Non à la criminalisation ! Non aux expulsions! by Fred Monday April 23, 2001 at 06:59 PM |
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Rapport de la conférence de presse de ce lundi 23 avril du comité de soutien aux inculpés des collectifs contre les expulsions.
Non à la criminalisation ! Non aux expulsions ! Ce lundi 23 avril 2001, au théâtre Varia à Ixelles, le comité de soutien aux inculpés des collectifs contre les expulsions a tenu une conférence de presse pour annoncer sa création. Depuis avril 1998, les collectifs contre les expulsions se sont mobilisés pour combattre la politique d’asile et d’immigration de l’Etat belge en particulier, de l’Europe en général. Par des actions radicales non violentes, par des pétitions, par une présence régulière à l’aéroport de Bruxelles National, les activistes ont permis, dans une certaine mesure, de montrer à l’opinion publique, du moins à une partie, la réalité de milliers d’étrangers, de sans papiers, de clandestins, de réfugiés, de prisonniers que les autorités belges ont toujours préféré cacher derrières des vitres sans teint et des barbelés. Manifestation contre les centres fermés, blocages de fourgon de l’Office des Etrangers, occupations, sensibilisation de passagers à l’aéroport, participation aux actions des sans papiers dans les églises, etc.… ont rythmé l’activité des collectifs depuis 1998 jusqu’à encore ce vendredi où une vingtaine d’entre eux occupait le cabinet du ministre Vande Lanotte, un des concepteurs des lois xénophobes qui régissent la politique d’asile et d’immigration, ancien ministre de l’intérieur et "promoteur" de la "technique du coussin" qui mena à la mort Semira Adamu le 22 septembre 1998 dans un avion de la Sabena à destination du Togo. Au-delà des nombreuses actions des collectifs, c’est surtout ce meurtre légal ainsi que l’évasion deux mois plus tôt de 25 prisonniers sans papiers du centre fermé 127 bis (Steenokkerzeel), alors que le Collectif manifestait autour, qui mit les activistes sous les feux de l’actualité. Aujourd’hui, les actions sont moins nombreuses, la régularisation s’embourbe dans des conflits communautaires, juridiques et politiques, la réforme du droit d’asile s’éloigne toujours plus de la Convention de Genève et de la déclaration universelle des droits de l’homme, la machine à expulser fonctionne comme jamais et anéantit encore quotidiennement les vies et les espoirs de milliers de migrants, les expulsions collectives par charter passent comme une lettre à la poste, le parti Ecolo qui avait activement soutenu des actions des collectifs s’embourbe dans la gestion gouvernementale de la " misère du monde ". L’Etat sent probablement que le rapport de force est plus en sa faveur maintenant, il peut lancer, une fois de plus, son appareil judiciaire contre des militants politiques alors que les meurtriers de Sémira ne sont toujours pas jugés. Résumé du dossier juridique contre les inculpés des collectifs contre les expulsions
Le CCE est actuellement sous le feu de trois dossiers d'inculpations qui résulteront dans des procès dans un avenir plus ou moins proche.
Le premier, dont la date est fixée au 4 mai [ce sera peut-être reporté], ne concerne qu'une personne mais aura pour nous valeur de test que nous ne pouvons rater. Les deux autres concernent les actions que nous avons menées en 1998 et visent au total 19 personnes. Il est presque certain que ces deux derniers dossiers seront liés.
En résumé, 19 personnes se partagent au total 22 inculpations. Certains égoïstes (les chefs, diront les malveillants) raflent une bonne part des charges.
1. Le dossier " Pascal Marchand "
Le contexte est la manifestation du 3 octobre 1999 à Steenokkerzeel, contre l'expulsion collective des Roms. Pascal Marchand est accusé de tentative de vol ainsi que de coups et blessures (avec effusion de sang) à l'encontre d'un gendarme en civil qui prenait des photos. Il lui est reproché en outre une destruction de matériel, en l'occurrence la grille du centre 127 bis. L'affaire est passée en procédure accélérée, ramenée à un fait de vandalisme et décontextualisée tant de la manifestation que de l'action du collectif.
Le dossier est rédigé par un seul gendarme, la victime, et la seule preuve exhibée consiste en une note de pressing (la victime avait son veston tâché de boue).
Pascal a été condamné par défaut une première fois à un an de prison ferme. Le
jugement fut cassé et est reporté au 4 mai [à confirmer].
Indymedia avait couvert cette affaire, voici ce qui était paru sur le site :
2. Les dossiers " CCLE "
Pour y arriver, il nous faudra rencontrer ceux qui dans leur quotidien, vivent
la précarité, l'absence de droits, les contrôles au faciès, les visites
domiciliaires, les brimades des gardiens. Il nous faudra construire les ponts
et créer les espaces d'expression et d'échange.
Mais nous aurons aussi besoin d'être entourés, protégés et conseillés pour ne
pas foncer droit dans un mur. Nous sommes partis pour un combat difficile pour
lequel nous demandons un triple soutien moral, politique et matériel. [fin du document]
Il vous est maintenant plus facile de comprendre la nécessité d’un tel comité et de l’appel de soutien. Le comité se place dans une démarche active. Plus que de faire signer une simple pétition, il veut mobiliser sur le long terme et apporter ou du moins contribuer à apporter une réponse politique face à la criminalisation croissante des mouvements sociaux et en matière de politique d’asile et d’immigration. Il veut combattre l’idée d’une forteresse assiégée qui, pour reprendre les mots de la philosophe Isabelle Stengers à la conférence de presse, est "le lieu d’une anti-démocratie par excellence". Nous sommes en face d’un procès politique, d’une agression contre le mouvement social. Or, comme l’a rappelé ce matin Dan Van Raemdonck, président de la Ligue des Droits de l’Homme francophone, le droit à la rébellion est un droit de l’homme, un droit des peuples face à des politiques inhumaines. Soutenir le comité, c’est résister à la construction d’une Europe policière voulant éradiquer certaines formes de protestations, des formes qui ne rentrent dans le corset institutionnel. C’est aussi un moyen de redonner éventuellement une dynamique à un mouvement contre les expulsions et contre les centres fermés pour étrangers qui cherche un nouveau souffle.
A peine était-il créé que ce comité a récolté un millier de signatures de soutien. Ce n’est que le début, cette lutte se base sur le long terme, participez-y.
Pour plus d’informations :
Porte-Parole du Comité de Soutien :
Mateo Alaluf : 02/650.34.31
Isabelle Stengers : 02/380.93.53
Pascale Fonteneau : 02/735.12.30
Porte-Parole des inculpés :
Serge Thiry : 0486/413010
Daniel Liebmann : 0495/635469
Avocats :
Christophe Marchand 02/5357222
Philippe Erkes : 02/538.07.36
Attachée de presse :
Corinne Barella 0479/310223
Contact néérlandophone :
Angela Van de Wiele 0497/29.18.39
Courrier : comitedesoutien@collectifs.net
Adresse : Section de Bruxelles de la LDH, 15 rue de Londres, 1050 Ixelles
Tel : 02/511 45 41 (répondeur)
http://www.collectifs.net/comitedesoutien/
soutien financier à verser à Antidote 001-3535723-52