arch/ive/ief (2000 - 2005)

Pourquoi la Chine désire-t-elle adhérer à l'OMC ?
by Mao Ning Thursday May 10, 2001 at 11:09 AM
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En décembre 1999, la Chine et les USA signaient un accord commun en vue d'une probable adhésion de la Chine dans l'Organisation Mondiale du Commerce. Cette décision tombe alors que bon nombre de mouvements progressistes s'opposent à l'OMC. Solidaire a rassemblé les principaux arguments chinois.

La Chine et l'OMC

Pourquoi la Chine désire-t-elle adhérer à l'OMC ?

En décembre 1999, la Chine et les USA signaient un accord commun en vue d'une probable adhésion de la Chine dans l'Organisation Mondiale du Commerce. Cette décision tombe alors que bon nombre de mouvements progressistes s'opposent à l'OMC. Solidaire a rassemblé les principaux arguments chinois.

Présentation de Mao Ning

On peut subdiviser l'argumentaire chinois en deux parties. D'abord, considérons les conséquences qui se répercuteront à travers le tiers monde en cas d'adhésion de la Chine. Ensuite, examinons la situation dans le pays-même.

Le tiers monde sort gagnant

La Chine demeure aujourd'hui partie intégrante du tiers monde. Si la capacité industrielle du pays se place dans le peloton de tête au niveau mondial, le revenu moyen de ses habitants reste encore faible. Cela s'explique simplement par le fait que les réformes économique ont d'abord profité aux régions côtières, notamment aux " zones économiques spéciales ". L'intérieur du pays continue dans une économie essentiellement rurale. Nous pouvons aussi remarquer que la Chine manque dans de nombreux secteurs de technologies de pointe.

Dans ce contexte, les autorités chinoises revendiquent au même titre que tous les pays pauvres, des échanges nord-sud équitables, c'est à dire la fin du pillage des richesses du tiers monde par les multinationales, et le développement de l'éducation, des sciences, des techniques industrielles et de la santé. La nécessité de législations pour 'réguler' le commerce mondial se fait sentir. Les autorités chinoises perçoivent leur accueil (probable) au sein de l'OMC comme équivalent à leur admission en 1971 à l'ONU : S'il est vrai que ces organismes sont contrôlés par les pays capitalistes, la Chine est résolue à se positionner en tant que porte-voix des pays en voie de développement (1).

Les Chinois donnent déjà depuis bien longtemps une preuve de ce qu'ils avancent. Les échanges commerciaux avec les pays capitalistes (USA, Japon et Union Européenne) apparaissent nettement bénéficiaires en faveur des Chinois. Au contraire, la balance commerciale chinoise envers les pays pauvres penche sans conteste en faveur de ces derniers. (2) Cette politique menée volontairement par la Chine s'inscrit dans un esprit de solidarité avec le tiers monde. Soulignons au passage, que se dessine ainsi une 'nouvelle géopolitique économique', en ce sens où la Chine émerge de plus en plus comme un carrefour incontournable des échanges nord-sud. Pas étonnant d'entendre le président brésilien Cardoso proclamer que ses liens avec la Chine s'élèvent au stade " de partenariat stratégique "(3). Pas étonnant non plus de constater que les Américains tentent de créer une zone économique pour les Amériques, afin de chasser les Chinois d'un marché qu'ils se réservent. En somme, le tiers monde peut être serein de voir la Chine marcher à ses côtés.

Le défi chinois

Depuis l'avènement de la Chine nouvelle, le gouvernement a dû s'atteler à nourrir une population nombreuse et éparpillée sur un pays-continent. Le développement économique est directement devenu une priorité (comme en témoigne le tableau ci-dessous), ainsi que son corollaire le développement de l'éducation et des technologies.

Année 1949 1959 1981 1982 1986
Industrie légère 103 616 2637 2766 4597
Industrie lourde 37 867 2483 2704 5252

Chiffres exprimés en 100 millions de tonnes de production

Source : China Statistics YearBook, 1987

 

La progression sans cesse croissante de l'économie chinoise pendant la période de construction du socialisme sous la direction de Mao ZeDong est évidente. A cette époque-là, les impératifs économique se tournaient davantage vers l'industrie lourde, car la Chine devait d'abord penser à faire face aux menaces extérieures. Cet type de production suffisait à nourrir le peuple, mais ne fournissait que très peu de 'biens de consommation' (car peu d'accumulation de capitaux).

Dans le tableau suivant, on remarque que l'ouverture économique et les réformes menées depuis 1978 ont accentué la hausse de la production, avec cette différence que l'économie chinoise s'est fortement tournée vers l'industrie légère, et cela principalement à cause d'une hausse importante de la demande.

Output Values of some Consumer good industries

Year 1980 1985 1990 1995
Boissons 67.27 149.91 384.97 1155.68
Cuir 50.1 84.09 199.11 974.41
Fibre chimique 33.75 79.3 272.42 809.94
Alimentation 393.63 632.91 1256.84 4040.17
Couture 107.05 171.78 414.64 1470.15
Bois 30.6 56.74 103.24 405.53
Articles de sport 21.82 37.65 90.11 371.06
Textile 699.11 1056.44 2291.08 4604
Imprimerie 47.15 84.04 173.39 411.59
Mobilier 22.85 47.35 81.37 226.03
Papiers 87.92 153.86 388.71 1014.46

Source of data : 1980-1996 issues of China Statistics Yearbooks

Cependant, les dirigeants chinois se sont très vite aperçu que ces nouvelles initiatives n'avaient de sens que si elles permettaient un développement à long terme, et profitant à toute la population. Des avancées technologiques se sont faites de plus en plus pressantes, et avec elles, un rehaussement du niveau d'éducation et de santé. La lutte pour acquérir des technologies de pointe est fondamentale pour un pays comme la Chine, car c'est une des garanties indispensables de son 'indépendance' vis à vis des multinationales et des pays capitalistes (4).

Car en effet, les Chinois ont rapidement pris conscience de l'urgence de contrer la tactique des multinationales. Non seulement la mise à jour technologique est suivie de près par les plus hautes instances du Bureau d'Etat au Plan, mais en plus le gouvernement chinois refuse les contrats qui rangent les industries implantées en Chine au rang de sous-traitant (5). En définitive, le mot d'ordre général est " non à la stagnation économique et technologique ". Les gens de la rue répètent à qui veut l'entendre que pour voir s'épanouir le pays, " il faut réfléchir au passé. La Chine a manqué le rendez-vous de la révolution industrielle, et cela nous a coûté 150 années de colonialisme. Nous ne pouvons sous aucun prétexte manquer le prochain round de la mondialisation. " (6)

Dangers politiques !

Afin de se conformer aux normes de l'OMC, les autorités chinoises ont entrepris " de séparer les pouvoirs économique et politique, nous dit Liu Junning, de l'Académie des Sciences sociales de Chine. Adhérer à l'OMC, ajoute-t-il, va induire qu'il n'y aura plus de politique de la boîte noire, i.e. une transparence totale." (7) Cela comporte évidemment pas mal de risques. " La perte du contrôle du marché domestique chinois aurait de très graves conséquences. Cela signifierait la fin de la compétitivité des produits chinois. " (8)

 

Le saviez-vous ?

1. Le PIB de la Chine était de 67.9 milliards de $ en 1952. Il est passé à 7936.6 milliards de $.

2. Les exportations chinoises était de 1.94 milliards en 1952. Il est de 323.9 milliards de $ en 1998. Ce chiffre a été multiplié par 166 fois, soit une croissance de 11.8% par an en moyenne. 3. La réserve en devises étrangères convertibles était de 2.15 milliards de $ en 1977. Elle est passée à 145 milliards de $ en 1998.

Source : Xinhua News Agency, 20/01/2000

 

Notes :

1. JingJi RiBao, 20/01/2000

2. China Statistics YearBook 1999 et http://www.xinhua.org

3. Xinhua News Agency, 18/04/2001

4. Zhou Lan, WTO Impact on China Industries (1st part) in Hong Kong Ta Kong Pao, 30/11/1999, pC3

5. Zhou Lan, WTO Impact on China Industries (2nd part) in Hong Kong Ta Kong Pao, 01/12/1999, pD3

6. Chinese Central Television, 10/04/2001

7. The Political and Economic Significance of China's WTO Entry in Hong Kong Ta Kong Pao, 17/11/1999, pD3

8. Zhou Lan, op cit.

 

Une version retravaillée de ce texte (orthographe et syntaxe...) paraîtra dans Solidaire, hebdomadaire du Parti du Travail de Belgique

Vive le commerce international!
by Arnaud Thursday May 10, 2001 at 03:35 PM
arnaudleblanc@swing.be

La Chine représentait un ultime espoir d'alternative au monde marchand et impérialiste. Elle est une puissance non négligeable et certainement la seule à pouvoir faire face aux Etats-Unis dans le futur.
Mais que se passe-t-il donc dans la tête de ses dirigeants pour justifier de la même manière que les pays occidentaux leur adhésion à l'OMC? ( bientôt le FMI, la BM ou autres?)

Maintenant, la Chine entre de plein pied dans les désirs (délires)financiers liés aux institutions économiques internationales. Mais les raisons sont claires, nous dit-on, c'est pour aider les pays du Tiers-Monde et garantir le succès du "défi chinois"...
C'est donc avec beaucoup de tristesse, en fait, que l'on se rend compte que la Chine, elle aussi, veut pouvoir profiter des "bienfaits" de l'économie capitaliste mondialisée.

Grâce à la Chine et les arguments qui sont avancés, on devrait croire à la réforme des institutions économiques internationales de l'intérieur.
Ce ne serait pas le système économique même qui serait mauvais mais bien l'utilisation qu'on en fait?
La réforme keynésianiste que prône ATTAC vantée par le PTB ?

J'ai envie de croire en la possibilité d'une autre voix qui ne serait pas celle des grands patrons et du pouvoir. Mais si la Chine, elle même, participe au jeu du commerce plutôt que de l'entraide internationale: Où va-t-on?
Je crois personnellement que si la Chine accepte de faire partie intégrante de l'OMC, elle le fera pour les même raisons que les pays capitalistes. L'OMC ne permet pas l'entraide vers les pays pauvres, elle favorise les lois du marché plus que toute autre chose. Les mouvements qui clament qu'"un autre monde est possible" ne peuvent soutenir cette prise de position chinoise malgré l'attachement certain que l'on peut connaître ou non pour ce pays.

C'est bien dommage que Solidaire qui nous a bien convaincu qu'il fallait anéantir les institutions économiques internationales, justifie, à présent, l'entrée de la Chine au sein de l'OMC.

Les arguments de l'entrée de la Chine dans l'OMC ne dépassent malheureusement pas ceux que la Belgique ou les Etats-Unis avancent pour justifier le capitalisme mondialisé. Entraide envers les pays du Tiers-monde, abaissement de la pauvreté internationale, c'est connu, le commerce est source de bien-être... Et pourquoi terminer par l'importance de la séparation de l'économie vis-à-vis de la politique?
La grande erreur de nos pays capitalistes est de croire que l'on peut séparer l'économique du politique mais ces deux mondes sont inséparables. Sans l'économique, le politique ne peut rien faire.

L'idée de croire que l'entrée de la Chine dans l'OMC pourra faire avancer les choses et profiter aux pays pauvres n'est pas très satisfaisante.
L'idée est bien belle mais si c'est comme ça, j'arrête de croire en la possibilité d'un autre monde ou d'une façon moins fataliste, je deviens membre d'ATTAC. Ainsi, comme la Chine, je vais me résigner au fait accompli, "à la réalité du marché" et je vais chercher à tirer le meilleur du capitalisme plutôt que de le combattre.

Allez, je vais quant-même continuer à lire Solidaire et je vais attendre de vieillir avant de me décider...

In Solidarity.
(j'espère ne pas être trop incompréhensible mais c'est plutôt de la tristesse, ici, que je ressent qu'autre chose. Les arguments avancés ressemblent un peu trop à mon goût à la propagande capitaliste que nous subissons tous les jours par les médias officiels)

Entamer le débat !
by Mao Ning Friday May 11, 2001 at 03:07 PM
mao.ning@caramail.com 32-2-5040154

Salut,
j'ai lu avec attention tes commentaires. Je trouve intéressant de discuter de deux aspects de la question.

1. Je ne fais que présenter les arguments développés par la Chine. Cela ne veut pas dire que je les rejette ou que je les soutiens. Nous sommes devant une réalité : la Chine veut adhérer à l'OMC. Face à cela, nous entendons chaque jours des discours et nous lisons chaque jours des textes que je qualifierais de "téméraires", pour ne pas dire "hérétiques".
Ma position est de dire que lorsque la Chine veut adhérer à l'OMC, la situation est différente que lorsque l'Inde ou la Colombie se présentent. La Chine est certes un pays du tiers monde, mais qui a des arguments (discutables, mais pas forcément faux) qui viennent étayer ses actions.
Si le Brésil ou le Mexique affirmaient vouloir changer la nature capitaliste de l'OMC, je douterais plus que si c'est la Chine qui le dit.
Cependant, tu as raison de dire que la Chine ne donne pas des perspectives internationales pour le socialisme, mais apparaît comme un défenseur du tiers monde. Je dis cela, parce que la première revendication du tiers monde, réside dans "des échanges équitables entre le nord et le sud". Cela ne deviendrait une réalité que si le tiers monde trouvait des porte-parole qui ont un certain poids. Là-dessus, il faut être conséquent.

2. La question de l'adhésion de la Chine à l'OMC pose aussi (et surtout) la question de l'avenir du socialisme en Chine. Cette question divise encore plus les observateurs. Nénamoins, nous pouvons distinguer certains aspects de cette question; à savoir que la Chine a raison lorsqu'elle affirme que la modernisation (technologique notamment) du pays est le principal défi.
Face à cela, je crois que beaucoup de gens ont un avis intéressant, souvent très détaillé, mais qui ne présente pas d'alternative réelle et/ou réaliste. Les uns veulent détruire la Chine, la soumettre; et d'autres revendiquent une nouvelle révolution culturelle. Je crois qu'il faut voir que la Chine a fait le pari de se développer et de sortir du sous-développement. Il faut l'aider en organisant l'amitié et la fraternité entre les peuples (dans ce cas Belgique et Chine), en dénonçant les agissements de nos propres capitalistes et en conseillant les Chinois et les autres amis dans le tiers monde, à partir de nos expériences, en leur donnant des indications les meilleures sur la nature véritable du capitalisme aujourd'hui.

J'espère que ce débat pourra se prolonger. Je pense que c'est une question qui mériterait un grand débat public. Peut-être bientôt ? Voire.

En attendant, je te salue amicalement.
Mao Ning.

SOBRE ADHESION DE CHINA A LA OMC
by Pavel Sunday May 13, 2001 at 10:47 PM
pavelic_jofre@hotmail.com

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