arch/ive/ief (2000 - 2005)

Procès contre le Collectif et procès Clabecq: même combat
by david pestieau Thursday May 03, 2001 at 09:06 PM

18 membres et sympathisants du Collectif contre les expulsions vont être poursuivis sur base de 22 chefs d'inculpation. Un procès qui rappelle celui de Clabecq. Débat sur la stratégie à suivre

Urgent: Procès de Pascal Marchand, demain 4 mai, à 9h, Palais de Justice de Bruxelles. Les avocats demanderont que ce procès soit lié aux deux autres contre le Collectif.

Procès contre le Collectif et procès Clabecq: même combat

Défendre le droit de lutter et de s’exprimer

Un nouveau procès politique est en préparation: 18 membres et sympathisants du Collectif contre les expulsions vont être poursuivis sur base de 22 chefs d’inculpation. Pour s’être opposés à la politique des expulsions du gouvernement. Un procès qui rappelle celui de Clabecq: les accusés risquent des années de prison, ils sont criminalisés pour leur action. Pourquoi et comment lier ces deux combats? Un débat plein d’actualité.

David Pestieau

Un comité de soutien aux 18 du Collectif s’est réuni le 10 avril. La mobilisation était là: plus de 80 personnes remplissaient la salle. Une très bonne pétition a été lancée à cette occasion qui a déjà récolté plus de 1.000 signatures. L’appel a été répercuté le 23 avril par une conférence de presse.

Pour arrêter ces procès politiques, l’unité des luttes contre le procès de Clabecq et contre celui du Collectif semble décisive. Bien que le parquet utilise un autre arsenal juridique contre le Collectif (l’accusation de «formation de bande armée la nuit»), le fond de l’attaque est le même: criminaliser le mouvement social. Le procès de Clabecq, c’est le procès contre ceux qui se sont battus radicalement contre le chômage. Le procès du Collectif, c’est le procès contre ceux qui ont voulu radicalement refuser la politique d’expulsions des réfugiés. Cette unité semble loin d’être acquise. Lors de la réunion du Comité de soutien, les opinions se sont affrontées à ce sujet.

Ce qui s’est dit au Comité

• Silvio Marra, un des 13 inculpés du procès Clabecq

«Pourquoi l’appel ne mentionne-t-il pas Clabecq? Le procès Clabecq est un procès politique monstre qui dure depuis plus de 3 ans. Celui-ci est une nouvelle étape dans la criminalisation des conflits sociaux».


• Daniel Liebman, un des inculpés du Collectif

«Nous n’allons pas mentionner tous les procès et les luttes, sinon on n’en sortira pas.» Opinion partagée par plusieurs autres intervenants.


• Ivo Flachet, avocat à Gand

«Le procès Clabecq n’est pas un procès parmi d’autres. C’est LE procès politique de ces vingt dernières années. L’article 66§4, qui permet de condamner les leaders coupables d’avoir ‘incité’ à certains actes, est le cœur de l’accusation et n’avait pas été employé pendant cent ans!»


• Alain Tondeur, rédacteur en chef de La Gauche (POS)

«Une mobilisation syndicale s’annonce dans les centres ouverts. Nous devons y aller, mais en mentionnant Clabecq, nous allons réveiller des clivages dans le milieu syndical qui feront du tort à l’appel pour le Collectif. Nous devons à tout prix éviter l’isolement. Même si ce n’est pas mon avis, il y a des responsables syndicaux qui ont des boutons rien qu’à entendre le mot Clabecq…»


• Jasmine Pétry (Frontières Ouvertes)

«Nous avons ici une chance unique de lier le mouvement démocratique de défense des sans-papiers et le mouvement ouvrier qui se mobilise pour Clabecq. Il y a souvent une incompréhension entre ces deux mouvements. Ici nous pouvons faire le lien face à un objectif commun: celui de la défense du droit de lutter et de s’exprimer.»


• David Pestieau (PTB)

«Pourquoi ne pas mentionner Clabecq? Dans le mouvement syndical, il peut y avoir différentes interprétations sur comment la lutte de Clabecq a été menée. Mais qu’il s’agit d’un procès politique qui criminalise les conflits sociaux ne fait de doute pour aucun syndicaliste. Au début du procès Clabecq, 2500 personnalités dont beaucoup de syndicalistes ont signé un appel dans ce sens. Elles seront prêtes à signer un appel liant l’attaque contre le Collectif avec Clabecq, car c’est la même logique.»

• Une dame

«Nous sommes devant un combat qui deviendra dur et long. Ceux qui ne signeraient pas maintenant car on mentionne Clabecq, nous lâcheront aussi dans le cadre du procès contre le Collectif à la première occasion. Car ceux du Collectif seront confrontés aux mêmes attaques que ceux de Clabecq».


• Serge Cols (Attac-Bruxelles)

«Nous devons arrêter de faire des combats en ordre dispersé et réagir au coup par coup. Il y a Clabecq, c’est évident, et demain, pendant les manifestations contre le sommet européen à Bruxelles, on peut craindre aussi des arrestations massives et des condamnations. Il est important de réagir de manière coordonnée face à ces attaques»

Mais le porte-parole de l’appel, le professeur Mateo Alaluf (ULB) estime, lui, que le comité n’est pas «un état-major de réaction politique».

Isoler Clabecq pour... briser l’isolement du Collectif?

Après amendement, l’appel fait finalement le lien implicite avec Clabecq quand il affirme que «dans un contexte de criminalisation croissante des mouvements sociaux, (…) la contestation est un droit fondamental». Le débat reste ouvert pour réaliser en pratique l’unité des deux mouvements.

Certains participants se sont étonnés d’entendre Tondeur du POS affirmer que, «par tactique», il ne faut pas parler de Clabecq dans l’appel. Pendant le conflit, après quatre mois d’absence, le groupe trotskiste de Tondeur a crié avec les loups sur l’épisode Zenner (qui fait d’ailleurs l’objet de plusieurs chefs d’inculpation dans le procès Clabecq). Il a reproché à D’Orazio d’avoir organisé une manifestation contre les menteurs (du PS) au lieu d’un rassemblement pluraliste contre le chômage et de ne pas donner la parole à Nollet…1. Déjà au nom de «la lutte contre l’isolement» et «pour que les secteurs de gauche entrent en dialogue». Quatre ans après, Tondeur parle d’éviter l’isolement pour le Collectif en …voulant «isoler» Clabecq puisque «chaque mention de Clabecq nous couperait de certains dans le mouvement syndical»!

Ami, si tu tombes...

Séparer les combats ne nous mènera à rien. Cédric Tolley, un des 18 du Collectif, ancien dirigeant du mouvement étudiant à l’ULB, l’a bien expliqué à la conférence de presse: «Partout en Europe, les forces répressives se font les armes contre les mouvements sociaux, contre ceux qui se battent pour des droits. Comme contre le Collectif ou comme contre ceux de Clabecq. Avec ces procès, on muselle la liberté d’expression déjà fameusement entravée, on est en marche vers un Etat de non-droit. Nous, on va continuer à contester . Et comme le dit la chanson ‘ami, si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place‘. Car l’esprit de résistance, lui, ils ne pourront pas le détruire.»

1 La Gauche, 11 avril 2001 -

- Procès de Pascal Marchand, 4 mai, à 9h, Palais de Justice de Bruxelles. Les avocats demanderont que ce procès soit lié aux deux autres contre le Collectif.

- Pour signer l’appel: e-mail comitedesoutien@collectifs.net ou site http://www.collectifs.net/comitedesoutien

Attaque plus qu'analyse
by Fred Thursday May 03, 2001 at 09:30 PM

Franchement, David, ton article aurait pu être intéressant si son objectif était vraiment d'expliquer la stratégie que tu prônes. Ici, il s'agit avant tout de s'attaquer à des gens (Tondeur, Alaluf) en ressortant des histoires d'il y a trois ans.
je n'ai personnellement pas d'avis tranché sur la tactique à suivre face aux procès politiques. Chaque "camp" a de bons arguments.

Question de stratégie...
by Fred Friday May 04, 2001 at 11:24 AM

Tu sais, David, il y a des gens prêts à lutter contre la criminalisation des militants du collectif mais qui n'ont guère d'atomes crochus, à cause des "médiamensonges", avec la lutte des travailleurs de Clabecq.
Je t'avouerais que c'est malheureux alors que leur combat actuel est commun, celui de la lutte contre la criminalisation.
Mais il faut le comprendre. Le comité de soutien a pour objectif de s'occuper des collectifs contre les expulsions et de se battre contre la politique de déportation. Ce qui est important, c'est que "ceux de Clabecq" et "ceux du collectif" soient ensemble dans la lutte. Certains ne soutenant pas nécessairement les ex-délégués syndicaux y feront peut-être le lien. c'est une stratégie... La bonne, je n'en sais rien... Il faut juste la respecter et c'est, je trouve, ce que tu ne fais pas vraimment ci-dessus, dommage...