arch/ive/ief (2000 - 2005)

Le retour du coussin: Ibrahim Bah ne finira pas comme Semira Adamu
by Collectif Wednesday May 30, 2001 at 12:22 PM

Communiqué

Devant les violences répétées à l'égard du demandeur d'asile Sierra Léonais Ibrahim Bah, les 5 tentatives d'expulsion et le risque qu'il encoure que la sixième lui soit fatale, nous avons décidé de rappeler à l'opinion publique et au gouvernement par cette action que nous ne laisserons pas périr cet homme comme Semira Adamu. Les traitements infligés à monsieur Bah nous rappellent de sinistres souvenirs : les brutalités policières, l'extrême
violence de chaque tentative d'expulsion d'un homme qui résiste, les traitements inhumains et dégradants, la torture psychologique, les propos racistes, les menaces de mort (« tu vas partir mort ou vif... », « La Belgique aux belges, l’Afrique aux africains » ).

Les séquelles des actes de brutalité commis par les gendarmes chargés de l'expulsion d'Ibrahim Bah ont été constatées à deux reprises par le docteur Bakioui en date du 2 mai et du 25 mai 01 (lire plus bas) (médecin du centre
Galillée, 27 rue Emile Féron 1060 ST Gilles 02/5392958).
Ibrahim Bah est actuellement détenu à la prison de Saint Gilles.
Marie Cappart, militante du collectifs de résistance aux centres fermés et aux expulsions a recueilli le témoignage d'Ibrahim Bah à la suite de sa dernière expulsion, le 24 mai dernier.

LE COUSSIN
Le rapport, pourtant minimaliste, de la commission Vermeersch à la suite de l'étouffement de la jeune nigériane Sémira Adamu a recommandé la suppression de "toute technique bloquant même partiellement les voies respiratoires", l'arrêté Durant l'interdit lui formellement. Et pourtant, cette technique est à nouveau employée par les gendarmes lors des expulsions. Comme Sémira
Adamu, Ibrahim Bah réclame le droit d'asile, il fuit son pays en guerre.

RETROACT EXPULSIONS
L’Office des étrangers a décidé de le renvoyer en Côte d’Ivoire alors que rien ne prouve qu’Ibrahim Bah a transité par ce pays.Il est né le 6 avril 1981 à Koidu town, Kono distric en Sierra Léone. Sa nationalité n’est pas contestée. Arrivé la nuit du réveillon 2000 en Belgique, Ibrahim Bah a connu 5 tentatives d’expulsion : à la mi-janvier, le 8 février, le 1er mars, le 10 avril, et le 24 mai. Chacune plus violente que la précédente. L’homme
résiste,n demande désespérement l’asile ici, et c’est l’escalade de la violence, particulièrement au cours des deux dernières tentatives d’expulsion.

Nous sommes extrêmement inquiets et considérons qu’il y a urgence. Le gouvernement arc-en-ciel bafoue la Convention de Genève, dont on célèbre les 50 ans cette année (sic), ils ne respectent pas les droits humains fondamentaux, comme les rapports d’Amnesty International le soulignent
chaque année depuis la mort de Sémira Adamu. Rappelons que les assassins de la jeune nigériane ne sont pas encore jugés… Assez de violences, assez de répression, assez d’atteintes à l’être humain, nous sauverons Ibrahim Bah du
sombre destin que la politique belge lui promet !

COLLECTIF DE RESISTANCE AUX CENTRES FERMES ET AUX EXPULSIONS, UNION DES PROGRESSISTES JUIFS DE BELGIQUE, FEMMES EN NOIR CONTRE LES EXPULSIONS, DES PARLEMENTAIRES ECOLO ET SOCIALISTES.

Marie Cappart : 0486/919468
Corine Barella 0479/310223

Inquiétudes quant à l'état de santé et le suivi médical d'Ibrahim Bah...

Deux attestations du docteur Bakioui.

En date du 2 mai 01: le docteur écrit :
"Les symptômes décrits sont des douleurs à la nuque, aux clavicules surtout à droite, des douleurs aux chevilles, des jambes et au niveau des bras surtout droit.
Les lésions observées sont des lésions cicatricielles au niveau des faces antérieures des poignets droit et gauche.
Des lésions cicatricvielles multiples au niverau des deux genoux.
Sur le bras droit, une double lésion linéaire (+/- 1 cm d'espace) de plusieurs centimètres de longueur +/- 7 cm, au dessus du coude droit, tout à fait compatible avec des séquelles de liens serrés.
L'examens montre une contracture musculaire des muscles de la nuque, une augmentation des douleurs à la palpation de la nuque, des clavicules surtout droite, du bras droit, des chevilles et de la face antérieure de la jambe gauche. Les symptômes décrits et les lésions observées sont compatibles avec des coups reçus sur une personne entravée avec des liens serrés."
En date du 25 mai 01 : le docteur Bakioui écrit: "Lors de son essai de rapatriement hier, le 24 mai à Zaventem, il aurait reçu de multiples coups. Les symptômes sont des douleurs importantes au niveau de la nuque, du dos, des parties costales bilatérales. Une douleur importante au niveau de la mâchoire supérieure droite (fossette), cette
douleur est très sensible à la palpation et présente un léger oedème. J'ai demandé qu'une radiographie soit pratiquée dès que possible. L'infirmier et moi sommes convenus qu'elle aurait lieu lundi.
J'ai constaté des plaies au niveau de la face interne de la lèvre inférieure droite et de la face interne de la joue droite en regard des canines et des prémolaires droites, ces lésions sont compatibles avec des coups importants donnés au niveau de la bouche, surtout côté droit.
J'ai constaté les lésions compatibles avec des traces de liens maintenus serrés pendant plusieurs heures au-dessus des deux coudes.
M.Bah m'a confirmé que ces liens sont restés attachés pendant cinq heures, ce qui permet d'expliquer les importantes douleurs et les paresthésies au niveau des deux bras (effet garrot).
J'ai constaté la présence de multiples traces de sang sur son slip (partie interne, contre la peau), je n'ai pas constaté de plaies ouvertes au niveau génital, le sang provient du pénis. J'ai interrrogé le patient qui m'a
expliqué avoir reçu un coup de genou dans la région génitale.
J'ai demandé qu'un urologue puisse examiner ce patient, accord a été pris à ce sujet avec la prison.
J'ai demandé que des antidouleurs soient donnés au patient pour atténuer ses multiples douleurs. J'ai prescrit du paracétamol, 4 comprimés par jour. J'ai insisté pour qu'un traitement soit instauré pour ses troubles du sommeil,
j'avais déjà demandé à mon confrère de la prison de bien vouloir s'en charger.
Le patient m'a semblé très abattu psychologiquement.
Conclusions : l'ensemble des symptômes et lésions constatés sont compatibles avec un de multiples coups reçus partout par une personne entravée qui ne peut se protéger contre ceux-ci".