arch/ive/ief (2000 - 2005)

La culture et le savoir ne sont pas à vendre
by Sally Burch Tuesday July 03, 2001 at 04:25 PM

Face à l'invasion de la communication dans toutes les sphères de la vie, s'est affirmée parmi les organisations citoyennes la prise de conscience qu'il s'agit d'un secteur stratégique pour l'action en faveur d'une société plus démocratique et pluraliste.

Ceci motiva l'organisation du Forum de la Communication lors de la Seconde Rencontre des Peuples, réalisée la troisième semaine d'avril au Québec (Canada) en prévision de la Rencontre Présidentielle destinée à négocier l'accord pour l'Aire de Libre Commerce des Amériques. Il s'agit d'un thème nouveau dans ces rencontres puisqu'il ne fût pas
traité lors de la Première Rencontre des Peuples, qui eut lieu à Santiago du Chili en 1998.

Dans les conclusions présentées à l'assemblée plénière de la Rencontre des Peuples, le Forum a souligné que le droit à la communication étant un droit de l'homme fondamental, qu'il supporte et sous-tend tous les autres droits, celui-ci doit être protégé et étendu dans le contexte des nouveaux défis de la globalisation.

A ce propos, ont été relevées quatre grandes tendances qui se sont renforcées depuis la réalisation de la Première Rencontre. La première est la concentration et la monopolisation de la communication entre les mains de grands conglomérats qui se situent au sommet de l'économie néolibérale. La deuxième est le contrôle que cette
concentration implique sur l'information, les connaissances et l'homogénéisation de l'opinion, contrôle qui passe, entre autre, par l'application des droits de la propriété intellectuelle.

Une troisième tendance est l'essor de la révolution technologique, qui est aussi un des piliers du processus de globalisation. Et la quatrième, la mercantilisation de l'information, de la connaissance et de la culture, fait qui empêche toute possibilité d'exercer des droits dans ce domaine.

De plus, il a été signalé, en écho aux conclusions de l'Atelier de la Communication et de la Citoyenneté du Forum Social Mondial de Porto Alegre en janvier 2001 (cf. ALAI 327 13/02/01), que s'est imposé un type d'information "universellement neutre", qui nie le pluralisme et la diversité culturelle, linguistique et de genre.

En dépit de ces tendances, il a été reconnu l'apport des moyens de communication indépendants et communautaires, soulignant la contribution de ces derniers à la démocratisation des systèmes politiques, comme par exemple la chute des régimes répressifs.

Le Forum invita la Réunion des Peuples à reconnaître la communication comme un secteur critique de la lutte sociale, qui doit faire partie des actions futures, tant au niveau théorique que pratique.

J'insiste, par ailleurs, sur les recommandations suivantes :

Que le droit à communiquer soit reconnu comme un droit de l'homme, tant par la société civile que par les instances gouvernementales et internationales.

Que tous les accords économiques internationaux garantissent la souveraineté des états à réguler tout ce qui a trait au secteur de la communication (en forme et contenu).

Que le droit à communiquer soit reconnu constitutionnellement et dûment légiférer et mis en pratique par le moyen de politique de régulation (ex : lois antimonopoles).

Considérant que la communication fait partie du bien commun, les multinationales doivent payer pour l'utilisation de cet espace public.
Les fonds ainsi récoltés devront être utilisés pour assurer la pérennité des moyens de communication communautaires et indépendants et devront être distribués et administrés selon les principes de l'économie solidaire sous le contrôle de la société civile.

Que l'économie de marché n'est pas le seul et unique modèle pour développer l'infrastructure des communications. Les personnes doivent être considérées comme des producteurs et des participants de l'information et non seulement comme des consommateurs.

Que l'accès universel doit être la norme pour toute nouvelle
technologie et que l'accès aux technologies existantes doit être maintenu.

L'appel à une discussion et un débat public permanent à propos des problèmes générés par les nouvelles technologies, incluant les droits de confidentialité, de propriété intellectuelle et un processus transparent de décision au sein des corporations et des gouvernements.

Que la société civile et les ONG doivent se réapproprier les termes de la discutions pour la formulation des politiques de régulations en matière de communication.

En conclusion le Forum affirma que "la culture et le savoir ne sont pas en vente".

Sally Burch

Traduction : Yann Le Borgne, traducteur bénévole coorditrad@attac.org
Première parution Correo Informativo 92