arch/ive/ief (2000 - 2005)

A minuit ce soir la police et les Carabinieri ont procédé à deux perquisitions, la première dans le Media Center, la deuxième dans l'Ecole Diaz qui lui fait face dans la petite rue Batisti. A peu près deux cent policiers sont entrés en force dans les deux bâtiments.

Dans le Media Center (qui abrite aussi le secrétariat du Genoa Social Forum), ils se sont intéressés au rez-de-chaussée et au troisième étage, celui d'Indymedia. Dans l'Ecole Diaz tous les étages ont été ravagés et les personnes qui s'y trouvaient, battues et pour certaines, rouées de coups. La raison invoquée apparemment serait les
aveux de détenus du Black-Block déclarant qu'ils ont trouvé leurs armes dans ces endroits. La loi italienne autorise les perquisitions « sauvages » pour deux raisons : les armes et la drogue. De fait, d'après une radio le chef local de la police n'aurait pas été prévenu, les ordres seraient venus directement de Rome.

Dans l'école Diaz, le rez-de-chaussée a été ravagé, comme le reste des étages : ordinateurs détruits et brisées sur le sol, lieu de couchage dévasté, affaires répandues partout. Les portes ont été enfoncées. Les personnes qui se trouvaient sur place ont été battues. On a compté plus d'une trentaine de personnes blessées, la plupart étaient
allongées sur des civières. Très peu de personnes sortaient sur leurs pieds, en se tenant toutefois la tête ou le nez qui semblait saigner.
Au moins une personne était inconsciente et ne pouvait parler.

A l'étage d'Indymedia, les policiers ne semblaient rechercher que des cassettes video et autres matériels du même type. Bien entendu avec violence.

La police a refusé aux avocats de passer pour qu'il puisse voir ce qu'il se passe, ainsi qu'à un sénateur italien. Les rues étaient remplies de policiers et un hélicoptère tournait à très basse altitude, son projecteur balayant toutes les façades.

L'une des raisons qui paraît expliquer l'action violente de la police est un reportage diffusé sur une chaine de télévision montrant les relations de certains individus du Black-Block et de la police, ceux-là recevant des ordres ou des conseils des ceux-ci. La violence inouïe avec laquelle se sont déroulés ces faits, n'est absolument pas proportionnel à la situation rencontrée par la police, puisqu'au moment d'entrer dans l'école Diaz les personnes présentes dormaient.

La police, une fois évacuées les personnes par les ambulanciers, une fois avoir rempli leur van, les unités ont petit à petit quitté l'endroit. Le Genoa Social Forum fera demain matin une conférence de presse. Il serait aussi possible que des actions soient entreprises dans la journée de dimanche.

Le bruit des hélicoptères et des sirènes, les cris et les uniformes ont donné, un instant durant, l'impression de vivre dans une dictature militaire. Leur brutalité a ajouté à cette impression. Plus grave encore, les pellicules photos ouvertes, les cassettes confisquées ne font qu'ajouter à cette impression, à la renforcer, puisque malgré les excuses et les raisons invoquées, il s'agissait bien de confisquer et de faire disparaître du matériel d'information.

Les différents mouvements ici sont terriblement choqués. La tension monte, mais cette stratégie de la tension est aussi celle de la police depuis des jours. Elle a monté d'un cran ce soir à Gênes.

Laurent Jesover.
Rédacteur journal@attac.org

Quand on voit ce qui s'est passé à Barcelone, à Göteborg et à Gênes, on en arrive à la conclusion qu'il est finalement moins dangereux de participer à une manif' violente que de pratiquer la non-violence. Dans le premier cas, il est au moins prévisible qu'on se fera attaquer par les forces de l'ordre et on peut donc prendre des mesures pour y faire face. Dans le deuxième cas, les flics viennent te raper dessus à l'improviste, dans ton sommeil. Conclusions:
1- Pratiquer la non-violence n'a aucun sens
2- Dire que la violence appelle la violence est un gros mensonge. C'est au contraire la non-violence qui le plus
souvent appelle la violence ou qui la maintient.

Nous avons la chance de vivre en démocratie dans des états où le droit de manifester et d'exprimer publiquement son opinion est unanimement reconnu.
Bien que ne partageant pas le point de vue des manifestants anti-mondialisation, je trouve tout à fait normal et sain que ceux-ci puissent exprimer leurs avis, car c'est en confrontant les avis et en discutant qu'on fait avancer les débats.
Malheureusement, lors des derniers grands sommets, qu'ils soient européens ou mondiaux, la présence des manifestants a été occultée par celles des imbéciles venus non pas pour manifester mais pour casser et semer le désordre dans les villes.
Le comportement de cette minorité est incautionnable et c'est eux qui, selon moi, porte la responsabilité première de la mort du jeune manifestant (casseur?) décédé à Gênes ce vendredi.
Je pense sincérement que lorsqu'on vient exprimer son avis et défendre son opinion, il n'est pas nécessaire d'être équipé de boucliers et de cuirasses, ni d'être armés de cocktails molotoff.
Les intentions premières de ceux qui arrivent équipés de la sorte ne peuvent pas être celles de manifestants qui se disent pacifiques.
Car c'est cette minorité d'imbéciles qui jette le discrédit sur toutes les manifestations et qui, de ce fait, ôte toute crédibilité au mouvement anti-mondialisation.
La seule chose que l'on retiendra de ce week-end, c'est le comportement scandaleux des casseurs qui ont mis une ville à sac.Quant aux revendications des manifestants anti-mondialisation, les vrais, personne n'en retiendra une seule, car personne n'a pu les entendre.

Je pense que, à l'avenir, si vous n'êtes pas capables d'entourer vos manifestations et de les organiser de manière à éviter les débordements connus lors des derniers sommets, vous feriez mieux de vous abstenir et d'éviter de manifester à nouveau.

J'aimerais terminer en disant que dans une société civilisée on s'exprime et on négocie autour d'une table. La seule confontation, positive celle là, qui existe est celle des arguments. Une discussion avance grâce aux arguments avancés et pas grâce aux pavés lancés dans les vitrines de commerçants innocents.
Les casseurs n'ont pas leur place dans nos sociétés et leurs facultés intellectuelles sont à l'image de leurs comportements, pitoyables.

Ce n'est certainement pas en vous exprimant de la sorte que vous obtiendrez une once de crédibilité et que vous rallierez l'opinion publique.
Les prochains sommets nous diront si vous avez pu tirer les leçons qui s'imposent au vu des événements des jours derniers.

Si, comme vous le proposez, les vrais manifestants s'abstiendraient de manifester et de exprimer leurs opinions (pacifiquement, cela va de soi) ce serait ceder au chantage des violents. Si on ne decends plus dans la rue ça voudrait dire que la violence est un mode d' actions plus profitable que les arguments rationels.
ça serait alors un jour tres noir pour la democratie.

Tout d'abord, félicitations pour votre site: je viens de le découvrir suite à un reportage télévisé passé sur FR3... Comme quoi les médias "traditionnels" peuvent encore etre utiles...

Je vous écrit pour réagir à l'article concernant le danger moindre d'assister à des manifs "violentes" plutot qu'à des manifs pacifiques...
Ici, en Belgique, si on regarde la gestion des grèves et manifestations ayant eu lieu ces 10 dernières années, on se rend compte que lorsque les agriculteurs ou les routiers manifestent, les policiers sont relativement discrets et les autopompes se tiennent à l'écart... Par contre, dès qu'il s'agit d'une manifestation d'enseignants, d'étudiants ou d'infirmières, les autopompes sont au premier rang et les policiers ont un comportement nettement plus "provocateurs": reflux "manu militari" des manifestants, charges, ... Et évidement, dans ces conditions il y a toujours bien un ou deux gugusse pour réagir à ces provocations et justifier une intervention musclée de la police...
Bref, pour un policier, il est beaucoup moins risqué de taper sur un prof, un étidiant ou un infirmier que sur un routier, un métallo ou un agriculteur...

Bonne continuation

Fred

en réponse à la personne qui a écrit ceci:

"J'aimerais terminer en disant que dans une société civilisée on s'exprime et on négocie autour d'une table..."

j'aimerais seulement vous faire observer monsieur que les négociations se passent généralement derrière des barricades, derrière des portes fermées au nez du public et que nous subissons les résultats de ces négociations sans grande possibilité d'objection autre que celui de manifestations qui mêmes si elles augmentent en effectifs, donnent de plus en plus de résultats négatifs. de là, il me semble, vient la plus grande insulte à la démocracie.

Quels peuvent etre grands les discours des ignorants. Les agissements des medias du grand Capital ont manifestement bien fait leur boulot.Presents sur les lieux des manifestations pour quelques minutes, les journalistes n' avaient cure que de prendre leur image choc, sans se soucier du reste, ni d'observer ce qui ce passait autour d' eux. Avec un ami (qui a vu Carlo -le soit-disant casseur sans cervelle - se faire assassiner par la police),on a interroger une petite vieille qui urlait au scandale qu'elle avait vu, en bas de chez elle, une quinzaine de policiers se changer en "black-blokkers", armes de barres de fer et cagoules, siute a quoi ils se sont integres dans la manif.
Combien de policiers ont-ils procede de la sorte?Les fashos ont-ils profite de la shot? Quoiqu'il en soit, les medias en ont bien profite, eux!
La fiction est un mensonge, la verite est bien pire!