Témoignage d'un flic by la repubblica Thursday July 26, 2001 at 09:24 PM |
Voici une traduction sommaire (et sans commentaire) de l'interview d'un flic qui a participé au "maintien de l'ordre" pendant le G8. Interview parue aujourd'hui dans "La Reppublica".
Voici une traduction sommaire (et sans commentaire) de l'interview
d'un flic qui a participé au "maintien de l'ordre" pendant le G8.
Interview parue aujourd'hui dans "La Reppublica".
Ce flic travaille à la caserne de Bolzaneto (dans ou près de Gênes?),
qui a été spécialement réaménagée pour "accueillir" les manifestants
arrêtés. Pour lui, tout a commencé à tourner au cauchemar (c'est son
expression) une semaine avant le G8, quand une centaine d'agents du
"groupe opératif de la police pénitenciaire" ont pris possession
d'une partie de la caserne. Il cite aussi l'implication de
responsables de tas d'autres sections de la police et des services
secrets: la "Reparto Mobile de Rome", la "Digos" de Gênes, les
"Nocs", les "Gom" (dont le chef, un ex-général du "Sisde", est réputé
pour la répression féroce d'une mutinerie dans la prison de Opera)Š
Il décrit comment la caserne était avant le sommet, et comment elle a
été réaménagée (cellules, infirmerie, salle "d'interrogatoires"Š). Ce
qui l'a le plus marqué, c'est la perquisition de samedi soir. Le
"blitz", ou la "nuit chilienne" selon les termes de "La Reppublica".
Il dit qu'il y a deux versions à l'origine de cette descente: selon
les uns il s'agissait de pures représailles policières, selon les
autres il y avait un ordre bien précis de Rome: arrêter "des gens", à
n'importe quel prix.
C'est dans la caserne de Bolzaneto que les personnes raflées au
centre de presse et au dortoir ont été amenées. Il parle là d'une
suspension du droit, d'une violation de la constitution. Il dit qu'il
n'arrive pas à sortir de ses narines l'odeur des excréments des
manifestants arrêtés et qui n'ont pas été autorisés à aller aux WC,
l'odeur du sang, les cris de peur, le bruit du fracas des crânes
contre les murs. Il confirme (rumeurs lancées par des parlementaires
et des journalistes) que certains flics obligeaient les "inculpés" à
chanter des chants mussoliniens, menaçaient les filles de les violer
à la matraqueŠ il arrête en disant qu'il ne peut pas "tout" raconter.
Il explique qu'il trouvait cela fou, pour plusieurs raisons:
l'intervention était manifestement injustifiée (le but n'était pas
vraiment de perquisitionner), l'image de la police allait en prendre
un coup, le risque d'insurrection des manifestants était réelŠ il
explique que les flics râgeaient quand ils se sont rendus compte qu'à
peu près 20.000 personnes quittant Gênes en se dirigeant vers la gare
de Brignolle, avaient appris le "blitz". Les flics craignaient
l'insurrection en rue.
Il dit encore que tous les flics n'ont pas agit. Que certains, comme
lui, n'ont rien fait mais se sentent mal dans leurs pompes
aujourd'hui car ils n'ont rien fait non plus pour empêcher la
boucherie. Selon lui, quand il en parle avec des collègues ceux-ci
lui répondent que de toute manière, ils sont "couverts". Il précise
que beaucoup de jeunes policiers italiens ont une idéologie fasciste,
que les "démocrates" restent nombreux dans leurs rangs mais se
sentent aujourd'hui sales et indignes.