arch/ive/ief (2000 - 2005)

Ecolo ou la manière de faire du libéralisme "autrement"
by Collectif Friday April 27, 2001 at 03:42 PM

Texte de l'« Appel » lancé par Jean-Marie Chauvier, Manu Abramowicz, Anne-Marie Appelmans, Jacques Sondron , Pierre Martin, Thibaut Michot, Claude Demelenne et Mario Gotto.

Ecolo prétendait incarner l'espoir d'une alternance progessiste. La première participation gouvernementale des verts pourrait avoir l'effet inverse. Elle débouche sur moins de solidarité, moins de justice sociale, moins de services publics, plus de libéralisme. L'argument des contraintes et du rapport de forces défavorable ne suffit pas à expliquer ces revers.

Les priorités d'Ecolo ont changé. Hier, ce parti était à l'écoute des associations défendant sur le terrain les droits des plus faibles - chômeurs, sans-papiers,... - et partageait les préoccupations syndicales. Aujourd'hui, Ecolo privilégie une approche technocratique et le coude-à-coude avec Verhofstadt. Celui-ci n'a pas renié ses anciennes amours. Il ne se gêne plus pour réendosser ses vieilles fringues thatchériennes. Profitant de la mollesse des verts, les archéolibéraux du VLD ont marqué des points dans les dossiers prioritaires pour Ecolo, tels la SNCB et le droit d'asile.

La « Dame de fer » a mis les syndicats anglais à genoux. Verhofstadt et son parti rêvent de mettre les syndicats belges dans le coin. Ils ont obtenu l'éviction des représentants des travailleurs du conseil d'administration de la SNCB. La ministre des Transports Isabelle Durant a accepté cette décision, qui rompt avec les pratiques des pays voisins. Cette mise à l'écart aura des répercussions importantes, la voix des travailleurs du rail sera de moins en moins entendue.

Sous la pression du VLD et du SP, l'insécurité est croissante pour les candidats réfugiés. Leurs conditions de vie sont de plus en plus dures.

Que fait Ecolo ?

Le processus de régularisation a pris un retard considérable. Par contre, la machine à expulser - souvent par rapatriements collectifs - tourne à plein rendement. Le gouvernement arc-en-ciel criminalise de plus en plus de demandeurs d'asile. Que fait Ecolo, intarissable sur le sujet lorsqu'il siégeait dans l'opposition ?

Avec l'accord d'Ecolo, l'arc-en-ciel a décidé de distribuer des cadeaux fiscaux aux classes aisées. Il va accentuer les inégalités entre contribuables en supprimant les taux d'imposition les plus élevés pour les gros revenus. Dans la fonction publique, le « plan Copernic » accroîtra considérablement le fossé entre les « top managers » et les niveaux 4, dont le nombre diminuera. Que fait Ecolo ? Il participe à cette « redistribution à l'envers » qu'il dénonçait jadis.

De nouvelles privatisations se préparent - notamment à Belgacom -, douloureuses pour l'emploi et les usagers modestes. Que fait Ecolo ?

Ni membres, ni compagnons de route d'Ecolo, les signataires de cet appel s'expriment en tant que progressistes soucieux de combattre la droitisation du paysage politique. Nous pensons que l'attitude des dirigeants d'Ecolo contribue à cette droitisation. Il est temps de tirer le signal d'alarme, car Ecolo fragilise les causes qui sont chères à tous les progressistes.

Ces critiques visant Ecolo, nous les avons souvent adressées au PS. Dans ces deux partis, des militants résistent à la froide logique des appareils. Ils sont considérés comme des empêcheurs de gérer en rond...

Ecolo a longtemps cultivé une image de parti frondeur. Image fausse ? Nous nous interrogeons, au spectacle de la normalisation d'Ecolo dans le creuset néolibéral.

En cette veille de 1er mai, nous nous interrogeons sur l'ancrage à gauche d'Ecolo. Nous partageons l'avis de ceux qui, parmi ses militants critiques, estiment qu'Ecolo est plus efficace dans l'opposition pour faire barrage aux projets les plus réactionnaires de la droite.

Ecolo est-il toujours en phase avec son slogan phare des années 90, selon lequel « il n'existe pas de fatalité ? » Nous constatons que ce parti dilue sa capacité de mobilisation et d'indignation dans les allées du pouvoir.

Les écologistes ont été élus pour - disent-ils - être le poil à gratter de la vie politique belge. Nous sommes loins du compte. Sans remise en question, Ecolo restera dans l'histoire comme ce parti qui, prétendument « alternatif » s'est fondu à la vitesse TGV dans la pensée unique, dès sa première expérience gouvernementale.

Soit Ecolo continue d'accompagner l'évolution néolibérale de la société et se contente d'exprimer quelques petites taches vertes - écotaxes, ou éconobis... - dans un programme abondamment teinté de bleu. Soit Ecolo tente de casser - avec d'autres progressistes - le conformisme libéral.

En cette veille de 1er mai, nous tenions à rappeler que l'abdication face aux contraintes ne peut tenir lieu de politique. Que les dirigeants écologistes ne se laissent pas hypnotiser par les sondages. Pour l'instant, ceux-ci leur sont favorables. Mais pour combien de temps encore ?


Le PS aussi....
by alain Sunday April 29, 2001 at 10:08 PM
alemaitr@ulb.ac.be

Il est intéressant que des voix s'élèvent ainsi pour dénoncer la tromperie qu'a représenté pour beaucoup d'électeurs la participation d'ECOLO au gouvernement.
Mais il est un peu facile pour des intellectuels pour la plupart proches du PS de mettre au pilori les seuls ECOLOs.
Que fait Ecolo; mais que fait le PS?
Le parti socialiste également participe à un gouvernement libéral dirigé par le VLD, le PS également est complice des centres fermés, complice des expulsions, complice d'une politique sociale qui ne favorise toujours qu'une certaine classe de la population, complice de l'exploitation de milliers de travailleurs,etc, etc...
Enfin, la fgtb de madame Appelmans n'a pas une actualité glorieuse en ce qui concerne la défense des travailleurs...
Il suffit de penser au procès Clabecq par exemple...

Cher Alain
by Fred Monday April 30, 2001 at 10:01 AM

Je suis entièrement d'accord avec toi, mais je ne sais pas si ces gens sont si proches du PS comme tu le dis. Je pense plutôt qu'ils avaient voté pour les écologistes.
Ce pourquoi ces gens "n'attaquent qu'Ecolo" c'est parce les verts en sont à leur première participation gouvernementale, c'est parce qu'ils avaient dit qu'ils allaient gouverner autrement, c'est parce qu leur programme, quoique non "révolutionnaire", étaient assez audacieux sur certains point pour un parti cogestionnaire de notre humanité barbare.
Les écolos n'ont réellement fait avancer aucun point intéressant de leur programme sur des thèmes essentiels. Ils n'arrêtent pas de perdre la face dans les dossiers importants et pourtant, Isabelle Durant conserve son sourire et n'arrête pas dire que ce serait pire sans eux.
Le fameux argument du moindre mal est utilisé depuis des années par les socialistes. Sur eux, il ne faut plus guère se faire d'illusions. L'alternative se construira dans la rue.

Cher Fred
by Alain Monday April 30, 2001 at 04:14 PM
alemaitr@ulb.ac.be

Nous sommes d'accord sur la conclusion à tirer des faux espoirs que peuvent semer des partis gestionnaires conservateurs comme ECOLO et le PS: Ne nous laissons plus berner! Construisons dans la lutte une réelle alternative au monde capitaliste.