arch/ive/ief (2000 - 2005)

Compte rendu de l'assaut de la police
by olivier Sunday July 22, 2001 at 07:56 AM

Recit des evenements de la nuit

Cette nuit vers minuit, plusieurs vehicules de police ont fait irruption dans la rue Cesare Battisti ou se trouve l'immeuble du Genoa Social Forum, qui abrite les locaux de l'organisation du contre-sommet, de son equipe d'avocats et d'Indymedia. En face se trouve une ecole qui abrite des terminaux avec acces internet et qui sert de dortoir a de nombreux activistes. Des l'irruption de la police au bout de la rue, toutes les personnes presentes dans la rue devant les immeubles se sont refugiees au pas de course dans l'un ou l'autre batiment. Dans l'immeuble du GSF, la porte principale a ete barricadee, mais les policiers sont parvenus a entrer par une porte laterale. Des avant d'avoir investi les immeubles, les policiers se sont mis a matraquer tout ceux qui leur tombaient sous la main.

Au troisieme etage, dans les locaux d'Indymedia, l'effervescence creee par la nouvelle de leur arrivee fut breve: en quelques minutes, ils etaient en haut et ordonnaient a toutes les personnes presentes de poser les mains sur les murs du couloir. Pendant ce temps, ils se sont mis a chercher un peu tout et n'importe quoi: ils ont d'abord trouve quelques masques a gaz, pourtant conseilles officiellement (et necessaires!) pour participer a toute manifestation. Ensuite, des armes: un petit couteau Opinel, quelques tournevis, une pince,... Ils ont egalement fouille de nombreux sacs et confisque des minidiscs, bandes video, etc. Visiblement, ils ne savaient pas tres bien ce qu'ils cherchaient. Sans doute n'importe quoi qui puisse nuire au mouvement en general et a Indymedia en particulier. En vain, a l'exception de... quelques vetements noirs, pieces a conviction s'il en est.
Pendant ce temps, apres une petite demi-heure a regarder le mur, les IMCistes ont recu l'autorisation de s'asseoir et l'atmosphere s'est legerement detendue. Finalement, une parlementaire europeenne est arrivee et a obtenu la levee du siege, en vertu du fait que nous etions une assemblee internationale et que nos activites se cantonnent a l'information.

Aux autres etages de l'immeuble prete au GSF, la "prise d'otages" avait ete moins longue, mais au premier, dans les locaux de l'equipe juridique, les forces de l'ordre avaient pris soin de massacrer les bureaux, les telephones et les ordinateurs, qui contenaient toutes les informations des derniers jours relatives a l'assistance juridique. Sans doute un hasard...

Ce n'est qu'alors que nous avons decouvert ce qui se tramait dans l'immeuble d'en face: sous la protection de dizaines de policiers anti-emeutes, leurs camarades s'en donnaient a coeur-joie. Des leur irruption dans l'ecole, ils s'etaient mis a tabasser, parfois jusqu'a une dizaine a la fois, des personnes a terre qui n'offraient aucune resistance, souvent a plusieurs reprises, a coups de pied et de matraque. Il va sans dire que tout le materiel sur place y est passe egalement.

Les gardiens de la paix ont ensuite commence a vider l'immeuble de tous ses occupants: les pas trop invalides en panier a salade, les blesses plus serieux en ambulance, escortes par des infirmiers ou sur des civieres. Plusieurs personnes ont ete evacuees inconscientes. A chaque nouveau groupe de prisonniers embarques, a chaque nouvelle civiere qui passait, les gens du batiment du GSF, masses sur le trottoir, hurlaient leur indignation: "Assassini", "Genova libera" et autres "The whole world is watching" (heureusement, les medias etaient egalement presents en tres grand nombre). Plusieurs dizaines de personnes ont ete emmenees en ambulance, dont au moins une bonne quinzaine en civiere, et les autres ont ete emmenes au poste, ou l'on craint deviner ce qui les attendait.

Apres le repli strategique de la flicaille, le spectacle du champ de bataille a l'interieur de l'ecole etait ahurissant: outre les destructions, ce sont surtout les flaques et les longues trainees de sang un peu partout dans l'immeuble qui donnaient la chair de poule.

Rien de ce que dira la police ne pourra justifier cette bestialite. On a deja appris qu'ils cherchaient soi-disant des mitraillettes (!), ou encore des casseurs, mais ils avaient deja affirme aussi, dans un premier temps, qu'il n'y avait eu que 5 arrestations et une dizaine de blesses, dont certains se seraient blesses deja lors de la manifestation de l'apres-midi... Ils inventeront encore d'autres sornettes. Ils ont beau mentir, c'est bel et bien leur vrai visage qu'ils ont montre cette nuit.