Extradition de Milosevic ou l'achat d'un criminel de guerre

Partisan, à l'époque des bombardements de l'OTAN, de l'appel lancé, notamment, par Pierre Boudieu, "Ni OTAN, ni Milosevic", je ne me sens en aucune manière choqué par le fait que Milosevic soit jugé. Cet ancien apparatchik de l'appareil communiste yougoslave a exacerbé les sentiments nationalistes d'une partie du peuple serbe pour sortir de l'ombre et arriver au pouvoir. Cet homme est un criminel et c'est pourquoi il doit être jugé. L'impunité pour ses actes ne peut être la régle.

Mais l'extradition de ce odieux personnage ne constitue nullement une victoire du droit international, des droits de l'homme et de la justice. Cette extradition est l'unique expression des règles de notre système globalisé, l'expression des rapports de force au niveau international.

Milosevic n'a pas assez obéi aux diktats internationaux des puissances impérialistes que sont l'Union européenne et les Etats-Unis. Ce monsieur n'a pas respecté toutes les règles et s'est mis au ban de la communauté internationale. Il en paie aujourd'hui les conséquences. Il faut obéir aux puissants... sinon... on se voit diabolisé par les médias et les politiques.

Pour obtenir cette extradition, l'UE, les Etats-Unis et le Tribunal Pénal International de La Haye sur les crimes de guerre en ex-Yougoslavie ont utilisé, copmme tout le monde le sait, l'arme économique. La Serbie a un énorme besoin de de se reconstruire. Les bombardements, les guerres continuelles,... ont affaibli économiquement le pays. D'où la nécessité de crédits... Mais ces derniers ne s'obtiennent pas comme cela. Le Fonds Monétaire International et la Banque mondiale ne sont pas des institutions neutres. On connaît leurs plans d'ajustements structurels visant à libéraliser, déréguler, privatiser des secteurs dans des pays que ces institutions tiennent par la gorge via la fameuse et criminelle dette. C'est le même phénomène qui s'est déroulé ces derniers jours sous nos yeux. Le gouvernement de Kostunica a plutôt choisi les crédits internationaux en vendant Milosevic. Les dollars de George W. Bush ont gagné. Ce n'est pas de la justice, c'est un échange de bons services. D'ailleurs, dès ce vendredi, les pays européens se réunissent pour accorder de l'argent frais à l'ex-Yougoslavie.

C'est d'autant moins de la justice que l'impunité est une règle d'or dans notre village global.
Est-ce que l'OTAN et ses responsables vont payer pour leurs crimes? Qu'en est-il de toutes les victimes civiles et militaires de l'uranium appauvri, tant dans les Balkans qu'en Irak? Qui va nous faire croire que Saddam Hussein est l'unique responsable de la mort de milliers d'enfants irakiens chaque mois à cause d'un blocus criminel? Quand le régime turque - membre de l'OTAN - va-t-il rendre des comptes sur ses prisonniers politiques et les massacres qu'il commet contre le peuple kurde? Qui va juger les entreprises pétrolières qui, de la Birmanie à la Colombie en passant par le Nigeria, violent les droits de l'homme, soutiennent des régimes sanglants, utilisent des paramilitaires pour briser la résistance sociale? Qui va juger les instigateurs du fameux Plan cCndor en Amérique latine, ce réseau de dictatures militaires qui, durant les années 70, s'est organisé pour détruire tout mouvement de gauche? L'affaire Pinochet ne peut occulter qu'en Bolivie, l'ancien dictateur Banzer est encore au pouvoir! L'affaire Pinochet ne peut occulter le rôle des Etats-Unis, d'Henry Kissinger, de la CIA, de l'entreprise ITT dans le coup d'état contre Salvador Allende en 1973! Qui va juger les crimes d'Israël contre le peuple palestinien? Qui va juger les crimes impérialistes au Vietnam/Laos/Cambodge et le déversement du napalm sur les gens et leurs terres? L'impunité d'hier permet que continue à se commettre des crimes aujourd'hui.

Finalement, Milosevic n'est qu'un petit voleur de mobilette par rapport aux vrais grands criminels de ces dernières années.
Bien sûr que cet odieux personnage doit être jugé, mais ce qui s'est passé n'est qu'un écran de fumée permettant aux autres grands criminels qui, eux, sont dans le camp des "gentils", de s'en sortir. Les Etats-unis ne veulent d'ailleurs pas ratifier la convention pour la création d'un tribunal pénal international par peur de voir nombre de ses concitoyens traînés, comme il le faudrait, devant ce tribunal pour crimes contre l'humanité!
je pense qu'il fallait rappeler cela!

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Economic terrorism: Yugoslavia & the I.M.F.(by Michel Chossudovsky)

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