Leo Paepen, resistant contre les expulsions by David Pestieau Friday June 01, 2001 at 02:37 PM |
Les plaidoiries dans l'affaire Léo Paepen ont eu lieu ce matin au palais de Justice de Louvain. Léo Paepen, est accusé de rébellion lors d'un contrôle d'identité, devant une maison privée alors qu'il assistait à une réunion d'information à l'intention des Roms de Tirlemont en octobre 99. Une vingtaine de sympathisants du militant de Frontières Ouvertes étaient présents pour le soutenir.
Procès Léo Paepen : jugement le 15 juin
Léo Paepen : identité ? Résistant contre les expulsions
Les plaidoiries dans l’affaire Léo Paepen ont eu lieu ce matin au palais de Justice de Louvain. Léo Paepen, est accusé de rébellion lors d’un contrôle d’identité, devant une maison privée alors qu’il assistait à une réunion d’information à l’intention des Roms de Tirlemont en octobre 99. Une vingtaine de sympathisants du militant de Frontières Ouvertes étaient présents pour le soutenir.
David Pestieau
A l’entrée et aux alentours du tribunal, beaucoup de policiers présents. Dans la salle, un policier fait même de l’excès de zèle : " on ne peut pas lire, on peut pas chiquer, on ne peut pas dormir ou fermer les yeux, c’est le règlement " dit-il à plusieurs spectateurs. Big Brother is watching you…
Pour l’avocat des parties civiles (trois policiers de Tirlemont), Léo Paepen doit être condamné sévèrement. Le policiers ont dû intervenir car on leur avait signalé des " rassemblemnts d’étrangers qui pourraient provoquer des problèmes ". Selon l’avocat des policiers, Léo Paepen a refusé de donner sa carte d’identité aux policiers provoquant ensuite des incidents et blessant un gendarme. Il demande également plus de 100.000 frs de dommages morales pour chaque policier car Paepen les aurait diffamé en affirmant devant la presse qu’ils étaient " fascistes, racistes et Gestapo ".
Le procureur admet qu’il y avait un certain contexte sécuritaire dans la ville de Tirlemont mais affirme que Paepen aurait dû donner sa carte d’identité ce qui lui aurait " éviter tous les problèmes qu’il a eu ensuite". Mais il a ensuite voulu " prendre le chemin le plus difficile ". Visiblement sur la défensive, le procureur plaide pour une peine de principe, la plus minimale car " sinon Paepen utilisera un fait relativement mineur pour se transformer en martyr ". Il admettra implicitement aussi le rôle des manifestations de soutien à Léo et l’écho dans la presse comme argument pour cette peine minimale.
Jan Fermon, avocat de Léo, s’engage ensuite dans une brillante plaidoirie, très argumentée et réfutant point par point les accusations. Il demande l’acquittement pure et simple. Il rappelle d’abord le contexte : des Roms avaient été déportés collectivement après un piège tendu par la police gantoise. La réunion d’information du 6 octobre 99 auquel participe Léo Paepen vise à informer les Roms de Tirlemont de la situation. Elle est pacifique et a lieu dans un lieu privé.
Pourtant un juge à la retraite, témoin clé de l’accusation, va alerter les policiers : il a observé la venue d’étrangers n’habitant pas le quartier (quelqu’un parlera même " d’étrangers entrant avec des malettes "), il a fait le tour de la maison et a ensuite regarde par la fenêtre " ce qui est visiblement une violation de la vie privée ce que devrait savoir ce magistrat" ajoute Jan Fermon. Fermon cite ensuite le rapport de la police même qui affirme que le comportement de la police est dicté par la position des autorités locales en matière d’expulsion des Roms. Fermon en conclut que le bourgmestre outrepasse ses compétences en prenant une position en matière d’expulsions d’étrangers. Il ajoute qu’il n’y avait aucune raison légale pour une intervention policière et donc d’un contrôle d’identité. L’ordre public n’a d’ailleurs pas été perturbé en aucune manière. Outre l’illégalité du contrôle, l’avocat ajoute que Léo a résisté au contrôle car il était très inquiet pour les Roms et qu’il voulait protéger les Roms, qui étaient, après les événements de Gand, en grand danger. Alors que les policiers accusent Léo de rebellion (ce qui ne correspond en rien au témoignage de la syndicaliste Béa Knaepen présente sur les lieux), Fermon accuse les policiers de violence : " les grands bleus sur la tête qu’un médecin a constaté après la nuit au commissariat ne peuvent être en aucun cas le résultat d’une attaque de Paepen sur les policiers, mais plutôt le contraire". Le jugement sera rendu le 15 juin à 9h au palais de Justice de Louvain.
Venez nombreux assister au jugement de Léo Paepen. C’est un précédent important avant le procès du 24 novembre contre les 18 du Collectif contre les expulsions accusés eux aussi de délit de solidarité.
Grâce à la mobilisation de la communauté Rom, de Frontières Ouvertes, aucune expulsion collective n’a pu avoir lieu à Tirlemont. Avec ce procès, la justice veut casser cet esprit de résistance. Ainsi Jeanetta Danyiova, porte-parole des Roms slovaques de Tirlemont, nous dit à la sortie : " mercredi 30, un couple de Roms a été expulsé sans ménagement en Slovaquie. Ils ne leur ont même pas donné de prime de retour affirmant qu’ils profitent de l’argent aussi pour revenir ensuite ! D’après mes informations, le ministre de l’Intérieur s’est réuni il y a trois semaines avec les bourgmestres de Tirlemont, St-Trond et Diest pour préparer une nouvelle vague d’expulsions collectives : 12 familles, dont certaines sont dans la procédure de régularisation, sont directement menacés à Tirlemont. La mobilisation est plus que jamais nécessaire. "