arch/ive/ief (2000 - 2005)

Expulsions: Ibrahim Bah : les violences continuent...
by collectif de résistance aux centres fermés et Friday May 25, 2001 at 12:05 AM

Ibrahim Bah,demandeur d'asile sierra-leonais a été victime ce matin d'une cinquième tentative d'expulsion.Des coups graves lui ont été portés,des menaces et des insultesaussi. un coussin et un foulard ont été utilisés pour l'empecher de respirer. Ibrahim , qui a été ramené à la prison de Saint-Gilles,nous a déclaré :"Today,they tried to kill me"...

Collectif de résistance aux centres fermés et aux expulsions

C/O UPJB : 61, Rue de la Victoire , 1060 Bruxelles

0486 91 94 68 ( Marie )

Ibrahim Bah : Les violences continuent...

Dans le cadre de nos activités contre les expulsions et les centres fermés. Nous avons eu dés le mois de février des contacts avec Ibrahim Bah. Malgré les contrôles du courrier et des conversations téléphoniques, un lien fort et une amitié se sont établies entre Ibrahim et le collectif.

Nous avons été choqué mais pas surpris d'apprendre que l'Office des étrangers, bien que reconnaissant l'origine d'Ibrahim avait décidé de le renvoyer, en Cote d'Ivoire. Cette décision d'expulsion a encore moins de sens quand l'on sait qu'Ibrahim n'a jamais transité par la côte d'ivoire.Le récit qu'Ibrahim nous a fait des tentatives d'expulsions dont il a fait l'objet est édifiant.Les 4 et 5 émes tentatives furent les pires. Le 10 avril 2001, Attaché des pieds à la tête selon la méthode dite du « saucisson », Ibrahim a été tabassé à plusieurs reprises dans la camionnette qui l'emmenait vers l'avion, par les policiers fédéraux chargés de l'expulser et qu'il pourrait d'ailleurs reconnaître. Il a été frappé au visage, aux côtes. On lui a dit que la Belgique, c'était pour les Belges, pas pour les Africains et qu'il partirait mort ou vif. Dans l'avion même, les policiers ont fait pression sur tout son corps, sa carotide mais les violences ont atteint leur paroxysme quand les policiers ont appuyé de toutes leurs forces sur la cage thoracique d'Ibrahim à l'aide de leurs jambes et. d'un coussin que l'on espérait ne jamais revoir. Sur le trajet qui le ramenait de l'avion, ce jeune homme de 20 ans a de nouveau été battu parce il avait refusé son expulsion. Il a été ensuite incarcéré à la prison de Saint-Gilles le 10 avril.

Ce 24 Mai au matin, Ibrahim Bah, demandeur d'asile sierra-léonais a subi une cinquième tentative d'expulsion. Celle-ci a échoué grâce au courage d'Ibrahim, et suite à l'action du collectif et aux nombreux soutiens reçus de la part notamment des députés écologistes, Géraldine Pelzer, Vincent Decroly et Anne-Françoise Theunissen. Une visite de parlementaire à la prison de Saint-Gilles a permis d'obtenir un témoignage immédiat de cette tentative d'expulsion, témoignage qui confirme la manière dont Ibrahim a été traité à l'aéroport.

Dés son départ de la prison de Saint Gilles où il est maintenu en détention depuis le 10 avril dernier jusqu'à son retour dans cette même prison, Ibrahim n'a cessé d'être battu, insulté. Il a passé le trajet qui le menait vers l'aéroport attaché, plaqué sur le plancher de la camionnette, trajet pendant lequel il a été roué de coups et insulté. Lors de son arrivée dans les cellules d'isolement de l'aéroport, il a été doublement attaché et les policiers s'en sont pris à lui. Il a de nouveau été battu dans le van blanc qui l'emmenait de force vers l'avion, il a reçu des coups aux côtes, aux jambes. Ibrahim était à terre et attaché selon la méthode dite du saucisson.

Les policiers riaient pendant qu'ils frappaient Ibrahim.

Dans l'avion, les violences qu'Ibrahim avaient déjà subies lors des précédentes tentatives d'expulsion ont redoublé d'intensité : une horde de policiers l'entourant et le couvrant des insultes et menaces (« tu va partir mort ou vif... », « La Belgique aux belges, l'Afrique aux africains » )

des coups et des pressions sur tout le corps, notamment sur ses parties génitales qui ont saigné, mais le pire n'est pas là : un coussin a de nouveau utilisé par les policiers qui appuyaient de toutes leurs forces à l'aide de cet objet sur le thorax d'Ibrahim afin de l'empêcher de respirer, un foulard en coton a été introduit de force dans sa bouche pour le faire taire et le faire partir... Des méthodes innommables ont ainsi été utilisées tout le long de cette tentative d'expulsion. Lors du trajet retour vers la gendarmerie de l'aéroport, Ibrahim a de nouveau été tabassé par des policiers furieux. Les membres du Collectif présents à l'aéroport ont aperçu le retour de la camionnette qui transportait Ibrahim : il y avait tellement de policiers fédéraux autour de lui que l'on pouvait à peine l'apercevoir. Il a, après une nouvelle heure passée dans les cachots de l'aéroport, été ramené à la prison de Saint-Gilles. Il est à noter qu'Ibrahim n'a à aucun moment reçu à boire et lorsqu'il a réclamé de l'eau, il lui a été répondu qu'on allait lui donner son urine à boire !

Autant de violences qui violent les droits de l'homme et bafouent les recommandations prises par rapport aux expulsions après le décés de Semira Adamu.

Ce qu'Ibrahim Bah subi est révélateur de la manière dont le Ministère de l'Intérieur et l'Office des étrangers traitent tous les demandeurs d'asile détenus dans les centres fermés et qui tous les jours sont confrontés aux « aéroviolences »

La liberté est-elle si chère pour la Belgique, qu'elle ne peut pas l'offrir à Ibrahim ?

Lors de la conférence de presse organisée le mercredi 23 mai, pour dénoncer la situation dont il est la victime, Ibrahim a fait passer le message suivant aux journalistes « just tell them i want to be free in Belgium » (dis-leur juste que je veux être libre en Belgique ).

Nous pensons que si rien n'est fait pour arrêter les violences perpétrées par les policiers à l'aéroport de Bruxelles-National, il ne faudra pas s'étonner si la Belgique connaît une nouvelle affaire « Matthew Sellu » ou pire une nouvelle affaire « Semira »

Encore et toujours, nous réclamons la liberté immédiate d'Ibrahim Bah et nous revendiquons :

L'Arrêt immédiat des expulsions

La Suppression des centres fermés

La régularisation de tous les sans-papiers