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Tribunal virtuel des femmes et des peuples du Sud: Le procès de la dette
by Indymedia Belgique Thursday June 21, 2001 at 05:20 PM

"Un autre monde est possible", Bruxelles 12 mai 2001

Tribunal virtuel des femmes et des peuples du Sud

Écrit par "la coalition des Femmes" de Dakar, Sénégal.

Le procès de la dette

Bruxelles, 12 mai 2001

 

La greffière : La Cour !

Le public se lève, la cour rentre (la présidente et l'accusateur public).

La Présidente : Vous pouvez vous asseoir. Je déclare l'audience du tribunal virtuel des femmes et des peuples du sud ouverte.

Quelle affaire est inscrite au rôle ce samedi 12 mai ?

La greffière : Votre juridiction n'est saisie que d'une seule affaire : LA DETTE !

La Présidente: Les accusés sont-ils bien présents à cette audience ?

La greffière: Oui Madame la Présidente, les accusés sont là.

La Présidente: Monsieur le Fond Monétaire International ?

Monsieur la Banque Mondiale ?

Madame les Etats du G7 ?

Monsieur les Gouvernements du Sud ?

Je vous remercie.

Je donne la parole à l'Accusateur public dans l'affaire du ministère public contre la banque mondiale, le fond monétaire international, les Etats du G7 et les gouvernements du Sud

L'accusateur Public: Madame la Présidente, mesdames et messieurs, les institutions financières internationales, les Etats du G7, et les gouvernements du Sud qui ont accepté leurs diktats sont notamment inculpés des crimes économiques suivants :

Non-assistance à peuples en danger

Complicité de pillages des ressources naturelles

Aggravations des inégalités entre riches et pauvres et entre femmes et hommes, avec préméditation

Détournement de fonds publics

Blanchiment d'argent sale

Corruption

Délit d'initié

Instigation de la liquidation des services sociaux fondamentaux

Refus du droit d'insolvabilité aux débiteurs du Tiers Monde

Imposition sous la contrainte de taux usuraires

Désinformation notoire en matière d'annonce de l'allégement de la dette, et enfin,

Recolonisation criminelles des pays du sud par les détenteurs de capitaux.

 

La présidente Je vous remercie monsieur l'accusateur Public.

La cour vous donne acte de votre réquisitoire

Scène n 1: Mr Fond Monétaire International

La Présidente: Bien, j'appelle donc le premier accusé, Monsieur le Fond Monétaire International.

La greffière: Mr le Fond Monétaire International à la barre !

La présidente: Monsieur le Fond Monétaire International veuillez-vous présenter je vous prie.

Mr F.M.I.: Je suis né en 1944. Je suis une institution financière

internationale au sein du système des Nations unies. Je gère les grands problèmes financiers de ce monde.

La présidente : J'invite à présent Mr l'Accusateur public à interroger l'accusé dans le but de mettre en évidence les faits qui lui sont reprochés.

  • Maître Guissé, l'accusé est à vous.

l'Accusateur public: Je vous remercie Madame la Présidente.

Monsieur la Fond Monétaire International est-il exact que le premier article de vos statuts fondateurs vous impose d’œuvrer pour le développement équilibré de tous les pays membres des Nations-Unies ?

Mr F.M.I.: Oui, c'est exact.

l'Accusateur public: Pouvez-vous alors nous dire pourquoi les pays africains que votre institution prétend aider depuis plus de vingt années se retrouvent aujourd'hui avec un niveau de vie équivalent à celui d'il y a vingt ans et avec une dette qui a plus que quadruplé ?

Mr F.M.I.: Il me semble que les choses ne doivent pas être présentées ainsi, le F.M.I. a dépensé beaucoup d'énergie pour trouver des solutions au non-développement de ce continent. Nos études montrent que les difficultés tiennent au fait que les dirigeants de ces pays n'ont pas appliqué avec assez de volonté et de fermeté les conseils que nous leur donnions.

l'Accusateur public: Voulez vous dire qu'il n'y a pas eu assez de rigueur budgétaire et de coupes dans les budgets sociaux, pas assez de libéralisation, pas assez de privatisation ?

Mr F.M.I.: Ecoutez, si l'Afrique avait véritablement utilisé les fonds empruntés avec une politique volontariste, elle aurait su profiter de l'opportunité qu'offre l'entrée sur le marche mondial.

l'Accusateur public: Mais votre institution savait très bien que l'argent emprunté servait à camoufler un déficit commercial et à enrichir les élites locales .

Mr F.M.I.: Ne parlons pas de ces distorsions temporaires. La solution que nous leur proposions était d'augmenter les exportations. Nous avons tout fait pour les aider dans ce sens !

l'Accusateur public: Cette augmentation n'allait-elle pas entraîner une nouvelle chute des prix des produits exportés, tout au bénéfice des pays qui vous contrôlent ?

Mr F.M.I.: Nous n'allons pas remettre ici en cause les bases de l'économie moderne voulez-vous. Ne reprochons pas au Fond Monétaire International les lois naturelles du Marché !

l'Accusateur public: Madame la présidente, je constate que l'accusé reconnaît implicitement avoir poussé les pays du sud déjà très fragilisés par la colonisation, dans une politique qui leur était gravement défavorable.

Je n'ai pas d'autres questions.

Scène n 2: Mr la Banque Mondiale

La Présidente: Je vous remercie Maître Guissé. L'accusé peut regagner son siège

Nous allons maintenant procéder à l'audition du second accusé, Monsieur la Banque Mondiale.

La greffière: Mr la Banque Mondiale à la barre

La présidente: Monsieur la Banque Mondiale, veuillez décliner votre identité, je vous prie.

Monsieur la Banque Mondiale: Comme mon frère le F.M.I. je suis né en 44 à Brettons Wood. Je suis un groupe bancaire international financé par les Etats membres du système des Nations Unies, mon rôle est de favoriser le développement des Nations du monde.

La présidente: Maître Guissé, veuillez interroger l'accusé s'il vous plaît

L'Accusateur public: Monsieur la Banque Mondiale, pouvez-vous nous dire pour quelles raisons votre institution, mise en place pour financer des projets de développement, est-elle devenue le gendarme du monde, une espèce de père fouettard des finances ?

Mr la Banque Mondiale: Oui, écoutez, nous nous sommes rendu compte que le financement de structures de production ou d'infrastructures, ne pouvait porter ses fruits que dans un environnement économique sain. Nous avons travaillé dans ce sens.

L'Accusateur public: Pouvez-vous nous dire ce que signifie un environnement économique sain ?

Mr la Banque Mondiale: Un environnement économiquement sain est un contexte de développement régi par une rigueur budgétaire, une bonne gouvernance, et surtout, des politiques favorables à l'initiative privée, à l'investissement privé et au libre commerce.

L'Accusateur public: Considérez-vous que les projets pharaoniques, comme la construction de grands barrages inadaptés, projets dont la Banque s'est fait une spécialiste sont des exemples de bonne gouvernance et sont exempts de malversations et de corruption ?

Mr la Banque Mondiale: Nous avons tout de même eu quelques réussites, même si c'est justement pour réparer les errements de certains que nous avons dû nous transformer en gendarme du sud.

L'Accusateur public: Et en quoi le gendarme du Sud pense-t-il réparer les errements de certains en diminuant le salaire des professeurs et en imposant des classes allant jusqu'à cent élèves où tous les âges se mélangent ?

Mr la Banque Mondiale: Nous avons proposé aux pays africains de rationaliser les dépenses d'éducation afin d'atteindre un premier objectif réaliste : une éducation de base à tous. Nous n'avons pas défini les modalités pour y arriver.

L'Accusateur public: Pouvez-vous nous dire si vos politiques ont réussi ?

Mr la Banque Mondiale: Je pense que nous arrivons à un taux d'alphabétisation de 78 %, au niveau mondial.

L'Accusateur public: Oui, d'accord, mais les pays qui ont suivi vos conseils avec le plus d'acharnement : les pays d'Afrique subsaharienne n'ont scolarisé qu'un enfant sur deux ! On est loin du compte !

Mr la Banque Mondiale: Certes, mais la population africaine ne compte que pour un dixième de la population mondiale !

L'Accusateur public: Madame la présidente, vous constaterez que l'accusé reconnaît implicitement que les politiques qu'il a imposées sont des échecs.

Je n'ai pas d'autres questions, Madame la Présidente.

Scène n 3: Mme Etats du G7

La Présidente: Je vous remercie Maître Guissé. L'accusé peut regagner son siège.

Nous allons maintenant procéder à l'audition du troisième accusé, Madame les Etats du G7.

La greffière: Mme les Etats du G7 à la barre.

La présidente: Madame les Etats du G7, veuillez vous présenter à la cour.

Madame les états du G7 : Yes Madam: I am a group formed by the seven most industrialized countries of the world.

La présidente: Maître Guissé, l'accusée est à vous.

L'accusateur Public: Madame les Etats du G7, les dirigeants de vos pays ont-ils conscience qu'en poussant leurs entreprises à investir de manière inconsidérée dans les pays du sud, c'est sur les générations futures que le poids de la dette infligera ses funestes conséquences ?

Madame Etats du G7 : South countries always need investments.

La présidente: Madame les Etats du G7 !

Pouvez-vous exprimer en français afin que l'ensemble de la cour et de l'auditoire puisse vous comprendre ? !

Madame Etats du G7 : Of course ! Tout le monde ne comprend pas l'anglais ?

Enfin, soit, passons ...

Je disais donc que c'est toujours d'investisseurs dont le Sud a le plus besoin à l'heure actuelle.

L'accusateur Public: Mais pourquoi avoir imposé un développement centré sur les exportations sans tenir compte du développement interne ?

Madame Etats du G7: Dans cette perspective, tout le monde devait s'y retrouver: les pays du Sud en profitant des dernières technologies et d'investissements qu'ils n'auraient pu faire pour démarrer leur développement industriel, de notre côté nous pouvions partager nos compétences.

L'accusateur Public: Profiter des dernières technologies ! Partager vos compétences ! Mais votre soi-disant générosité n'entraîne-t-elle pas plutôt une dépendance encore plus grande des pays africains envers les industries des pays de votre groupe ?

Madame Etats du G7: Mais c'est la seule façon de faire en sorte que les pays du Sud nous rejoignent dans la modernité d'un monde de libre-échange.

L'accusateur Public: Vous n'avez jamais imaginé que c'est le modèle de développement imposé de l'extérieur qui pouvait poser problème ?

Madame Etats du G7: Pas du tout ! Tout le monde s'accorde sur l'étroitesse des alternatives à l'économie de marché mondialisée basée sur la croissance.

L'accusateur Public: Comment osez-vous affirmer que cette croissance qui laisse aujourd'hui le quart de la population mondiale dans la pauvreté absolue, et dont la moitié vit avec moins de deux $ par jour, représente une orientation viable pour les économies du Sud ?

Madame Etats du G7: Euh... Il s'agit... je crois, d'une période transitoire...

L'accusateur Public: Pourquoi n'avez-vous pas réagi lorsque vos banques prêtaient des sommes colossales sans s'inquiéter des sommes considérables détournées simultanément ?

Madame Etats du G7: Euh... mais nos Etats n'ont pas dans leur fonction de contrôler les banques privées.

L'accusateur Public: Donc vous nous confirmez que vos Etats ne contrôlent pas les investissements réalisés, ni les prêts octroyés par vos banques. En somme, vous reconnaissez votre responsabilité dans les détournements massifs et les investissements non productifs des dernières années !

Je n'ai plus de questions Mme la Présidente !

 

Scène n 4: Mr les Gouvernements du Sud

 

La Présidente: Je vous remercie Maître Guissé. L'accusée peut regagner son siège.

Nous allons maintenant procéder à l'audition du dernier accusé, Monsieur les Gouvernements du Sud.

La greffière: Mr les gouvernements du Sud à la barre.

La présidente: Monsieur les Gouvernements du Sud, veuillez vous présenter à la cour.

Mr Gouvernements du Sud: Je suis l'élite, la classe dirigeante des nations indépendantes du Sud qui constituent aujourd'hui la majorité de la population sur terre.

La présidente: Mr les gouvernements du Sud, vous qui êtes censés représenter les intérêts des peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, comment avez-vous pu vous laisser ainsi entraîner dans la spirale infernale de l'endettement public qui nous étrangle littéralement aujourd'hui ?

Mr Gouvernements du Sud: Euh.... c'est-à-dire que nous sommes partis de rien, et comme vous le savez, aucun développement dans l'histoire n'a pu se faire sans investissements... c'est pourquoi nous avons dû emprunter.

La Présidente: Vous avez intérêt à être plus convaincant !

Je laisse à Maître Guissé le soin d'interroger l'accusé.

L'Accusateur public: Je vous remercie Madame la Présidente.

Mauvaise gouvernance, corruption, manque de transparence, ces délits ont amené la nouvelle dépendance de nos populations.

Pouvez-vous nous dire quelles mesures vous avez pris pour éradiquer ces crimes ?

Mr Gouvernements du Sud: Mais, les indicateurs macro-économiques, notre taux de croissance qui sont enviés par tous sont là, comme preuve de notre bonne foi.

L'Accusateur public: Comment vous, représentants des populations les plus pauvres de la planète, pouvez-vous vous contenter d'indicateurs macro-économiques euphorisants, alors que partout la pauvreté augmente dramatiquement ?

Mr Gouvernements du Sud: Nous croyons que pour lutter contre la pauvreté, les reformes structurelles sont les premières actions à mener, et les seules à même d'amener la croissance: et c'est demain que nous allons récolter les fruits de ces mesures...

L'Accusateur public: Madame la présidente, tout le monde notera que derrière ces mots: "réformes structurelles" il faut comprendre: libéralisation des capitaux, ultra libéralisme, privatisation des services publics... vous constaterez comme la Cour, que l'accusé montre qu'il a accepté d'être le complice de politiques qui ont jeté des millions d'être humains dans une pauvreté compromettant même leur survie.

Je n'ai pas d'autres questions, Madame la Présidente.

La Présidente: Je vous remercie Maître Guissé. L'accusé peut regagner sa place.

Nous allons maintenant passer la parole à la partie civile pour entendre les plaignants.

Maître Sarr, voulez-vous vous approcher.

 

 

Scène n 5: La Jeune fille analphabète

 

 

Maître Sarr: Merci Madame la Présidente

Après avoir écouté les arguments des accusés, je souhaite appeler à la barre quelques-unes de ces victimes de la dette du tiers-monde, afin que mesdames et messieurs les jurés, comme toute l'assistance présente dans ce tribunal, mesurent l'ampleur des conséquences de la dette sur la vie des populations du Sud.

La présidente: Je vous en prie Maître Sarr.

Veuillez procéder à l'appel de vos témoins à la barre.

Maître Sarr: Merci Madame la présidente.

J'appelle à la barre la première victime de la dette, Melle Ndella Dieng

Maître Sarr: Bonjour Ndella. Comment vas-tu ?

Ndella: Bien Madame.

Maître Sarr: N'aies pas peur Ndella, il suffit juste d'expliquer à ces messieurs dames pourquoi tu as souhaité être entendue au procès de la dette.

Ndella J'ai 14 ans et je viens du village Niakhakh

Je suis venue ici parce que je ne sais ni lire ni écrire

Maître Sarr:Tu n'as donc pas été à l'école ?

Ndella: Si, mais à peine trois ans, et dans la classe on était beaucoup.

Maître Sarr: Trois ans, et cela n'a pas été suffisant pour que tu apprennes à lire ?

Ndella C'est que le maître, il fait juste sa leçon et puis il quitte...

Dans ma classe ont était 110 mais avec les grands en même temps, ça allait trop vite et je n'ai pas pu bien apprendre.

Maître Sarr: Donc maintenant tu vis à Dakar et tu travailles comme employée de maison.

Combien gagnes-tu avec ce travail ?

Ndella: Je gagne 10 000 FCFA à la fin du mois... quand la patronne me les donne.

Maître Sarr: 10 000 CFA par mois ! Moins de 15 dollars, ou 600 francs belges mesdames et messieurs !

Mais dis-nous Ndella, que fais-tu de cet argent que tu gagnes ?

Ndella : J'essaie de moins dépenser ici et j'en envoie une bonne partie au village. C'est pour payer l'école de mon frère Youssou.

Maître Sarr: Comment se fait-il qu'il faille payer l'école dans ton village ? L'école n'est-elle pas gratuite ?

Ndella : C'est qu'avant, il fallait aller au chef-lieu de canton pour l'école et ça coûtait cher.

Maintenant, il y a une école avec trois classes qui a été construite par les toubabs des Ong dans mon village même.

Mais il n'y avait pas de maître.

Alors les femmes de la mutuelle du village se sont réunies et elles ont décidé de toutes se cotiser pour payer un maître.

Maître Sarr: Eh bien sûr Ndella, tu as aussi envie de savoir lire et écrire

Ndella: Ben oui, j'aimerais bien car parce que c'est plus facile, même pour les bonnes.

Maître Sarr: Je te remercie Ndella. Tu as été très courageuse de venir nous dire tout cela aujourd'hui !

Madame la Présidente, mesdames et messieurs les jurés, si j'ai voulu que Ndella témoigne aujourd'hui au cours de ce procès, c'est parce que l'Afrique en est remplie de Ndella qui, comme elle, n'ont pas pu aller à école.

Elles sont les premières victimes de la déliquescence généralisée des systèmes publics d'éducation nationale.

Quand on sait qu'aujourd'hui le service de la dette payé annuellement par les Etats africains est à lui seul supérieur aux budgets de l'Education et de la Santé, on est en droit de se demander QUAND l'état sera à même d'organiser convenablement l'enseignement primaire public et ouvert à tous, dans les villages de toutes les Ndella de ce continent !

Je vous remercie.

Scène n 6: La mère de l'enfant malade

La présidente: Merci Maître Sarr.

Voulez-vous convoquer un nouveau témoin à la barre ?

Maître Sarr: J'appelle à la barre une autre victime de la dette, Madame Madjigene Fall

Maître Sarr: Pouvez-vous vous présenter à la Cour ?

Madjiguene: Je m'appelle Madjiguene Fall, je suis mariée, 8 enfants .

Maître Sarr: Pouvez-vous nous dire Madjiguene pourquoi vous avez souhaité témoigner au procès de la dette ?

Madjiguene: Mon petit dernier est dans le coma, et si je suis venue, c'est pour crier ma colère contre tous ceux qui ont empêché que je trouve les moyens de soigner mon enfant.

Maître Sarr: Que lui est-il donc arrivé ?

Madjiguene: Comme toujours à cette période, c'est le palu

Maître Sarr: Etes-vous sûre du diagnostic ?

Madjiguene: C'est l'infirmière de la case qui me l'a dit . Quand elle a vu l'enfant, elle a tout de suite dit que c'était le palu.

Maître Sarr: Mais, est-ce qu'il n'aurait pas été préférable de consulter un médecin?

Madjiguene: C'est qu'il n'y a pas de médecin chez nous, il n'y a que l’infirmier major qui vient une fois par semaine

Maître Sarr: Mais pour un coma il faut aller à l'hôpital, consulter un vrai médecin, non ?

Madjiguene: Depuis quatre ans on ne peut plus payer les consultations, ça coûte 5 fois plus.

Au grand hôpital public, les médecins n'ont pas le temps, ni le matériel nécessaire, ou alors ils demandent de payer avant la consultation !

Et les cliniques privées qui sont mieux équipées, c'est impensable pour nous !

Maître Sarr: C'est combien "impensable" ?

Madjigene C'est 8 a 10 fois plus cher qu'à hôpital. Nous, on ne peut pas y aller !

Maître Sarr: Mais alors pourquoi ne protégez-vous pas les enfants avec des moustiquaires ?

Madjiguène: C'est très cher les moustiquaires, parce que c'est importé.

Maître Sarr: Je compatis à votre douleur Madjiguene, et je vous remercie d'avoir pris le temps de venir témoigner à cette barre. C'était très important.

Madame la présidente, mesdames et messieurs les jurés, l'émouvant témoignage que nous venons d'entendre interpelle directement tous les décideurs de cette planète, et en premier lieu ceux qui font persister le terrible fardeau de la dette sur les pays du Sud.

En effet, les Programmes d'Ajustement Structurel ont poussé les Etats à considérablement réduire les dépenses de santé et la dette qui grève si lourdement les budgets publics dans les pays du Sud, pousse les Etats à laisser le secteur privé prendre en charge ces questions de santé, renforçant ainsi le fossé qui se creuse entre une minorité qui peut s'assumer, et les majorités qui se paupérisent.

Aujourd'hui, dans la banlieue de Dakar, on peut mourir d'une diarrhée ou d'une angine, alors que la ville compte pourtant des cliniques dotées en matériel du dernier cri technologique !

Je prie pour que l'enfant de Madjiguene sorte rapidement du coma ... et pour que de nouvelles politiques soient rapidement instaurées.

Je n'ai rien d'autre à ajouter, je vous remercie.

Scène n 7: La Vendeuse de poisson

La présidente: Merci Maître Sarr.

Madame Fall, nous vous remercions et vous invitons à retrouver au plus vite votre enfant.

Maître, vous pouvez appelez un nouveau témoin.

Maître Sarr: La troisième victime de la dette que j'appelle est Mme Aita Ndoye, vendeuse de poissons.

Maître Sarr: Madame Aita Ndoye, pouvez-vous vous présenter?

Mme Aita Ndoye: Je m'appelle Aita Ndoye, je suis du village de Ouakam, j'ai 48 ans. Je suis une femme Lebou, fille de pêcheur, petite-fille de pêcheur, mes ancêtres aussi étaient des pêcheurs, bref, je suis une femme de la mer. Et je ne connais que le poisson.

Maître Sarr: Mme Aita Ndoye vous avez également un témoignage important à nous communiquer.

Mme Aita Ndoye: Autrefois j'étais une grande vendeuse dans le village de Ouakam, tout le monde me respectait au marché central de Ouakam, mais aujourd'hui, je ne suis presque plus rien, car il n'y a plus de quoi faire prospérer ce commerce...

Maître Sarr: Madame Ndoye pouvez-vous expliquer à la Cour les raisons de la détérioration de la situation ?

Mme Aita Ndoye:Il y a 15 ans je vendais du thioff, du sedd, du diarone, bref, que les grands poissons que les gens aiment. Maintenant je ne vends plus que du Yaaboye.... Je gagne donc presque plus rien et j'ai vraiment du mal à faire vivre ma famille.

Maître Sarr: Donc vous nous expliquez qu'il y a 15 ans vous vendiez des poissons nobles et que maintenant vous ne trouvez plus que des petits poissons pleins d'arêtes qui ne vous permettent pas de gagner assez d'argent pour subvenir aux besoins élémentaires de votre famille.

Mme Aita Ndoye: Oui.

Maître Sarr: Vous avez une explication ?

Mme Aita Ndoye: Je ne sais pas mais il y a de plus en plus de gros bateaux toubabs qui s'approchent de plus en plus des côtes avec leurs grands filets. Ils raflent tout et nos pêcheurs doivent aller de plus en plus loin pour ramener de moins en moins.

Mon mari il dit même que les poissons n'ont plus le temps de se reproduire a la fin de l'hiver, vers mars-avril...

Les pêcheurs aujourd'hui, ils sont déboussolés. Il y en a qui partent en pirogue vers les grands bateaux pour acheter les poissons que les gens du nord ils ne veulent pas. Il y en a d'autres qui font sauter des dynamites le long des côtes parce qu'il n'y a plus assez de poissons pour lancer le filet... Mais ça, c'est pas la pêche...

Maître Sarr: Dieureudief Aita Ndoye. Merci beaucoup pour ce témoignage.

Nous sommes donc en droit de nous demander qui a autorisé ce pillage criminel, et dans quelles conditions ont été accordées ces licences aux pêcheurs industriels ?

Là encore Madame la Présidente, mesdames et messieurs les jurés, la réponse est facile à trouver. Pressés par la dette, et sommés de rembourser des sommes faramineuses chaque année, les Etats du Sud n'ont bien souvent que leurs seules ressources naturelles pour générer ces revenus nécessaires aux remboursements.

Ces accords de pêche déséquilibrés et ces licences octroyées à vil prix sont comme le bradage des permis d'exploitation des bois tropicaux ou d'extraction de minerai ailleurs.... ils se font toujours au détriment des sociétés locales et de l'environnement.

Le remboursement de la dette est l'une des principales cause de la crise écologique au Sud. L'histoire tragique de Mme Ndoye constitue l'exemple le plus parlant de ce désastre environnemental.

Madame la Présidente, je n'ai plus de question a poser a Mme Ndoye.

Je vous remercie.

Scène n 8: L'Agricultrice

La présidente: Merci Maître.

Madame Ndoye, nous vous remercions et vous invitons a regagner votre place.

Je crois qu'il vous reste un autre témoin Maître Sarr.

Maître Sarr: C'est exact Mme la Présidente, je voudrais vous présenter une dernière victime de la dette.

J'appelle maintenant à la barre Madame Sokhna Diouf

Maître Sarr: Madame Sokhna Diouf, pouvez-vous vous présenter ?

Sokhna Diouf: Je m'appelle Sokna Diouf, je suis originaire du Sine ou je pratique l'agriculture et le maraîchage.

Maître Sarr: Pouvez-vous nous dire ce qui vous a poussée à venir témoigner au procès de la Dette, Mme Diouf?

Sokhna Diouf: C'est que je n'arrive pas à vivre de mes activités, mes enfants doivent m'aider et ne vont pas à école, je ne suis même pas capable d'offrir le minimum à vieille mère.

Maître Sarr: Expliquez-nous les problèmes que vous rencontrez dans vos activités d'agricultrice s'il vous plaît Madame Diouf ?

Sokhna Diouf: La parcelle que je cultive ne m'appartient pas, elle est trop petite, elle ne produit plus rien depuis que l'on ne reçoit plus d'engrais, et lorsque mes tomates sont à maturité le grand commerçant qui me les achète me demande encore de baisser mes prix parce que les tomates italiennes sont moins chères !

Maître Sarr: N'avez-vous pas essayé de diversifier votre production ?

Sokhna Diouf: J'ai déjà essayé de cultiver des oignons en plus de ma parcelle de mil, mais avec ces oignons importés c'est toujours aussi dur, alors je crois que l'année prochaine j'irai travailler dans la grande exploitation de haricots qui engage les femmes aux moments des récoltes.

Maître Sarr: Il semble que vos difficultés se sont accrues dernièrement ?

Sokhna Diouf: Oui depuis deux ans nous devons payer l'eau que nous consommons.

Maître Sarr: Comment ça ! Vous devez payer l'eau du puits de votre village ?

Sokhna Diouf: Non l'eau du puits n'est plus potable depuis que l'exploitation de haricots a mis une pompe électrique. Le puits est pollué et on ne peut plus boire l'eau.

Alors ils ont amené l'eau du nord dans leurs grands tuyaux, mais on doit la payer à la borne fontaine.

Maître Sarr: Je vous remercie Mme Diouf.

Madame la Présidente, mesdames et messieurs les jurés,

comme le montre clairement le calvaire de Mme Diouf,

les agricultures africaines subissent de plein fouet le poids de la dette et souffrent particulièrement des échanges inégaux qui caractérisent ce système libéral mondialisé.

Les pays du Sud subissent dans le même temps les effets destructeurs des importations des produits agricoles largement subventionnés du Nord, qui concurrencent de façon absolument déloyale les productions locales.

L'Afrique était le continent des paysans par excellence. En trois décennies de cette fameuse aide publique au développement réalisée à grands coups de prêts bancaires et d'ajustements structurels, les accusés et leurs complices auront réussi à jeter des centaines de milliers d'agriculteurs dans les banlieues des grandes métropoles, et à priver les Etats du Sud d'un socle économique viable.

Madame la Présidente, avec ce dernier témoignage, nous avons fini d'entendre les victimes de la dette, et je n'ai plus rien a ajouter.

La Présidente: Je vous remercie Maître Sarr.

Nous voici donc maintenant arrivés à la dernière étape de ce procès exceptionnel.

Après avoir entendu les accusés, après avoir entendu le témoignage des victimes, voici l'heure de la plaidoirie.

A tribunal exceptionnel, procédure exceptionnelle: la parole est donnée à la partie civile pour la plaidoirie, et la défense pourra faire part de ces objections.

 

 

La plaidoirie

 

La présidente: Maître Sarr, vous avez la parole

Maître Sarr: Je voudrais démontrer a la Cour combien les relations entre nations riches et pauvres sont inégales et combien le modèle néo-libéral imposé par les institutions internationales est criminel.

Prenons le cas des accords de pêches : Madame Aita Ndoye nous a montré combien ils sont défavorables aux pays du sud:

ces accords sont des trompe-l’œil: les pays du Nord exigent l'accès aux riches eaux du Sud qu'ils viennent piller avec des infrastructures destructrices, mais les dividendes ne bénéficient pas aux pays du Sud.

Maître Tabara: OBJECTION Votre Honneur. Mes clients ont fait de gros efforts afin d'accorder des tarifs préférentiels aux pays Afrique Caraïbes Pacifique afin qu'ils écoulent leurs produits. Cette mesure coûte cher à mes clients, je pense qu'elle devrait être comptée comme aide publique au développement.

La présidente: Objection rejetée !

Maître Sarr, veuillez poursuivre, je vous prie.

Maître Sarr: Ces accords soi-disant préférentiels n'ont comme but que de permettre au Sud de détruire lui-même ses propres ressources par une surexploitation amenant les devises nécessaires aux remboursements de la dette illégitime !

Je demande que le Sud puisse se protéger de l'avidité des sociétés du Nord et de leurs multinationales.

Je demande que le Sud puisse exploiter ses ressources souverainement pour satisfaire prioritairement ses besoins grandissants.

Je demande que les pays riches remboursent les dégâts entraînés par la surexploitation.

Maître Tabara : Objection Madame la Présidente. Je réfute ces propos. Prenez par exemple le cas des agriculteurs: eh bien, je pense pouvoir affirmer que mes clients ont largement favorisé l'intégration des entrepreneurs agricoles les plus dynamiques au sein du marche mondial. N'est-il pas merveilleux que les producteurs sénégalais puissent augmenter leur pouvoir d'achat par la production de haricots qui leur permettront de se fournir en produits venant d'ailleurs à un prix toujours plus concurrentiel ?

La Présidente: Votre intervention est hors de propos Maître Tabara. Objection rejetée.

Maître Sarr, voulez-vous reprendre ?

Maître Sarr: Madame la présidente je suis très heureuse que Maître Tabara soulève cette supercherie.

Non seulement les agriculteurs comme madame Diouf ont vu leurs revenus diminuer depuis l'ouverture au marché mondial et l'interdiction de toute protection de leurs productions vivrières, mais l'avenir radieux que leur proposent les dirigeants du Nord c'est être exploités pour produire à vil

prix des biens dont les prix chutent plus vite que ceux qui sont importés.

Je rappelle que le libre marché vanté par les clients de mon confrère sont à l'origine de la destruction des cultures vivrières, et enfoncent le Sud dans une dépendance alimentaire. Je poursuis en affirmant que ce même soit-disant libre-échange permet aux produits subventionnés du Nord de déstructurer une économie locale et de pousser les paysans du Sud soit à une surexploitation des ressources, soit à une diminution de leur pouvoir d'achat.

D'autre part les accusés se gardent bien de rappeler que la privatisation des sociétés de distribution de l'eau à relégué l'ambition légitime de fournir les services de base à des prix réduits pour le plus grand nombre, loin derrière la recherche du profit.

A cet égard,je demande que soit instaurée la gestion communautaire des services des bien élémentaires tels que l'accès à l'eau et l'électricité.

Et j'exige le remboursement des dégâts liés à l'inondation des marchés du Sud par les surplus d'une agriculture productiviste du Nord.

Maître Tabara: Objection votre honneur.

Maître Sarr se complaît à ne signaler que les quelques effets négatifs, alors que le modèle proposé par mes clients permet aux plus faibles et aux moins avancés de bénéficier des avancées technologiques durement acquises dans le Nord.

J'ose espérer que maître Sarr ne remettra pas en cause ce processus de mondialisation qui permettra aux enfants du monde entier de se rencontrer et d'avoir accès aux immenses possibilités de formation que les NTIC offriront bientôt.

Maître Sarr oublie que les agences de coopération du Nord font construire des écoles et des dispensaires dans tous les pays pauvres détruits par le trop d'état et la mauvaise gouvernance.

J'espère que cette notification amènera plus modération dans la plaidoirie de ma collègue.

J'aimerais qu'elle n'oublie pas les efforts constants de mes clients pour annuler la dette des pays les plus pauvres.

La présidente: Maître Tabara, comment osez-vous parler d'efforts pour annuler la dette ?

OBJECTION Rejetée.

Maître Sarr, reprenez je vous prie.

Maître Sarr: Merci Madame la Présidente. Et je remercie aussi mon collègue qui me facilite grandement la tâche.

En effet ses clients construisent quelques écoles et des dispensaires, de ci-de là, mais ils imposent dans le même temps de telles réductions des budgets de santé et d'éducation que les constructions sont vides, faute de moyens pour les faire fonctionner!

Maître Tabara parle d'aide alors que l'argent du remboursement de la dette qui remonte au Nord en provenance du Tiers monde est 7 fois supérieur à cette prétendue aide.

Que ma collègue se remémore le témoignage de Mlle Ndella et qu'elle sache qu'au Sahel 70 % des filles de son âge sont dans sa situation. Pourtant tout le monde se souvient que les clients de ma collègue avaient perdit que l'application de leur politique amènerait une scolarisation fondamentale pour tous en 2000.

Que les clients de Maître Tabassa cessent de nous parler de croissance et de main invisible !

Au sud du Sahara, une femme prend plus de risque en accouchant qu'il y a 20 ans !

Alors je pose la question : d'où viennent tous ces reculs, cette aggravation des inégalités ?

La réponse est claire et limpide : des politiques imposées par les clients de Maître Tabara et appliqués par eux dans un rapport de domination, qui se caractérise par cette dette illégitime que les créanciers refusent d'annuler comme un criminel refusera de rendre les armes.

Maître Tabara: Objection votre honneur

Mes clients ne sauraient être comparés ainsi à des criminels armés : ce sont des institutions impartiales qui agissent pour, et au nom de tous. Il suffit pour s'en convaincre de se remémorer le nom de deux d'entre-elles : la Banque MONDIALE et le fond monétaire INTERNATIONAL.

La présidente: OBJECTION rejetée. Maître Sarr, poursuivez.

Maître Sarr: Mais justement, peut-on parler de Fond Monétaire INTERNATIONAL quand 300 000 Islandais ont plus de pouvoir qu'un milliard d'Indiens ?

Mais au-delà de cette grave crise de légitimité, je pense que les pauvres du Tiers-Monde pourraient s'accommoder d'institutions comme le FMI ou la Banque Mondiale, si leurs politiques favorisaient réellement le bien-être des majorités sur Terre.

Mais tel n'est pas le cas, c'est pourquoi je réclame que les accusés soient condamnés avec une extrême sévérité pour les faits qui leur sont reprochés.

C'est pourquoi j'exige l'annulation de la dette, cette nouvelle arme de recolonisation du Tiers Monde.

C'est pourquoi j'exige l'annulation des politiques d'ajustement structurel, ainsi que la reforme complète des institutions qui doivent retrouver leur mandat de contrôle dans l'intérêt des peuples.

C'est pourquoi j'exige enfin l'application de politiques de redistribution des richesses détenues par une minorité, par le biais d'une imposition mondiale des grandes fortunes.

Madame la présidente je vous remercie.

La présidente: Je vous remercie Maître Sarr.

Nous arrivons ainsi au terme de ce procès et je demande à Monsieur l'Accusateur public de bien vouloir nous délivrer le réquisitoire final.

L'Accusateur public: Madame la Présidente, dans les circonstances présentes, je serai extrêmement bref, je dirai simplement qu'il me revient le redoutable honneur de requérir contre des institutions aussi importantes que la B.M., le FMI, le G7 et aussi les dirigeants des pays du Sud ;

mais cet honneur, si redoutable donc, est également agréable:

il s'agit de crier très haut, au nom des populations du Tiers-Monde, devant cette juridiction, Madame la Présidente, de crier le désarroi que vivent ces populations et de demander que cette juridiction applique toute la loi nationale et internationale.

Considérant qu'ils sont en état d'infraction continue, je vous demande de n'accorder à ces accusés aucune circonstance atténuante, et de leur appliquer une condamnation exemplaire ;

merci

 

La Présidente: Merci Maître Guissé.

Le tribunal se met en délibéré et le verdict sera proclamé dans 15 minutes.

Je suspends l'audience. 

 

 

 

Le Verdict

 

La Cour se réinstalle -

La présidente: Messieurs les accusés veuillez vous lever je vous prie.

Voici le verdict de l'affaire "ministère public contre la banque mondiale, le fond monétaire international, les Etats du G7 et les gouvernements du sud " :

Le tribunal virtuel des femmes et des populations du Tiers Monde déclare la Banque Mondiale, le Fond Monétaire internationale les gouvernements du Nord et du Sud COUPABLES des faits constitutifs de crime internationaux.

En répression et par application des normes nationales et internationales, sociales, historiques et humanitaires, le tribunal condamne les accusés :

PREMIEREMENT: à procéder immédiatement et sans condition à l'annulation des dettes des pays du Tiers-Monde ;

DEUXIÈMEMENT:au remboursement intégral des fonds recouvrés illégalement ;

TROISIÈMEMENT: au remboursement immédiat du surplus perçu, cette dette ayant été payée plusieurs fois ;

QUATRIÈMEMENT: au remboursement de la dette écologique

CINQUIÈMEMENT: au remboursement de la dette humaine liée à l'esclavage ;

SIXIÈMEMENT: aux dédommagements des victimes d'échanges inégaux ;

SEPTIÈMEMENT: au dédommagement des millions d'êtres humains morts, ou souffrants de maladies non-soignées, suite aux diminutions des budgets de santé;

HUITIÈMEMENT: au dédommagement des millions d'enfants qui n'ont pas eu accès à l'éducation suite aux réductions des budgets d'éducation ;

NEUVIÈMEMENT: à l'arrêt immédiat des politiques d'ajustement constituant une ingérence dans les affaires économique d'états souverains, et considérées comme une nouvelle forme de recolonisation

Dit que cette décision s'exécute par prévision puis fixe l'astreinte comminatoire à un (1) milliard de dollars par jour de retard.

Condamne les prévenus aux dépens dont distraction d'usage.

Ainsi fait, jugé publiquement à Bruxelles, par le tribunal populaire virtuel des femmes et peuples du Sud de Dakar.

Je déclare donc le Procès de la Dette clos !

La séance est levée.

-références: texte original écrit par "La Coalition des femmes" c/o Madame Binta Sarr (Sénégal) ; adaptation par des membres du Collectif du Théâtre "le Café", par Stéphane Desgain (CNCD) et les interprètes du texte à Bruxelles (Belgique): John Dobrynine, Claudio Dos Santos, Manuel Fernandez, Carole Karemera, Kis Keya, Cécilia Kankonda, Patricia Lejeune, Bernadette Lusakalu, Françoise Walot.

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