Témoignage d'Abdel Merroun: sur sa 5ème tentative d'expulsion

Dans cette lettre adressée au "collectif de résistance aux centres fermés et aux expulsions", il relate la cinquième tentative d'expulsion le 10 juillet dernier.

"Jusqu'à ce que je reçoive ma liberté…."

"Je passe des mauvais moments ici. Je vais t'expliquer. Ce qui s'est passé le jour de la dernière tentative d'expulsion était vraiment très difficile. Ils ont été vraiment racistes avec moi. Ils sont venus me chercher à 6h du matin le mardi 10/07. Ils m'ont attaché ici à la prison.

et je suis parti avec eux jusqu'à l'aéroport. Pendant toute la route, ils n'ont pas arreté de dire des mauvais mots, des mots que tu pourrais même pas dire à un chien. Ils m'ont menacé. Ils m'ont dit « si tu ne pars pas cette fois, on va te garder à l'aéroport deux semaines jusqu'à ce que tu veuilles partir. On est arrivé à l'aéroport à 7h15, ils m'ont mis en isolement. Ils m'ont menotté aux pieds ( 3 menottes de plastique pour les pieds et les jambes et deux pour mes mains et mes bras). Bien serrés. Je suis resté de 7h15 à 10h debout et menotté. Il y a des policiers qui viennent me voir et qui me poussent. Chacun vient me voir et me dit une parole qui me déchire le cœur comme « sale arabe, sale musulman, sale marocain » et moi je crie, je leur ai dit « mon dieu » et ils ont insulté mon dieu. Quand ils m'ont emmené dans le fourgon, Il y avait un policer assis en face de moi et deux à côté. Le policier en face de moi pressait ses pieds sur mes pieds menottés. c'était vraiment dur. Parfois, il me donnait un coup de pied.. Ils m'ont fait monter dans l'avion comme un sac. Ils m'ont attaché sur le siège et au siège en me forçant. Un policier appuyait son coude sur mon épaule et un autre pressait sa jambe contre ma cuisse et ils serraient très forts. ça m'a fait des bleus. Vraiment, cela faisait mal. L'autre policier poussait sur ma tête.

Les passagers leur ont dit que ce n'était pas juste. Directement après, ils m'ont pris jusque dans le fourgon et ils m'ont ramené au poste. J'avais même pas la force de me lever alors ils m'ont tiré par les cheveux. Ils m'ont jeté comme un sac dans la cellule. Il y a eu d'autres bousculades avec un gendarme qui est venu dans ma cellule. Ils m'ont menaçé et ont dit qu'ils allaient faire un vol militaire. C'était vraiment dur mais j'ai résisté quand même. Cela fait donc la cinquième fois et j'espère que ce sera la dernière car c'est vraiment dur.

J'espère que vous continuerez à m'aider jusqu'à ce que je reçoive ma liberté. Merci.

Abdel Merroun ("Abdel" par peur des autorités n'a pas osé donner son vrai nom,connu du collectif, lors de son arrestation)

Prison de Saint Gilles

Collectif de résistance aux centres fermés et aux expulsions C/O 61,UPJB, rue de la victoire 1060 bxl

arch/ive/ief (2000 - 2005)