Bologne: "On n'étudiera pas c'que veut le patronat" by Benjamin Pestieau Thursday March 29, 2001 at 03:31 PM |
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Pendant la manifestation du 27 mars, Julien Versteegh, président du MML-ULB et porte-parole du comité-ULB contre Bologne nous donne ses impressions sur le mouvement actuel...
450 étudiants
manifestent contre la déclaration de Bologne « On n’étudiera pas ce que veut
le patronat ! » Voilà le mot
d’ordre qu’on a le plus entendu dans les rues de Bruxelles mardi 27 avril lors
de la manifestation étudiante contre la déclaration de Bologne. Dans la manif,
on retrouvait des étudiants de plusieurs universités (ULB, VUB, UCL et RUG), de
plusieurs hautes écoles (Isti, Insas, etc.) et même de deux écoles secondaires.
Petit à petit, l’information autour de la déclaration de Bologne perce les murs
des auditoires des universités et des hautes écoles pour toucher toujours plus
d’étudiants. Julien Versteegh
président du MML-ULB et porte-parole du comité-ULB contre la déclaration de
Bologne nous donne son analyse des événements. Benjamin Pestieau Quel est l’importance du mouvement actuel et quelle
perspective doit-on lui donner ? L’union des
étudiants universitaires, du supérieurs et du secondaires, francophone et
néerlandophone constitue la base d’un mouvement national à portée historique et
qui porte en lui les clefs du succès. Le 14 mars
dernier, c’était 20.000 travailleurs des services publics de tous le pays et de
tous les secteurs qui manifestaient contre les dangers de privatisations. Le 23
mars, c’est une grève de 24h qu’entamaient les cheminots et le reste des
services publics. Dans la sidérurgie, les ouvriers de Liège, Charleroi et
Clabecq font également entendre leur colère. La situation est la même partout.
Le gouvernement n’entend qu’un seul mot d’ordre : privatisation, fusion,
restructuration, licenciement,… Il apparaît
clairement que l’union de ces différents mouvements est à même de faire aboutir
les revendications légitimes des étudiants et des travailleurs. Pour bien le
comprendre il est nécessaire d’analyser l’expérience du mouvement étudiant de
1994-1996 si nous voulons aller plus loin. Au cours de cette période l’ensemble
du pays à connu de grandes manifestations et des mouvements très durs dans
l’enseignement universitaire, supérieur et secondaire, francophone et
néerlandophone. En 1996, les écoles secondaires étaient secouées par une grève
de 6 mois : 80 écoles en grève rien qu’à Bruxelles, 40.000 élèves et
professeurs dans les rues de Bruxelles le 2 avril 1996,… La grande faiblesse a
certainement été que ce mouvement admirable était extrêmement divisé.
Francophones et néerlandophones luttaient de leur côté à des moments
différents, de même, les universités, les écoles supérieures et secondaires
n’ont que très rarement mené des actions communes. S’il était divisé en son
sein, ce mouvement était surtout isolé du monde ouvrier. La question de l’unité
avec le mouvement ouvrier apparaît dans toute sa lumière lors des évènements de
1996 (mouvement étudiant) et de 1997 (grève des sidérurgistes de Clabecq). La
question à se poser est la suivante : Comment en 6 mois de grève, au bout
de plus de 20 manifestations, au terme d’une mobilisation sans précédent, les
étudiants et les professeurs du secondaire n’ont pas réussi à faire plier le
gouvernement, alors qu’au même moment, 2000 sidérurgiste d’une entreprise vouée
selon tous les médias à la fermeture ont réussi à maintenir l’usine
ouverte ? Comment considères-tu les positions de certains acteurs
du mouvement étudiant qui ne voient dans la déclaration de Bologne avant tout
qu’un problème de manque de débat public ? Les mots d’ordre
défendus par les étudiants aujourd’hui ont une grande importance. Le Comité
anti-Bologne de l’ULB défend une position de principe correcte : un
enseignement démocratique, sans sélection, au service de la population. Ces
positions sont résumées par le slogan crié aujourd’hui dans les rues de
Bruxelles : « Siemens, Dexia, Totalfina, on n’étudiera pas ce
que veut le patronat ». En
refusant d’étudier ce que veut le patronat les étudiants montre leur
détermination à défendre les intérêts du plus grand nombre et de ne pas mettre
leur service au profit des multinationales et des intérêts d’une minorité, mais
au service des intérêts des travailleurs et des classes les plus pauvres. C’est
une position tout à l’honneur du mouvement étudiant. Pourtant, c’est
vrai que certains acteurs de ce mouvement prétendent que les revendications les
plus importantes sont : « Une discussion publique pour un
enseignement public », « de nouvelles négociations avec
participation étudiante pour élaborer un autre Bologne ». La voie
qu’ils tentent là de tracer relève de la manipulation et constitue un danger
face auquel le mouvement étudiant doit se préserver. Peux-tu
t’expliquer ? Défendre de tels
mots d’ordre revient à cacher les véritables responsables et les véritables
initiateurs de Bologne. Dans le système actuel, les partis politiques
traditionnels, les gouvernements nationaux et transnationaux ne sont que les
traducteurs politiques de la volonté des multinationales. L’actualité nous le montre
tous les jours. Dix multinationales pharmaceutiques (dont une belge) attaquent
en justice les gouvernements Sud Africain et Brésilien pour avoir autorisé la
diffusion de médicaments génériques (et donc moins chers) contre le Sida.
Pourquoi le gouvernement belge ne prend-elle pas des sanctions contre cette
action judiciaire qui a causé déjà depuis le début du procès plusieurs
centaines de milliers de morts ? Qui est en train d’initier la
privatisation des secteurs publics ? Qui soutient depuis 10 ans un embargo
criminel qui a déjà tué 2,5 millions d’enfants en Irak ? Qui fabrique et
qui applique les recommandations de l’Europe, de l’OMC, du FMI ou de la banque
mondiale ? Qui a tenté de fermé les Forges de Clabecq ? Tous les
partis traditionnels réunis. En Belgique, ils s’appellent Ecolo, PS, PSC, PRL,
CVP, VLD, SP, AGALEV, etc.. Défendre une
telle position revient également à défendre l’idée que c’est dans les salons,
dans les dicussions restreintes que les étudiants et la population obtiendront
satisfaction. Encore une fois, c’est illusoire et ce n’est tenir en aucun
compte de l’histoire et de l’expérience du mouvement étudiant lui-même.
« Nous sommes en ‘démocratie’ donc on nous écoutera ». Une telle
illusion animait le mouvement étudiant au début des années 90. Pourtant, ce
genre d’illusions s’est définitivement brisé le 2 avril 1996. Ce jour là 40.000
professeurs et élèves ont manifesté pendant 24h autour du parlement pour exiger
le retrait du décret Onkelinx qui devait être voté le jour même (le décret, pas
son retrait). Le parlement a envoyé les gendarmes écraser dans le sang les
revendications des manifestants… tout en votant le décret Onkelinx. Ne faut-il alors en aucun cas négocier ? Non, pas du tout. Mais dans l’état actuel
des choses, négocier, à l’heure des prémisses d’un mouvement étudiant, ce
serait le tuer. Une négociation quelconque ne peut s’imaginer que dans le
contexte d’un rapport de force favorable. Ce rapport de force nécessite la
construction d’un mouvement de grande ampleur qui unifie tous les secteurs.
D’un mouvement unifié également politiquement sur les principes à défendre.
C’est pourquoi, je fais entre autre un appel à tous les étudiants à se rendre
le 4 avril au palais de justice de Bruxelles pour soutenir les délégués de Clabecq
qui sont poursuivis parce qu’ils avaient comme première préoccupation, non pas
la logique du sytème, mais bien le bonheur des travaileurs qui les avaient
élus.
Recupération by Vernon Wednesday May 30, 2001 at 02:18 AM |
Ca, ça s'appelle de la récupération et de la désinformation.