arch/ive/ief (2000 - 2005)

Expulsion et violence en Belgique: suite de l'affaire Ibrahim Bah
by Corine Barella Sunday June 03, 2001 at 11:22 AM

1/BULLETIN DE SANTE TOUJOURS SANS SOINS !!! 2/VISITE DE PARLEMENTAIRES ECOLO ET PS LUNDI MATIN A LA PRISON DE SAINT GILLES 3/QUESTION PARLEMENTAIRE 31/5/01 A RICK DAEMS 4/TEMOIGNAGE IBRAHIM (traduction de l'anglais)

1/BULLETIN DE SANTE TOUJOURS SANS SOINS !!!
Le certificat médical établi par ce médecin est formel : Ibrahim Bah doit recevoir des anti-douleurs plusieurs fois par jour, passer des examens radiologiques urgent pour sa joue droite blessée et sa main droite dont il ne sent plus une partie. Il doit également recevoir la visite d’urgence d’un urologue pour analyser les dommages causés à ses parties génitales.
Lors de la manifestation du 30 mai dernier devant le Ministère de l’intérieur, la promesse avait été faite ,devant des parlementaires, d’envoyer d’urgence des soins à Ibrahim ,de faire constater les blessures par un médecin indépendant et de réexaminer son dossier. Nous ne pouvons que constater que :
-Ibrahim n’a, à ce jour, reçu aucun soin et qu’il souffre toujours.
- 3 médecins sont venus l’examiner, un dépendant de l'Office des étrangers et deux dépendants du cabinet Alvoet, et attachés aux commissions de régularisation. Nous avions demandés des médecins indépendants, en particulier de l'Office des étrangers... Nous possédons déjà un constat de médecin des violences faites à Ibrahim Bah suite à la dernière tentative d'expulsion le 24 mai dernier.
Ibrahim Bah est cité par Amnesty International qui épingle la politique de rapatriement forcé de la Belgique en contravention avec le respect des droits de l'Homme.

2/ VISITE DE PARLEMENTAIRES (confirmation PS et Ecolo, PSC ?) LUNDI MATIN A LA PRISON DE SAINT GILLES ce lundi 4 juin à 8h15 Prison de Saint Gilles avenue Ducpétiaux 106 1060 Bruxelles

3/QUESTION PARLEMENTAIRE LA CHAMBRE SEANCE PLENEIRE DU 31/5/01 A RICK DAEMS
10 Question de Mme Martine Dardenne au ministre de l'Intérieur sur "les tentatives à répétition d'expulsion d'un ressortissant Sierra Leonais" (n°9156)

10.01 Martine Dardenne (ECOLO-AGALEV): "Je regrette l’absence du ministre Duquesne à qui je voulais exprimer notre inquiétude et notre indignation face à la situation que vivent certains réfugiés, notamment sierra-léonais. Suite à la cinquième tentative d’expulsion d’Ibrahim Bah,
nous avons tenu une réunion avec diverses associations. Nous avons obtenu la promesse qu’Ibrahim verrait un médecin et un psychologue avant-hier et qu’une enquête de police serait menée sur les pratiques vis-à-vis des réfugiés
à l’aéroport. Aujourd’hui, l’intéressé n’a pas encore vu de médecin ni de psychologue. Où en sont les promesses qui ont été faites ?J’aimerais savoir ce qu’il en est. La Commission Vermeersch, qui s’était penchée sur les
techniques d’expulsion, avait préconisé que l’on rejette l’usage de toute technique comportant un risque d’étouffement. Il semble qu’on en soit revenu
à la technique du bâillon. Le ministre a-t-il ordonné une enquête ? A-t-on prévu une sanction ? De plus, ce réfugié arrive, ce mois-ci, au terme des six mois qui correspondent au délai maximal prévu par la loi. Va-t-on le libérer
ou violer les lois que nous avons nous-mêmes votées? M. Bah est réfugié de guerre. Nous sommes en retrait par rapport au gouvernement précédent, qui n’expulsait plus les Sierra-Léonais.
Un projet de loi a été déposé à ce sujet. Va-t-on enfin accélérer le processus pour revenir à une situation acceptable ?"

10.02 Rik Daems , ministre, au nom d’Antoine Duquesne, ministre (en français):"Je ne vais pas citer tous les actes posés. Entre autres, le 1er janvier 2001, l’intéressé est arrivé d’Abidjan sans aucun document d’identité. Le 24 janvier, le Commissariat aux réfugies décide l’exclusion de
pays comme le Sierra Leone pour le renvoi des candidats réfugiés. L’intéressé est alors transféré vers Bruges. Le comportement de l’intéressé empêche, ensuite, plusieurs tentatives de refoulement. Un contrôle discret montre que, le 8 février, il n’y a eu aucune irrégularité. La violence
verbale de l’intéressé a conduit le commandant de bord à refuser son refoulement. En ce qui concerne la technique du coussin, il s’agirait d’un matelas qui aurait permis d’éviter que l’intéressé ne se blesse. Il n’a d’ailleurs pas de blessure grave, il s’agirait «d'auto-blessure». Si les faits correspondent à la relation qui m’en a été faite, il ne peut être question d’irrégularité dans l’intervention de la police fédérale. Les conditions irrégulières de l’arrivée de l’intéressé sur le territoire belge ont pour
conséquence qu’il doit être refoulé".

10.03 Martine Dardenne (ECOLO-AGALEV) : "S’il y a si peu d’irrégularité dans la procédure, pourquoi ne pas accepter d’examen par un médecin et un psychologue indépendants ? Cela permettrait de lever toute ambiguïté. Les médecins de l’Office des étrangers sont bien sûr parties prenantes. Je ne sais toujours pas si les promesses ont été tenues et je trouve cela suspect. Je rappelle qu’entrer sur le territoire belge sans papiers ne justifie pas qu’on se fasse passer à tabac. Je trouve cela particulièrement
insupportable.
L'incident est clos".

4/TEMOIGNAGE IBRAHIM (traduction rapide de l'anglais)
Ibrahim Bah, prison de St Gilles : "26 Mai 2001,Bonjour Marie, J’ai mal en t’écrivant cette lettre juste après mon retour de l’aéroport. Je prends mon temps et réfléchis à ce qu’ils m’ont fait à Zaventem. Marie, crois-moi, cette fois-çi , ils essayent de me tuer. Ils ont commencé à la prison. Le jeudi à 7:00, le chef ( le gardien ) est entré dans ma chambre et m’a dit que j’étais libre. Que je devais prendre toutes mes affaires. Après cela , j’ai été me changer. J’ai dit au chef que je voulais téléphoner, ils ont refusé. ils ont dit que je pouvais pas téléphoner. ils m’ont emmené à l’
endroit où on peut parler avec son avocat. Dans la pièce, il y a avait des policiers. Ils m’ont menotté et ils m’ont
attaché aux pieds et aux mains. Ils m’ont emmenés de force dans leur camionnette blanche. J’étais couché à plat ventre sur le plancher de la camionnette. Les policiers se sont appuyés sur moi. Ils m’ont aussi frappé au visage. ils ont conduit jusqu’à l’aéroport. A l’aéroport, ils m’ont emmené en cellule d’isolement . Dans la cellule d’isolement, ils essayent de me tuer. Ils m’ont attaché. De toute ma vie, je n’ai jamais vécu un moment aussi dur ce jour là. Mon sang s’arrêtait de couler dans mes veines. Je ne sentais plus mes mains. Ils ont continué à me frapper jusqu’à ce que j’urine du sang. Quand ils m’ont demandé de me taire,
j’ai refusé. Ils ont essayé de mettre la mousse ( le matelas) sur moi pour que j’arrête de respirer mais un autre policier les a fait arréter. Il disait que s’ils faisaient cela, ils allaient me tuer. Ils ont dit qu’ils
allaient me tuer. Parce que je n’ai personne en Belgique, personne ne leur demanderait et personne ne le saurai.
Après être resté attaché une heure dans la cellule d’isolement, ils m’ont aussi emmené de force dans la camionnette blanche jusqu’à l’avion et dans l’avion. Dans l’avion, ils me forçaient à m’asseoir et à m’attacher. Ils ont mis un coussin sur ma poitrine et un foulard dans ma bouche pour m’empêcher de respirer. Après une demi-heure, mes frères africains sont venus à mon aide comme tu es venue à mon aide. Ils se sont disputés avec la police pour
me sortir de l’avion. Après quelques disputes, ils m’ont tiré de l’avion pour me ramener à la camionnette blanche. Dans la camionnette aussi, ils m’ont puni, marché sur ma tête.
Ils m’ont ramené en cellule d’isolement. Ils disaient que si je refusais de partir, ils me tueraient. Parce que je suis un criminel. Je leur ai dit que je n’était pas un criminel mais un réfugié. Dans la cellule d’isolement, j’
étais toujours attaché. Ils m’ont frappé. Ils ont dit
qu’ils étaient fatigués de payer pour me nourrir. Que la Belgique, c’était fini, que je devais retourner en Afrique. Ils ont rigolés ; j’ai demandé à boire, un policier m’a dit d’ouvrir ma bouche pour qu’il puisse uriner dedans. Après quinze minutes, un médecin est arrivé et m’a demandé ce qu’il s’était passé. j’ai expliqué que j’avais mal. Il a dit qu’il allait revenir dans cinq minutes pour me soigner. Il n’est jamais revenu. Je suis resté attaché dans la cellule d’isolement. Après quelques temps, ils m’ont ramené dans la camionnette pour me ramener à la prison. Maintenant, je suis à la prison. J’ai besoin d’aide. Si tu ne m’aides pas, je crois qu’ils vont me tuer parce que je ne veux pas partir. J’ai le droit de rester en Belgique. Merci"