Mali: 4ème anniversaire de la réélection du President Konaré by Nouvel Aube Thursday June 14, 2001 at 01:13 PM |
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4ème anniversaire de la réelection du président Konaré:le bilan d'un parcour cahoteux ,animé de répression des luttes populaires à l'image des autres pays africains dirigés par des sociaux démocrates et soumis aux diktats des institutions internationnales (FMI et Banque Mondiale)
Lettre du 08 juin 2001
QUATRIEME ANNIVERSAIRE DE LA RÉÉLECTI0N DU PRESIDENT KONARE
Les Lecons d'un Parcours Cahoteux
8 juin 1997-8 juin 2001, cela fait exactement quatre (4) ans jour pour jour que le président Alpha Oumar Konaré a été porté pour la seconde fois consécutive à la tête
de l'Etat malien. A l'instar des précédents anniversaires, ce 8 juin 2001 intervient à un moment où le doute et l'incertitude dominent encore chez bon nombre de nos compatriotes par rapport au devenir même du pays.
Premier président du Mali démocratique élu en 1992, le président Alpha Oumar Konaré rempilait en 1997 à l'issue d'élections générales fortement contestées par l'opposition. Et comme il fallait s'y attendre, cette situation ne favorisera guère la stabilité politique, sociale et même économique du pays.
C'est d'abord cette opposition mécontente de l'organisation clos dernières élections qui occupera régulièrement la rue pour exprimer son ras-le-bol à un pouvoir qu'elle présentait, à tout bout de champ, comme un « pouvoir issu de la grande fraude électorale », donc illégitime. En retour. celui-ci (pouvoir) ne lésinera sur aucun moyen (répressions de manifestants, emprisonnements de militants et leaders politiques...) pour essayer de contraindre les contestataires à "respecter l'ordre établit". Il s'ensuivit un bras de fer occasionnant une crise politique sans précédent qui durera plusieurs années.
A cette situation déjà difficile, viendront s'ajouter d'autres, relatives notamment aux différentes revendications socioprofessionnelles. Ainsi le front social sera permanemment en ébullition. Travailleurs de la Sotelma, de la police nationale, élèves et étudiants, paysans et enseignants pour ne citer que ceux-ci l'animeront sans cesse avec sous les bras diverses revendications. L'Etat désemparé signera, à la hussarde, avec certains d'entre eux des protocoles d'accord qui se révéleront au fil du temps difficiles à appliquer sur le terrain.
Conséquence, les grèves reprendront de plus belle avec leur corollaire de dégâts (matériels et financiers) et de préjudices.
C'est dans cette turbulence que se dégage depuis quelque temps une lueur d'espoir. Visible d'abord sur le plan politique où on remarque une certaine décrispation avec la tenue de la table ronde politique et l'implication des différents acteurs politiques dans le processus électoral à venir.
Ensuite sur le plan social où malgré quelques mouvements de protestation, notamment des anciens combattants et des fonctionnaires retraités, le calme semble, de façon générale, revenir.
Et enfin sur le plan économique où la reprise annoncée par les paysans de la culture du coton laisse présager un redressement de la situation économique combien difficile que traverse aujourd'hui le pays.
Mais cet espoir naissant ne doit nullement faire oublier que beaucoup de grandes questions nationales restent encore non résolues, comme la préoccupante question scolaire. Malgré les bonnes volontés dont elles peuvent se targuer dans ce domaine, jamais les autorités de la 3ème république ne sont parvenues à gérer au mieux la situation scolaire. Bien au contraire, l'école va de mal en pis depuis. Toute chose qui fait douter plus d'un par rapport à l'avenir des enfants maliens et au delà celui du pays tout entier.
Tout comme l'émiettement des associations, syndicats et autres partis politiques, qui se poursuit encore lie favorise pas une démocratie forte et apaisée que les maliens souhaitent de tout leur vœux.
A propos d'émiettement de partis politiques, c'est la formation du président Konaré, l'Adéma, qui attire aujourd'hui toutes les attentions. En proie à une dissension sans précédent, ce parti se désagrège chaque jour davantage au profit de son "ennemi juré" qu'est devenu depuis quelque temps le mouvement « Alternative 2002 ».
Au même moment, le peuple médusé se demande de quoi demain sera fait si l'on continue à s'entre déchirer dans les combats d'arrière garde tout en ignorant l'essentiel, c'est-à-dire l'amélioration de ses conditions de vie, d'existence.
Pourtant, espoir lui avait été donné lorsque le président Konaré aussitôt réélu avait solennellement placé son mandat sous le signe de la "lutte contre la pauvreté."
Mais très vite cet espoir se transformera en désillusion voire en déception quand on sait qu'au lieu de faire en sorte, qu'il y ait moins de pauvres, cette lutte contre la pauvreté a tendance à en augmenter. Au point que certains diront que la lutte contre la pauvreté ressemble plutôt à une "lutte contre les pauvres". Ils n'ont certainement pas tort vu que près de 80% des maliens vivent en dessous du seuil de la pauvreté.
Dans tous les cas ce quatrième anniversaire de la seconde mandature du président Konaré peut être une occasion de mesurer le chemin parcouru et rectifier au besoin le tir si ce n'est encore trop tard en vue d'aller vers une réelle amélioration des conditions de vie des populations. Sinon le tableau n'est nullement reluisant encore moins le bilan fameux.